Intégralité de la contribution intitulée "Refaire du collège un lieu de mixité sociale"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Organisation de l'état et des services publics le 5 mars 2019 à Bailly .

Si vous avez été amené à scolariser votre enfant, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Deux décisions ont profondément impacté la société française.      D'une part, la fin du service militaire qui permettait un brassage social (même avec toutes ses imperfections), permettait de détecter les jeunes en grande difficulté, de leur donner une base de formation et souvent un permis poids lourd, gage de travail. On revient avec le SNU généralisé aux jeunes des deux sexes, sage décision.     L'autre décision concerne le collège. Souvent on évoque la carte scolaire qui aurait fait déménager les familles pouvant le faire laissant des zones en difficulté...il n'y a pas que cela. La décision de créer des classes de niveau homogène avec une tête de classe qui devrait ""tirer"" le reste est une belle utopie qui monter toute sa limite. Les parents d'enfants bons ou moyens constatent vite que le niveau de la classe est tiré par le bas au détriment de leur enfant. Compte tenu de la classe homogène et de la carte scolaire, l'alternative qui se présente à eux est enseignement privé ou déménager... voilà pourquoi les collèges baissent de niveaux dans certains quartiers. Cette idée généreuse de brasser les classes dans un même établissement fait que les bons quittent ces établissements. Ne restent que ceux en difficulté. C'est un cercle vicieux qui a ghettoïsé nos banlieues à l'extrême. La création de ZEP n'est que la traduction de cet échec. Tant qu'on ne traitera pas ce problème, aucune mixité sociale ne sera possible. Je propose de rétablir dans les établissements, des classes de niveau. Évidemment pas, en regroupant les meilleurs dans la 6eme 1, puis les un peu moins dans la 6eme 2, etc. comme cela se pratiquait dans les années 60, avec le même nombre d'élèves par classe. Les élèves brillants peuvent être plus nombreux dans leur classe, là où les élèves ayant besoin de plus de soutien ont besoin d'être plus accompagnés donc moins nombreux par classe. C'est ce que le gouvernement pratique au primaire, il faut l'étendre au collège. De même les meilleurs enseignants, les plus pédagogues, devraient en priorité être affectés à des classes réduites avec des élèves ayant du mal à apprendre plutôt que de mettre de jeunes enseignants peu expérimentés. Cela signifie qu'il ne faut plus avoir peur du mot sélection, classement. Si on donne un maximum de chance à celui qui en a le moins au départ, l'école peut redevenir un ascenseur social et permettre dans tous les collèges de France à des élèves performants de sortir du lot. Aujourd'hui, entrer dans un collège de ZEP, c'est diminuer ses chances.  Le plus contrariant est que l'école privée, avec ses principes de bourse pour les élèves de familles aux faibles revenus, assure cet ascenseur social. Un comble ! Le retour à une mixité sociale passe par rétablir la possibilité aux élèves de tous les collèges de France d'avoir une chance de sortir du lot. C'est un long parcours jalonné de porte. La première à ouvrir est celle-là.


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