Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ?
Les dérèglements climatiques (crue, sécheresse)
Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Il faudrait limiter l'utilisation d'énergie fossile, par ex imposer le transport ferroviaire pour les transports longues distances (voir la saturation des autoroutes par les camions qui traversent l'Europe - prendre exemple sur ce qui se fait en Suisse), taxer le kérozène au niveau européen (cela ne servirait à rien de ne le faire qu'en France car toutes les compagnies aériennes - sauf Air France - pourront facilement faire le plein à l'étranger), mieux inciter à isoler les logements, promouvoir l'énergie solaire sur les toits des maisons,... Promouvoir la consommation de proximité et de saison, et taxer - si l'Europe le permet ??? - les importations de produits agricoles hors saison (tomates, raisins, etc... en hiver) ou ne respectant pas l'environnement et les travailleurs Interdire l'implantation de nouvelles serres (y compris bio) qui utilisent de l'énergie pour les chauffer et les éclairer en hiver Et également ne pas penser que l'agriculture Bio va résoudre ce problème, mais au contraire l'amplifier : Aujourd'hui, le dérèglement (dit réchauffement) climatique est une préoccupation majeure pour l'avenir de l'Humanité, même si quelques dirigeants (heureusement minoritaires mais très influents) de pays « développés » nient cette évidence. Montée des océans, sécheresse et réduction de la production agricole, ouragans, migrations de populations, et … guerres, telles en seront hélas les conséquences. L'activité humaine est majoritairement responsable de l'amplification de ce phénomène, surtout à cause de l'augmentation des rejets de CO2. En 2017 en France le CO2 a été émis pour 38 % par le transport, 23 % par le résidentiel, 21 % par l'industrie, 14 % par l'énergie, et ... 4 % par l'agriculture (1). Si l'on en croit les défenseurs de l'environnement, l'agriculture - intensive - est donc un enjeu majeur ! Qui ne rêverait pas d'une agriculture sans pesticide aucun, comme avant l'invention de la Bouillie Bordelaise, qui a sauvé la production des pommes de terre, la vigne, etc... ? Certainement les agriculteurs en premier lieu pour leur santé ... financière : ils utilisent des pesticides non pour augmenter les rendements mais pour les maintenir. Qui ne rêverait pas de consommer des aliments exempts de résidus de pesticides ? Il est normal et compréhensible que les gens soient apeurés par les informations alarmistes dont ils sont régulièrement abreuvés par des médias qui simplifient outrageusement leurs messages faisant fi des données scientifiques, des avis d'autorités scientifiques indépendantes, françaises (ANSES), européennes (EFSA) et mondiales (FAO, OMS, JMPR), tout en accordant un crédit aveugle à des recherches orientées qui lorsque leurs résultats se révèlent faux ne sont jamais démenties (par ex, l'étude du « Professeur » Séralini sur des rats cancéreux suite à une alimentation OGM (2), démentie par 3 études indépendantes, pour un coût de plus de 15 M d'€). Sans parler des interventions diffusées complaisamment de personnalités, tellement attachantes et convaincantes, telles celles de Mr. Rabhi par ex. (quand verra-t-on réalisée – et diffusée - une enquête sur ses activités rémunératrices et la validité de son modèle de permaculture ?) ou de thuriféraires de la Biodynamie propagées par le sulfureux Mr. Steiner, fondateur de l'anthroposophie (dont les thèses ont été adoptées par certains dignitaires nazis). Malgré l'utilisation des pesticides, force est de constater que l'espérance de vie mondiale ne fait qu'augmenter ; et parmi les populations qui vivent le plus longtemps, il y a les agriculteurs qui selon les enquêtes AGRICAN présentent le moins de cancers (hormis celui de la peau, normal ils sont au soleil de par leur activité et peut-être le syndrome non hogkinien) ; également, une étude américaine portant sur 50 000 agriculteurs a démontré que le Glyphosate n'avait pas d'influence sur le cancer. Qui a entendu parler des résultats de l'étude très vaste Million Women Study, qui comprenait 623 080 femmes britanniques et concluait : « Dans cette grande étude prospective il y avait peu ou pas de diminution de l'incidence du cancer associée à la consommation de produits biologiques, à l'exception peut-être du lymphome non hodgkinien.» ? Aucune étude (celle réalisée récemment en France est incomplète et au départ fortement biaisée) n'a démontré le bienfait de nourriture bio