Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Cesser d'agréger systématiquement 3 grands ensembles : 1 - les cotisations sociales finançant les retraites 2 - les cotisations sociales finançant la protection contre la maladie et les risques assimilés 3 - les impôts prélevés par les collectivités publiques (Etat, communes, etc.)
Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Limiter le nombre des mandats des parlementaires (députés et sénateurs) parce qu'ils est important qu'ils puissent délibérer sereinement entre eux sans être influencer par les préoccupations de leur ré-élection ... mais pour éviter des décisions trop brutales, permettre néanmoins qu'ils puissent être reconduit une fois, mais une seule fois..
Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?
Quand le Parlement délibère sur le budget, il délibère d'abord sur les recettes et ensuite sur les dépenses sous la contrainte des recettes disponibles. Cette approche budgétaire est de bonne méthode pour ne pas déraper. Mais pour aller plus loin, il ne faut pas seulement discuter de la suppression ou de la reforme de certains impôts, il faut aussi diriger la dépense publique vers les utilisations les plus bénéfiques collectivement. Il faut donc aussi (et peut-être même d'abord) discuter de l'opportunité des dépenses prévues dans le cadre des grandes missions et des programmes de l'action publique, notamment ""certaines dépenses fiscales"". Un exemple, la réduction d'impôt accordée aux particuliers qui investissent dans la construction de logement sociaux en outre-mer. C'est une ineptie : l'Etat s'obligé à dépenser 200 Euros pour que 100 Euros aillent aider un organisme HLM outre-mer. Pourquoi faut-il au passage gratifier un investisseur d'une somme équivalente ? Bref l'Etat s'oblige en outre-mer à dépenser 200 alors qu'il lui suffirait de donner directement 100 pour obtenir les mêmes effets sur la construction de logement. Est-ce parce que les outre-mer sont loin que l'on a imaginé pouvoir faire de la sorte quelques cadeaux à des citoyens très aisés ? Un autre exemple, qu'elle est la logique budgétaire qui conduit à céder au secteur privé des rentes : autoroutes, française des jeux, aéroports, Toulouse, Paris ! C'est une dilapidation lamentable aux détriments de l'ensemble des français ... et à l'avantage de qui ? Beaucoup de menaces sur les ressources publiques et sur notre destin collectif.
Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous… [Autres]
Je suis choqué de l'item relatif aux ""certaines aides sociales"". Clairement, il s'agit là des dépenses d'aide sociale, lesquelles ne reposent pas sur le modèle des prestations dites contributives (retraite, santé). Ces aides sont l'honneur d'un pays développé et constituent son âme publique : à défaut, ""il n'y a que des gens"" qui passent des contrats entre eux. Quel pourcentage de la richesse nationale produite représentent ces aides sociales ? Quelle pourcentage par rapport aux retraites et aux dépenses de sécurité sociale ? Vraisemblablement de l'ordre de 2 % du PIB et 5 % des dépenses de retraite et de sécurité sociale. Sommes-nous prêts à perdre notre âme pour économiser une somme bien plus faible que les pertes découlant d'un système monétaire moyenâgeux ?
S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
Dans le contexte de développement contemporain des précarités, cette question est obscène. Tout comme les discours centrés sur le ""problème de l'assistanat"" et qui ignorent ainsi le ""scandale de la pauvreté"" . Regardons plutôt d'abord les conditions de formation des revenus primaires et de l'inégalité des ressources issues du travail, qu'il soit salarié (précaires, stagiaires, intérimaires, uberisés) ou indépendant (agriculteurs, sous-traitants), brefs tous ceux qui se trouvent en position de faiblesse sur le marché. Il y a beaucoup à faire, non pas pour abandonner l'économie de marché mais pour la réguler. Le marché est le lieu où les hommes peuvent accomplir leur liberté en matière économique. Le marché est donc le lieu d'expression de la liberté en matière économique. Mais il ne saurait surplomber tous les autres enjeux du vivre ensemble. Oui à une économie de marché, non à une société de marché. Il faut poser le principe dans la constitution que le législateur est légitime à limiter l'écart des revenus salariaux. Une telle disposition dans son principe et dans ses modalités (si le législateur s'en empare) serait un levier puissant pour agir sur l'échelle des revenus primaires. Autre levier : l'allocation universelle pour compenser le biais de tous les mécanismes de marché qui ont en commun de donner une prime à la partie forte au détriment de la partie faible.
Quels sont les domaines prioritaires où notre protection sociale doit être renforcée ?
Rien ne devrait distinguer l'accès aux soins médicaux de l'accès à l'éducation, laïque, libre et gratuite. Le service des soins n'est pas un marché et ne doit pas le devenir. Le succès de la collecte du sang en France réside la gratuité du don. Qu'il s'agisse de donner du sang ou de recevoir des soins, le modèle français qui vise à l'universalité et à la gratuité est le plus conforme aux progrès attendus par l'humanité. Il ne faut pas dévier de cette visée. Pour aller plus loin, il faut l'inscrire dans la constitution. Délibérément à rebours, des indications actuelles de l'Europe qui présupposent un marché de la santé. Imaginer que la santé puisse devenir un marché parmi d'autres, procède du même état d'esprit que celui qui conduirait à considérer la prostitution comme une activité économique parmi d'autres.
Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Je voudrais joindre un développement de quelques pages sur le thème ""Egalité et fraternité : nécessité d'un ordre monétaire raisonnable et utilité de l'allocation universelle pour protéger le travail contre les excès du marché"" En 1789, j'aurais pu noircir quelques feuillets de plus. Aujourd'hui et ici dans le cadre du ""Grand-débat"", cela ne parait pas possible. Le grand débat est assurément une grosse mécanique. Mais les idées possiblement exprimables restent enfermées dans un questionnement étriqué et surtout détaché des grandes inspirations, celles des Lumières et celles du programme national de la Résistance. C'est bien dommage. Mais nous avons élu un Président de la République qui ressemble plus à Bonaparte qu'à l'abbé Sieyès ou Condorcet. Nous sommes déjà prévenus : il y aura nécessairement des déceptions. Oui, on le comprend bien mais qu'elle déception de brider autant l'expression des rêves et des utopies. Quelle bêtise aussi car ce sont les rêves qui font avancer les sociétés. Pas la comptabilité.
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