Intégralité de la contribution intitulée "reprise d'une contribution ""égarée"" sur le site"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 15 mars 2019 à Lambersart .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Comme la contribution a été perdue, je me permets de reporter rapidement l'ensemble de son contenu dans cette case: Prendre en compte l'histoire nationale et l'inconscient collectif qu'elle a contribué à façonner Tout d'abord, il s'agit de mon point de vue soumis au débat. Plusieurs points méritent d'être pensés en ce moment charnière en n'évacuant pas le poids de la construction historique de cette nation où le rôle de l'Etat a été et reste central (cf. également intervention sur le rôle de l'Etat et des collectivités territoriales) 1. les contre-pouvoirs aux différentes échelles territoriales (aussi bien au niveau le plus local où la décentralisation a pu aussi bien créé des autocrates comme de vrais engagements au bien public et à l'écoute des citoyens, qu'au niveau européen où l'impression est donnée que le lobbying économique prévaut devant les enjeux de bien-être partagé de la population). Les corps intermédiaires doivent être consultés. En revanche, il ne faudrait pas que chaque citoyen refuse ou bloque les décisions lorsque le processus de débat s'est déroulé complètement de manière ouverte et éclairée. 2. comment arbitrer les intérêts divergents de différents territoires à l'intérieur du territoire national (question par exemple de la périurbanisation coûteuse en CO2, question de l'urbanisme commercial, etc..) 3. la revalorisation du rôle du parlement. D'une part le quinquennat a renforcé, semble-til, la position du Président (risque de députés ""godillots"" et de votes bloqués), d'autre part l'abus de lois circonstancielleset/ou d'émotion et les retards conséquents dans la production des textes réglementaires portent le risque de décrédibiliser l'action du Parlement. Les études d'impact sont insuffisantes avant les lois et l'évaluation in itenere inexistante. Dans l'application des politiques publiques on assiste trop souvent à une auto-satisfaction qui écarte la question de l'atteinte relative des objectifs annoncés voire les aspects négatifs de la politique menée. On souhaiterait que le parlement se saisisse de la prospective et de l'évaluation des lois et de leur application. 4. une question culturelle profondément enfouie dans l'insconscient collectif: la difficulté à produire des diagnostics conflictuels , d'envisager des scénarios complexes et de déterminer les stratégiques pertinentes (avec la prise en compte des externalités). La fuite devant le conflit dans la réflexion pour l'action concrète (en réalité existe bien un conflit superficiel pour ne pas faire, procrastiner et différer la décision, identifié par Sudhir HAZAREESINGH qui dans « How the French Think : An affectionate Portrait of an intellectual People « définit la mentalité française comme la présentation d’idées dans un cadre général, une propension à étudier les questions dans leur essence profonde plutôt que dans leurs manifestations spécifiques, une prédilection pour les contradictions flagrantes et une tendance à formuler les questions autour d’oppositions binaires ») qui semble interdire d'exposer les intérêts de chaque partie (c'est particulièrement vrai au niveau local dans l'application de politiques publiques complexes comme le renouvellement urbain) afin de travailler au fond sur des scénarios réalistes qui puissent être partagés et sur les dispositifs d'appréhension des impacts des actions engagées. 5. la complexité de l'organisation administrative en France (et en rapport avec l'Europe) mérite d'être mieux présentée aux citoyens. C'est pour moi une question civique déterminante pour la participation et le contrôle citoyen et mes rencontres de citoyens lors de vacances en France me laissent penser qu'il y a là un problème. Doit-on une fois de plus charger le rôle de l'Education Nationale pour éclairer? Ou envisager d'autres processus? On eput également envisager de simplifier l'organisation administrative 6. la diversité de recrutement des hauts fonctionnaires. Le concours doit rester pertinent mais il doit y avoir une part significative du recrutement qui aboutisse à la mise en responsabilité d'individus ayant un vécu, une expérience, une histoire. Les allers et retours, après recrutement, avec le privé doivent être absolument proscrits. L'effet produit des pantouflages participe à la représentation d'une ""élite"", de réseaux fermés 7. aux conditions du rétablissement de la confiance auquel les réponses aux points précédents pourraient participer, il me semble que le système représentatif doit être conservé, peut-être en introduisant du tirage au sort dans un collège du Conseil économique, social et environnemental. La question, ouverte de manière floue, de la démocratie participative gagnerait à avancer concrètement sur le contrôle des élus autour de leurs programmes, plutôt que sur des propositions où il existe un fort risque de mobilisation d'extrémistes simplificateurs. 