Intégralité de la contribution intitulée "RESTAURER L'AUTORITE DE L'ETAT EN FAISANT DE SON PREMIER FLEURON, LA FONCTION PUBLIQUE, UN MODELE D'EXCELLENCE"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Organisation de l'état et des services publics le 18 mars 2019 à Bagneux .

Que pensez-vous de l'organisation de l'Etat et des administrations en France ? De quelle manière cette organisation devrait-elle évoluer ?
Tout revoir, dans la suite du grand débat.

Selon vous, l'Etat doit-il aujourd'hui transférer de nouvelles missions aux collectivités territoriales ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
Toutes celles qui ne sont pas régaliennes ou dont les acteurs sont trop loin de l'Etat centralisé

Faut-il revoir le fonctionnement et la formation de l'administration ?
Oui

Si oui, comment ?
Le point de départ de cette contribution est un diagnostic : le problème majeur de notre pays actuellement est avant tout de nature collective (culturel, civilisationnel ?). Il concerne en effet le besoin fondamental éprouvé par tout être humain mature de se sentir appartenir à une collectivité, dont il attend qu’elle le protège et le reconnaisse dans sa singularité en retour de ses mérites à respecter ses lois et à lui apporter sa contribution individuelle. Chaque échec de la collectivité dans l’accomplissement de cette mission universelle produit une souffrance pour les individus et un affaiblissement de la collectivité tout entière. Dans un pays qui consacre à une forme de redistribution sociale qu’est la fonction publique plus de la moitié de ses créations de richesse, ne doit-on pas attendre de ce secteur socio-économique qu’il porte, du fait de son importance quantitative, une responsabilité politique et morale dans la construction du sentiment d’appartenance commune à une collectivité, qui est seul apte à la renforcer. Il serait alors urgent de rendre les administrations et les services publics plus efficaces, plus utiles et au total plus respectables, en étant plus proches, plus simples et plus transparents. Pour illustrer cette idée par des exemples, prenons quatre secteurs qui par nature interpellent la notion de solidarité et demandent de gros moyens : 1. Les enfants 2. Les malades (surtout les malades psychiatriques) 3. Les handicapés dépendants 4. Les détenus <U+F0E8> 4 catégories de citoyens non autonomes (dépendants de la collectivité) <U+F0E8> Qui peuvent coûter très cher à la collectivité <U+F0E8> Que la collectivité doit traiter de manière pluridisciplinaire, donc en partenariat. <U+F0E8> Pour une plus grande efficacité les concernant, mais aussi pour les bénéfices que la collectivité tout entière va tirer de ce travail collectif <U+F0E8> Par une expérience humaine incomparablement spécifique, car échappant en grande partie au pouvoir des machines, qui favorisera son retour à une plus grande cohésion et aura un effet positif sur le moral général. Ce qui implique concrètement : <U+F0E8> D’apprendre à travailler ensemble, ce que ne savent généralement pas faire les français, <U+F0E8> En développant et généralisant les méthodes de travail basées sur la concertation, la médiation, la responsabilité collective en refusant, chaque fois que possible, la culpabilisation individuelle destructrice des groupes de travail. Illustration par un exemple : la pédopsychiatrie publique (mon métier depuis quarante ans). En bref, il s’agit de répondre à des demandes formulées par les parents, ou l’école, concernant des enfants en souffrance de développement individuel (comportements, processus de maturation, apprentissages, socialisation). Les troubles de l’enfant interrogent de fait son environnement autant qu’ils compromettent le devenir de sa jeune personnalité. Etant un être infiniment complexe et dépendant qui rassemble sur lui l’attention de plusieurs adultes : parents, enseignants, éventuellement d’autres intervenants (éducateurs, travailleurs sociaux, soignants), l’enfant va réagir à la manière dont ces adultes très différents se coordonnent dans leur compréhension, et à leurs choix d’actions en sa direction. Evoluant dans un monde pour lui incompréhensible (et qui l’est d’ailleurs de plus en plus pour les adultes), les incompréhensions, ignorances, comme les incohérences et contradictions dont il est l’objet vont avoir sur lui le pire des effets. Le résultat se traduit trop souvent – dans les cas difficiles, mais ils sont nombreux – par une débauche d’énergie, de temps et d’argent qui produit un résultat médiocre qui laisse derrière lui beaucoup d’amertume. En bref un échec. Notre expérience nous a maintes fois montré que les résultats étaient bien meilleurs lorsque pouvait s’appliquer une méthode de travail de type collectif. Ensemble, avec tous les adultes situés et impliqués, en réfléchissant et en décidant collectivement par des méthodes de concertation et de médiation lorsque nécessaire, notamment avec les familles issues d’autres aires culturelles, assurant ainsi la finesse et la cohérence des actions engagées et soutenues par tous, les chances de réussite sont décuplées. Nous avons ainsi évité de nombreuse orientations en hôpital de jour, engagé de véritables changements dans des familles déstructurées par des conflits apparemment insolubles, internes ou externes (l’école, les services sociaux, etc.), mieux utilisé beaucoup d’argent public, redynamisé des professionnels découragés. Certes, il faut se soucier de créer de la richesse, et ne pas décrocher d’un monde qui va (trop) vite. Les réalités de la guerre économique ne peuvent être ignorées. Mais leur sacrifier la mission de développement de l’harmonie sociale et du progrès vital dans la connaissance de l’évolution historique des besoins humain serait une erreur gravissime. C’est pourquoi, à l’issue de quarante ans de pratique assidue et sans doute trop discrète de pédopsychiatre, la question que je souhaite poser à un gouvernement qui nous donne la parole est la suivante : comment une puissance publique peut-elle mieux jouer son rôle dans ce défi qui me semble lancé à nos sociétés d’abondance technologiques mais si pauvres en connaissance pratique de l’humain collectif ? Son rôle qui consisterait à mieux protéger, mieux éduquer, mieux soigner, mieux réinsérer ses citoyens dépendants, et à travers eux, grâce aux connaissances ainsi acquises, reconstruire une société cohérente plus riche de talents ignorés. Mieux utiliser sa richesse pour ne pas qu’elle soit bêtement dilapidées dans de mauvaises méthodes de travail est absolument prioritaire.


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