Intégralité de la contribution intitulée "TRANSITION FISCALE"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Fiscalité et dépenses publiques le 12 mars 2019 à Jacob-Bellecombette .

Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
TRANSITION FISCALE_________________________________________________________________________ Beaucoup attendent une grande réforme fiscale. Il y a fort à parier qu’elle ne viendra jamais. En effet imagine-t-on un gouvernement capable de dire à certains citoyens «on va augmenter vos impôts sur le revenu de 15% ». Pourtant il semble évidant que les prélèvements sociaux soient très injustement répartis. Ce qui est en cause c’est le poids de l’histoire avec ses conquêtes sociales, ses luttes où « la loi du plus fort qui gagne » s’appliquait sauf que le plus fort n’était pas toujours du même bord et c’est tant mieux. Par contre le plus faible c’était toujours le même : les salariés du privé et spécialement ceux des PME car ils n’avaient pas les grandes centrales syndicales derrière eux. Ils cotisent toujours beaucoup avec leurs employeurs à tel point que les prélèvements (avant qu’ils ne s’acquittent des impôts et taxes) représentent la moitié de ce que leurs employeurs leur concèdent au titre des frais de personnel. Par exemple si quelqu’un coûte 3 000 € à une entreprise il lui revendra 1 500 €, sur ces 1 500 € il acquittera environ 300 € d’impôts, TVA, CSG, taxe carburants etc. Il lui reste donc 1 200 € de valeur réelle de biens et services à consommer. Arrivé à l’âge de la retraite on lui dira qu’il faut travailler encore un peu plus et lorsqu’il sera enfin à la retraire on lui dira qu’il est hors de question de maintenir le pouvoir d’achat de sa pension de sorte qu’en moins d’une décennie et l’inflation aidant il sera rattrapé par les minimas sociaux et percevra donc la même somme que ceux qui n’ont jamais travaillé. C’est ce que l’on appelle le nivellement par le bas des classes moyennes._________________________________________________ C’est scandaleux pour le citoyen qui aura cotisé toute sa vie durant et obtenu péniblement le nombre d’années nécessaires en travaillant jusqu’au bout et parfois au détriment de sa santé.___________________________________ Les gouvernants invoquent la solidarité, les contraintes de la répartition avec de nombreux détails sur l’évolution des papys boomers et en final une volonté affichée de ne pas trop peser sur les actifs et les entreprises pour ne pas alourdir les charges pesant sur le travail. Donc tout est pour le mieux dans le meilleur des monde avec en prime l’alibi habituel vis à vis des plus défavorisés par l’évocation récente d’un projet d’instauration d’une indexation sur l’indice des prix.____________________________________________________ On parle de solidarité, de finalité sociale et de redistribution de la richesse par l’état. Cela fait des années que les gouvernements sont dans le peloton de la route du libéralisme donc les impôts et taxes de notre pays sont bien dans la moyenne européenne voire en dessous. Qui finance alors la solidarité ? Ce sont les salariés du privé et dans moindre mesure les fonctionnaires qui ne bénéficient pas de régimes spéciaux. On puise allègrement dans les caisses (pour les chômeurs c’est normal) mais cela l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit de ceux qui n’ont jamais cotisé (ou si peu) : la femme de l’artisan, celle de l’agriculteur, et la cotisation de l’auto entrepreneur elle est à quel niveaux ? Il ne s’agit pas ici de remettre en cause l’effort de solidarité qui a une légitimité indéniable mais de soumettre cette charge à l’ensemble des contribuables puisqu’il devrait s’agir normalement de solidarité nationale. et donc être financé intégralement par l’impôt et des taxes. En « oubliant » de régler la totalité des cotisations dues et au niveau où elles sont dues l’état exonère ainsi une bonne part des contribuables de cet effort de solidarité que notre pays se targue pourtant d’afficher. Ce sont donc les cotisations sociales qui pallient aux insuffisances des prélèvements obligatoires. L’avantage c’est que cela passe par la loi de finance mais pas par le budget de l’état donc l’écart qu’il pourrait y avoir avec l’affichage des 3% maximum de déficit sera résorbé quelque par par là…__________________________________________________________________ Il convient d’aborder maintenant les régimes spéciaux. La règle préalable c’est de ne pas évoquer la pertinence des avantages consentis car bien des ayants droit on choisi ces carrières en mettant en balance ces avantages, donc on se gardera de comparer l’épuisement du maçon ou du carreleur à celui du policier ou du conducteur de train. Si ces avantages devaient être remis en cause ils devraient alors l’être contre de substantielles augmentations en effet un conducteur de train qui part à 52 ans avec 2300 € de retraite aura bénéficié de 331 200 € de pension déjà versée pendant les 12 années de retraites lorsque son collègue du privé le rejoindra en ayant la même pension à 64 ans ! Ce qu’il y a de sympa c’est que c’est lui dans le privé qu’on obligera à travailler plus longtemps pour financer les 331 200 €. Ce qu’il y a d’encore plus sympa c’est qu’avec la désindexation de sa retraite ce même retraité du privé ne percevra (vers 86 ans) que l’équivalent de 2 300 divisé par 2 soit 1 150 € de retraite. Souhaitons lui courte vie car à 90 ans (c’est pas drôle) il rejoindra le minimum social vers les 900 €. Au fait 331 200 € cela représente combien de pensions moyennes pour une durée de vie à la retraite moyenne ?