8. s'il doit y avoir moins d'élus au Parlement, cela doit concourir à renforcer leurs moyens de contrôle, d'évaluation de l'action de l'exécutif. Par exemple il me semble problématique que ce soit la Cour des Comptes qui n'a aucune responsabilité politique qui produise régulièrement des rapports sur les politiques publiques dépassant la question de la sincérité des comptes, rapports dont la tonalité ""il faut faire des économies"" sans être en capacité d'être pertinent sur les arbitrages à faire ont pu conduire à des politiques uniquement comptables incompréhensibles pour les raleurs que nous sommes. 9. Dans la suite du paragraphe précédent, il est souhaitable que la confusion introduite par la nomination d'hommes et de femmes politiques au Conseil Constitutionnel, à la co-présidence de la Cour des Comptes soit supprimée en réservant ces postes à des juristes et magistrats. Ils doivent les uns dire le droit, l'autre vérifier la sincérité des comptes publics et la conformité de l'usage des fonds publics. La Cour des Comptes peut dans ce rôle assister le Parlement en lui donnant les éléments et données permettant l'évaluation. Mais cette évaluation est politique et contradictoire puisque diverses sensibilités politiques sont représentées au Parlement. La période récente montre que les corps intermédiaires peuvent saisir et remonter les points de vue, sentiments, doléances de la population. On ne peut les enfermer (ils peuvent avoir tendance à le faire) dans des rôles d'opposition systématique. La confiance se rétablit par le dialogue Les logiques de communication survalorisant l'inauguration de nouveaux équipements ou de nouvelles activités, qui représentent de grands moments d'autosatisfaction (et pourquoi pas?) devraient laisser une place importante à un véritable investissement sur l'entretien, la maintenance et l'exploitation des équipements existants, à une évaluation ex post de leur fonctionnement et du service qu'ils rendent à quelle part de la population On a pu constater que certains élus cumulards pouvaient voter une loi à Paris et s'ingénier à l'euphémiser (la détourner?) au plan local. Mélanger l'exécutif local dans le cadre d'une décentralisation où les contre-pouvoirs locaux sont souvent très limités (d'autant plus que les organismes intermédiaires sont faibles et les associations soumises aux financements locaux) et le législatif a produit tout ce qu'on a pu constater de perversité dans la gestion des affaires publiques (concurrence malsaine et improductive entre collectivités, aménagement du territoire prédateur de la nature et des terres agricoles,..). Par ailleurs, les députés et les sénateurs, s'ils ne sont pas élus locaux, disposent de la légitimité, de moyens et de temps pour prendre le pouls de leur circonscription ou de leur département. Cette demande de certains élus de rétablir le cumul n'est pas de nature à rétablir la confiance avec les citoyens, ni à faire fonctionner de manière équilibrée la décentralisation: recréer, prolonger des fiefs locaux n'est vraiment pas souhaitable alors qu'il s'agissait de cultiver ce qu'il restait d'antidémocratique dans notre ""culture"" Derrière cette demande, il existe de plus un soupçon de vouloir faire prospérer un clientélisme que l'on ne peut approuver. Il faudrait certainement instituer une dose de proportionnelle, voire plus si la prépondérance du Président de la République reste établie singulièrement après le vote du quinquennat, ce qui permettrait de rééquilibrer rôle du Président et rôle du Premier Ministre. En tout état de cause, dans le cadre actuel ou avec dose de proportionnelle, les prérogatives de l'Assemblée et du Sénat doivent être renforcées s'agissant du contrôle de l'exécutif, de l'impact des lois votées et des réglements d'application des lois. Enfin rendre son rôle au Parlement demande certainement de revenir au septennat pour la présidence de la République Oui s'agissant des députés et sénateurs, à la condition expresse de renforcer leurs moyens d'enquête, de diagnostics, de prospective et d'évaluation des politiques publiques. Cela doit s'accompagner (puisque la fonction d'anticipation sera reconnue) de la diminution du prurit législatif. S'agissant des autres élus cela dépend pour partie de l'organisation administrative. Il me semblait que l'option de la mandature du président Sarkozy de créer des conseillers territoriaux compétents au niveau départemental et au niveau régional allait dans le bon sens. La réforme des régions portée par la mandature du Président Hollande a remis cela en question, notamment la suppression attendue du niveau départemental. Enfin, la diminution du nombre de communes reste un objectif souhaitable pour mieux coordonner l'aménagement du territoire Les personnes âgées et les diplômés ont tendance à se déplacer davantage, souvent parce qu'ils