Que pensez-vous de l'organisation de l'Etat et des administrations en France ? De quelle manière cette organisation devrait-elle évoluer ?
Cette organisation a été complètement gangrenée, depuis plusieurs décennies, par l'idéologie subversive de la vénération de l'économie de marché et de la concurrence. En conséquence, la liberté, l'égalité et la fraternité sont partout en danger ou gravement compromises. Les droits sociaux de 1946 n'ont plus d'effectivité, ce qui est une rupture par rapport à l'ordre public constitutionnel. Le droit à un travail et à un logement restent lettre morte. C'est tout à fait inadmissible. La restructuration idéologique de l'enseignement secondaire et de l'enseignement supérieur et de la recherche a constamment fait reculer les prérogatives et responsabilités publiques ainsi que la défense par l'Etat de son prestige et de son autorité. Face à ces dérives inadmissibles, il est urgent que l'Etat retrouve la fidélité à sa nature et à ses missions; il faut qu'il renoue avec ses responsabilités fixées par la Constitution, au lieu de se transformer en secte vénérant le ""libre marché"" sur le modèle de la dérive de l'Union européenne. Il faut aussi que l'Etat restaure partout l'usage obligatoire du français (en France et - pour les Français - en Europe) et qu'il cesse d'être une puissance en lutte contre la francophonie internationale (cas de l'enseignement supérieur et de la recherche...). Les impôts des Français ne devraient pas servir à lutter contre les capacités d'action de l'action (au prétexte de normes managériales plus que douteuses et de procédures d'évaluation qui servent en fait à importer dans l'Etat des normes de marché). Ils ne devraient pas servir non plus à une lutte contre la langue nationale.
Selon vous, l'Etat doit-il aujourd'hui transférer de nouvelles missions aux collectivités territoriales ?
Non
Estimez-vous avoir accès aux services publics dont vous avez besoin ?
Non
Si non, quels types de services publics vous manquent dans votre territoire et qu'il est nécessaire de renforcer ?
La formation professionnelle supérieur et l'enseignement supérieur plus généralement ont donné lieu à de trop nombreuses délégations au secteur privé, avec la honteuse banalisation des titres de Master. Il faut renforcer l'investissement et le fonctionnement dans les universités publiques, et veiller à tous les niveaux à la priorité donnée aux titres venus du secteur public de l'enseignement supérieur et de la recherche, au lieu (par exemple) de laisser la Banque Publique d'Investissement placer l'argent public dans des écoles privées qui contribuent à la ségrégation sociale en s'emparant de pans entiers de l'enseignement supérieur. L'Etat doit restaurer son autorité et ses capacités d'action dans le domaine.
Quels nouveaux services ou quelles démarches souhaitez-vous voir développées sur Internet en priorité ?
Aucune.
Avez-vous déjà utilisé certaines de ces nouvelles formes de services publics ?
Non
Quelles améliorations préconiseriez-vous [des nouvelles formes de services publics] ?
Ce sont des questions très secondaires.
Quand vous pensez à l'évolution des services publics au cours des dernières années, quels sont ceux qui ont évolué de manière positive ?
Je n'en aperçois pas beaucoup; peut-être le ""droit à l'erreur"" en matière fiscale, qui relève du bon sens. La situation s'est souvent dégradée au contraire, à cause des partenariats public-privé ou des abandons au secteur privé au mépris des responsabilités républicaines.
Quels sont les services publics qui doivent le plus évoluer selon vous ?
Il paraît impératif de revenir à la couverture des besoins médicaux par le secteur hospitalier public sur tout le territoire. Il serait nécessaire de revenir à l'égalité dans l'enseignement secondaire et supérieur.
Connaissez-vous le "droit à l'erreur", c'est-à-dire le droit d'affirmer votre bonne foi lorsque vous faites un erreur dans vos déclarations ?
Oui
Si oui, avez-vous déjà utilisé ce droit à l'erreur ?
