Quelles sont toutes les choses qui pourraient être faites pour améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts ?
Une première idée me saute à l'esprit en lisant la question. Bien sûr, il faut expliquer beaucoup plus finement et systématiquement l'utilisation qui est faite de nos impôts et taxes, mais aussi expliquer sans tabou les erreurs qui ont forcément été commises comme dans toute action humaine, avec l'évaluation des gâchis correspondants : outre que ""faute avouée à moitié pardonnée"", cela profiterait, j'en suis convaincu, à un progressif rétablissement de la confiance, puis du consentement à l'impôt. Donner des pourcentages par grands postes de dépenses, c'est bien, mais cela reste très théorique. Que ce soit au niveau national pour les grands projets pilotés au plus haut niveau, ou au niveau régional pour les projets plus locaux, c'est-à-dire au niveau d'une action bien identifiable par le citoyen et dont il se dit implicitement que ça a dû lui coûter cher, indiquer objectivement par tranches de montants d'impôt avant réductions le coût de ladite action. Puisque tout se fait désormais sur Internet, une telle information ne serait pas difficile à rendre consultable à partir du site impots.gouv.fr. Pourquoi ne pas caresser l'espoir de transformer le spontané ""ça a dû me coûter la peau des fesses"" en un ""ça valait le coup de mettre ça pour un tel projet"" ? Et dans le même esprit, pourquoi ne pas faire également un catalogue de ce que coûte, toujours pour chaque tranche d'impôt payé avant réductions, une opération à cœur ouvert, la réfection de dix kilomètres de route secondaire, la gestion administrative annuelle d'une mairie de grande ville, un sauvetage en montagne... On sait bien nous dire ce que va coûter la réfection des radars routiers : là, c'est pour stigmatiser, et pourquoi pas. Mais fait de façon systématique, ça pourrait au contraire encourager. Quand on dépense une somme rondelette pour les cadeaux de fin d'année, on va plutôt être content de la dépense effectuée pour gâter les enfants et amis. Cet altruisme élémentaire, pourquoi ne serait-il pas envisageable de le susciter au niveau des impôts dont une part tellement importante est consacrée à tous les services publics dont tout un chacun bénéficie peu ou prou ?
Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Tout dépend de ce que l'on attend de la fiscalité. À mes yeux, ce devrait être l'outil de mise en œuvre de la solidarité nationale, destiné à collecter les fonds nécessaires et suffisants pour l'exercer : services publics (administrations, hôpitaux, écoles, justice...), mais aussi extension et entretien des infrastructures et des réseaux (routier, ferroviaire, maritime, aéroportuaire, électrique, téléphonique...) ... bref, tout ce dont on se sert en tout ou partie au quotidien sans jamais penser que cela n'existe que par l'impôt ! À quiconque se plaint de ses impôts, ma première réponse est que s'il n'y avait plus d'impôt, je doute qu'il fût venu à travers champs (faute de routes) m'en parler ! Si donc la fiscalité restait affectée à son objectif premier de Fraternité, elle devrait être à taux unique et s'appliquer à toutes et à tous dès le premier centime gagné. Ce serait l'application la plus stricte de cette Égalité qui nous est si chère. MAIS VOILÀ, ce n'est hélas pas le cas. En effet, un deuxième objectif lui a de très longue date été assigné chez nous : tenter, tant que faire se peut, de compenser les inégalités fondamentales de notre système social venant de rémunérations complètement déconnectées de la réalité des efforts consentis (niveau et durée des études, types d'emplois, niveau de responsabilités financières et/ou humaines...). Dans les régimes communistes, en Roumanie par exemple que j'ai bien connue, un directeur d'hôpital gagnait nettement moins qu'un chauffeur de bus ou qu'un mineur de fond. Chez nous, et je ne prendrai que cet exemple car je ne l'ai jamais encore entendu cité depuis le début de la crise des Gilets Jaunes, un footballeur gagne en quelques jours ce qu'un ouvrier avec un travail à haute pénibilité (même ça, pas moyen d'arriver à le prendre en compte depuis des décennies qu'on en parle) ne parviendra pas à gagner dans toute sa vie, retraite incluse s'il vit vieux quand-même ... Franchement, on a beaucoup glosé sur les inepties du régime communiste, mais je ne suis pas certain que l'ineptie du régime capitaliste qui a envahi le monde soit vraiment moins risible. Je suis bien d'accord que le goût de l'effort doit être un moteur pour chacun, indispensable à un minimum de réussite professionnelle, mais reconnaissons au moins que l'effort est loin d'être le seul critère