Intégralité de la contribution intitulée "Education nationale"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Organisation de l'état et des services publics le 10 février 2019 à Peuton .

Que pensez-vous de l'organisation de l'Etat et des administrations en France ? De quelle manière cette organisation devrait-elle évoluer ?
Manque de proximité

Selon vous, l'Etat doit-il aujourd'hui transférer de nouvelles missions aux collectivités territoriales ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
Proximité ou permanences pour: impôts, CAF, Sécurité sociale, la poste, ...

Estimez-vous avoir accès aux services publics dont vous avez besoin ?
Non

Si non, quels types de services publics vous manquent dans votre territoire et qu'il est nécessaire de renforcer ?
Voir ci-dessus

Avez-vous déjà utilisé certaines de ces nouvelles formes de services publics ?
Oui

Si oui, en avez-vous été satisfait ?
Oui

Quelles améliorations préconiseriez-vous [des nouvelles formes de services publics] ?
Continuez de simplifier les démarches

Connaissez-vous le "droit à l'erreur", c'est-à-dire le droit d'affirmer votre bonne foi lorsque vous faites un erreur dans vos déclarations ?
Oui

Si oui, avez-vous déjà utilisé ce droit à l'erreur ?
Non

Faut-il donner plus d'autonomie aux fonctionnaires de terrain ?
Oui

Faut-il revoir le fonctionnement et la formation de l'administration ?
Oui

Si oui, comment ?
Souplesse et humanité sont nécessaires

Comment l'Etat et les collectivités territoriales peuvent-ils s'améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté ?
Pensez ruralité et personnes en difficultés

Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Education nationale A – Des constats Nous constatons tous que, malgré les nombreuses réformes tentées par les différents ministres, les résultats attendus sont toujours insatisfaisants Le 17 janvier 2019, en lisant l'éditorial de mon quotidien proposé par Jean-Michel Djian, je découvre que notre ministre en place en août 2015 déclarait que 71 % des élèves s'ennuyaient à l'école. Même si les dernières initiatives, qui consistent d'une part à dédoubler les CP et CE1 et d'autre part à rendre l'école obligatoire dès 3 ans et cela dans les zones prioritaires, vont dans le bon sens, cela ne suffit pas. Il y a donc toujours un problème et la ou les solutions restent à inventer. J'ose donc, avec ma petite expérience d'enseignant et de directeur d'école primaire à la retraite, apporter ma modique contribution avec quelques remarques et propositions. B – Piste n°1 : Travail effectif par cycle Il est clair que notre société et le monde entier se modifient à vitesse grand V et qu'il est nécessaire d'anticiper plutôt que toujours vouloir revenir en arrière avec des méthodes qui ne seront pas adaptées. Cependant il y eut une proposition de réforme : « le travail par cycle » et non « des projets de cycle » qui aurait méritée d'être conduite plus longtemps. Elle fut trop vite critiquée par les parents et abandonnée par les enseignants. 1 - Le principe Il était de mélanger les élèves de 2 voir 3 niveaux dans la même classe (Cycle 2 : GS, CP, CE1 dans la même classe et cycle 3 : CE2 CM1 CM2 dans la même classe. Avec ce mélange et les outils pédagogiques qui existent aujourd'hui, pas nécessaire pour l'enseignant de « débiter son savoir », mais organiser des groupes de recherche, des groupes de niveaux différents ou de même niveau suivant les objectifs à atteindre. 2 - Les avantages Les élèves s'entraident, confrontent leurs idées, travaillent à leur niveau, s'enrichissent mutuellement, s'habituent à débattre, … Chaque élève peut expérimenter la conduite de groupe, être leader, mais aussi recevoir les conseils de l'autre, un véritable apprentissage de la citoyenneté. L'élève passant théoriquement 3 années dans le même cycle, et pourquoi pas avec le même enseignant ( sauf incompatibilité dont il faut tenir compte), peut aussi le faire en 2 ans ou en 4 ans, suivant ses capacités. Cet allongement ou cette diminution peut se faire par lissage sur les 2 ou 4 ans : 2 trimestres dans chaque cours ou 4 trimestres, ou autre formule adaptée à l'élève. 3 – Remise en cause Ce principe de travail par cycle remet en cause le fonctionnement du monde enseignant qui s'est habitué à ne travailler que sur un seul cours, voir toujours le même, dans la même école pendant 25 ans lorsqu'on a réussi à avoir le poste dont on rêvait. Là, il est nécessaire de jongler avec 2 ou 3 cours et tout le monde, pas seulement les jeunes qui font systématiquement leur carrière dans les petites écoles souvent rurales. 4 – Une trouvaille à développer rapidement Le 4 février 2019, je découvre dans mon même quotidien, un reportage de Laurence Guilmo, sur une pédagogie innovante dite la « classe inversée ». En y regardant de plus près, je découvre les débuts d'une révolution pédagogique qui me trottait dans la tête pendant mes dernières années d'enseignement, à savoir, qu'avec l'évolution rapide de nos technologies du numérique, l'élève pouvait acquérir seul le savoir et que l'enseignant devait se transformer en coordinateur, référent, conseiller, sociologue, éveilleur de citoyenneté, … Ceci conforte mes propositions des 3 paragraphes précédents que j'ai écrits il y a une dizaine de jours. C – Piste n°2 : Bouleverser l'organisation 1 – Constat. Me référant toujours à mon expérience, j'ai constaté avec de nombreux collègues que, d'une part, les enseignants du primaire, en particulier, ne pouvaient pas ou n'avaient pas la volonté de s'investir en temps et en énergie pour les matières dites sportives et culturelles. D'autre part, il est régulièrement fait appel à des spécialistes (animateurs culturels et sportifs mis à disposition par les communes ou communautés de communes), pour intervenir dans les écoles primaires et maternelles. 2 – Proposition au moins pour le primaire (voire maternelle). Le matin: cours des matières fondamentales, par les enseignants actuellement diplômés pour cela : Français : 7h/sem - Math : 5h/sem - Anglais : 2h/sem - Histoire : 1h/sem - Géographie : 1h/sem. ; Ce qui fait 16h de cours sur 4 matinées de 8h30 à 12h30, ou 5 matinées de 3h15mn, suivant le type de semaine choisi. L'après-midi : les matières d'éveil sportif, artistique, culturel, citoyen, scientifique, enseignées par les enseignants volontaires qui se sont spécialisés sur une ou 2 matières et les spécialistes actuellement embauchés par les communes, les communautés de communes, voire les associations qui demandent des subventions et des prix importants aux parents. Ce personnel hors éducation nationale entre dans l'éducation nationale et l'Etat qui les paye, diminue ses aides aux communes. Les communes baissent les subventions aux associations qui ont du personnel en moins. Proposition d'horaire et de répartition des enseignements : Sport : 3h/sem – Danse, Chant, Musique : 1h30/sem – Théatre, Cinéma, Arts Plastiques : 1h30/sem - Logique et Jeux de société : 1h/sem – Sciences (biologie, technologie, physique, … par observations et expérimentations) 2h/sem – Culture Religieuse : 1h/sem – Etudes Dirigées : 2h/sem . Ces propositions d'horaires par semaine demanderaient de privilégier la semaine de 5 jours, étant entendu que sont inclus dans ces horaires, d'une part, des heures d'activités sportives et culturelles ouvertes à tous et qui demanderaient donc moins de temps passé dans les associations proposant ces activités. D'autre part, les 2h d'études dirigées suppriment un temps au devoir à la maison. Ces propositions d'activités sur les après-midi apportent au moins trois avantages. D'une part, les familles dépensent moins de temps, d'énergie et d'essence pour conduire les enfants aux diverses activités, les enseignants se déplaçant au maximum sur les lieux où sont réunis les enfants : les écoles ou les salles appropriées aux activités. D'autre part, les activités sont possibles pour tous, sans privilégier ceux qui ont ou s'en donnent les moyens. Enfin, une concertation très importante sera nécessaire entre les associations et l'école ce qui privilégiera des projets globaux et permettra de se rencontrer et de construire ensemble l'avenir de notre jeunesse. D – D'autres remises en cause. Profitons-en pour remettre en cause un autre principe du monde enseignant. Actuellement, plus on avance dans la carrière, plus on a la possibilité de choisir un poste « facile », pendant qu'on laisse les « débutants » sur les postes « difficiles » (quartiers difficiles) ou « complexes » (zones rurales). La logique voudrait qu'un enseignant débutant se familiarise avec le métier en exerçant sur des postes dits « faciles », puis se retrouvent au bout de 5 ans et pour au moins 25 ans sur des postes dits « difficiles ou complexes ». En fin de carrière on peut privilégier le retour vers les poste dits « faciles ». Autre principe acquis à remettre en cause sérieusement : terminer sa carrière, les 2 dernières années seulement, dans un territoire d'outre mer, pour s'assurer une retraite multipliée par 1,5 si ce n'est pas plus : du paradis fiscal déguisé !!! Il est nécessaire ce réviser, voire interdire ce système. Comme le disait un ancien ministre : « osons dégraisser le mammouth !!! » E - Remarques Les pistes que je donne pour une révolution dans l'éducation nationale ne sont sans doute pas toutes applicables et cumulables, mais peuvent alimenter les discussions qui aboutiront, je l'espère, à un confort d'apprentissage pour tous nos jeunes. Adultes-enseignants saurons-nous un jour abandonner nos privilèges de conforts, comme nous savons si bien l'enseigner dans nos cours d'histoire en parlant de  « la fin des privilèges du temps de la monarchie » ?


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