Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
GRAND DEBAT NATIONAL – FEVRIER-MARS 2019
Les questions posées par le chef de l’Etat dans sa lettre aux Français sont consternantes car complètement hors sujet. La France ne supporte plus que la richesse du pays soit accaparée par une petite minorité, l’Europe est en complète déliquescence et le pillage des ressources de la planète ainsi que le dérèglement climatique posent le problème de l’avenir de l’humanité. Face à ces préoccupations angoissantes, à ces défis formidables, les thèmes proposés au débat sont dérisoires.
Devant à une telle impéritie, le premier sentiment est celui du découragement. A quoi bon se soucier du sort des plus démunis ou de l’avenir des générations futures ? Chacun pour soi et après moi le déluge.
Découragement n’est pas résignation. Les termes de la lettre sont ceux d’un homme politique dont la réflexion et l’action sont bornées par l’échéance électorale de 2022, alors que la vision devrait se situer à l’horizon de la fin du siècle.
En conséquence, les propositions que l’on trouvera ici ne sont pas des réponses aux questions posées, mais à celles qui auraient dû être posées. Il y a donc peu de chance qu’elles trouvent un écho favorable. Toutefois, elles auront au moins valeur de témoignage.
ORGANISATION DE L’ETAT ET DES COLLECTIVITES
En tout premier lieu, faire une évaluation des gains obtenus du fait de la réorganisation territoriale mise en œuvre dans les années précédentes : communautés de communes et d’agglomérations, cantons, régions, métropoles. A priori, aucun objectif mesurable n’ayant été fixé, et aucune amélioration évidente n’ayant été constatée, il ne reste pour argumentaire que le slogan de la « mutualisation » qui n’est qu’incantatoire et en rien démonstratif.
Les 35000 communes sont une chance pour la France. Autant de maires, 500000 conseillers municipaux qui connaissent intimement le terrain, les habitants, les besoins, les attentes et ont une pertinence dans l’action et une efficacité irremplaçables. La plupart de ces élus, désintéressés et passionnés contribuent au bien commun à une hauteur sans commune mesure avec leurs indemnités.
Il n’est nul besoin de modifier l’organisation de la représentation démocratique. Les parlementaires ont d’autres priorités que de consacrer du temps à des sujets aussi futiles.
En revanche, la question se pose du retour de l’Etat dans la sphère économique. Depuis plusieurs décennies des politiques de désengagement et de laisser faire ont conduit à la situation actuelle : chômage de masse et endettement démesuré.
La désindustrialisation du pays est une erreur historique. Industrie lourde, électronique et informatique, textile, plus rien ou presque n’est produit sur le territoire national. L’agriculture elle-même est sous assistance.
Par ailleurs, le transfert aux sociétés privées, sous prétexte de mise en concurrence ou de législation européenne, de secteurs entiers de la production interdisent une politique interventionniste centralisée et coordonnée au service de l’intérêt général.
En conséquence l’appareil de l’Etat, les grandes administrations, la fonction publique doivent retrouver leur primauté. Une nation forte et respectée a besoin d’un Etat puissant. C’est le sens de l’histoire, depuis les époques ou les populations se sont organisées. Diminuer le nombre de fonctionnaires au prétexte de faire des économies a pour effet induit, différé et insidieux le délabrement de la société.
L’Europe constitue désormais la plus haute collectivité dans laquelle les électeurs sont appelés à désigner leurs représentants. Après 60 années d’existence, l’idéal européen est en pleine décomposition.
Le BREXIT est un coup terrible porté à la construction européenne. Que représente une Europe sans le Royaume Uni ? Quel est, après cette amputation, le crédit de l’Union face aux grandes puissances économiques et aux recompositions géopolitiques des décennies à venir ? Quel poids face à la Chine, l’Inde, les USA, l’Asie du Sud-Est ? Quelle réponse à la pression exercée aux frontières par les réfugiés politiques et économiques de tous horizons ?
A la place d’une politique de grande puissance, capable, dans les bouleversements futurs, de protéger ses ressortissants et de participer à la stabilité du monde, on assiste à un fonctionnement mercantile uniquement préoccupé d’échanges économiques, fortement teinté de libéralisme, CETA, TAFTA, LEFTA, auquel les citoyens ne comprennent rien.
De plus, on voit se reproduire, au niveau européen, les querelles et les oppositions qui font le bonheur des échotiers et l’impuissance des gouvernements : souverainistes vs fédéralistes, populistes vs élitistes.
EN RESUMÉ
- ETAT ET COLLECTIVITES : Arrêt des réformes et retour en force de l’Etat dans l’économie
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