Intégralité de la contribution intitulée "Un citoyen engagé dans la vie publique"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 31 janvier 2019 à Issy-les-Moulineaux .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Aux corps intermédiaires issus des structures démocratiques et aux représentants élus. Aux premiers parce qu'ils sont capables de représenter les intérêts de leurs mandants partageant les mêmes problèmes : professionnels notamment. Au seconds parce que si l'élection est le pire des systèmes, c'est aussi le seul qui garantisse la démocratie.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Oui et non. Tels qu'ils sont aujourd'hui ils ne représentent qu'une faible partie de la population. Par exemple, les organisations professionnelles représentent les ""employeurs"" qui sont de moins en moins nombreux à être les véritables propriétaires de leurs entreprises, qui est donc représenté ? Les syndicats de salariés n'ont plus de légitimité faute d'un calcul de représentativité biaisé. Pour les uns comme pour les autres, les élections prud'homales étaient un meilleur indicateur de représentativité. Les associations ne représentent que leurs adhérents et à ma connaissance aucune ne peut se prévaloir d'un nombre d'adhérents suffisant pour avoir un poids national (quelques-unes ont cette capacité au niveau local).

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Au lieu de réduire le nombre de députés, il faudrait l'augmenter ! Supprimer les échelons départementaux et créer une vraie démocratie régionale basée sur des municipalités à échelle humaine : les intercommunalités éloignent les décisions du citoyen et bien souvent de leurs élus !!!

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une mauvaise chose

Pourquoi ?
Éloigner les représentants de leurs mandants - les électeurs - n'est jamais une bonne chose. Ils sont déconnectés de la ""vraie vie"".

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Il faut mieux représenter la diversité des territoires : des députés ancrés sur leur territoire avec de vraies responsabilités locales, élus au niveau régional avec un système d'élection proportionnel au nombre de voix recueillies.

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Oui

Si oui, lesquels ?
Supprimer les départements et les cantons. Revenir à primauté de la commune et renforcer les pouvoir des régions. Une source d'économie ! La proximité avec l'échelon communal et la cohérence des territoires avec la région pour une réelle politique d'aménagement des territoires.

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Rapprocher les élus des citoyens en ne permettant l'accès à la représentation nationale qu'après avoir exercé des mandats locaux.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Les votes blancs ou nuls montrent un intérêt pour l'exercice démocratique de l'élection et l'absence de proposition cohérente avec l'opinion de l'électeur. Un vote majorité absolue ""blanc"" devrait invalider les élections. Un vote blanc rassemblant autant ou plus de suffrages exprimés que le candidat ou la liste rassemblant le plus de suffrages devrait justifier une réduction d'un tiers de la durée du mandat des élus de la consultation concernée.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
1/ réduire a néant la fracture numérique. 2/ Soumettre au suffrage direct des citoyens toute décision publique modifiant les institutions. 3/ s'inspirer du modèle suisse des ""votations"" 4/ permettre les référendums d'initiative citoyenne aux niveaux communal, régional et national.

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui

Si oui, comment ?
En supprimant l'obligation d'un soutien du corps électoral qui a déjà été acquis et légitimé par l'élection ! Actuellement un député représente en moyenne environ 100 000 citoyens, donc une soixantaine de députés représentent environ 10% du corps électoral ce qui devrait suffire à déclencher un RIP ! (un calcul équivalent peut être fait pour le sénat).

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Faire un référendum sur les budgets, poste par poste ? Rendre lisible pour le citoyen le Code des impôts et le budget…

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Les CESE ne sont pas représentatifs car non élus. Le Sénat n'a pas que la vocation de représenter les territoires, mais aussi à renforcer la stabilité politique du pays (élection par tiers). Pour être plus proche des territoires et de la société civile, il faudrait (utopie ?) que nos représentants gardent une activité en lien avec ce qu'ils sont sensés représenter. Pour autant, il faut un équilibre de ""professionnalisation"" des représentants tant les sujets à traiter sont nombreux et complexes. Le meilleur moyen serait de mettre en place une réelle subsidiarité régionale sur tous les sujets non régaliens.

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui

Si oui, comment ?
S'assurer que les membres des CESE soient élus par les populations qu'ils ont sensés représenter et non désignés par des organisations à la représentativité douteuse.

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Les religions sont personnelles et ne regardent pas l'état. Lorsqu'elles se constituent en associations cultuelles, l'État doit avoir avec ces associations les même rapports qu'avec les associations de taille équivalente dans les autres domaines de la pensée citoyenne : associations civiques, francs-massons, etc.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Par l'éducation dès le plus jeune âge. Éducation appuyée sur l'enseignement. Par le développement des structures d'implication dans la vie citoyenne des enfant (parlement des enfants par exemple) et des adultes (réunions publiques mieux organisées que celles organisées par la commission des débats publics).

