Intégralité de la contribution intitulée "Rééquilibrer les flux monétaires vers l’investissement public pour réduire les inégalités et engager la transition écologique"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Fiscalité et dépenses publiques le 7 février 2019 à Villemoisson-sur-Orge .

Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Les services publics sont à la peine, le manque de personnel et de moyens est criant dans les services d’urgence des hôpitaux, dans les tribunaux, dans les écoles, à l’Université, … De même, la puissance publique n’a plus de marge de manœuvre pour atténuer les inégalités et préparer l’avenir en investissant pour la transition écologique. Cette impuissance est une des causes majeures de la grave crise de confiance à l’égard de la puissance publique et de l’action politique en général. Pour autant, il serait irresponsable d’accroitre les déficits publics et de prendre le risque de provoquer une crise économique de grande ampleur en laissant filer la dette publique. Ainsi, malgré la grande paupérisation qui touche tous les organes de la vie publique, la réduction des dépenses, la diminution du nombre de fonctionnaires, la baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires et des retraités, l’allongement de la durée du travail, souvent associés à une diminution des prélèvements obligatoires, restent l’alpha et l’oméga des politiques économiques menées depuis des décennies par tous les partis de gouvernement. Nos démocraties libérales se trouvent prises dans un piège qui est en train de se refermer sur elles-mêmes. En même temps, au sein du marché libéral mondialisé, des puissances économiques privées colossales se développent. Leur activité est soutenue par les flux monétaires considérables issus d’un stock sans cesse grandissant de liquidités crées dans les banques privées par le mécanisme du crédit. Ces très grandes entreprises créent certes de l’emploi et de la prospérité dans nos sociétés mais concentrent in fine inéluctablement et toujours davantage les richesses dans les mains d’intérêts privés, contribuant à un accroissement global des inégalités. La puissance et la surface financière des plus grandes sociétés privées rivalisent avec celle de certains états, ce qui pose de nouvelles questions à nos démocraties et peut influer notablement sur les équilibres géopolitiques. La mondialisation et la concurrence fiscale entre les états rend illusoire la possibilité d’un juste rééquilibrage à travers le mécanisme de l’impôt. Il faut procéder autrement. Il faut rééquilibrer les flux monétaires à leur source, en réformant le mécanisme de la création monétaire à l’échelle européenne, tout en maitrisant le risque d’inflation. Une possibilité serait de créer une autorité européenne indépendante, chargé d’examiner les grands projets d’investissement public émanant d’un seul ou d’une coalition d’états européens (afin d’en faire aussi un instrument de cohésion européenne). Cette autorité ne doit dépendre ni des États eux-mêmes, ni de la Commission européenne. Elle ne doit pas avoir de lien avec la banque centrale. Elle pourrait être sous le contrôle du Parlement européen afin que puisse s’exercer un contrôle démocratique. Il faudrait s’accorder sur les critères à réunir pour rendre les projets d’investissement éligibles, au premier rang desquels il faut faire figurer la transition écologique, la protection sociale des citoyens européens et les grandes infrastructures qui renforcent l’attractivité de l’Europe à moyen/long terme. Ces critères doivent prendre en compte l’aspiration des peuples européens à davantage de protection et de justice. Ils doivent se départir du dogme de la concurrence libre et non faussée. Ils doivent au contraire s’appuyer sur une analyse stratégique et politique visant à doter l’Europe de grandes infrastructures, d’instruments de connaissance, de souveraineté, d’éducation, de santé, de formation supérieure et de recherche qui renforcent son attractivité et sa place dans le monde. Ils doivent permettre la création et le financement de services publics européens dans des secteurs clés au service des citoyens. Les grands projets retenus seraient financés directement par la Banque centrale européenne, qui serait alors chargée d’ajuster en conséquence ses taux d’intérêt et les taux de réserve bancaire afin de maitriser le risque d’inflation. Ainsi, le flux de création monétaire serait rééquilibré au profit de projets d’investissement publics au service du bien des citoyens européens. En parallèle, cet instrument d’investissement doit permettre de créer au sein de chaque État européen un organe stratégique chargé de conduire et d’orienter la politique d’investissement proposée à cette autorité indépendante, en concertation avec les partenaires européens, permettant de de décorréler la vision stratégique sur les investissements du nécessaire équilibrage des recettes et des dépenses publiques pour la gestion courante.


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