Intégralité de la contribution intitulée "Le révolutionnaire doit être capable d’entendre pousser l’herbe"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Transition écologique le 13 mars 2019 à Vignaux .

Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
« Le révolutionnaire doit être capable d’entendre pousser l’herbe », disait Karl Marx à son ami Joseph Weydemeyer. Et, à l’instar de Jean Ziegler, nous l’entendons pousser. Les gilets jaunes, ce mouvement multiforme, a réussi à arracher à une démocratie française maintenant sclérosée – alors qu’elle a été au 19ème siècle l’une des influences politiques les plus puissantes, inspirant les révolutionnaires de l’Europe entière, en 1830 et en 1848, lançant le signal de départ d’autres mouvements révolutionnaires, obtenant jusqu’à l’indépendance pour laquelle ils se battaient – Bref, le peuple, « la rue » comme aime à le dire nos dirigeants, avec le mépris de classe qui les caractérise, a réussi à obtenir ce grand débat, dont d’aucuns craignent qu’il ne s’agisse que d’un exercice de communication avant d’abattre le coup de massue fatal, ou pire, de prendre les gens pour des décérébrés en leur lâchant quelques miettes sur lesquelles, affamés qu’ils sont, ils se jetteraient sans réfléchir. Nous sommes devant un mouvement multiforme, complexe, inédit peut-être. L’herbe pousse, herbe folle, bien loin du jardin à la française de Le nôtre… Voici notre présent : une occasion unique de rendre le pouvoir à celui qui le détient véritablement. Le Peuple. Celui qui fait la France. Celui qui fonde l’exercice de votre pouvoir. Celui qui désespère… Le Peuple fait la France ? Mais qu’est-ce que la France ? Au-delà de l’exercice purement rhétorique, soyons concret : la France est une République, dans laquelle le Peuple élit ses représentants afin qu’ils agissent en fonction de son avis, éclairé grâce aux progrès de l’information et aux médias. D’où provient la cassure ? Des médias concentrés entre les mains des plus grandes fortunes de France ? De l’impunité d’élus se croyant au-dessus des lois, cumulant les mandats tout en nous expliquant qu’ils ne peuvent pas assister à tous les votes à l’Assemblée car ils sont débordés ( !) ? D’une certaine faillite (ou d’une faillite certaine ?) de notre démocratie, particulièrement criante quand, par exemple, le peuple vote non à la constitution européenne en 2005 et se la voit imposer par le traité de Lisbonne quelques années plus tard ? La question n’est pas tant de comprendre pourquoi que de choisir une nouvelle voie évitant les écueils, du moins les plus évidents d’entre eux… C’est ce que je vais tenter de faire en rédigeant ce texte. Je voudrais enfin vous donner, en préambule de ma participation à ce Grand Débat, ma vision de la France. Ma France est celle des Lumières, des Droits de l’Homme, de la Révolution, de Jacques Roux, de Robespierre, de Jaurès, de Blum, de mai 68, des « gilets jaunes »… Ma France est celle des libertés obtenues grâce aux Républiques successives, avant qu’elles ne soient gangrénées, notamment par des élites s’érigeant en caste, seule digne de diriger et s’arrogeant le droit de gouverner A LA PLACE du peuple et non plus au nom de celui-ci. Ma France est celle de la Tolérance, celle du Courage, notamment celui de ses opinions, si différentes soient-elles de la doxa, celle du Service Public, de la Protection Sociale (et non pas des charges ! comment osez-vous…), ma France est celle qui, je l’espère, portera haut cette Lumière, ces Valeurs, cette Vision que je partage avec énormément de personnes. Moi aussi, j’aime la France. Pas besoin de voter Marine-vert de gris pour cela… A mon sens, le débat tel que vous le proposez est étriqué : la réflexion doit être bien plus vaste, il ne faut rien s’interdire, et surtout, ne pas focaliser les choses sur la fiscalité… Joli coup d’ailleurs pour le néo-libéral que vous êtes, de porter le débat là-dessus… Vous espérez sans doute que les réponses fermées de votre petit QCM vous permettront de légitimer une action contre le service public, à « rationaliser » et « moderniser » ? La transition écologique « Que faudrait-il faire pour protéger la biodiversité et le climat tout en maintenant des activités agricoles et industrielles compétitives par rapport à leurs concurrents étrangers, notamment européens ? » Je lis cette phrase et j’ai envie de hurler… Comment penser compétition commerciale quand il s’agit de la protection de la nature ! C’est de notre avenir et de l’avenir de l’ensemble de la population (pas uniquement française, mais mondiale !). Le sens de la Responsabilité devrait nous pousser à changer notre modèle sans attendre, et faire la promotion de ce modèle, grâce à une exemplarité sans faille. La France est un pays dans lequel l’agriculture fait partie de la Culture. Nous avons des agriculteurs incroyables, des ingénieurs d’une intelligence rare, utilisons ces talents pour protéger la planète ! Mieux : vous proposez de financer