ont intégré ce que représentaient les luttes pour obtenir ce droit universel, certainement aussi parce que la séparation gauche-droite avait un sens pour eux que les diverses alternances ont pu contribuer à rendre flou, notamment sous l'influence des traités internationaux et de la mondialisation. Ceux qui ne participent pas (la dernière élection présidentielle représentant une exception) doivent penser que cela ne sert à rien. Faire de la politique reviendrait donc à démontrer que cela sert à quelque chose, mais pas en répondant à telle ou telle clientèle (cf. la note Terra Nova de 2010 qui visait à segmenter la population sans autre vision que gagner, cf. le discours du Rassemblement National démagogue, attrape-tout, aux réponses simplistes). Il est nécessaire de produire une vision collective et sociale dynamique, tournée vers l'avenir, qui ne soit pas la réponse à chacune des identités que les discours (politiques, religieux, ethniques) sont en train de séparer soigneusement quand ils ne les ont pas créer artificiellement, vision qui s'intéresse à ce que nous avons en commun, qui revienne vers l'universel et l'égalité. Je propose, si le vote blanc doit être pris en compte, de voter avec deux enveloppes différentes à destination de deux urnes différentes. Une enveloppe pour y déposer le nom d'un candidat. L'autre enveloppe pour y déposer un bulletin au nom d'un candidat (certainement le même) si l'électeur adhère complètement à la personnalité et aux propositions du candidat ou pour y déposer un bulletin blanc. La première enveloppe permet de désigner l'élu, ce qui est nolens volens le rôle d'une élection qui consiste en un choix le moins mauvais. La seconde de mesurer l'adhésion du corps électoral aux candidats et à leur programme. Naturellement le vote devient obligatoire. En cas d'abstention non justifiée à 2 ou 3 scrutins, l'intéressé perd tous ses droits de citoyen (droit de vote et droit d'être candidat aux élections politiques et aux élections professionnelles) La décision doit rester de la responsabilité du décideur qui a été élu pour cela et pour en rendre compte à chaque échéance électorale. En revanche, il y a certainement nécessité de créer des lieux de parole et de débat où les citoyens puissent remonter leurs points de vue. On voit bien que les mécanismes contradictoires d'individualisme et de communautarisme à l'oeuvre demandent une certaine prudence pour la mise en oeuvre de ce qu'on nomme la participation. La parole ne doit évidemment pas être monopolisée par les minorités agissantes Je suis extrêmement réservé sur l'utilisation du référendum (et des sondages), pour probablement la même raison: la ou les questions posées qui enferment ou réduisent la réflexion, permettent toutes les interprétations (parfois anticipées dans le cas d'un sondage) , y compris celle de répondre à côté de la question posée. Il convient de rendre compte des arbitrages entre financements et du résultat ex post (les impacts, les externalités induites) de ces arbitrages permettant de les poursuivre ou de les reconsidérer lors d'un prochain exercice Le Sénat a joué et joue un rôle extrêmement conservateur dans l'organisation administrative de la France. Je ne suis pas sûr que sa défense des collectivités, telles qu'elles sont, soit pertinente au regard des effets négatifs sur l'aménagement du territoire: concurrence et gaspillage d'argent public, spécialisation sociale des sous-territoires, création d'un archipel de territoires qui ne se parlent plus (revenus, valeurs différentes, anomie, etc..). Le Sénat représente la conservation d'une organisation inadaptée du territoire, qui renforce les égoîsmes (individualisme, entre soi) et n'incite pas à la coopération (en réalité on observe le: c'est chacun chez soi et les vaches seront bien gardées). Il faudrait être beaucoup plus décisif sur le regroupement des communes que simplement incitatif. La représentation du territoire par le Sénat (pourquoi représenterait-il davantage le territoire que des députés élus sur une circonscription?) semble constituer une moins-value pour une gestion territoriale dynamique. L'élection des sénateurs serait l'occasion d'introduire une représentation proportionnelle intégrale. S'agissant du CESE, un collège pourrait comporter des citoyens tirés au sort et indemnisés de leur participation. La loi de 1905 dispose dans son article 2 que l'Etat ne reconnaît, ni ne salarie, ni ne subventionne aucun culte. Il serait simplement temps d'y revenir. L'Etat n'a pas à se mêler de religion et d'organisation des religions. Ce qui concerne l'Etat, c'est le respect de l'ordre public et donc d'éviter le prosélytisme agressif et provocateur, de veiller à la liberté de culte de manière équilibrée à savoir qu'il ne doit y avoir aucune pression pour exercer ou s'abtenir d'exercer un culte, voire renoncer à un culte ou en changer (article 31), que les ministres du culte ne doivent pas diffamer les citoyens chargés d'un