Que pensez-vous de l'organisation de l'Etat et des administrations en France ? De quelle manière cette organisation devrait-elle évoluer ?
Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ?
La question n'est celle du nombre d'échelons ou de niveaux, c'est plutôt celle des doublons notamment entre communes et communautés de communes. Les regroupements de communes n'ont pas entraîné de diminution du nombre de fonctionnaires territoriaux, ni de la masse salariale. Ils n'ont pas entraîné non plus une diminution du nombre de fonctionnaires d’État qui aurait dû être attendue de la décentralisation.
Avez-vous déjà utilisé certaines de ces nouvelles formes de services publics ?
Non
Faut-il revoir le fonctionnement et la formation de l'administration ?
Oui
Si oui, comment ?
Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment ?
Le principe qui consiste à employer des chargés de mission qui sont présents à tous les niveaux des administrations (Président de la République, ministres, assemblées régionales, départementales et municipales) devrait être proscrit. Il y a suffisamment de hauts fonctionnaires du cadre A+ ou de fonctionnaires du cadre "A" bien formés et compétents pour remplir les tâches plutôt que de les confier à des personnes choisies sur des bases de quelques compétences et de beaucoup de favoritisme, leur permettant de s'installer dans des trajectoires de carriérisme politique avec certains privilèges de fait et des émoluments souvent largement supérieurs à ceux des hauts fonctionnaires. Des affaires récentes (Benalla, Guéant) ont montré quelles dérives et abus pouvaient découler de cet usage.
Des économies pourraient être immédiatement réalisées en revoyant à la baisse les rémunérations indécentes de certains dirigeants de certains services ou administrations. Les personnes auxquelles est confiée la présidence des divers "autorités indépendantes" ne devraient pas être autorisées à cumuler le traitement inhérent à cette fonction et les autres revenus (retraites de fonctionnaires, retraites d'élus, et autres pensions) dont ils pourraient bénéficier. Le cas du Défenseur des Droits (mais ce n'est pas un cas isolé) est symptomatique de ces privilèges inacceptables tant au plan moral qu'au plan économique.
Y a-t-il d'autres points sur l'organisation de l'Etat et des services publics sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ?
S'il y a des économies à faire ce n'est certainement pas en réduisant les services et leurs accès. Cela peut se justifier au plan comptable mais absolument pas au plan humain. La vente souvent à prix sacrifiés des propriétés des Domaines de l’État devraient, et auraient dû, faire l'objet de plus justes évaluations. Les grands travaux parfois engagés alors que tous les recours n'ont pas encore été épuisés sont également sources de gabegie. Et que penser du nombre effarant de ronds-points, de ralentisseurs ou d'équipements parfois pharaoniques et sans commune mesure avec la population à laquelle ils s'adressent, sinon qu'il ne s'agit que d'ego surdimensionné de responsables locaux ou nationaux. Alors d'abord une saine gestion avant de penser aux économies.
Encore un exemple pour la Sécurité Sociale : après une prothèse du genou ou de la hanche, alors que le patient ne peut se déplacer sans béquilles, ses transports vers les centres de rééducation ne sont pris en charge que si le médecin prescrit un transport en ambulance alors qu'un transport assis en VSL, moins coûteux, serait possible.
Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? A l’inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ?
Il ne faut pas considérer les économies à court terme sans penser aux conséquences à long terme. Beaucoup trop de services publics ont été supprimés depuis des années, par souci d'économie, au détriment de la vie sociale de petits villages ou de petites villes avec des conséquences, notamment écologiques, difficilement quantifiables financièrement ou en terme de qualités de vie : à titre d'exemple, les regroupements d'écoles ont nécessité la mise en place de transports scolaires par bus, délétères pour l'environnement et pour la qualité de vie des élèves. Et un village qui perd son école devient de fait moins attractif pour les parents et donc se dépeuple avec disparition de la Poste, puis des commerces. Alors il ne faut pas considérer les services publics uniquement à l'aune de la rentabilité. L'Instruction Publique (ou Éducation Nationale), ni l'Armée, ni la Police, ni la Justice ne seront jamais financièrement rentables.
Par contre ce qui revient cher à long terme, ce sont les partenariats public-privé qui permettent à de grandes sociétés de s'engraisser sur le dos des contribuables et certaines privatisations comme particulièrement celle des sociétés d'autoroutes (que les citoyens ne sont pas prêts de les voir revenir dans le giron de l’État, comme cela était prévu à l'origine) ou de la Française des Jeux dont on ne voit pas bien quel bénéfice (autre qu'immédiat) serait attendu.
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