la transition énergétique soit avec l’état, soit par une fiscalité écologique qui, pour l’instant, ne semble toucher que les citoyens… Taxons les entreprises polluantes, et cessons de les excuser en invoquant la concurrence. Votre pensée complexe en devient par trop transparente : les entreprises polluantes doivent payer ! Agriculture : - Militer activement contre le fait de breveter les semences : elles appartiennent à la Nature et à l’Humanité, pas à Bayer/Monsanto ! - Aider sans retard les exploitants agricoles souhaitant quitter le monde de la productivité pour entrer dans le monde de la paysannerie et des gardiens du paysage… - Réformer l’enseignement agricole, afin de promouvoir les connaissances portant sur la vie du sol, et les manières de recréer la vie de cette terre, massacrée à coups de labour, d’intrants chimiques tuant les bactéries (adieu la B12 dans nos sols artificialisés !) et les insectes permettant au sol de vivre et donc de nourrir des plantes de bonne qualité ! - Créer des dispositifs permettant de mettre des terrains abandonnés à disposition des citoyens ou d’agriculteurs cherchant à se convertir en bio - Pénaliser fiscalement les entreprises important des aliments disponibles localement et/ou prenant une marge supérieure ou égale à la part réglée au producteur (et être ferme dans les contrôles !!!). Ils nous offrent un service, rien d’essentiel, peut-être serait-il temps de remettre cela à sa juste place. - Cessez de subventionner les agriculteurs les plus gros pollueurs, mais aidez-les à se reconvertir s’ils le souhaitent. Les listes d’attente n’en finissent plus dans les AMAP… Il y a quelque chose ici qui mérite une attention particulière non ? Les Français en ont marre d’être nourris par une industrie qui les pourris de sucres et de graisses cachés tout en ruinant nos producteurs… Une agriculture d’état ne pourrait-elle pas voir le jour ? - Soutenez l’agriculture bio en permettant aux agriculteurs qui le souhaitent de s’installer sur des terres vivantes, et de revendre leur production à un prix fixé en fonction de leurs besoins : l’investissement demandé à l’état pourrait être remboursé rapidement, et nous pourrions même faire quelques bénéfices à reverser dans le budget (pour faire de la prévention concernant les maladies non transmissibles clairement liées à l’alimentation et à la sédentarité, comme le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires…) Industrie : - Faire passer la priorité à la protection de la planète au premier plan en frappant là où ça fait mal : le porte-monnaie ! - Dès lors qu’une atteinte à l’environnement est suspectée, une décision doit être prise rapidement pour la protection de l’environnement, aux frais de l’entreprise. Vive le bad-buzz contre les entreprises refusant cela en faisant traîner. - Aucune incitation positive pour s’améliorer mais des sanctions en cas de non-respect de l’environnement pour toutes les entreprises appartenant aux grands groupes. Incitation positive pour les PME (à rembourser en cas de fraude ou de manquement !) - En cas de non-respect de l’environnement, remboursement obligatoire de toutes les aides perçues, qu’elles concernent l’environnement ou non ! - Relocaliser les centres de production en France afin de minimiser le transport et créer de l’emploi - Taxer les emballages des produits vendus en magasins, non pas en taxant les déchets produits par les citoyens, mais en taxant les entreprises qui créent ces futurs déchets ! Service : - Utiliser les toitures des hyper/super marchés etc pour planter des plantes se nourrissant de particules fines (bioépuration de l’air) - Obliger les centres commerciaux etc à éteindre les néons et les lumières la nuit (même les concessionnaires automobiles !) qu’ils investissent dans des caméras infrarouges ! - Interdire les publicités consommant de l’électricité (panneaux lumineux etc) et taxer les publicités. Avec un budget annuel de plusieurs centaines de milliards à l’échelle mondiale, que l’on ne dise pas qu’ils n’ont pas d’argent à dépenser…) Citoyens : - Les incitations type prime d’énergie, CITE, éco-PTZ doivent être généralisées (fenêtres, photovoltaïque…) et sans conditions de ressources - Stimulons l’envie et les possibilités de prendre des moyens de transports doux : stop à la casse de la SNCF, développement de réseaux de bus (pas dans les grandes villes, les réseaux sont déjà installées, mais dans les zones périurbaines ! ), développement également de plateformes de covoiturage au sein des grandes entreprises, étalement des heures d’embauche et de débauche - Créer des entreprises nationales utilisant les talents de nos ingénieurs pour développer, en dehors de l’influence des grands groupes, de nouvelles solutions de mobilité non polluantes. Les bénéfices produits par la vente des véhicules ayant pour but de financer totalement ces entreprises publiques ! Du made in France, non polluant…


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