service public (article 34) parce que par exemple ceux-ci n'agiraient pas contre le blasphème (ce qui serait différent si cet agent public dans ses fonctions blasphémait abandonnant la neutralité qui lui est demandée), doivent respecter les lois républicaines (article 35). Ainsi prétendre compléter les lois républicaines par une loi réservée aux membres de ""sa"" communauté (discours d'un représentant des Frères Musulmans) semble pour le moins illégal et à tout prendre inconstitutionnel (il n'est pas inutile de rappeler le discours de Stanislas de Clermont Tonnerre au moment de la Révolution: ""tout pour les juifs comme individus, rien pour les juifs en tant que nation"" et de rappeler également que dans la suite les juifs ont intégré totalement la République et renoncé à un régime politique spécifique qui leur serait réservé: l'affaire Dreyfus et Vichy qui n'était vraiment pas républicain ne les ont pas remercié de cette adhésion ). La question des rencontres entre des représentants de l'Etat et les ""représentants"" de tel ou tel culte ne semblent pas conformes à la loi sauf à traitre de questions d'ordre public. L'Etat ne s'occupe pas de questions spirituelles quand les religions pourraient avoir tendance à s'occuper de choses temporelles. Les financements des associations cultuelles, plus ou moins cachées sous des statuts de la loi de 1901, doivent cesser. Ces éléments étant clairs, la liberté doit s'exercer pleinement en respectant l'autre valeur républicaine de manière univoque et essentielle: l'égalité La spiritualité est une des valeurs humaines, qu'elle prenne la forme d'un engagement religieux et/ou d'un engagement humaniste. Il ne faut simplement pas confondre spiritualité et exercice d'un pouvoir, ce que des entrepreneurs de pouvoir religieux auraient tendance à faire en prétendant avoir la main sur ""leur"" communauté et dispenser des normes comportementales plus que religieuses, voire en interdisant de quitter la dite commauté (la question de l'apostasie qui voit une condamnation y compris physique au-delà du rejet de la communauté par ces mêmes entrepreneurs de pouvoir temporel dont on sait par ailleurs qu'ils peuvent être soutenus par des pouvoirs théocratiques étrangers) Claude Habib citant Frédéric Brahami: ""la modernité ne consiste pas dans l'élimination de la dimension spirituelle, mais dans une capacité de mise à distance; l'homme démocratique entretiendrait toujours un rapport à une forme de trancendance, mais il saurait la révérer sans l'imposer, parce qu'il aurait compris qu'elle ne consiste pas dans une vérité objective et déterminée, mais dans le mouvement de la conscience lorsqu'elle se rapporte à ce qui la dépasse"" La civilité, la politesse, la tolérance (qui n'est pas l'indifférence car ""elle exige un effort permanent pour surmonter ses propres aversions; détachée des aversions la tolérance est creuse, dégagées de la tolérance, les aversions peuvent être criminelles; tolérer, ce n'est pas non plus pérenniser les appartenances, mais c'est empêcher l'humiliation de l'homme par l'homme"" - Claude Habib), le respect des équipements publics, l'attention à l'autre (là encore cela ne veut pas dire être d'accord avec ses éventuels comportements anomiques, mais cela veut dire de ne pas passer sans le voir) Certains comportements incivils choquent: le voile islamiste (les sites musumans ne sont vraiment pas clairs sur son obligation y compris dans le Coran mais le patriarcat ... sait, les théocraties saoudienne, qatarie, iranienne... savent) en tant que symbole de la domination des femmes n'est pas conforme à la civilité française (citation du Président Macron). Je ne propose pas de l'arracher, mais cela doit être une raison de combat politique: tant que des théocraties, un pouvoir patriarcal l'imposeront aux femmes, quand dans les quartiers la pression patriarcale sur les filles et les soeurs continuera à contraindre, la liberté de porter le voile n'aura pas la nature des libertés essentielles (Abdennour Bidar a fait un commentaire approchant). D'autres actions dépassent à mon sens l'incivilité: dégradations d'équipements publics et de biens privés, jets de déchets sur la voie publiques, insultes, menaces. Des amendes sévères et des obligations de réparations (TIG) devraient être imposées (excréments de chiens, mégots, chewing gums, canettes, bouteilles, tags, etc..) La question des insultes, menaces, etc.. devrait se régler par un apaisement général lié à la capacité de s'exprimer, de ne pas se couper la parole, etc.. Education à l'expression paisible de conflit d'une part, exemplarité donnée par le personnel politique et les media d'autre part sont des pistes à suivre. Dans certaines situations de conflit ou d'évitement, créer des groupes de parole (cf. techniques de Charles Rojzman) NB: les allemands se coupent moins la parole que les français parce que le verbe vient à la fin des phrases


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