Intégralité de la contribution intitulée "Retraités: équité fiscale et cohérence économique."
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Fiscalité et dépenses publiques le 10 mars 2019 à Paris 1er Arrondissement .

Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Les mesures prises à l'égard des retraités en ce début de quinquennat méritent, elles aussi, d'être réexaminées à la lumière du grand débat pour les raisons suivantes: 1 Rupture d'égalité devant les charges: les retraités ont apporté leur contribution au modèle social français en payant tout au long de leur vie professionnelle des cotisations salariales. Ce qui est normal. A l'issue de cette vie professionnelle, il leur est demandé, par le biais de la CSG, de financer les cotisations sociales des actifs qui, eux, en sont dès lors exemptés. Ils ont donc payé leur part du financement et doivent payer en plus la part des générations suivantes. 2 Incohérence économique: ce surcroît de contribution demandé aux retraités ne vise pas à aider les catégories les plus démunies (familles monoparentales, chômeurs longue durée, précaires ...), dans le cadre d'une mobilisation nationale, mais à distribuer du pouvoir d'achat aux salariés. Jusqu'à présent l'on pouvait croire que l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés se négociait avec les employeurs en fonction les résultats des entreprises dans une économie ouverte et dynamique prônée par les pouvoirs publics et non en prenant dans la poche d'autres particuliers. D'autant que les mesures en faveur des entreprises n'ont pas manqué ces derniers temps: ISF, Flat tax, doublement du montant CICE à titre transitoire, et représentent un volume budgétaire et donc une marge de manoeuvre très substantielle (chiffrée en dizaines de milliiards d'euros). 3 Discrimination sociale: les retraités, outre le rôle de variable d'ajustement budgétaire qu'on leur fait jouer en ce début de quinquennat, en spéculant sur une moindre réactivité sociale de leur part, sont assimilés à des rentiers. Or la retraite n'est pas un revenu passif tiré d'une propriété immobilière ou d'un héritage patrimonial mais un salaire différé intégré et anticipé lors de l'embauche. Cette discrimination, infondée et basée sur une assimilation abusive, a pour résultat (et c'est peut-être le but) de les exclure de la priorité affichée par les pouvoirs publics, de ""valoriser le travail"". Visiblement cette valorisation est à court terme et ne s'étend pas à toute une vie de travail. En conclusion, l'équité fiscale et la cohérence économique impliquent de revenir sur l'augmentation de la CSG et la sous-indexation des retraites et de rechercher d'autres pistes budgétaires pour financer les priorités en cours, en conditionnant par exemple et en calibrant mieux les mesures prises en faveur des entreprises et des hauts patrimoines.


Lire une autre au hasard
Retour aux Thèmes