Non
Pouvez-vous identifier des règles que l'administration vous a déjà demandé d'appliquer et que vous avez jugées inutiles ou trop complexes ?
A l'occasion d'un contrôle fiscal pour une association (c'était finalement une erreur, il n'a pas eu lieu): des transmissions d'informations en quantité tout à fait déraisonnable à première vue.
Faut-il donner plus d'autonomie aux fonctionnaires de terrain ?
Oui
Si oui, comment ?
Oui sans doute, en faisant confiance aux professionnels et en cessant de prétendre encadrer leur action par des normes qui relèvent de l'économie de marché (mise en concurrence souvent artificielle, contractualisation intempestive, comptabilité de type privé...) plus que de la logique républicaine du service public, fondée sur l'égalité et la solidarité, sur la reconnaissance des besoins et sur le souci du progrès largement partagé. Par ailleurs, on ne peut se satisfaire de la perpétuation des situations de dénuement ou de très grande pauvreté, voire de torture (personnes privées de domicile et exposés au froid et aux risques de la rue, enfants en bas âge passant la nuit dehors dans les bras de mendiants dans les grandes villes...); il faudrait donner des moyens beaucoup plus importants aux fonctionnaires de terrain pour y remédier en proposant des logements (à construire en très grand nombre à l'évidence sur la base d'initiatives publiques volontaristes à réinventer complètement), des aides et les formes nécessaires de prise en charge.
Faut-il revoir le fonctionnement et la formation de l'administration ?
Oui
Si oui, comment ?
Il est tout à fait invraisemblable de constater la part déraisonnable des préparations privées (classes préparatoires privées extérieures aux universités publiques), ou des institutions qui pratiquent ouvertement la discrimination financière dans l'enseignement supérieur (avec des frais d'inscription élevés), dans le recrutement de certaines des écoles supérieures de formation des fonctionnaires des corps de l'Etat, en particulier l'Ecole Polytechnique, les ENS, l'ENA. Il est d'ailleurs absolument scandaleux de laisser ces établissements décrire leur action ou même leur mission en anglais prioritairement. Il est absolument scandaleux aussi de laisser l'administration de la recherche (comme dans le concours des Ecoles Universitaires de Recherche) agir dans l'enseignement supérieur et la recherche sur la base de formulaires en anglais, au mépris de la Constitution et des engagements de la France en matière de francophonie. Toujours en matière d'enseignement supérieur, il est désastreux de voir que les réformes successives ont conduit à nuire à l'égalité des chances et à la qualité des études. Il semble urgent de faire marche arrière sur la récente réforme des lycées, qui organise la privation du savoir à travers un jeu de matières et d'option tout à fait insuffisant, évidemment au rebours des attentes contemporaines et des besoins économiques. Plus généralement, le service public devrait revenir à sa vraie nature (au service du progrès et des priorités nationales) et à la réponse aux besoins au lieu de se transformer en garde-barrière d'une ""concurrence"" absurdement idéalisée.
Comment l'Etat et les collectivités territoriales peuvent-ils s'améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté ?
