Intégralité de la contribution intitulée "Règle verte et neutralité carbone"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Transition écologique le 1 février 2019 à Verchain-Maugré .

Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ?
Les dérèglements climatiques (crue, sécheresse)

Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Ces questions sont pour la plupart en réalité liées. Il faut engager une démarche à la fois "bottom up" (assemblées citoyennes) et "descendante" (cadre et caps imposés par les décideurs suite aux remontées citoyennes) visant à mettre en place des lois pour aller vers la neutralité carbone. Imposer dans la constitution la règle verte qui doit faire en sorte qu'on ne prenne pas à la nature davantage que ce qu'elle peut produire ou reconstituer. Discuter sérieusement avec les autres pays pour la mise en place de lois efficaces où l'intérêt général est au centre des préoccupations. Intégrer fortement les citoyens à la démarche. Mettre la réflexion écologique au centre de toutes les décisions publiques et privées. Mettre réellement en application le principe de précaution et celui de pollueur-payeur. Il est essentiel de mettre en place une vraie taxe carbone, payée par tous et payée davantage par les plus grands pollueurs et dont les revenus permettront la mise en place d'alternatives et de solutions d'adaptation. Dans un premier temps, on peut même envisager de récompenser les plus vertueux et de taxer fortement les émetteurs les plus importants.
Mais de manière générale, il faut avoir une analyse systémique des choses et agir globalement en révisant le modèle économique qui est à l'origine de tous ces phénomènes.

Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui

Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Le changement climatique a commencé mais il est global. Il est contreproductif et criminel de ne s'intéresser qu'à la vie quotidienne, même si on voit les vagues de chaleur par exemple ou l'atteinte à la biodiversité, les problèmes d'adaptation des espèces etc. Il serait stupide, par exemple, de ne rien mettre en place sous prétexte que localement la vie quotidienne de tel ou tel pourrait s'en trouver améliorée (ex, un climat qui ferait que des régions verraient leurs conditions météorologiques s'améliorer). Il faut privilégier l'intérêt général et s'intéresser aux générations futures et non considérer localement la vie quotidienne aujourd'hui.

À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui

Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
Je suis TRES engagé en tant que citoyen et aussi dans mon métier. Mais l'acte individuel est insuffisant par rapport aux défis qui nous attendent. Une vision et une action politiques sont essentielles.
Mais que vient faire cette question dans le grand débat ? La manière de poser la question laisse entendre que le citoyen serait responsable des problèmes environnementaux. C'est à l'état et à ses représentants de nous dire ce qu'ils font pour protéger les citoyens des catastrophes environnementales, et surtout pour les éviter.

Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
L'argent est le nerf de la guerre. Les services publics en sont le pendant. Avec quatre bus par jour, je n'ai d'autre choix que de me rendre à mon travail, situé à seulement 12 km de mon domicile, en voiture. Le reste est affaire personnelle, mais je crois en l'agrégation : quand on n'est pas seul, on se sent davantage responsabilisé que lorsqu'on a l'impression qu'agir ne sert à rien parce qu'on serait le seul à le faire.

Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Pour le chauffage, large prime à l'équipement (attention, pas un crédit d'impôt qui oblige à avancer l'argent) pour inciter à la mise en place de technologies vraiment efficaces et peu énergivores, comme la pompe à chaleur
Ce qui est vrai pour le chauffage l'est pour la plupart des équipements individuels pour lesquels il faut privilégier les moins énergivores. Or, seul leur prix est véritablement incitatif. Pour l'état, cela a un coût mais c'est aussi un investissement rentable : en effet, l'énergie qui n'est pas achetée (à l'étranger souvent) car économisée permet des économies sur le long terme et équilibre par ailleurs la balance commerciale.
Transports en commun en nombre et efficaces. Véhicules électriques, même (surtout !) de faible puissance, à des prix véritablement abordables.
Instaurer un vrai travail à distance (télétravail) chaque fois que cela est possible, en commençant par un jour par semaine)...
Ce ne sont pas les solutions qui manquent : c'est la volonté politique.

Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
Pour beaucoup, l'incitation financière est le seul levier.
Mais une question se pose : l'état a-t-il de réelles intentions en la matière ?

Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Oui

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à utiliser ces solutions alternatives ?
Deux bus le matin et 2 le soir ne permettent pas une organisation correcte. Il faut améliorer le service et le rendre GRATUIT Certaines villes l'ont fait et cela fonctionne
Les infrastructures doivent permettre l'organisation d'un trajet complet, notamment en améliorant les petites lignes de chemin de fer et de bus en faisant en sorte que les utiliser revienne moins cher et soit aussi pratique que d'utiliser une voiture. Si le temps en est légèrement allongé, nous nous en accommoderons.

Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Plutôt que de faire de la communication creuse, il faut acquérir (revenir à !) un vrai leadership en montrant l'exemple et en faisant des preuves de concept !
Le problème du monde (et en son sein la question écologique) est étroitement lié à la question du capitalisme et du libéralisme. La croissance infinie est un dogme, un mythe et une erreur ! Voilà la base de toute réflexion à mener. Pour le reste, ce n'est pas au citoyen que je suis de proposer des solutions de type diplomatique. Nous n'en avons pas tous les compétences en ne connaissons pas les leviers. C'est aux élus et gouvernants de mettre en musique la politique voulue par le peuple. Nos impôts servent aussi à rémunérer des hauts fonctionnaires dont le métier est justement de réfléchir à cela et de mettre en place des solutions en adéquation avec ce que les citoyens ont souhaité, pas uniquement par leur vote, mais de manière plus générale, par leur implication "politique" (au sens noble du terme) à quelque niveau que ce soit. Mais de manière générale, ce qui marche quelque part est souvent envié, repris, copié. Faisons bien, faisons écologique, faisons équitable, faisons juste, et les autres suivront. Enfin, le peuple est souverain, donc il ne faut pas attendre que les autres soient d'accord avec nous pour avancer. Et si les autres nous en empêchent, rompons les liens qui empêchent de faire ce qui a été décidé démocratiquement. Il faut mettre en place une politique ambitieuse et agréger par l'exemple. Un peuple heureux fait envie, un peuple heureux entraîne.

Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
La règle verte doit être notre but (il existe des outils de mesure assez fiables pour qualifier cela) et la neutralité carbone notre objectif principal, ce qui suppose que tous les secteurs de la société soient tournés vers cette double priorité. Il faut mettre systématiquement en avant l'intérêt général. Il faut relocaliser tout ce qui peut l'être, ce qui réduira "mécaniquement" les émissions de gaz à effet de serre tout en privilégiant l'emploi local. Sur les questions environnementales comme sur le reste, il faut créer du lien. Enfin, la croissance ne doit plus être un objectif en soi.


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