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Mieux associer les citoyens aux décisions locales, régionales et nationales. Permettre l'engagement citoyen dans des structures associatives ou syndicales sans perte de revenu.

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Le respect d'autrui et la prise en compte des besoins de son prochain.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Valoriser les actions collectives et les engagements pour la collectivité en apportant une reconnaissance réelle de ces engagements comme vecteurs de l'activité économique du pays.

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
Pendre en compte ces engagements au même titre que l'activité purement économique. Reconnaitre les qualifications acquises.

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Celles commises par les pouvoirs publics et leurs représentants : Par exemple : sirènes (et priorités) utilisées abusivement. Un ministre doit-il réellement dégager la route pour se rendre à une réunion ? Ne vaudrait-il pas mieux qu'il anticipe ses déplacements ? Un fonctionnaire peut-il raisonnablement ""envoyer paitre"" un citoyen qui l'interroge sur ses droits et devoirs ? Est-il raisonnable d'interdire (au nom d'on ne sait quel ""intérêt public"") tout et n'importe quoi ? Est-il humain de laisser des personnes dans le besoin ? De laisser vivre des personnes dans des endroits insalubres et les ayant ""expulsées"" de les faire vivre dans des conditions encore plus précaires ? De laisser construire des habitations dans des lieux dangereux, etc.

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Prendre leur responsabilité pour assurer la solidarité publique et sanctionner les fonctionnaires et élus qui oublient que leur rôle est avant tout le respect du ""bien et de l'intérêt public"".

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Voter pour des représentants qui ne traient pas leur concitoyens avec mépris, arrogance ou ignorent leurs intérêts et même parfois la notion de bien public.

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
La liberté d'association et de penser : syndicalisme salarié ou employeur par exemple. Mais le plus fréquent est le ""délit de sale gueule"", racisme ordinaire envers celui ou celle qui n'est pas ""dans la norme"" : handicap, couleur de peau, accent, obésité ou maigreur. Cela va même jusqu'à stigmatiser celui ou celle qui n'habite pas dans la ""bonne"" zone géographique : ""bouseux"", ""banlieusard"", etc.. Mais aussi à l'inverse : ""riches"", ""bobos"", etc. et encore : jeunes (trop inexpérimentés pour travailler) ou vieux (trop usés pour travailler)… bref, tous à un moment ou à un autre. Le plus choquant que j'ai vécu récemment est dans un commissariat de banlieue parisienne où l'on a stigmatisé mes agresseurs du qualificatif de ""racaille bronzé"", mais dans ce même commissariat j'ai été témoin d'un remarquable travail de pédagogie et d'intégration de cette même ""racaille bronzé"" par d'autre fonctionnaires de police.

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Permettre une représentation plus diversifiée dans les institutions (combien d'élus avec un handicap visible ?). Cesser les ""discriminations positives"" qui en fait stigmatisent des populations. L'équilibre femmes / hommes est un bon exemple : on voit des hommes oui des femmes ""alibi"" dans les institution alors que l'on devrait plus intensément lutter contre la discrimination : salaire égal parce que compétences égales parce que formations comparables et possibilités d'accès identiques aux postes à responsabilité.

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Non

Si oui, lesquelles ?
La contrepartie est implicite. Nous sommes solidaires parce que la nécessité fait loi et que nous formons un même peuple.

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
Le plein emploi est la seule solution. Le flux migratoire est vital pour la dynamique du pays. Plutôt que laisser les passeurs clandestins exploiter la misère, ne vaudrait-il pas mieux organiser le passage dans de bonne conditions ? Par exemple, certains migrants sont dépouillés par les passeurs, ne serait-il pas plus humain et plus profitable des les accueillir avec leurs biens et compétences ?

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Pour moi, l'asile politique ne souffre pas de discussion : toute personne persécutée hors de nos frontières ont naturellement le droit d'asile dans notre pays. L'immigration économique ne peut que nous être profitable si l'accueil est correctement organisé : formation, intégration.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Nous manquons de personnel qualité dans de nombreux secteurs, développons les coopérations de formation avec les pays ""exportateurs"" de migrants économiques ainsi ces migrants - s'ils souhaitent encore migrer - trouveront un accueil bienveillant dans notre pays :-)

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
L'accueil, l'information et la formation.

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Pourquoi pas ne pas tenter un nouveau modèle démocratique non censitaire où les citoyen•ne•s serait réellement égaux, pas seulement devant la loi mais aussi par le niveau de vie ?


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