Intégralité de la contribution intitulée "NON BAISSER LES IMPOTS MAIS EN REPARTIR JUSTEMENT LA CHARGE"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Fiscalité et dépenses publiques le 5 février 2019 à La Frette-sur-Seine .

Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Autant que possible flécher l'affectation de taxes vers des dépenses précises : si le produit des amendes des radars va à la sécurité routière, par exemple, que finance précisément la TIPP ? Un simple camembert explicatif affiché dans chaque station service serait déjà intéressant.

Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Aujourd'hui, du fait de l'idéologie ultralibérale dominante et des effets de la mondialisation à laquelle les gouvernements passés ont décidé de participer en abandonnant une très large part de leurs prérogatives aux banques et aux grands groupes financiers planétaires, l'impôt repose principalement sur les classes moyennes et les PME (impôts directs et indirects) et sur la classe populaire (impôts indirects). Ceci conduit à d'énormes inégalités qu'il faut combattre. Il faut essentiellement augmenter les impôts des plus riches qui aujourd'hui y échappent soit par la fraude fiscale, soit par l'optimisation fiscale (utilisation de niches fiscales, détournement vers les paradis fiscaux), soit surtout du fait des réformes ultralibérales qui les favorisent (suppression de l'ISF, institution de la « Flat tax » ou autres boucliers fiscaux en tous genres destinés à soi-disant faire venir les investisseurs). Il faut en priorité rétablir la progressivité de l'impôt sur le revenu : des tranches à 70%, 75% sur les revenus les plus élevés. Il faut également établir une hiérarchie plus forte pour les taux de TVA en baissant ces taux pour les produits de consommation courante, ce qui rendrait du pouvoir d'achat à la classe populaire, et en élevant les taux des produits luxueux. Ces mesures peuvent être décidées au niveau national. Mais le plus important reste l'inflexion de la politique fiscale européenne. A l'instar de la récente mesure concernant la taxation du chiffre d'affaires des GAFA, la France doit être à l'initiative d'un changement majeur de la politique européenne en proposant aux États qui l'acceptent de constituer une avant garde d’États novateurs en ce domaine. Il faudrait ainsi instituer un taux supérieur de TVA pour les importations de produits venant de pays non européens lointains et dont la production existe en Europe. Il faudrait également augmenter les taux d'imposition des transactions financières.

Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?
Le Président Macron pose comme une évidence dans son préambule, la baisse des impôts. Ceci est un élément fondamental de l'idéologie ultralibérale qui l'inspire, depuis qu'elle est devenue dominante, c'est à dire depuis près de 40 ans, l'âge de notre Président ! Or la baisse permanente des impôts assèche progressivement les ressources des États et augmente leur endettement …. ce qui conduit naturellement notre Président à demander ensuite comment réduire les dépenses de l’État. Il faut sortir de ce cycle idéologique diabolique : l'impôt n'est pas mauvais, il sert à financer des dépenses collectives indispensables. Ce qui est demandé par la plupart de nos concitoyens, ce n'est pas de réduire les ressources de l’État, c'est de répartir plus justement la charge des impôts en fonction des facultés contributives de chacun. Les comparaisons internationales peuvent être en notre défaveur, mais comme l'idéologie dominante de la planète est foncièrement mauvaise, c'est la hiérarchie du classement qu'il faut inverser. Ainsi, nous avons peut-être le plus fort taux de prélèvement obligatoire (expression astucieuse pour désigner les prélèvements publics), soit. Mais qu'importe que les américains n'aient pas de sécurité sociale à financer par le prélèvement public si leur espérance de vie diminue ? Les plus riches d'entre eux payent des assurances santé par prélèvement privé pour financer un coût de la santé 30% plus élevé que le nôtre (Mr Krugman explique ce que coût très supérieur est généré par les dépenses juridiques qu'elles engagent pour ne pas rembourser les assurés !!).

Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous… [Autres]
Augmenter les impôts des riches.

S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
Regrouper les aides existantes pour financer des emplois sociaux garantis. S'inspirer des expériences réussies lancées par ATD Quart Monde

Quels sont les domaines prioritaires où notre protection sociale doit être renforcée ?
La construction et la rénovation de logements sociaux. Le contrôle et la limitation des loyers : mieux vaut limiter drastiquement les loyers (quitte à en garantir le paiement et l'entretien du bien aux propriétaires) que de verser des aides aux pauvres pour les payer. La suppression de la bureaucratie qui empêche les versements des aides (tel le RSA). Un emploi social garanti (éventuellement à temps partiel) est préférable à cette fausse charité.