par rapport au conventionnel, sachant que les adeptes des aliments bio ont certainement un niveau de vie supérieur à la moyenne ainsi qu'une meilleure hygiène de vie générale. Les résultats des analyses faites par les Agences de l'Eau démontrent une nette amélioration de la qualité des eaux des cours d'eau français depuis une 10aine d'années en particulier au niveau de la pollution chimique, les pesticides n'étant pas les seuls concernés. Depuis plusieurs années, en particulier depuis la mise en place de l'Homologation Européenne, l'évaluation (bénéfice / risque) des Produits de Protection des Plantes, chimiques ou biologiques, est devenue très contraignante et a conduit à l'interdiction de ceux présentant le plus de risques, sans bénéfice avéré (3). Gardons toujours en mémoire que les agriculteurs (en Bio ou en Conventionnel) n'utilisent pas des pesticides (chimiques ou non) pour le plaisir ou pour augmenter les rendements : c'est pour préserver les récoltes ; nombreux sont les agriculteurs conventionnels qui ont une démarche environnementale, de protection des sols, de création de haies, de maintien de bordures enherbées,... ou en développant des labels faisant la promotion de conduites respectueuses de l'environnement en protection raisonnée (ex. : Terra Vitis) Je ne développerai pas : - les ambiguïtés des agriculteurs Bio qui utilisent des produits (en plus grande quantité que les conventionnels du fait de leurs modes d'action) dangereux pour les utilisateurs (certains sels de cuivre, huile de neem, …), l'environnement (cuivre(4), pyrèthre, huile de neeem, spinosad,...), ferment les yeux sur les producteurs de guano (prélevé manuellement par des ouvriers sous-payés et non protégés dans les îles du Pacifique), ignorent que les sources de certains produits qu'ils utilisent sont abondamment pulvérisées de ... pesticides chimiques (le Pyrèthre provient d'espèces de chrysanthèmes cultivées au Kenya, Rwanda,...soumises à de très fortes attaques de champignons et protégées par des fongicides … de synthèse !) - les risques pris avec la santé des consommateurs : mycotoxines et autres aflatoxines qui se développent sur des récoltes insuffisamment protégées des insectes et des champignons pathogènes Indépendamment de tout cela et du surcoût que devront payer les consommateurs (produits plus chers ou hausse des impôts pour soutenir une filière qui, bien qu'elle s'affirme rentable, demande des aides), les principaux soucis vis à vis du changement climatique me semblent liés en cultures Bio à sa productivité et au recours nécessaire à l'utilisation des tracteurs. 1- Leurs récoltes sont nettement plus faibles qu'en conventionnel ; par exemple, les rendements en blé (source Agrimer sur 10 ans) sont inférieurs de 50 à 70 % en bio par rapport au conventionnel ; cette année en Languedoc l'attaque de mildiou a été telle que certains agriculteurs bio n'ont pas eu besoin de vendanger malgré l'emploi massif de cuivre, … Les conséquences de ces faibles rendements pour pouvoir nous nourrir - d'autant que nous serons bientôt près de 10 milliards d’êtres humains sur la planète - sont pour moi les suivantes : 1-1- Augmenter les surfaces cultivables = stopper l'artificialisation des sols (agrandissement des villes, routes,...) et (ou) déforester à outrance (super pour le CO2 !) 1-2- Importer notre alimentation bio ou non = augmentation des transports et donc de consommation d'énergies fossiles (émission de CO2 et de particules fines) et risques sur la qualité des produits donc pour notre santé. 1-3- Augmenter la fertilisation organique, c'est à dire mettre plus de fumier dans les sols. Cette technique ne permet pas de contrôler les apports réels en azote car la décomposition de la matière organique est soumise aux conditions climatiques d'où des risques de pollution par les nitrates et autres nutriments. Avec la fertilisation chimique, on apporte ce qu'il faut, quand il faut De plus cette décomposition de la matière organique génère des émissions de … CO2 ! 1-4- Moins manger !!! 