Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Modestes réflexions. Après consultation du questionnaire proposé sur le site dédié au « grand débat », je me sens totalement incapable de me l’approprier, me sentant «ligotée» dans la formule proposée. Le comble est atteint pour la partie «questions rapides ». Lorsque l’on sait aussi, que le dépouillement des contributions de chacun se fera grâce à l’utilisation d’un logiciel informatique (aussi performant soit-il), on ne peut qu’être un peu dubitatif sur le réel intérêt de cette consultation. Mais, puisque l’occasion de nous exprimer nous est offerte, soyons cohérents et saisissons la. A défaut d’efficacité sur les orientations politiques à suivre, vivons le comme une thérapie. Mettre des mots sur ce qui nous insupporte et nous angoisse, y participe. Ce que je classerai en tête de ce que les citoyens ne supportent plus c’est le sentiment d’injustice lié aux inégalités. Comment supporter, en permanence la vue de tout ce que cette société de consommation nous propose d’utile et d’inutile, dans les vitrines, les magasins, à la télé… Réaliser que certains peuvent acheter ces produits (sans même parler du domaine du luxe) alors que d’autres doivent compter chaque euro, toujours se contenter du bas de gamme, voire s’approvisionner auprès d’associations qui accueillent les plus démunis. Ne jamais pouvoir s’offrir, un «petit restaurant», une sortie cinéma, un moment à la terrasse d’un café, un nouveau vêtement… toutes ces petites choses qui permettent de se sentir un peu comme les autres, est vécu comme une violence. Comment supporter, les privilèges accordés à des dirigeants ou qui se les accordent à eux-mêmes, des postes bien rétribués, attribués on ne sait en regard de quelle compétence, des contrats accordés aux « copains »… La liste est longue de tout ce qui heurte un esprit honnête. Le « Canard enchaîné » nous en fait découvrir chaque semaine, des plus petits aux plus gros sans certainement être exhaustif. Sans être pour l’instant concernée par les problèmes de fin de mois, je ressens ces comportements comme une véritable agression sociale. Je dirai même que cela m’empêche de vivre de manière détendue. Comment ne pas comprendre alors les mouvements de révolte. Je condamne certes la violence, les dégradations, mais il est aisé de stigmatiser cette violence visible, passible des tribunaux sans jamais tenir compte de cette violence sociale, que l’on peut asséner sans crainte. Comment comprendre les 1ères mesures mises en place par ce gouvernement qui nous étaient annoncées comme demandant des efforts aux retraités afin d’améliorer le pouvoir d’achat des modestes salaires. Certains retraités un peu aisés étaient tout à fait d’accord pour ce geste de solidarité. Toutefois des exemples concrets présentés dans le journal « Le Parisien » du 10 janvier 2018 ont pu mettre un bémol à cette bonne volonté. Dans le 1er cas présenté,(qui ne fait pas partie des salaires les plus bas) l’enseignant célibataire du public avec un salaire de 2400 brut par mois augmenterait ses revenus de 35 pour l’année 2018. Parallèlement l’actif très aisé avec un revenu de 8000 € brut par mois et qui a pu se constituer un patrimoine mobilier de 500 000€ (lui rapportant 50 000€ par an de dividendes),plus un patrimoine immobilier d’1million €, augmenterait ses revenus 2018 de 8469,12€ du fait de l’application de la Flat tax et de la transformation de l’ISF en IFI. Et ceci n’est certainement pas l’exemple le plus choquant. Car plus vous touchez de dividendes, plus vous économisez d’impôts par rapport à la législation précédente et donc plus vos revenus augmentent. Je rajoute que si l’enseignant a pu faire quelques petites économies de sécurité et qu’il les a déposé sur un livret de caisse d’épargne, il verra celles-ci se dévaloriser (taux d’intérêt inférieur à l’inflation). Est-ce vraiment juste ? Au fait à qui profite cette épargne des modestes ? La justification officielle de cette politique de la Flat-tax est de récompenser la constitution de patrimoine mobilier pour favoriser l’investissement dans les entreprises et donc de créer des emplois. C’est la théorie du « ruissellement » dont de nombreuses études ont montré l’inefficacité. Je citerai un exemple particulièrement choquant, l’investissement dans les Ehpad. Le rendement financier est intéressant (toujours supérieur à 2 chiffres, donc au moins 10%). Mais pour satisfaire ce rendement financier, toutes les ficelles de réduction des coûts de fonctionnement sont tirées au maximum y compris celle de la masse salariale. Le scandale des conditions de vie et des conditions de travail dans certains de ces établissements a été dénoncé par de nombreux témoignages. Faire du profit aux dépens de l’humain, montre à quel niveau de « non société » nous en sommes arrivés. D’autre