En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
La démocratie représentative reste indépassable ce qui ne veut pas dire qu'elle ne peut pas être améliorée. C'est d'ailleurs le propre de la démocratie, parce qu'elle seule permet la libre expression des citoyens, d'être un régime politique en continuelle évolution certes pas toujours de façon douce mais toujours vers plus d'engagement, de participation et de contrôle des citoyens. Rien ne permet de dire aujourd'hui qu'une agora permanente, à quelle qu'échelle que ce soit, permette de gérer un pays encore moins de le gouverner c'est à dire d'optimiser l'intérêt général. Aujourd'hui, de la commune à la Présidence de la République, il existe plusieurs échelons superposés de décision et de participation des citoyens via les élections, des conseils - municipaux, régionaux - l'Assemblée nationale et le Sénat. On peut suivre les débats, on peut faire passer ses idées via les partis politiques, les groupements de citoyens, des associations. Professionnellement on peut s'engager dans un syndicat pour défendre ses intérêts face à son patron, à son employeur même quand il s'agit de l'État. Il existe une vaste palette de ces groupements, à même de satisfaire l'expression des différentes sensibilités citoyennes. Ces Corps Intermédiaires comme on les appelle assurent une certaine médiation entre les centres de décision et les français. L'expérience Macron vient de montrer ce qu'il en coûte de les ignorer. Cette remarque vaut aussi pour les Gilets Jaunes qui pour la plupart n'avaient pas d'expérience ni politique, ni syndicale , ni associative. La liberté de s'engager dans ces organisations est reconnue à toutes et tous et pourtant elles ne font pas le plein d'adhésion mais on s'engage derrière elles en votant, en signant des pétitions, en participant aux élections professionnelles. Certains s'en abstiennent et émettent des critiques sur leur non représentativité : que n'en font-ils pas partie pour influer sur leur ligne ? Multiplier par 10 le taux de syndicalisation non seulement modifierait le rapport de forces mais élargirait sûrement la discussion au sein des syndicats. Quand un parti politique déçoit il est désavoué lors des élections, le PS en a fait les frais récemment. Mais il n'est écrit nulle part que la participation des citoyens à la vie publique se limite à la désignation de ses représentants et les canaux de médiation, institutionnels ou non, sont nombreux. Il n'est pas possible de dire que l'on est pas entendu puis d'agir en les les court-circuitant si on les a délibérément ignorés. Les réseaux sociaux aujourd'hui s'ajoutent aux médias traditionnels pour étendre la puissance de coagulation des idées. A travers ce maillage, le pouls du pays devrait pouvoir être perçu aux différentes échelles du pouvoir. Or malgré ce beau schéma il apparaît que ça ne se passe pas tout à fait comme prévu, du moins que cela ne se passe plus comme avant. Il faut certes que le pouls batte …..Mais bien qu'il batte, nombreuses sont les voix, et depuis quelques années déjà, qui émettent un diagnostic de déficit démocratique. Il semble que les Français, soit eux-mêmes soit parfois leurs représentants, parlent dans désert. Peut-être parlent-ils à tort et à travers mais peut-être aussi les réseaux irrigants présentent-ils des signes de thromboses, les récepteurs sont-ils durs d'oreille ou bien sensible à d'autres circuits plus discrets et alléchants ? Y-a-t-il du calcaire dans les tuyaux auxquels cas il faut pouvoir y remédier de façon régulière ou bien y-a-t-il un défaut de conception dans la tuyauterie. En fait les deux. La tuyauterie repose sur la démocratie représentative, la Constitution qui institue une République Présidentielle (éxécutif) et deux chambres pour le pouvoir législatif. Rien ne justifie à mon avis que ce schéma soit remis en question. On parle de monarchie présidentielle, ce qui n'est pas totalement faux, et on exige facilement le départ du Président mais c'est cependant vers lui que l'on se tourne pour régler les problèmes. Il faut certainement réduire les prérogatives du Président et accroître le pouvoir du Parlement. Une erreur a été de lier les élections présidentielles et législatives quand on est passé au quinquennat. Il faut découpler les deux élections. Passer à la proportionnelle pour les législatives pour une meilleure représentativité des forces politiques significatives : certainement, mais quelle dose de proportionnalité ? Imaginons la proportionnelle totale avec un résultat qui serait celui du premier tour des élections présidentielles de 2017. Quelle coalition gouvernementale aurait-il pu en sortir ? Il faut pouvoir sauvegarder, en l'absence d'une majorité claire, la possibilité de faire apparaître un projet politique cohérent sur la base d'une alliance entre des partis. On peut réduire ce risque en n'introduisant qu'une dose de proportionnelle. En l'absence de majorité claire les discussions politiques inter-partis ne doivent pas s'éterniser et le projet une fois élaboré devrait recevoir l'aval non pas des seuls partis en cause mais des Français à travers un referendum. Le système actuel,majoritaire à deux tours, présente une version faible de cette approche ; la discussion entre candidats pour les reports de voix, se fait entre les deux tours et les électeurs ont le choix de l'entériner ou pas lors du deuxième