2- L'impossibilité de recourir aux herbicides et l'augmentation du nombre de traitements entraînent une utilisation accrue des outils de traction mécanique (à moins d'avoir recours à de la traction animale, et à de la main d’œuvre encore faut il en avoir les moyens de la rémunérer … et trouver des volontaires, pas gagné !) = émission de CO2 et de particules fines. Un exemple frappant a été donné dans la récente émission d' « Envoyé Spécial » consacré au Glyphosate : pour la même surface, pour détruire les mauvaises herbes, l'agriculteur conventionnel a mis 1 h contre 1 journée pour le Bio. Cerise sur le gâteau : le travail du sol, tout en détruisant des vers de terre (pas grave il y en aurait plus en Bio), accélère la décomposition de la matière organique (voir plus haut) contrairement à l'utilisation d'herbicides. Par exemple l'utilisation de Glyphosate pour détruire un couvert végétal qui aura emmagasiné du CO2 ne génèrera pas de libérera pas de CO2 qu'entraîne le travail du sol; de plus il sera absorbé par les plantes à détruire sans atteindre le sol. Mon propos n'est surtout pas de rejeter en bloc toute l'Agriculture Biologique et d'opposer Bio et Conventionnel (voir mon CV) mais d'en montrer les limites sur le sujet abordé du dérèglement climatique; comme dans beaucoup de domaines il faut raison garder. Compte tenu des progrès faits par la science pour la mise en marché de produits phytosanitaires plus fiables sur tous les plans, du professionnalisme des autorités d'homologation et de contrôle, de la prise de conscience des Agriculteurs sur leur responsabilité environnementale qu'ils mettent en œuvre, à mon sens, il conviendrait de continuer à promouvoir ce mode d'Agriculture mais jusqu'à atteindre un seuil maximum à définir en fonction des cultures (10, 20 % ? certainement plus en élevage puisque l'utilisation d'antibiotiques est permise) afin de : - maintenir une production agricole pour rester au plus près de notre autosuffisance alimentaire - limiter la pression des parasites : aujourd'hui les producteurs en AB bénéficient de la bonne santé des cultures voisines en conventionnel ; on peut comparer cela à ce qui se passe pour la vaccination (les 10 % non vaccinés profitent des 90 % qui le sont ; et si cette tendance s'inverse nous en connaissons les résultats) - avoir des prix acceptables pour les consommateurs - conserver la compétitivité de notre Agriculture - et enfin participer à l'effort pour lutter contre le réchauffement climatique Si tel n'est pas le cas, je suis convaincu qu'un « retour de baton » chimique est prévisible à moyen terme. Simplement, ne pourrait-on pas consommer des fruits et légumes - bio ou non - récoltés au plus près de chez soi et à maturité ? Je voudrais terminer en rappelant la promesse de Mr. Le Président Macron de ne pas sur-ajouter aux exigences européennes des nouvelles contraintes pour la France. Et certainement qu'un jour il nous faudra nous reposer la vraie question sur les OGM … Bernard TOMBU Ingénieur en Agriculture (ESA Purpan) Retraité de l'Industrie de la Protection des Plantes (La Littorale, Rhône-Poulenc Agrochimie, La Cornubia-Agtrol, CFPI-Nufarm, Phyteurop) dans laquelle j'ai oeuvré depuis 1972, en y ayant occupé plusieurs postes (recherche-développement, homologation, marketing, commerce). Je tire une très grande fierté professionnelle d'avoir présenté un dossier qui a permis d'obtenir la première diminution des doses homologuées de cuivre (pour moi un pesticide - fongicide et seul antibactérien disponible - indispensable tant en Bio qu'en Conventionnel) vers 1996/1997. Le cuivre était alors homologué à 3 kg/ha/application contre le mildiou de la vigne (nombre de formulations l'étaient encore à 5 kg) et c'était une limite infranchissable, décrétée par les Autorités d'Homologation de l'époque ; avec le produit Champ Flo de La Cornubia-Agtrol, la dose a pu baisser à environ 2,5 kg ; aujourd'hui (et j'y ai grandement participé) nous en sommes à 720 g avec le produit Champ Flo Ampli (au passage merci à l'Industrie des Pesticides !) (1) L'agriculture productiviste en particulier l'élevage bovin intensif est souvent cité comme primordial dans l'émission de gaz à effet de serre, de méthane lié à la digestion des ruminants. Or le méthane, contrairement au CO2 ne s'accumule pas dans l'atmosphère car sa ½ vie est de 10 ans. A quantités émises égales, le niveau de méthane restera constante et si l'on les arrête il va disparaître contrairement au CO2 qui persistera même si son émission stoppe. Il en résulte que le méthane contribue à l'effet de serre (c'est un GES...), mais pas à l'augmentation de cet effet. (2) Les (appelons les) anti-pesticides parlent souvent du lobby des Industries de la Protection de Plantes, qui auraient une telle influence sur les Autorités d'évaluation (par ex. le Glyphoste est autorisé dans plus de 130 pays) pour obtenir une décision favorable ; les Industriels font évaluer toxicité, écotoxicité, efficacité, etc... de leurs molécules