Il faudrait revenir à une approche d'ensemble qui réponde au principe d'inégalité, au lieu de chercher en toute occasion à creuser les inégalités et à reconstituer artificiellement une lutte des classes. L'Etat devrait faire confiance aux acteurs et à leurs attentes bien fondées au lieu de creuser le déficit public avec des projets absurdes qui ne correspondent à aucun besoin compréhensible malgré des alibis territoriaux (par exemple le projet Condorcet dans l'enseignement supérieur). L'Etat devrait reprendre en main la politique industrielle en recourant aux nationalisations dans toute la mesure de ce qui est utile pour développer l'emploi et la production; l'Etat devrait avoir une politique volontariste pour relancer le réseau ferré (en le densifiant) et son exploitation exclusive par l'opérateur public historique, en veillant aussi à la modicité (depuis longtemps perdue) des tarifs. En matière d'enseignement secondaire et supérieur, il faut mettre fin au renforcement des inégalités sociales et territoriales par tout moyen (classes européennes, lycées ""régionaux"", classes préparatoires donnant lieu à des ""équivalences"" ou sauf-conduits universitaires abusifs, politique absurde de l'""excellence"" pour concentrer les moyens, aides publiques -allant jusqu'à l'organisation de classes préparatoires publiques! - à des établissements privés contribuant à la discrimination dans le monde du travail...). Il faut au contraire que l'Etat réapprenne à valoriser ses propres filières sur tout le territoire. Il faut aussi cesser de se référer constamment à des solutions européennes qui tardent souvent à venir: le peuple de référence de la démocratie française est bien le peuple français et, si l'Union européenne est un espace de coopération important (d'ailleurs sous-exploité), il n'a pas vocation à se substituer à l'action de l'Etat en matière de cohésion territoriale et de souci réel de l'égalité.
Si vous avez été amené à chercher une formation, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas de difficulté.
Si vous avez été amené à scolariser votre enfant, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
La réforme en cours pour les lycées est une véritable catastrophe: déstructuration complète des cursus, transformation en options ou en choix de matières tout à fait fondamentales (comme les mathématiques ou les sciences de la vie et de la terre), tendance absurde à débattre sans fin de l'orientation (au lieu de se donner les moyens collectifs de donner à chacun la place qu'il ou elle attend dans l'enseignement supérieur ou l'apprentissage), théâtralisation ridicule (""grand oral"" inspiré des pratiques des institutions les plus discriminatoires en France), etc . La formation linguistique et littéraire est clairement insuffisante et tout à fait honteuse au regard de la tradition d'excellence de la France. La vérification de l'apprentissage de la langue est insuffisante à tous les niveaux de l'enseignement, dans l'Education nationale (et latéralement dans les établissements privés sous contrat).
Si vous avez été amené à chercher un emploi, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas d'avis.
Si vous avez été amené à préparer votre retraite, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas d'avis particulier.
Si vous avez été amené à demander un remboursement de soins de santé, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
La prise en charge des soins dentaires par la Sécurité sociale et par les mutuelles est totalement insuffisante. Ce ne sont pas des soins de confort. Leur prise en charge collective est un besoin clair de santé publique. Veut-on que l'on renonce à un traitement et risquer une infection généralisée, au prétexte qu'il s'agit de la zone buccale? Pour moi, cette année, la facture s'élève à deux mille euros environ, pour des soins pourtant strictement impératifs.
Si vous avez été amené à faire une demande d'aide pour une situation de handicap, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas d'avis (non concerné).
Si vous avez été amené à créer une entreprise, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas d'avis.
Si vous avez été amené à recruter du personnel, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas de problème particulier.
Si vous avez été amené à former du personnel, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas de problème particulier.
Si vous avez été amené à rémunérer du personnel, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas de problème particulier.
Si vous avez été amené à mettre fin à votre activité, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Non concerné.
Si vous avez été amené à recruter une personne portant un handicap, pouvez-vous indiquer les éléments de satisfaction et/ou les difficultés rencontrés en précisant, pour chaque point, l'administration concernée :
Pas de problème particulier.
Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Il semble strictement nécessaire de revenir à l'usage exclusif du français dans les rapports entre les administrés ou les agents publics et l'administration. Non, les Ecoles normales supérieures ne sont pas des ""research universities"". Non, les experts internationaux (ils sont francophones en nombre suffisant dans tous les domaines) n'ont pas besoin de dossiers en anglais pour se prononcer sur des initiatives de recherche et/ ou d'enseignement. Non, le travail des administrations publiques ne devraient pas prendre forme sur la base d'expressions anglophones traduisant des catégories ou des priorités extérieures à celles de la République sociale.
Lire une autre au hasard