tour. Il faut bien voir que les députés élus à la proportionnelle ne sont pas les élus d'une circonscription.Si cela représente mieux les partis qui ne l'étaient pas assez, cela éloigne un peu plus le terrain de l'Assemblée . De la même façon vouloir réduire le nombre de députés à l'Assemblée Nationale aura pour effet, en augmentant la taille des circonscriptions, d'éloigner le citoyen de son député. A moins que l'on méprise la démocratie représentative cela ne va pas dans le sens de la meilleure écoute réclamée. Perdre cette écoute à travers une représentativité locale pour une économie dérisoire et une plus grande efficacité de l'Assemblée qui reste à démontrer ne me paraît pas une approche judicieuse. Le travail législatif doit être plus efficace : en finir avec l'inflation législative, les lois de circonstance, les lois non appliquées, celles dont les décrets d'application ne voit jamais le jour. Le processus d'évaluation des lois promis par le Président doit devenir réalité. Il n'en reste pas moins que la majorité des députés font un travail de qualité essentiellement en commission. Malheureusement ce travail n'est pas mis en avant et la publicité de ces débats devrait être portée à la connaissance du public autant que les prises de position politiciennes qui agitent les députés en séance et qui n'en sont que l'écume. Il faut aussi pouvoir contrôler le bon exercice du mandat confié au député ; ça peut-être un compte-rendu de mi-mandat sur lequel la population pourrait se prononcer lors d'un vote électronique. Ce vote ne serait cependant pas révocatoire. Il n'y a pas que les députés. Il y a aussi les élus aux Conseils Régionaux, aux Conseils Municipaux. Le même processus de contrôle à mi-mandat de l'équipe dirigeante doit pouvoir être diligenté. On peut se tenir au courant du travail législatif mais comment pèse-t-on sur lui ? Le plus souvent, en cas de désaccord, ce sont les partis ou les syndicats qui montent en première ligne, les uns à l'Assemblée, les autres dans la rue. Les syndicats savent intervenir lors de la discussion budgétaire. Mais les citoyens peuvent vouloir donner leur avis 'en direct', exercer sur les députés une sorte de contrôle continu (on peut déjà les interpeller sur leur site). Internet le permettrait en théorie, mais comment éviter l'accaparement par les groupes de pression ou bien que ça devienne un défouloir individualiste. On reviendrait à l'agora permanente, à mon avis inapplicable. On a beaucoup parlé de la verticalité du pouvoir à propos de Président. Il faut bien voir qu'il n'est pas le seul à s'en prévaloir. Tout le monde connaît des Présidents de Conseils Régionaux, des maires qui se comportent en autocrates. On a eu un Président qui se voulait normal, je n'ai pas noté que cela lui ait apporté l'estime de ses concitoyens! Les institutions à tous niveaux – contrôle accru du Parlement et des conseils , doivent limiter l'exercice personnel. Mais pour éviter les coalitions partisanes les citoyens doivent pouvoir intervenir directement. Ils en ont la possibilité -pétitions, manifestations – mais rien de contraignant à l'encontre d'une majorité déterminée. C'est-là qu'on va retrouver la possibilité d'une consultation par referendum. Au niveau communal des maires utilisent déjà cette procédure. C'est prévu dans la Constitution mais dans des conditions trop contraignantes qu'il sera nécessaire d'assouplir. Donner directement la parole aux citoyens pour une décision importante est aujourd'hui une nécessité démocratique. Je pense qu'une commission adhoc devrait être réunie pour définir les conditions de recours à ce referendum. Cette commission devrait être composée de constitutionnalistes, d'experts à définir et de citoyens volontaires désignés par tirage au sort. En conclusion, des améliorations au système en vigueur aux niveaux national, régional voire communal doivent être apportées. Le recours au referendum dans des conditions accessibles et bien définies est une nécessité démocratique. Mais les institutions ne sont pas tout et un citoyen est un sujet politique qui doit user de ses droits – ils ne sont pas négligeables- et non un client-consommateur d'avantages à réclamer auprès des politiques. S'affirmer comme sujet agissant non seulement face au pouvoir politique mais aussi face au pouvoir économique et aux possibilités de manipulation qu'offrent les nouvelles technologies est aujourd'hui une condition de notre liberté future. A noter également : Les recommandations de la Cour des Comptes devraient davantage être pris en considération, les dépenses inutiles ou aberrantes sont difficilement acceptables lorsque la situation financière de l’État est tendue Réformer le Conseil Constitutionnel en s'inspirant des idées exprimées entre autre par Alain Supiot et Laureline Fontaine dans une Tribune publiée dans Le Monde du 14 Juin 2017
En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Non
Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Il suffit que le pouvoir les traite avec considération et montre aux citoyens à travers les relations qu'il entretient avec elles qu'elles sont des partenaires incontournables de la démocratie du pays. Peut-être que toutes étiquettes confondues les syndicats s'engagent dans une large campagne de communication non partisane sur leur rôle dans défense des intérêts des salariés et le rappel de leurs acquits récents.
Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Il faut aussi pouvoir contrôler le bon exercice du mandat confié au député ; ça peut-être un compte-rendu de mi-mandat sur lequel la population pourrait se prononcer lors d'un vote électronique. Ce vote ne serait cependant pas révocatoire. Il n'y a pas que les députés. Il y a aussi les élus aux Conseils Régionaux, aux Conseils Municipaux. Le même processus de contrôle à mi-mandat de l'équipe dirigeante doit pouvoir être diligenté. On peut se tenir au courant du travail législatif mais comment pèse-t-on sur lui ? Le plus souvent, en cas de désaccord, ce sont les partis ou les syndicats qui montent en première ligne, les uns à l'Assemblée, les autres dans la rue. Les syndicats savent intervenir lors de la discussion budgétaire. Mais les citoyens peuvent vouloir donner leur avis 'en direct', exercer sur les députés une sorte de contrôle continu (on peut déjà les interpeller sur leur site). Internet le permettrait en théorie, mais comment éviter l'accaparement par les groupes de pression ou bien que ça devienne un défouloir individualiste. On reviendrait à l'agora permanente, à mon avis inapplicable.
Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une mauvaise chose
Pourquoi ?
Je coche 'une mauvaise chose' mais ce n'est pas si net que cela. A-t-on suffisamment de recul? On a reproché l'arrivée massive de nouveaux députés non aguerris, non maire et donc non établis localement. C'est une phase de transition propre à toute situation de renouvellement politique. On pourrait revenir légèrement en arrière et permettre le cumul seulement pour député + maire sauf pour les maires des grandes métropoles (Paris, Lyon,Marseille, Bordeaux, Lille,Strasbourg...). Dans ce cas on ne cumulerait pas les indemnités mais seulement 50% de l'un des mandats et 50% de l'autre.
Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Introduire une dose de proportionnelle.
Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non
Si oui, lesquels ?
Pourquoi NON: vouloir réduire le nombre de députés à l'Assemblée Nationale aura pour effet, en augmentant la taille des circonscriptions, d'éloigner le citoyen de son député. A moins que l'on méprise la démocratie représentative cela ne va pas dans le sens de la meilleure écoute réclamée. Perdre cette écoute à travers une représentativité locale pour une économie dérisoire et une plus grande efficacité de l'Assemblée qui reste à démontrer ne me paraît pas une approche judicieuse. Le travail législatif doit être plus efficace : en finir avec l'inflation législative, les lois de circonstance, les lois non appliquées, celles dont les décrets d'application ne voit jamais le jour. Le processus d'évaluation des lois promis par le Président doit devenir réalité. Il n'en reste pas moins que la majorité des députés font un travail de qualité essentiellement en commission. Malheureusement ce travail n'est pas mis en avant et la publicité de ces débats devrait être portée à la connaissance du public autant que les prises de position politiciennes qui agitent les députés en séance et qui n'en sont que l'écume.
Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Montrer par les mesures prises que les élu(e)s locaux, régionaux et nationaux, se soucient des préoccupations des français (pas seulement ceux qui fréquentent leur local de représentation), qu'ils entretiennent une relation étroite avec eux pour expliciter leurs actions ( méthodes à trouver), faire davantage de pédagogie,tout cela en lien direct avec les français . Il ne suffit plus de communiquer à travers un filtre journalistique, une séance de questions-réponses à la télé ou à la radio, ni seulement face aux députés et sénateurs. Je ne verrais rien de choquant à ce que le gouvernement dispose d'un média - chaîne télé style LCP, version numérique ou papier - pour présenter ses projets de réforme, leur cohérence avec la politique qu'ils ont défendus, etc...Cela n'a de sens qui si ce n'est pas de la pure comm genre bulletin municipal.
Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui
Si oui, comment ?
Réduire les critères de déclenchement pour justement faciliter l'obtention d'un seuil de déclenchement. La question de constitutionnalité pourrait se poser selon le type de question
Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Mettre le rapport de la Cour des Compte en ligne, ce qui d'ailleurs est peut-être le cas. Que celle-ci assure l apublicité des réponses apportées par le gouvernement à ses remarques.
Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Ne touchez pas à la loi de 1905 dans sa formulation actuelle.
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Considérer les plateformes numériques ((tweeter, facebook, etc....)comme des éditeurs de presse et leur appliquer la législation en vigueur sur le racisme, l'antisémitisme, l'homophobie, la diffamation ........
Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Les incivilités sont le résultat d'une société individualiste, consommatrice et concurrentielle, toutes composantes de base du capitalisme dans sa version actuelle. Il y a autant d'actes d'incivilités que d'activités dans la vie quotidienne et c'est cette constatation qui est la plus déprimante. Quand je pense qu'il y a des touristes en Provence qui se sont plaint du chant des cigales, les bras m'en tombent! C'est anecdotique mais ça traduit un état d'esprit.
Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Non
Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
A noter également : Les recommandations de la Cour des Comptes devraient davantage être pris en considération, les dépenses inutiles ou aberrantes sont difficilement acceptables lorsque la situation financière de l’État est tendue Réformer le Conseil Constitutionnel en s'inspirant des idées exprimées entre autre par Alain Supiot et Laureline Fontaine dans une Tribune publiée dans Le Monde du 14 Juin 2017 et peut-être réitérée depuis.
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