Intégralité de la contribution intitulée "Organisation"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Organisation de l'état et des services publics le 1 mars 2019 à Rennes .

Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Oui, il y a trop d’échelons administratifs dans notre pays (en comparaison de la situation en Allemagne ou au Royaume-Uni par exemple). Toutes les grandes entreprises efficaces passent leur temps à réduire « les empilements d’assiettes hiérarchiques », pourquoi l’administration française y parvient-elle si peu ? Dire qu’il faut, quel que soit le domaine, renforcer la décentralisation est souvent un leurre et une fuite en avant démagogique. Certaines mesures de décentralisation des années 80 ont abouti à multiplier le nombre de fonctionnaires sans améliorer le service rendu (par exemple, la reconstitution des services de voirie départementale re-centralisés quelques décennies auparavant. Quid de l’empilement Préfets-Sous-Préfets (un sous-préfet est-il encore utile de nos jours ?) ? Quid de celui des communes, Intercommunalités, Communautés Urbaines, Métropoles ? L’audit de tout cela serait bien utile à condition de ne pas le faire faire par les audités eux-mêmes. L’empilement Etat-Région-Département-Communes est trop « millefeuille ». Le regroupement de régions opéré par le gouvernement Valls a été une bonne chose, mais a-t-on vérifié a posteriori qu’on a bien réduit le nombre d’élus et de fonctionnaires ? Le niveau du département est devenu superflu (il avait été conçu sur la base de transports à cheval…), il faut sérieusement se pencher sur ce qu’il coûte à la nation, et sur ce que sa suppression rapporterait comme économies collectives. Les territoires en difficulté sont un vrai sujet. Les deux décennies de 1990 à 2010 ont vu beaucoup d’écrits et de réflexions sur ce sujet (cf. en particulier « Oser le désert, des pays sans paysans », de Jacques Lévy (2012). Il n’y a pas de solutions simples, mais on pourrait au moins se dire que l’exode rural s’est achevé en France bien plus tard qu’en Allemagne et qu’en Grande-Bretagne : a-t-on tiré les enseignements de ce qui s’est fait, en bien comme en mal, dans ces pays pour traiter le problème des territoires que cet exode y a produit. La France et les Français n’aiment pas tirer les leçons, bonnes ou mauvaises, de ce qui s’est passé chez ses voisins. Pourtant cela lui serait parfois bien utile. Attention aux mesures néfastes de décentralisation : le système qui fait que des enseignants soient piégés dans certaines régions empêche d’autres régions, elles aussi en difficulté, de disposer de compétences qui finissent par être perdues pour toutes les régions (quand on parle de territoires en difficulté, on pense la plupart du temps aux zones rurales, mais il en est d’autres, typiquement urbaines celles-ci, à savoir les zones à forte populations issues de l’immigration, celles où on a inventé les ZEP par exemple. Laisser les rectorats gérer ces régions sans faciliter la mobilité des enseignants entre les régions conduit à un gâchis considérable de ressources, certaines régions refusant de laisser partir des enseignants vers d’autres ZEP, ne serait-ce que pour suivre leur conjoint dans son parcours professionnel ; la gestion de tels territoires en difficulté ne devrait-elle pas être centralisée plutôt que décentralisée ?).


Lire une autre au hasard
Retour aux Thèmes