de modulation des revenus du travail. J'aimerais qu'un jour on m'explique (si ce grand débat pouvait en être le vecteur !) ce qui justifie humainement (je sais, économiquement, c'est un gros mot !) qu'un PDG, qui plus est éventuellement véreux, gagne des sommes astronomiques, et qu'un chauffeur de bus ou un ouvrier du bâtiment ne puisse espérer plus que le minimum pour se nourrir, lui et sa famille, sans aucun espoir de voir un jour sa situation s'améliorer. Alors je sais, l'exemple n'est pas forcément pertinent car j'aurai du mal à argumenter que le PDG est content de trouver des bus (il a une voiture haut de gamme avec chauffeur et cela ne me choque pas le moins du monde), mais il est certainement fort bien logé, et ça, il le doit à la sueur des dizaines d'ouvriers qui, sans même de réelle motivation au lever autre que d'élever leurs gosses, sont venus des mois durant édifier ces belles demeures un peu comme autrefois on bâtissait des châteaux qui sont aujourd'hui le fleuron de notre patrimoine mais sont la plus somptueuse représentation de ce que fut jadis le servage ... Il n'y a guère que les cathédrales pour lesquelles on peut s'autoriser à rêver que certains de leurs bâtisseurs les ont érigées portés par la foi ! Ce n'est pas faute que l'on dénonce à longueur de débats les rapports de plusieurs centaines de points entre les plus gros et les plus modestes revenus. Et ce depuis des lustres. Et que se passe-t-il ? On voit ces écarts se creuser de génération en génération, et on essaie chaque décennie un peu plus de faire jouer à la fiscalité un tout autre rôle que le sien initial : un gros PANSEMENT pour tenter de palier tant soit peu l'inégalité structurelle des revenus. Et le moins que l'on puisse dire au vu des événements de ces derniers mois, c'est que le résultat n'est pas à la hauteur des attentes !
Quels sont selon vous les impôts qu'il faut baisser en priorité ?
En Roumanie, au début des années 1990, après la chute de Ceausescu, alors que les magasins étaient vides et que la trouvaille d'une douzaine d'œufs relevait de l'exploit, des intellectuels roumains me disaient en forme d'autodérision : ""L'important pour un Roumain, ce n'est pas d'avoir quelque chose, l'important, c'est que le voisin de l'ait pas."" Je me suis depuis dit que la formule pouvait dépasser allègrement les frontières, et dans la demande aussi opiniâtre qu'obsessionnelle de rétablissement de la partie d'ISF retirée il y a un an et demi, je retrouve exactement la même motivation (comme dans les attaques en règle contre les avantages des anciens présidents) ... Donc, pour commencer, il n'est pas question de revenir sur cette mesure tant que les résultats n'en ont pas été évalués au bout du délai imparti. Et ce n'est pas un riche qui écrit cela, juste quelqu'un qui est convaincu de deux choses : une politique, ça se pense globalement, et j'ai compris l'esprit de celle actuellement menée ""au profit du peuple français"" ; et je ne me sens aucune compétence, malgré des études supérieures, pour oser croire qu'une idée ponctuelle de ma part pourrait être cohérente avec l'ensemble ! Pour ce qui est des baisses éventuelles d'impôts, je serais tenté de dire que puisqu'il y a des revendications, au demeurant fort compréhensibles en l'état actuel des choses, d'augmentations des revenus et de diminution de certains coûts, elles ne peuvent guère être en parallèle à l'ordre du jour ! Même si, comme chacun le sait, on aimerait bien avoir le beurre et l'argent du beurre, plus la fermière si possible ...
Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous...
Revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, Reculer l'âge de la retraite, Augmenter le temps de travail
Afin de financer les dépenses sociales, faut-il selon vous… [Autres]
Conformément à mon précédent propos, le seul moyen à terme de préserver nos acquis sociaux sans augmentation d'impôts sera[it] de transférer de ces derniers vers la politique salariale le souci fondamental d'ÉGALITÉ.
S'il faut selon vous revoir les conditions d'attribution de certaines aides sociales, lesquelles doivent être concernées ?
Les aides sociales sont elles aussi là à titre de PANSEMENT, et pour les mêmes raisons que les tranches d'imposition.
Pour quelle(s) politique(s) publique(s) ou pour quels domaines d'action publique, seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ?
Aucun en ce qui me concerne, même si j'ai accepté de bon cœur mon augmentation de CSG de 1,7% sur ma retraite dans la mesure où elle n'était pas appliquée aux plus démunis, et l'augmentation de 1200 à 2000€ du seuil d'applicabilité m'a enchanté.
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