part, toujours relativement à ces 1ères mesures de valorisation du pouvoir d’achat, il n’est jamais question d’augmentation des salaires. Il s’est agit dans un 1er temps de baisse des cotisations salariales (celle des cotisations patronales avaient précédé), ce qui aura des répercussions assez rapidement sur la protection sociale, avec pour corollaire une augmentation du coût des mutuelles, que l’on est d’ailleurs en train de transformer en compagnie d’assurances. Après le mouvement des gilets jaunes, un nouveau coup de pouce au pouvoir d’achat, mais surtout pas d’augmentation de salaire, mais augmentation de la prime d’activité ! Alors que faire pour faire baisser ce sentiment d’injustice ressenti par bon nombre de français ? Quelques pistes : - diminuer les écarts de salaires en revalorisant les bas salaires et en baissant certaines rémunérations scandaleuses, celles de certains grands patrons ( s’ajoutent à leur salaire des avantages souvent scandaleux car injustifiables),de responsables d’autorité administrative indépendante, de haut-fonctionnaires……. Il ne s’agit pas d’enclencher une chasse aux sorcières, mais de réfléchir et se mettre d’accord sur ce qu’est une rémunération juste. Vaste programme. La littérature sur la question ne manque pas, mais reste inaudible. « La lutte des classes existe-et c’est nous qui l’avons gagnée » ainsi s’exprimait une personne dont j’ai oublié le nom et qui appartenait à la classe dominante.. Au sentiment d’injustice s’ajoute celui d’une sorte de mépris. - revoir la fiscalité. L’impôt sur le revenu devrait être plus progressif. Créer une tranche supplémentaire après 45 %. Revoir les niches fiscales, l’optimisation fiscale et supprimer la fraude fiscale. La limite entre optimisation et fraude est d’ailleurs quelquefois bien ténue. Quant à l’impôt sur les entreprises, là aussi on constate, que comparativement les grandes entreprises contribuent moins que les petites, ayant à leur disposition tout l’arsenal nécessaire pour tirer le maximum de profit d’une législation qui leur est favorable. - ne pas brader les sources de revenus de l’état au privé, comme on l’a fait pour les autoroutes par exemple. Le projet de privatisation de l’aéroport de Paris doit être abandonné. La promesse de ce « cadeau »a sans doute fait partie de la négociation liée à l’abandon de la construction de l’aéroport de ND des Landes. J’ai envie de dire, « et alors ? » - arrêter les cadeaux fiscaux lors d’achats de biens par des pays étrangers ( le Quatar par exemple, mais il y en a d’autres), ou lors d’investissements par des entreprises étrangères. - limiter le niveau de rétribution des actionnaires (5/6% ?) de manière à réinvestir réellement dans l’entreprise, la faire évoluer, la pérenniser, embaucher et verser des salaires qui permettent à tous, même au bas de l’échelle de vivre de leur travail, pas luxueusement mais dans le bien-être. - vérifier que l’argent des cadeaux fiscaux faits aux plus aisés soient bien orientés vers les entreprises « réelles » et non vers la spéculation financière. Lorsque l’on sait que 80% des masses financières en circulation n’ont rien à voir avec l’économie réelle on est en droit d’en douter. Une étude est en cours je crois. Comment serons nous informés des conclusions ? Pourra-t on croire à leur sincérité ? - arrêter l’hypocrisie des investissements public/privé. Nous avons été culpabilisé de ne pas vouloir faire d’effort pour réduire la dette que nous allons laisser à nos enfants. Un système ingénieux, a été mis en place : l’état n’investit pas directement (donc pas d’augmentation de la dette publique), mais paiera pendant « x » années un loyer à l’entreprise ayant réalisé les travaux, loyer généreux bien entendu. Mais ces loyers, ne seront-ils pas payés par nos enfants et viendront encore enrichir ceux qui le sont déjà. On pourrait rajouter les scandales liés aux appels d’offres pour favoriser certaines entreprises en très bons termes avec nos gouvernants - augmenter l’impôt sur les successions, à condition de ne pas pénaliser les petits patrimoines et sans ménager les plus élevés. Comment définir les niveaux de taxation acceptables par tous ? - les impôts locaux. Récupérer le montant de la taxe d’habitation, c’est de l’argent en plus pour ceux qui la payaient, mais chacun sait qu’il faudra bien trouver cet argent ailleurs. Cette taxe était injuste. Pourquoi ne pas chercher à la rendre plus juste. Si les déclarations relatives à la description des logements étaient honnêtes, à montant identique d’impôt total collecté, la répartition entre les habitants serait plus juste. Il y a aussi une disparité entre communes… Le consentement à l’impôt n’est pas spontané en France. Une plus grande justice fiscale aiderait à ce consentement. Des efforts, oui, mais dans l’équité.
Lire une autre au hasard