Pour quelle(s) politique(s) publique(s) ou pour quels domaines d'action publique, seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ?
Le financement d'emplois sociaux garantis pour tout chômeur en fins de droits

Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Faut-il diminuer les dépenses exorbitantes consacrées à la défense nationale ? Si on fait des comparaisons européennes, comparaisons d'ailleurs jamais produites par les commentateurs médiatiques pourtant si friands d'en produire quand il s'agit de dépenses sociales, à part le Royaume Uni, nous sommes le pays qui dépensent le plus en la matière. Mais, Mr Trump à l'instar de ses prédécesseurs, trouve très logiquement que son pays dépense trop pour la sécurité de ses alliés. Doit-on dès lors, cesser de prétendre faire la police du monde alors que nous n'avons pas les moyens de nos prétentions et simplement réduire notre défense à celle de notre territoire ? Après tout, nous sommes encore une puissance nucléaire, choix qui avait aussi été fait par économie de coût de la défense. Le Président a très justement proposé aux européens de construire eux-mêmes leur défense. Il n'y a aucune raison que seuls la France et le RU la financent. Donc, si on maintient notre effort de défense ou si on décide de l'augmenter pour protéger d'autres pays européens, le différentiel devrait donc soit nous être crédité par ces pays, soit à minima être porté à notre crédit en cas de dépassement des 3% de déficit autorisé par les critères de Maastricht. L'autre poste en matière d'économie budgétaire concerne le service de la dette. Il est impératif de tendre au respect strict des critères de Maastricht. Je l'ai évoqué concernant le déficit annuel renforcé par des dépenses consacrées au prestige géopolitique national. Mais l'excès de la dette accumulée devrait être aussi important : il y a bien longtemps que nous avons dépassé les 60%. Je proposerais donc de, progressivement, « renationaliser » une part importante de cette dette par la création de titres réservés aux Français ou entreprises françaises et qui viendraient en substitution aux créances étrangères sur l'Etat français. Les autres politiques budgétaires d'économie sont de bien moindre ampleur, mais restent envisageables. Ainsi : On peut poursuivre la numérisation des activités publiques ce qui est assez efficace, à condition d'accompagner nos anciens et les plus faibles qui subissent déjà la fracture numérique. On peut également mieux contrôler la gestion des entreprises anciennement publiques dans lesquelles l'Etat est encore dominant, afin qu'elles cessent d'investir dans des projets pharaoniques tel Hincley Point, ou Flamanville pour EDF qui va entraîner leurs faillites et/ou le soutien de l'Etat pour l'éviter (comme celle d'AREVA). L'Etat devrait également obliger les dirigeants d'entreprises dans lesquelles il est encore présent, à déclarer leurs revenus en France et non attendre que la justice japonaise fasse son travail (cf affaire Ghosn). On peut aussi diminuer le nombre et limiter les salaires des hauts fonctionnaires qui sont souvent supérieurs à ceux des élus, et leur proposer d'aller travailler dans le privé, ce qu'ils font déjà assez régulièrement, à condition qu'ils ne puissent pas revenir dans la fonction publique exercer des activités de lobbying. On peut surtout « démocratiser notre démocratie » en instituant à minima le référendum abrogatoire comme en Italie. Ceci permettrait d'éviter les coûts exorbitants pour l'Etat de révoltes sporadiques telles que nous venons d'en vivre. D'après mes informations, celle-ci aurait coûté, compte tenu de ses effets collatéraux en terme de chute de chiffres d'affaires commerciaux et touristiques, 15 milliards d'euros, soit 0,1% de PIB. Tout cela pour que le gouvernement annule un décret sur l'augmentation des taxes sur le carburant... Si les citoyens soutenant cette revendication première des Gilets jaunes avaient pu pétitionner pour demander l'organisation d'un référendum abrogatoire de ce décret, ceci nous aurait fait faire une économie importante …. sans évoquer les autres révoltes précédentes. Cette habitude et ce mythe d'une destruction novatrice se conforte du discours de conservateurs habituels pour qui toute expression directe du peuple est synonyme de bêtise mais qui dans le même temps capitulent en rase campagne quand le peuple commence à faire payer très cher sa colère !!


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