Intégralité de la contribution intitulée "Repenser notre démocratie est le seul moyen de nous montrer à la hauteur des urgences environnementales."
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Transition écologique le 15 mars 2019 à Lyon 3e Arrondissement .

Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ? [Autres]
La pérennité des ressources

Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Cela peut sembler banal, mais il devient nécessaire de repenser tout notre système politique. Le fonctionnement actuel de l'économie, la répartition extrêmement inégale des responsabilités et des pouvoirs (au-delà même de la question des richesses) nous empêche de changer de voie et met nos vies et les vies futures en danger. Les dérèglements climatiques sont habituellement le principal danger mis en avant car il est peut-être le plus visible aujourd'hui, mais la disparition de très nombreuses espèces est aussi préoccupante. En ce qui nous concerne, ce sont toutefois sans doute les ressources qui vont manquer le plus vite et désorganiser nos sociétés. À mon sens, il est donc urgent de repenser les institutions démocratiques dans notre pays pour mieux répartir les responsabilités, forcer les acteurs économiques les plus puissants à être plus transparents et les contraindre à respecter les préoccupations des citoyens-citoyennes, renforcer les contrôles et favoriser l'émergence de nouvelles mesures en faisant jouer tous les échelons de la politique, y compris les idées des gens ordinaires.

Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui

Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Le climat a été modifié : à Lyon, la neige a quasiment disparu l'hiver (en raison également des températures anormalement hautes en ville, mais elles l'étaient déjà il y a 40 ans et il y neigeait quand-même) et les étés deviennent étouffants. De façon générale cependant, la France ne sera pas le pays le plus touché par les changements climatiques, malgré les risques accrus d'incendie, les problèmes d'eau dans certaines régions (comme la Corse), etc. ; l'Outremer en subira peut-être plus les conséquences, mais il s'agit d'un problème mondial.

À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui

Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
On peut faire attention à la quantité d'emballages qu'on utilise, à nos achats, à limiter les matières non recyclables. Je n'ai pas de voiture et je circule à vélo, par exemple. Mais si je peux me permettre d'adopter ces comportements, c'est parce que je suis étudiant, je vis en ville et j'en ai les moyens. La transition écologique ne sera pas faite par les citoyen-nes individuellement. Les pressions des consommateurs sur les entreprises, qui continuent d'adopter un comportement amoral, ne sont pas suffisantes. Pour aller plus loin, nous devons travailler ensemble : développer des réseaux (éventuellement associatifs), ou même simplement impliquer les citoyen-nes dans les décisions concernant l'écologie et l'environnement sont des moyens efficaces de développer une politique forte tout en responsabilisant tout un chacun.

Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Cf. réponse précédente : la meilleure manière de nous inciter à mieux nous comporter est de nous impliquer dans la protection de l'environnement de façon concrète, et pas uniquement par des messages et des campagnes d'information. Les gens doivent se sentir en possession du problème pour s'en emparer pleinement, une possession qui se fait au quotidien et pas uniquement devant les urnes, alors que l'écologie est devenue un thème quasiment ""dépolitisé"". Cela passe par des actions concrètes, un climat favorable à la société civile (des moyens pour les municipalités, les associations, les établissements scolaires...) et le développement de structures participatives pour gérer ensemble les politiques de proximité et émettre des propositions d'ampleur nationale.

Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Sur le plan financier, nous pouvons accepter de mettre en place des fonds spécifiques dédiés à la mise en place d'opérations de restauration, ou d'amélioration de l'habitat (humain !) et des habitats naturels. Par exemple, nous pourrions nous cotiser pour financer un plan d'isolation des bâtiments ou la construction de nouveaux réseaux de transports en commun. Néanmoins, il faut que les fonds ainsi rassemblés soient gérés en toute transparence, et même idéalement le plus possible par des comités intégrant la société civile : le mouvement des Gilets Jaunes a montré non pas que les gens refusaient de payer plus pour l'environnement, mais de payer plus en général sans contrôler ce qu'on fait de leur argent. Je suis convaincu que nous serons prêt-es à payer plus d'impôts et à nous cotiser si nous avons une fois de plus les moyens concrets de contrôler ce qui est fait de notre argent, de manière à bien montrer que l'argent donné à l'Etat ne part pas à un organisme extérieur mais est mis en commun pour le bénéfice de tous & toutes. Enfin, certains crédits actuellement alloués au soutien de l'économie, et qui profitent en fait à des acteurs déjà bien assez puissants, pourraient être réalloués dans ces domaines. Il est évident que la réisolation, le développement des transports en commun ou même les travaux de paysagisme pour faire mieux respirer les villes, les lotissements et les zones commerciales créent des emplois, tout autant et plus sûrement que les subventions aux entreprises de l'automobile (même électriques) par exemple !

Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
J'utilise un chauffage électrique individuel dans un appartement. Certains chauffages centraux sont plus efficaces. On peut aussi travailler sur le chauffage au bois par granulés. Mais l'urgence reste d'optimiser l'isolation des logements, particulièrement dans les vieux immeubles comme le mien, qui date des années 1930.

Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Je n'utilise pas la voiture pour des déplacements quotidiens

Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Les collectivités locales sont tout indiquées pour s'en charger ! Mais elles ont besoin de fonds étatiques pour cela, et la Dotation Générale des Communes, pour ne citer qu'elle, ne fait que diminuer ces dernières années.

Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Être un modèle en terme de gouvernance de l'environnement est déjà une première et belle étape, une vitrine qui permettrait, si elle fonctionne -- et elle fonctionnera -- de donner des idées aux citoyens-citoyennes des autres pays. Par ailleurs, la France héberge de puissants investisseurs qu'on pourrait inviter à se plier à des critères plus stricts en terme d'impact écologique dans les autres pays. La législation peut permettre d'interdire de financer des entreprises néfastes ailleurs dans le monde : il n'y a aucun intérêt à ce que la France tienne ses engagements en termes d'émission de gaz à effet de serre, par exemple, si c'est pour que les infrastructures et les usines qui étaient à l'origine du surplus aient simplement été déplacées par leurs propriétaires dans d'autres pays comme la Chine ! Là aussi, on voit que la délocalisation pose problème et que rien dans ce domaine ne se pense indépendamment des questions économiques.


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