Que pensez-vous de l'organisation de l'Etat et des administrations en France ? De quelle manière cette organisation devrait-elle évoluer ?
Elle se complexifie depuis 30 ans, depuis que l'État délègue des missions variables aux collectivités (région/département/métropole/agglomération/communauté de communes). On ne sait plus qui fait quoi et çà change tout le temps. çà change aussi sur le territoire. : Bientôt il faudra ralentir ou accélérer sur la route parce qu'on a changé de département. L'État donne de plus en plus de missions aux collectivités : ceci multiplie les services en concurrence sur de même sujets, chacun voulant promouvoir sa politique et ses intérêts. Il ne faut pas remettre en question ces évolutions, mais on peut en constater les conséquences. Il faudra poursuivre le mouvement en transférant les missions et responsabilités des communes vers les communautés de communes.
Selon vous, l'Etat doit-il aujourd'hui transférer de nouvelles missions aux collectivités territoriales ?
Non
Si oui, lesquelles ?
Le mouvement est lancé depuis 30 ans. Il reste certainement à faire des progrès, mais l'essentiel est fait. Il y a un risque de complexité sur le territoire, et d'inégalité lorsque le contexte local ne peut pas expliquer les différences de traitement des droits.
Estimez-vous avoir accès aux services publics dont vous avez besoin ?
Oui
Si non, quels types de services publics vous manquent dans votre territoire et qu'il est nécessaire de renforcer ?
Mon territoire est dense.
Quels nouveaux services ou quelles démarches souhaitez-vous voir développées sur Internet en priorité ?
Les cartes grises. Oups, c'est déjà fait, mais c'est plus long qu'avant.
Avez-vous déjà utilisé certaines de ces nouvelles formes de services publics ?
Non
Quels sont les services publics qui doivent le plus évoluer selon vous ?
Les services de prestations sociales doivent s'organiser pour un meilleur accueil des personnes en situation de fragilité. L'internet et les répondeurs téléphoniques à choix multiples ne peuvent pas remplacer un rendez-vous bien organisé pour certaines personnes. Un jour, nous serons vieux et aussi paumés que des analphabètes, face à un message d'erreur récalcitrant. Essayez à 70 ans d'échanger à la gare votre billet de TGV !
Connaissez-vous le "droit à l'erreur", c'est-à-dire le droit d'affirmer votre bonne foi lorsque vous faites un erreur dans vos déclarations ?
Oui
Si oui, avez-vous déjà utilisé ce droit à l'erreur ?
Non
Pouvez-vous identifier des règles que l'administration vous a déjà demandé d'appliquer et que vous avez jugées inutiles ou trop complexes ?
On peut aussi se poser cette question au sujet des banques, des assurances, des fournisseurs internet,...
Faut-il donner plus d'autonomie aux fonctionnaires de terrain ?
Non
Si oui, comment ?
La question repose sur le bon sens du fonctionnaire qui doit traiter un dossier. Mais il ne faut pas confondre passe-droit et manque de souplesse du fonctionnaire.
Faut-il revoir le fonctionnement et la formation de l'administration ?
Oui
Si oui, comment ?
Quel doit être le moteur du changement ? Faire des économies pour réduire le déficit, mieux répondre aux usagers, adapter le contrôle régalien de l'État aux enjeux de société ? Depuis 30 ans, les réformes ont été en premier lieu des économies de fonctionnement.
Comment l'Etat et les collectivités territoriales peuvent-ils s'améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté ?
Les collectivités ont reçu de plus en plus de missions et voient leur budget sous examen. Certaines d'entre elles ont lourdement payé la faillite de Dexia (12 milliards d'euros dont on a peu parlé). Les autres pays européens feraient mieux que la France avec moins de moyens, mais leur organisation locale leur permet certainement de cacher des dépenses sous le tapis du libéralisme, dans les comparaisons internationales. Lorsque l'État déconcentre ses missions, comment fonctionne alors la solidarité entre les territoires, pour compenser la fragilité des uns par l'impôt des autres ? À la manière alsacienne ?
Si vous avez été amené à préparer votre retraite, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pour chaque point de la retraite, nous sommes tous bien partis pour encore plus de complexité (combien me coûte un point ? Combien rapportera-t-il ? Aujourd'hui ? Et demain ? çà changera à chaque loi budgétaire et en fonction du déficit public. çà pèse pour 27 % de la dépense publique : un gros ""gisement d'économies"". Et les autres pays européens ""font toujours mieux que nous"", puisque leur retraite est privée.
Si vous avez été amené à demander un remboursement de soins de santé, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Quand les mutuelles sont privées, la réponse reste la même. Les difficultés viennent en fait de la complexité dans la justification des remboursements : J'ai déjà du renoncer à demander des remboursements. Je suis favorable aux génériques. Mais j'ai observé qu'un médecin a changé un traitement en y substituant un générique, en prenant de grands risques pour la santé du patient. Les économies ont aussi leurs limites.
Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
L'État doit progresser, comme les autres. Mais le service public n'est pas simplement l'affaire de ses agents : la SNCF a été réformée au motif que les cheminots devaient renoncer à leur statut, par solidarité avec les 50 milliards investis dans le TGV. Quel motif injuste. Les conditions de la retraite des cheminots n'ont pas permis de leur apporter la solidarité des autres salariés. Mais le rapport Spinetta recommandait l'abandon des lignes non rentables. Lorsque le prix du pétrole flambera, ces lignes redeviendront rentables, et indispensables au développement des territoires. Mais d'ici là elles seront en ruine. Le service public consiste aussi à investir pour l'avenir pour se protéger contre les crises économiques et environnementales. L'hôpital public est malade des restrictions sur son budget, et de son déficit organisé par l'État. Un jour l'on déclarera qu'il faut abréger ce mode de fonctionnement, à la manière de la réforme de la SNCF. La retraite à points nous protègera-t-elle de la prochaine crise économique ? cf. le Portugal, l'Italie, la Grèce et l'Espagne, les PIGS de la crise de 2008. Le fonctionnaire est aussi l'arbre qui cache la forêt dans une société du chacun pour soi, face au détricotage de la protection sociale. Enfin un petit mot sur la Collectivité Européenne d'Alsace : une complexité supplémentaire dans l'organisation des services publics, pour le narcissisme d'élus alsaciens, un BRETzelXIT français, après un référendum populaire défavorable au regroupement 67/68.
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