Que pensez-vous de l'organisation de l'Etat et des administrations en France ? De quelle manière cette organisation devrait-elle évoluer ?
Une politique de grands travaux d'infrastructures devrait être conduite à l'initiative de l'Etat. Vous vous rappelez certainement de la terrible catastrophe de l’effondrement du pont de Gênes en Italie, cet été : 43 morts, des dizaines de blessés, des centaines de personnes encore sans abri à l’heure actuelle, une ville entière paralysée…. Savez-vous que chaque jour, un pont est mis hors service en France en raison de l’érosion et de son manque d’entretien ? Et que chaque fois que vous traversez un pont du réseau national, il y a 7 chances sur 100 – presque 1 sur 10 ! – pour qu’il risque de s’effondrer !! En mai dernier, l’autoroute A15 a ainsi due être fermée à cause de l’affaissement du viaduc de Gennevilliers. Et à la mi-septembre, un des câbles qui assure la résistance du pont qui mène à l’Ile de Ré s’est rompu. L’état des ponts en France, et plus largement du réseau routier, est tout simplement calamiteux. Dans un récent rapport commandé par le gouvernement lui-même sur l’état de ses infrastructures routières, il est écrit noir sur blanc qu’en moyenne, « un pont n’est réparé que 22 ans après l’apparition des premières dégradations » (3) : c’est complètement hallucinant ! En fait, selon les professionnels, 1 pont sur 3 géré par l’Etat nécessite un entretien ou de grosses réparations (4). Et, pour les ouvrages gérés par les collectivités locales, un rapport de l’inspection générale des finances et de l’administration (5), en date de l’an dernier, met en avant deux points très inquiétants : 1. Beaucoup de collectivités « n’ont pas les moyens de mener des contrôles sur l’état des ouvrages », et ces contrôles ne sont pas encadrés par la loi ; 2. De nombreux ponts, surtout ceux en béton armé et métalliques, suscitent « de réelles inquiétudes » chez les auteurs de ce rapport !! Suite à l’effondrement du pont de Gênes, l’Etat a bien fait mine de prendre le problème à bras le corps, en publiant une liste de ponts à surveiller et en annonçant auparavant, à grand renfort de communication dans tous les médias, un « super plan d’investissement de 13,4 milliards d’euros »… Sauf que ce montant sera en fait réparti sur les 5 années à venir. Et, surtout, à peine un peu plus d’un tiers ira en fait à l’entretien des routes (le reste allant aux autres infrastructures de transport : train, bateau…) alors qu’elles concentrent plus de 87 % des déplacements de personnes et marchandises du pays ! Quand on fait le calcul, on arrive en fait à peine au montant annuel préconisé par les professionnels pour juste « maintenir le réseau dans son état actuel » ! Il est inadmissible que le réseau routier soit ainsi délaissé, alors même que des « efforts » financiers de plus en plus lourds sont demandés aux citoyens (impôts locaux, taxes sur les voitures, taxes sur les carburants, péages…). Sous prétexte d’entretenir les infrastructures routières, les pouvoirs publics augmentent la pression fiscale… … puis ils vont dépenser l’argent ailleurs, laissant nos routes dans un état déplorable, et mettant potentiellement en danger toutes les personnes qui les utilisent. Il faudrait un vrai plan d'urgence de réparation des ponts et du réseau routier avec une réelle prise en charge de l'état.
Lire une autre au hasard