_____________________________________________________________ Les régimes spéciaux des politiques, des militaires, des entreprises nationales, des petits rats de l’opéra etc coûtent cher aux caisses. On comprendrait mieux une règle systématique d’emplois réservés pour ces jeunes gens retraités. Le paradoxe c’est qu’en même temps on force certains seniors à rester vainement sur le marché du travail après 60 ans pour cause de manque d’annuités ou d’âge légal de départ. En résumé il ne devrait plus y avoir de retraités de moins de 60 ans. S’il faut 20 ans de carrière à un militaire pour obtenir une retraite Ce militaire aura acquis son droit au bout de 20 ans de carrière mais elle ne lui sera servie qu’à partir de 60 ans et en attendant il aura le choix entre poursuivre sa carrière ou occuper un emploi réservé rémunéré à un montant au moins égal à ce qu’il aurait perçu s’il était parti à la retraite, il abondera ainsi de surcroît pour la constitution une retraite en complément. Ce dispositif permettrait d’augmenter le PIB à bon compte avec nombres d’emplois à fournir dans les secteurs de la sécurité et de la socialisation.__________________________________________________________________________________ Les fonctionnaires devraient aussi être concernés par l’échange de leur avantage de l’échelon de la dernière année et les 6 derniers mois de cotisation au lieu des 25 meilleures années pour les autres salariés contre la prise en compte de leurs primes dans le calcul des pensions.___________________________________________________________________ Tout cela sont des avantages consentis qui devraient être financés intégralement au niveau du budget et non par les cotisations sociales des salariés du privé. Cette charge exclusive du salariat plombe la compétitivité française et on rattrape cela par la désindexation. Cette désindexation est la pire des choses que l’on peut faire subir aux retraités. Il vaut beaucoup mieux augmenter leur contribution à la CSG car l’affichage des contributions est de notoriété publique et à force d’exagérer on atteindra bientôt un plafond de verre. La désindexation est pernicieuse car elle n’offre aucune mémoire, qui se souvient de ce qu’il s’est passé à cet égard en 2015, en 2011 ? L’an dernier c’était zéro je crois et cette année se sera 0,3 et encore au 32 décembre. __________________________________________________________ Rêvons un peu, s’il y avait une réforme fiscale prenant véritablement en compte ces éléments l’indexation des retraites qui est légitimement due serait respectée ce qui éviterait la paupérisation des retraités assurant du coup la pérennité de l’entraide générationnelle. Comme les caisses seraient largement excédentaires on pourrait envisager de baisser les cotisations pour diminuer le coût du travail dans ce monde où au niveau du marché de l’emploi l’Aquitaine est concurrente des Pays de Loire et ou la France est concurrente de l’Espagne ou de l’Italie. Il y aurait en outre besoin d’un sérieux coup de pousse pour régler d’augmentation très conséquente des impôts, de toutes les taxes et de la TVA causée par ce changement fondamental. L’avantage alors c’est que l’on saurait très exactement ce que nous coûte la solidarité et les avantages consentis à certaines catégories. Les conséquences financières de ces choix serait alors partagés par l’ensemble des contribuables._____________________________________________________________ Sans rêver cela aggraverait le déficit public et l’objectif des 3% serait hors d’atteinte pour des années. Il faut relativiser ce dernier problème puisque les sombres perspectives de l’Europe nous protègent d’une remontée des taux d’intérêt pour bien plus de temps encore. Alors il faut amorcer le virage fiscal par petites touches plutôt qu’un changement de cap impossible car il y a plusieurs caps simultanés tel que la transition écologique et ses défis impossibles dans le domaine des transports où l’on va manquer de ressources en énergie électrique pour compenser les énergies fossiles. Pour compliquer encore ce domaine monsieur Carlos Tavares nous alerte sur les gros soucis de l’industrie automobile avec un transfert massif des plus values du secteur vers la Chine grâce à son monopole sur les terres rares et les batteries.


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