Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Avant même de communiquer sur l'utilisation des impôts, il faudrait communiquer sur la collecte de ces impôts : auprès de qui sociologiquement elle se fait, quels particuliers, quelles entités, quelles entreprises ? En fait,il faudrait présenter une cartographie de ceux qui contribuent à l'impôt. Mais le préalable est de présenter l'état d'endettement de la France dans le détail, d'expliquer qu'effectivement cet état est proche de la faillite (comme l'avait indiqué M. F. Fillon, dont pourtant je ne partageais pas forcément toutes les convictions). Il convient donc d'expliquer que nous - le pays - sommes contraints de continuer d'emprunter (auprès de banques privées !) pour rembourser, non pas le capital, mais seulement l'intérêt. Ce qui est inacceptable et terrifiant, et ne serait pas accepté par beaucoup de ménages concernant leur propre gestion, en ""bon père de famille"". Il s'agirait évidemment de vulgariser certaines notions économiques majeures telles que le PIB, et quel est notre niveau d'endettement par rapport précisément au PIB, et ce que cela suppose. Sans stigmatiser outre mesure ceux qui ne paient pas l'impôt, il conviendrait de leur expliquer - avec des détails personnalisés et les touchant personnellement - que les aides qu'ils perçoivent proviennent des impôts de ceux qui le paient. En fait, il s'agit de resituer les choses par rapport à la réalité économique et de faire prendre conscience que la France ne peut plus être un ""état-providence"". Sur le plan de la communication proprement dit, il peut relever cependant de l'exploit d'arriver à intéresser les contribuables dont une grande partie ont de toutes façons une position de principe bien arrêtée et ne se remettent pas en question : ce sont les mêmes qui jettent des papiers gras sur le domaine public et ne se considèrent pas coupables individuellement. Les autres tombent dans le dogmatisme et le sectarisme.
Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Arrêter de taxer dans des proportions indécentes ceux d'entre nous qui sont parvenus à force de travail à un niveau de rémunération logique, en particulier les célibataires. Je ne parle pas là de millionnaires, mais de gens qu'ils est convenu de situer dans les catégories ""CSP +"". Mon mari (malgré la maladie) et mes enfants sont dans ce cas, qui n'ont jamais démérité et ne comptent pas leur peine. Je trouve par exemple complètement anormal que nous soyons obligés régulièrement d'aider financièrement notre fille (qui pourtant ne fait pas de folies au quotidien !) alors qu'elle est agrégée d'anglais. J'ajoute qu'elle fait partie de ces enseignants extrêmement engagés auprès de ses élèves et de son établissement, et qu'elle est extrêmement bien considérée de sa hiérarchie.
Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?
Les impôts et charges qui pèsent sur les entreprises, en particulier les TPE et PME/PMI. L'objectif est d'encourager l'entrepreunariat, tous ces gens qui prennent des risques et qui sont pourvoyeurs d'emplois.
Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous...
Reculer l'âge de la retraite, Augmenter le temps de travail, Revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales
S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
Le RSA. Il est choquant de constater, d'une part qu'il n'y ait pas de contreparties telles que par exemple des travaux d'intérêt général, et d'autre part qu'une grande partie des bénéficiaires considère cette aide comme un ""salaire"" et un dû !
Quels sont les domaines prioritaires où notre protection sociale doit être renforcée ?
Le handicap, la prise en charge des maladies telles que l'autisme, Alzheimer, et également l'accompagnement du grand âge : le coût d'un hébergement en maison de retraite est dans la plupart des cas très onéreux et dépasse largement le montant de la pension de retraite perçue. Je ne parle même pas des maisons de retraite médicalisées dont le coût ne peut être pris en charge que par une fraction minime de retraités dits ""aisés"". Il est curieux à cet égard qu'on n'ait pas anticipé il y a quelques décennies l'évolution de la pyramide des âges et l'allongement prévisible de l'espérance de vie : j'ai une vision un peu simpliste peut-être de la situation en disant qu'il aurait fallu construire à une certaine époque des maisons de retraite en nombre suffisant, et former les personnels adéquats en conséquence bien sûr. L'accès y serait peut-être plus aisé et moins onéreux. On n'a pas pris en compte l'évolution des modes de vie et des mobilités obligées des enfants et petits-enfants de retraités pour des motifs professionnels : il est très loin le temps où les ascendants étaient hébergés et soignés par leurs enfants.
Pour quelle(s) politique(s) publique(s) ou pour quels domaines d'action publique, seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ?
1/ Pour l'accès facilité à l'éducation pour tous, à des niveaux jusqu'ici réservés à des enfants de familles plutôt aisées. La promotion et la revalorisation des filières professionnelles et de l'apprentissage : ces filières sont actuellement injustement peu considérées, à la différence de l'Allemagne par exemple. 2/ Aujourd'hui, seule la filière ""générale"" semble être acceptable : on dévalorise les filières professionnelles des métiers manuels par exemple, alors que les vrais savoir-faire qui sont une richesse et devraient faire partie de notre patrimoine immatériel disparaissent (et avec eux les enseignants) ! Arrêtons de stigmatiser ces élèves des filières professionnelles ! Ma fille, lorsqu'à un moment donné de sa carrière d'enseignant a été affectée dans un Lycée Professionnel, avait fait le triste constat que ces élèves, aussi méritants que ceux des filières générales, souffraient pour beaucoup d'un manque de confiance en eux à force d'être ou d'avoir été ""cassés"". Redonnons donc ses lettres de noblesse à ces filières et à l'apprentissage dans tous les domaines. Je ne suis pas prête à payer plus d'impôts pour cela, mais je suis prête à entendre et constater que mes impôts soient utilisés de manière plus pertinente et qu'on ne forme plus des élèves sans aucun discernement, au prétexte qu'il faut remplir des classes de CFA : aujourd'hui des formations sont dispensées qui ne répondent plus à aucun besoin ni aux évolutions techniques ou technologiques ! Dans l'industrie où je travaille, on manquait et on manque toujours de personnel qualifié, tels que des soudeurs spécifiques, par exemple. Pourquoi ne pas construire l'offre de formation à partir des besoins recensés auprès des entreprises, et cela dans les régions ?
Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Il me semble que tout le monde devrait payer l'impôt. D'abord, parce que cela signifierait que tout le monde gagne correctement sa vie (il y a dans ce pays de vraies détresses qui ne s'expriment d'ailleurs pas forcément par amour-propre, et en ce sens le ""bon"" côté des ""gilets jaunes"" a été de permettre de commencer à prendre conscience que quelque chose est perfectible dans notre organisation). Et pour les ""professionnels de l'évasion fiscale"", particuliers français et entreprises, sans oublier les GAFAM, il est impératif d'obtenir qu'ils contribuent tous à l'impôt, car en se soustrayant à ces obligations, ils sont d'une certaine manière des parasites qui ""vivent sur la bête"" et appauvrissent notre pays en le privant de rentrées d'argent indispensables au budget du pays (par exemple au financement de maisons de retraite, aux investissements et recrutements nécessaires dans les hôpitaux !). Ils sont la cause du fait qu'on doive faire reposer ce budget sur une petite partie de contribuables français honnêtes ""solvables"" et qu'on assiste à ce phénomène sans fin de ""toujours plus d'impôt"" sur ""toujours moins"". Et il faudrait plus d'équité effectivement dans l'impôt : acceptons l'idée que le travail (de toute une vie parfois) soit correctement rémunéré et ne soit pas taxé plus que de raison.
Lire une autre au hasard