par des laboratoires internes ou extérieurs, soumis à agréments et à des méthodologies rigoureuses, codifiées et vérifiées (Bonnes Pratiques de Laboratoire) ; si des doutes existent de nouvelles études sont exigées, sous le contrôle de ces mêmes Autorités. Alors que les études des Industriels ont pour but d'évaluer le danger et le risque de leurs produits, les études des anti-pesticides ont pour but de démontrer que ces produits sont dangereux ; ainsi leurs expériences sont-elles orientées (faussées) dès de départ dans ce but. Des personnes telles Mr. Séralini se disent totalement indépendantes ; or, par qui sont-elles financées ? : par des Organismes ou Sociétés (ECOCERT, BIOCOOP, etc...) qui ont un très grand intérêt avant tout financier à ce que l'utilisation des pesticides chimiques diminue pour être remplacés par du Bio sur lequel ils ont la main mise et sur le dos duquel ils font des bénéfices. Dans le même ordre d'idées, l'Association L214 a reçu, pour son exercice 2017, 1 140 000 € de la part d' une ONG Etatsunienne Open Philanthropy Project - ou bien Silicon Valley Community Fundation? - à utiliser sur 2018 et 2019 – voir le rapport du Commissaire aux comptes 2017, Henri Devic. (3) Les produits utilisés en AB ont été les derniers à être évalués. Un énorme scandale n'a jamais été révélé, celui de la Roténone : favorisant la maladie de Parkinson, tératogène, affectant la fertilité, elle n'a été défendue par aucune Société et interdite en 2009. Cette molécule naturelle, réputée inoffensive, était pourtant largement utilisée par les agriculteurs en AB et … les particuliers y compris dans leurs intérieurs ! Cependant, faute d'alternative et grâce à une importante pression, les agriculteurs (viticulteurs) en AB ont obtenu une dérogation pour pouvoir continuer à l'utiliser. J'avoue avoir été malhonnête d'en avoir vendu. Il est également évident que si les mêmes règles d'évaluation des pesticides chimiques étaient strictement appliquées aux pesticides bio, de nombreux devraient être interdits (Cuivre, soufre, etc...), mais ce serait alorsmettre fin de l'Agriculture Biologique. (4) L'utilisation en AB, parfois massive (ex en 2018 en Languedoc pour lutter contre le mildiou de la vigne) des sels de cuivre est la seule possibilité pour se prémunir de nombreuses maladies. Jusqu'à présent la dose maximale autorisée est de 5 kg/ha/an de cuivre métal (= 25 kg de Bouillie Bordelaise) soit 30 kg sur 6 ans. L'Europe désire réduire à 3 kg/ha/an sans possibilité de « lissage ». Cela signerait la fin de l'AB en vigne, arboriculture, pommes de terre, tomates, etc...A moins de tricher (c'est très facile !)
Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Non
À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui
Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
J'essaie d'utiliser le moins possible ma voiture (difficile car habitant la campagne sans transports en commun adaptés et le covoiturage est compliqué). J'ai la chance de pouvoir cultiver un jardin potager. J'essaie de faire du tri sélectif autant que faire se peut
Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Peut-être une solution pourrait elle exister en améliorant les transports en commun; par ex, réalisation de parkings (payants) aux entrés principales des villes et avoir un réseau de bus, tramways, etc... gratuits (facilement accessibles aux personnes à mobilité réduite et aux caddies) qui amènent au centre des villes (redynamisation)
Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
J'aimerais avoir des aides importantes pour installer des panneaux solaires sur le toit de ma maison.
Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
Incitation à l'installation de panneaux solaires individuels
Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Non
Si non, quelles sont les solutions de mobilité alternatives que vous souhaiteriez pouvoir utiliser ?
Les transports en commun, Le vélo, Le covoiturage
Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Les mairies et communautés de communes
Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Beaucoup me semble devoir se faire au niveau européen : Taxation du kérozène - Aménagement du réseau ferroviaire pour le transport des marchandises - Politique en faveur des énergie renouvelables - Taxation des pays de respectant pas les engagements de réduction de gaz à effet de serre Au niveau mondial : taxation des importations ""inutiles"", réalisables en Europe
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