Intégralité de la contribution intitulée "Revenu ou allocation universelle ?"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Fiscalité et dépenses publiques le 28 janvier 2019 à Nantes .

Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Le revenu universel. Une vraie fausse bonne idée ? L’intérêt est son universalité. Il s’agit de rémunérer chaque français de façon automatique. Ce n’est ni un revenu, ni une allocation, mais une rente à minima. Sur le plan financier cela représenterait un coût de 500 milliards annuels. Or, l’ensemble des prestations actuelles représentent 700 milliards, sans parler des coûts de gestion. Un simple transfert des prestations vers le revenu universel démontre que le problème n’est pas financier, d’autant qu’il permettrait une remise à plat de la redistribution sociale, une simplification et par là même une meilleure lisibilité, voire une mesure de justice sociale.
La vraie question soulevée est le rapport de la collectivité et de chacun au travail. Pourquoi travailler dans ce contexte ? Pourquoi suivre des études pour ensuite s’insérer dans une vie professionnelle ? Quelle serait l’attitude des « rentiers» ou des « assistés » face à l’Etat providence ? A contrario, quelle serait l’attitude et les motivations de ceux qui exerceraient un métier ? Tant de questions actuellement sans réponse mais qui révèlent la véritable nature de la révolution sociétale à laquelle nous assistons et au sein de laquelle la question du revenu universel n’est pas un axe central mais plutôt un outil d’intégration.
Ces questions vont de pair avec d’autres questions toutes aussi fondamentales autour de la place des machines dans l’économie. Quel pourcentage d’emplois remplaceront-elles à moyen terme, et quelle sera la nature des emplois restants ? Devrons-nous partager la part du gâteau restant et sur quelle base ? Puisque les machines produiront une part importante des richesses, ne serait-ce pas à elles de financer la répartition sociale et les impôts ? En fait, le revenu universel pose plus de questions qu’il n’en résout. Il verra le jour assurément, mais il est nécessaire de répondre auparavant aux vraies questions soulevées par la révolution numérique et l’hégémonie des machines dans l’économie future. Répondons d’abord collectivement à la question centrale : la place de l’homme demain. Est-ce que travailler est un droit ? Faut-il privilégier la rentabilité individuelle à la rentabilité collective ? Quel sens accorder à sa vie sans activité rémunérée ? Est-ce que les machines seront les esclaves de l’antiquité, lesquelles permettraient un nouvel âge d’or à la Périclès ?

Le principe d’universalité est juste, mais le revenu universel génère plus de problèmes qu'il n'en résous. Il sera toujours temps d'y réfléchir quand nos sociétés auront résolu les questions soulevées plus haut. Il serait sans doute judicieux d'appliquer d’abord le principe d’universalité aux allocations dont la spécificité est d’être soumise à des critères d’attribution. Les avantages sont multiples. Le premier est que c’est d’ores et déjà applicable. Il suffit d’une volonté politique. Le deuxième est qu’une allocation universelle s’avère socialement juste et que cela n’impose pas de changement dans les critères d’attribution. Le troisième avantage est sans aucun doute le plus parlant puisque on supprime ainsi tous les arcanes administratifs. Fini les institutions comme la Caf, les nombreuses caisses de retraite, les régimes et statuts divers et variés. Fini le maquis des allocations dont l’opacité est source d’injustices, de jalousies, d’incohérences. Une allocation unique serait alors attribuée à des ayant droits sans prise en compte de statut. En fin de compte, toute personne qui ne peux pas subvenir à ses propres moyens, indépendamment de circonstances particulières aurait droit à une allocation calculée en fonction d’une règle universelle. Celle-ci pourrait correspondre par exemple aux deux-tiers du smic, avec un bonus par enfant. Le dernier avantage en comparaison avec un revenu universel est son moindre coût complété par l’acceptation sociale de la part des salariés et des autres travailleurs. En matière de solidarité en effet, il est important de se soucier de l’acceptabilité des mesures et que le devoir des uns de financer celle-ci n’entre pas en conflit avec le droit des autres, les ayant-droit justement, sans que ceux-ci soient taxés « d’assistés ».


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