Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Réorganisation et refonte des impôts, pour taxer les comportements les moins vertueux (au sens de Montesquieu ""Amour du Bien commun"") et encourager les comportements vertueux. L'impression générale est qu'au fil du temps, la charge de l'impôt s'est déplacée des classes aisées vers les classes moyennes, et que parallèlement, l'usage de l'argent public a évolué pour favoriser la baisse de charges sur les ""acteurs économiques"" (comprendre in fine les classes les plus aisées) au détriment des classes moyennes et défavorisées, qui voient notamment s'étioler leurs Services Publics… Dont les classes aisées ont (de fait) les moyens de se passer, et sur lesquelles elles prônent donc ""courageusement"" de faire des économies pour pouvoir continuer à baisser leurs charges.
Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Refonte complète : une base de fiscalité commune, fonction des revenus, mais largement complétée de nouveaux impôts et taxes ""sociétaux"" visant à encourager les comportements vertueux pour la société, l'environnement, etc. et dissuader ceux qui sont nocifs (impacts sociétaux, environnementaux, etc.).
Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?
Moralement, la fiscalité pesant sur les plus faibles, évidemment, mais aussi, dans le cadre d'une refonte complète, des exonérations pour les comportements vertueux et bénéfiques à la Société (ce qui n'est pas équivalent à ""bénéfique à l'Economie - implicitement de marché"")
Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous...
Augmenter les impôts
S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
À la marge, il y a probablement aussi dans le domaine des aides sociales des opportunités de valorisation de comportements vertueux et de dissuasion de comportements qui ne le sont pas, mais c'est évidement surtout sur la fiscalité des entreprises et/ou des bénéfices et gains de tous ordres que la démarche a vocation à s'appliquer.
Quels sont les domaines prioritaires où notre protection sociale doit être renforcée ?
De manière générale, stopper le détricotage continu de notre protection sociale (depuis des décennies) au prétexte qu'il faut moins d'impôt pour être plus compétitif.
Pour quelle(s) politique(s) publique(s) ou pour quels domaines d'action publique, seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ?
solidarité, environnement, sécurité, amélioration du quotidien du plus grand nombre (ce qui implique malheureusement qu'il s'agisse en premier lieu des moins bien lotis)… Ce sont les besoins qui devraient dimensionner l'impôt, et non l'impôt qui devrait limiter les réponses que la société et l'Etat pourraient apporter aux besoins existants!
Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
L'approche de la question de l'impôt et de la fiscalité est très généralement biaisée, pour ne pas dire dévoyée : plutôt que de considérer que l'objectif absolu est de s'inscrire dans une compétition économique mondiale, en affichant l'espoir que les bénéfices qu'une minorité en tire ruisselleront plus ou moins dans le reste de la société (ou pour prendre un autre image illustrant la même idée, que des premiers de cordée entraîneront la cordée à leur suite), on pourrait revenir à des fondamentaux et considérer que l'impôt doit être levé pour que l'Etat et les Pouvoir Publics puissent avoir les moyens de mener les actions visant à améliorer le sort de l'ensemble de la société. La compétition économique n'est pas une règle de nature : l'adopter comme paradigme est un choix, sans doute en grande partie inconscient, qui peut sans doute s'expliquer d'une part par le fait que les élites trouvent dans l'appropriation de ce mode de fonctionnement matière à exprimer leur talent et à en tirer bénéfice, et d'autre part (mais c'est évidemment lié) à la promotion d'une éducation qui s'attache à présenter ce mode de fonctionnement comme indiscutable et non susceptible d'être remis en question. Par exemple, le chômage est une plaie, mais la sacro-sainte compétitivité économique commande de produire plus avec moins de ressources : pourquoi ne pas, au contraire, favoriser fiscalement les entreprises qui au lieu de chercher à réduire ou contenir leur masse salariale, considèreraient les embauches non pas comme une conséquence de besoin, mais comme un but vertueux en soi? Ne pourrait-on pas moduler l'impôt en favorisant les entreprises dont la masse salariale représente un fort pourcentage de leur chiffre d'affaire? Voire même avec des critères pénalisant les écarts excessifs entre salaires les plus hauts et les plus bas? Fiscalité plutôt de type TVA sur les produits ou services vendus en France, de manière à appliquer le même régime aux entreprises étrangères qui pourraient aussi avoir (ou pas) des comportements vertueux? Idem sur les aspects environnementaux, et pour prendre un critère très concret : présence de glyphosate ou pas dans les produits. Cela pourrait se décliner dans de nombreux domaines : critères sociétaux, environnementaux, etc. Des organismes d'accréditation pourraient attester le respect de cahier des charges édictés par l'Etat dans ces différents domaines en décernant des labels ou des notations (comme cela se fait d'ailleurs dans le domaine économique). Les acteurs qui joueraient le jeu, quelles que soient leur nationalité ou leur origine, se verraient favoriser par des régimes modérés de taxation de leurs produits / services, tandis que ceux qui ne le feraient pas (""mauvaise"" notation ou absence d'accréditation) se verraient pénalisés (certainement selon des ""seuils graduels). Il s'agirait en fait d'inverser la logique qui veut que l'impôt soit restreint pour favoriser l'économie, en refondant une fiscalité visant à orienter l'économie pour la mettre au service du bien commun.
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