Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Ça commence à l’école. Apprendre à quoi servent les services publics et comment ils sont financés, comprendre que les services publics ne sont pas gratuits, mais sont financés par l’impôt supporté par une portion de citoyens français dans une logique de solidarité, c’est important d’intégrer ces notions rapidement : on respecte mieux ce dont on connaît le prix. À l’échelle des citoyens, rappeler sans cesse, dans chaque lieu public (administrations, écoles, hôpitaux, etc.), par des affiches informatives, par exemple, comment l’impôt est affecté à chaque secteur et ce qu’il permet de financer concrètement. Donc, viser la plus grande transparence de l’information et généraliser l’information partout où c’est possible, pas seulement sur l’appel à déclaration de revenus.
Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Une plus grande progressivité, certainement. Abolir tous les dispositifs permettant la défiscalisation, notion qui devrait elle-même être abolie, à condition que l’impôt soit justement pensé en fonction des revenus. Il n’est pas juste que ceux qui ont les moyens de payer les services de conseillers fiscaux aient par ce biais la possibilité de payer moins d’impôts.
Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?
Baisser les impôts, cela signifie moins de dépenses publiques, ce n’est pas souhaitable. Par contre, agir sur les taux de TVA (l’impôt le plus injuste qui soit) pour soutenir l’économie française et la transition énergétique, pourquoi pas<U+2009>? Par exemple, baisser significativement la TVA sur les produits 100 % français ou sur les produits «<U+2009>vertueux<U+2009>» sur le plan écologique pourrait être incitatif si l’information est bien relayée.
Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous… [Autres]
Augmenter les salaires et soutenir par certaines aides sociales des actifs pourtant sans emploi (cf. valorisation du bénévolat).
S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
Les différentes aides sociales sont une vraie jungle, les conditions d’attribution changent tout le temps, ce qui est une source de stress difficile à supporter. Et le cumul de plusieurs aides sociales peut vite devenir un piège mortel qui enfonce les gens plus que ça ne les aide à retrouver un emploi ou une activité dans la société civile. Les besoins en personnel dans les associations sont énormes, pourquoi ne pas financer les tâches effectuées par des bénévoles avec certaines aides sociales, selon des critères qu’il faudrait encadrer de manière fine<U+2009>? Par exemple, un genre de contrat reposant sur le volontariat et sur la validation par l’association en question de l’adéquation entre ses besoins et les tâches réalisées. Ce serait un vrai contrat de travail, pas un contrat aidé, pas un contrat au rabais, et ce dispositif serait pérenne afin d’éviter le trou noir consécutif à la fin des contrats aidés qui ne sont généralement pas pérennisés. Ce serait un moyen d’encourager la reprise d’activité si c’est économiquement plus intéressant d’être actif. Ce serait aussi un moyen de soutenir la vie associative qui a subi ces dernières années des baisses de subventions les obligeant souvent à réduire, voire à cesser leurs activités. Or, nombre d’entre elles jouent un rôle essentiel d’utilité publique qu’il est important de soutenir. Le bénévolat aurait encore toute sa valeur, chacun étant libre de décider de donner de son temps gratuitement ou non. La question de la contrepartie aux aides sociales est très contestée, et on peut le comprendre : dans l’absolu, on ne peut obliger personne à travailler et à avoir une activité. On ne peut pas gérer cette question de façon monolithique, en suggérant que certains font des efforts et d’autres non. Chacun est libre de faire ce qu’il veut de sa vie. L’aide au logement est injuste : par exemple, aucun droit pour une personne seule en micro-entreprise dont le loyer est alourdi par la cotisation foncière des entreprises.
Quels sont les domaines prioritaires où notre protection sociale doit être renforcée ?
La santé dentaire, par exemple les soins parodontaux qui ne sont pas remboursés, alors qu’ils affectent à peu près tout le monde. La parodontie est devenue un véritable business, et certains dentistes refusent d’intervenir sur des patients si ces soins n’ont pas été faits. Pour des soins qui peuvent atteindre 1500 euros, avec une minuscule contribution de la mutuelle qu’on paie pourtant déjà si cher, c’est proprement scandaleux. Avoir une dentition saine et en bonne santé est aujourd’hui une affaire de riches. Quand on ne peut pas financer ces soins, on perd le sourire petit à petit. Savoir qu’on deviendra tôt ou tard des «<U+2009>sans dents<U+2009>» parce qu’on n’est pas assez riche n’est pas spécialement réjouissant. La précarité : un filet de protection serait bienvenu, notamment pour les petits entrepreneurs qui travaillent souvent seuls. Mais qui ne serait pas le RSA, trop contraignant et culpabilisant.
Pour quelle(s) politique(s) publique(s) ou pour quels domaines d'action publique, seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ?
L’impôt s’envisage dans sa globalité, pas de manière sectorielle. C’est à l’État qu’il revient de distribuer les revenus de l’impôt selon les orientations prises et en fonction des priorités de solidarité. La question est de savoir s’il n’y a pas des sources de gâchis de l’argent public qui pourraient être endiguées. Moyennant quoi, si l’argent est bien dépensé et si l’organisation de l’État est toujours sur le fil, il n’y a pas lieu d’augmenter les impôts.
Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Taxez les Gafam réellement<U+2009>! Les 3 % annoncés par Bruno Lemaire, c’est un bon début, mais c’est encore trop peu. Ces multinationales se sont enrichies à notre insu, profitant de notre ignorance et de notre naïveté, et sont maintenant plus puissantes que des États. Le seul moyen de tempérer l’appétit de ces géants et leur puissance, c’est l’impôt, à condition que celui-ci soit significatif et juste par rapport à ce que paient nos propres entreprises.
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