Intégralité de la contribution intitulée "Choc immobilier et pouvoir d'achat"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Fiscalité et dépenses publiques le 3 février 2019 à France .

Y a-t-il d'autres points sur les impôts et les dépenses sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Oui
Il n'y a pas d'espace prévu pour parler du pouvoir d'achat alors j'en parle ici puisque c'est une révolte contre les taxes qui a mis ce sujet au premier plan.
Mais dans les dépenses contraintes, ce qui pèse le plus lourd c'est le logement : loyers et emprunts immobiliers. Et ce qui augmente le plus : le prix du logement a doublé en France depuis l'an 2000. Et nous ne sommes pas deux fois mieux logés... Et nous ne gagnons pas deux fois plus...
Il s'agit donc d'une augmentation arbitraire, qui nous frappe d'un "choc immobilier" analogue aux chocs pétroliers des années 70, avec les mêmes effets néfastes sur notre économie.
Effet inflationniste : le prélèvement de l'immobilier sur le pouvoir d'achat entraîne des revendications salariales. Les économistes distingués s'interrogent sur le maintien d'augmentations des salaires en période de chômage massif et prolongé. Et évoquent l'égoïsme des "inclus" par rapport aux "exclus". Mais les "inclus" ne peuvent suivre la hausse de l'immobilier que s'ils obtiennent de temps en temps quelques hausses de salaires. Et pour ceux qui ne peuvent s'en sortir, on crée des aides, financés par les prélèvements obligatoires, ce qui accroît le coût du travail.
Effet récessioniste : une part croissante du revenu des ménages sert à financer leur logement, au détriment de la consommation ou de l'investissement dans les entreprises. Le taux d'épargne important en France s'explique en grande partie par le poids de l'immobilier. Et il manque à l'investissement productif, donc à la modernisation du pays et de sa compétitivité.
Donc ce choc a deux effets qui nuisent à notre compétitivité et à notre croissance. D'autres pays européens en souffrent mais pas l'Allemagne, où le prix du logement a stagné. Personne n'évoque pourtant cette différence pour expliquer les performances économiques allemandes. Ils ont pu également prendre de l'avance dans la transition énergétique en faisant payer par les consommateurs les subventions au renouvelable. En France, impossible : le maintien de prix bas de l'électricité, en particulier, est le seul moyen de laisser une marge de manoeuvre aux ménages accablés par le prix de l'immobilier.
Que faire ?
Nous attendons de l'Etat une action vigoureuse pour rendre disponibles des logements existants et en construire de nouveaux. Après l'hiver 54 et l'appel de l'abbé Pierre, les pouvoirs de l'époque avaient su prendre des mesures, même s'il est bienvenu aujourd'hui de critiquer les barres des années 60 et les lotissements pavillonnaires des années 70.
Rendre disponibles les logements vides, en aidant les propriétaires si ceux-ci sont de bonne foi mais ne peuvent faire face aux travaux et formalités nécessaires
Réquisitionner en dernier recours, en particulier en mettant fin aux abus du type airbnb, tolérés au nom de la modernité et de l'attractivité touristique
Réduire les freins administratifs aux constructions, publiques ou privées, de logements
Remettre à plat toutes les niches fiscales immobilières (chaque ministre crée la sienne !), supprimer celles qui stérilisent l'épargne et réorienter vers la construction de logements répondant aux besoins des Français (taille et emplacement).
Lancer des programmes de construction en liaison avec les collectivités territoriales
Mener une politique d'aménagement du territoire pour équilibrer la répartition des activités et de la population et mettre fin à la concentration dans les métropoles, mais première cause du choc immobilier.
L'abandon sous Mitterrand de la politique d'aménagement du territoire, au nom de la compétition européenne et mondiale, apparaît trente ans après comme l'une des premières causes de la crise sociale que nous connaissons.


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