Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Les élus doivent respecter les citoyens, notamment en acceptant le fait que leur élection n'est pas une carte blanche et qu'ils ne sont pas porteurs d'une vérité supérieure, mais qu'ils doivent prendre en compte la nécessité de préserver la société et d'intégrer des points de vue différents dans leurs décisions. Une des causes de la méfiance des citoyens vis à vis des professionnels de la représentation est leur tendance à juger qu'il ont toute latitude une fois élus. Ceci se traduit très souvent par le non respect du vote des citoyens. Par exemple, le refus d'un traité européen se traduit par une approbation de ce même traité par le parlement, un vote de refus des extrêmes se transforme en approbation d'un programme présidentiel. Les professionnels de la représentation affichent leur certitude de détenir une vérité plus forte et plus importante que la démocratie, un volonté de contourner ma volonté des citoyens en utilisant des artifices. L'effet de cette démarche est à la fois une exclusion des processus de décision et des élections d'une part croissante des citoyens et un affaiblissement, voire une perte de la reconnaissance de la légitimité des élus. Pour ces derniers, on a l'impression d'un déni psychologique face à la réalité: lorsqu'on est élu pour faire barrage aux extrêmes et qu'on compte avec le soutien réel de moins de 20 % des inscrits sur les listes électorales(encore moins si l'on considère l'ensemble de la population), il n'est pas possible de se prévaloir d'un très large soutien à son programme : au contraire, il faut être conscient de la nécessité de tenir compte de la division du pays et de la nécessité de préserver la société. L'illusion donnée par le système électoral qui produit une large majorité avec moins de 15 % des électeurs conduit à des effets catastrophiques: de nombreux citoyens considèrent que l'expression électorale est inutile, voire que seule l'action violente peut produire des résultats; de plus en plus de citoyens se résignent à ne plus faire barrage aux extrêmes, car ils voient un second extrémisme dans la positions des élus; les fractures et divisions de la société s'amplifient et s'aggravent entre ceux qui bénéficient des choix des élus et ceux qui se sentent lésés; un sentiment d'injustice gagne la population. L'ensemble de ces phénomènes est porteur de troubles sociaux et politiques à l'issue incertaine, d'une désagrégation de la société qui servira les intérêts des extrêmes. Les élus doivent abandonner le déni de réalité et regarder celle-ci en face: quel est leur soutien réel (en général, ils n'ont pas un soutien majoritaire) et doivent intégrer les citoyens dans leur processus de décision. Ils doivent surtout veiller à la cohésion de la société et non pas à la supposée vérité supérieure de leur programme.
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