Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ?
Au-delà des écarts de rémunération qui atteignent des proportions injustifiables, les écarts de patrimoines en France sont aujourd’hui à un niveau intolérable. Selon un récent rapport de l’INSEE, le 1 % des ménages français les plus riches détiennent 17 % du patrimoine français, les 10 % de ménages français les plus riches détiennent 48 % du patrimoine français. Ces 10 % de ménages les plus riches détiennent un patrimoine moyen de 1.963.000 €, soit 500 fois plus que les 10 % de ménages français les plus pauvres qui détiennent un patrimoine moyen de 4.300 €.
L’ISF était un instrument de lutte modeste contre ces inégalités de patrimoine. Il avait pour mérite de faire contribuer les détenteurs d’actions à la marche de l’économie française (au-delà d’une taxation des revenus de ces actions à un taux modeste). Ce n’est pas un hasard si :
- L’année où les actions sont exemptées de tout impôt sur la fortune correspond à l’année où la distribution de dividendes de la part des entreprises du CAC 40 est la plus importante depuis longtemps,
- La disparition de l’ISF correspond à une diminution drastique, à ce titre, des dons aux associations.
Monsieur MACRON a atteint son objectif : les gros actionnaires, les financeurs de sa campagne, sont libérés d’une part de leur contribution à la vie publique, et l’argent va plus facilement à l’argent.
Cet impôt était-il inefficace, au motif que son recouvrement coutait aussi cher que son rapport ? Même dans ces conditions, on ne renonce pas à un outil de limitation des écarts croissants des patrimoines, alors que la justice sociale est en soin un objectif au moins aussi important que celui de la croissance, et pas un de ses sous-produits. On pourrait au contraire se demander si le patrimoine était suffisamment taxé, et s’il ne faut pas rétablir un ISF à taux plus élevé, et/ou taxer les revenus du capital (dividendes) au même niveau que les autres revenus.
Indépendamment des déclarations de M. MACRON, qui ne s’anime jamais autant, dans ses récents discours, que pour justifier l’abandon de l’ISF dans une démarche clientéliste qui en fait « le Président des très riches » (dixit son prédécesseur), je souhaite a minima le rétablissement de l’ISF dans sa forme antérieure et la taxation des dividendes au même niveau que celui des autres revenus.
Je n’accepte pas de vivre dans un monde où moins de 30 personnes détiennent un patrimoine équivalent à celui de 50 % de la population mondiale la plus pauvre (Huffington Post récent), qui est le modèle vers lequel nous conduit la politique de M. MACRON. Déjà aujourd’hui, en France, selon le rapport OXFAM du 21 janvier 2019, 32 milliardaires français possèdent autant que les 40 % les plus pauvres des Français, et c’est aux premiers que profitera en priorité la réforme fiscale MACRON : c’est totalement inacceptable !
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