Intégralité de la contribution intitulée "la transition"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Transition écologique le 13 mars 2019 à France .

Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Transition écologique : On remarquera tout d’abord que sur cette question le monde politique se paie de mots, on alerte, on dénonce mais on fait comme avant ou pire, ainsi de l’écotaxe à laquelle on a renoncé quand on s’est battu bec et ongles pour détricoter le code du travail et se rapprocher encore du modèle libéral conduit en Europe par l’Allemagne qui en exerce le leadership. On voit sur quoi se mobilise la volonté politique. Alors, comment justifier auprès de la population que la transition écologique va s’opérer par une taxation nouvelle des carburants, accompagnée de déclarations visant à donner 10 ans pour abandonner les systèmes de chauffage au fuel quand dans le même temps on constate : -que le kérosène n’est pas taxé et que les billets d’avion internationaux ne sont pas soumis à TVA et que l’avion est 20 fois plus polluant que le train est 6 fois plus cher au km sur les trajets nationaux ou intra européens. -que les plates-formes de vente à distance importent massivement des produits venant d’Asie par des cargos fonctionnant au fuel lourd (taux en souffre élevé) ou par avion et gérant des flottes énormes de camions et de camionnettes pour les distribuer à domicile à partir d’énormes plates-formes logistiques qui bétonnent des espaces à hauteur de 100 000m² par site, en exerçant de surcroît une concurrence déloyale vis-à-vis des petits et moyens commerces car ils ne sont pas soumis à l’impôt en France. Se servant toujours du chantage à l’emploi pour justifier ces implantations alors que le ratio emploi m² dans la logistique est bien moindre qu’il n’était dans l’industrie que l’on a abandonné y compris aux dépens de notre indépendance comme pour l’industrie pharmaceutique dont les produits sont désormais tous fabriqués hors d’Europe (Inde, Chine). Et que ce mode de consommation détruit davantage d’emplois (petits commerces, artisanat , industrie) qu’il n’en produit ce qui n’empêche pas les régions de les arroser de subventions et de se gargariser de leurs implantations. -que 100 entreprises mondiales, parmi lesquelles une majorité de societés de vente à distance représentent 50% du volume carbone. -que l’empreinte carbone de l’internet est égale à celle de l’ensemble du trafic aérien planétaire, quant aux serveurs nécessaires à cette technologie, pour un centre de 100 serveurs c’est 10t de co² par an, Google en possède 900 000. -que les plans sur la limitation des pesticides sont totalement démentis par la réalité : leur consommation a encore augmenté de 6 à 12%, selon les produits, sur la période 2010-2018 quand le plan Ecophyto1 prévoyait de les diminuer de 50 % ! Que fait-on maintenant ? Un plan Ecophyto 2 ! Que les politiques cessent de prendre leurs déclarations pour des réalités ! -que l’on présente la mise en place des compteurs Linky (intrusifs et dysfonctionnants) comme une avancée permettant aux abonnés de mieux gérer leur consommation en leur indiquant que le coût de cette installation est nul alors que ce coût sera en fait différé sur leurs consommations à venir et que les dysfonctionnements constatés se soldent par une obligation d’augmenter la puissance de son abonnement avec un niveau identique d’équipements. Ces manipulations conduisant d’ailleurs la Cour des Comptes à dénoncer ces pratiques et un gain indu de 500 millions d’euros par Enedis. Cette fois-ci on a pas invoqué l’ « exemple » allemand car outre-Rhin les consommateurs d’énergie ne se sont pas vus imposer un changement de compteur. Oui il serait injuste que nos agriculteurs se voient imposer des normes qui pénaliseraient leur production quand les autres pays d’Europe exporteraient des produits traités par ces mêmes produits vers notre marché. C’est pourquoi il faut une véritable volonté politique sur ces sujets et enfin s’affranchir des puissants lobbies qui tiennent le stylo des députés européens comme on l’a vu sur le glyphosate. Sur ce sujet il faudra enfin fixer une véritable date butoir pour ne pas retomber dans les faux-semblants qui conduisent à redonner à chaque échéance un nouveau délai de 5 ou 10 ans et se satisfaire d’une limite de 5 ans quand on sait qu’elle pourra encore se renouveler. Ces mêmes lobbies manifestement impressionnent jusqu’au Conseil Constitutionnel qui malgré l’inscription dans la loi Agriculture et Alimentation de la faculté de vendre des graines qui ne sont pas inscrites au catalogue de ces grandes sociétés vient d’en interdire à nouveau la vente. Ces graines sont des graines de variétés souvent anciennes qui ne sont pas des hybrides maîtrisées par les Monsanto et autres. Le Conseil Constitutionnel qui a également abrogé l’article 43 de cette même loi visant à obliger la mention de la provenance du miel, informer les consommateurs serait contraire à la constitution ? Au-delà de la mise en mouvement d’une réelle volonté politique des mesures concrètes peuvent être prises : Sur le logement : -mettre en œuvre un véritable plan d’isolation thermique des logements, les mesures existantes (crédit d’impôts) sont limitées et requièrent de monter un dossier quand elles ne sont pas neutralisées par une prise de marge supplémentaire des opérateurs professionnels dont l’exercice est rendu obligatoire pour en bénéficier. Mieux vaudrait bonifier le coût de base des matériaux pour les professionnels et pour les particuliers ou ramener la TVA de ces matériaux à un taux très bas ou nul. Si l’objectif est la transition écologique : pas de seuil de revenu sur ces sujets et les mesures d’accompagnement. -le remplacement des chaudières au fuel pourrait faire l’objet d’un emprunt à taux zéro amorti par le niveau d’économie projeté et garanti par l’Etat. Sur les transports : Le réseau des lignes SNCF secondaires doit être maintenu et renforcé, le tout TGV n’est pas l’aménagement du territoire surtout quand désormais on songe à réduire ses dessertes secondaires pour privilégier les liaisons inter-métropoles, c’est une nouvelle invitation à l’emploi d’une voiture. Pour les 80km/h sur les routes où l’appréciation doit être laissée aux départements en fonction de la réelle dangerosité de tel ou tel tronçon. A l’heure du vélo électrique il serait temps de songer à doter le pays d’un véritable réseau de voies cyclables à l’échelle des métropoles et des départements. Aujourd’hui les initiatives relèvent surtout des villes et conduisent à des mises œuvres morcelées (300m ici, 500m là) avec obligation pour les vélos de les emprunter pour se retrouver quelques centaines de mètres plus loin arrêtés à un stop. Ce moyen de transport requiert de la fluidité et de la continuité. Tant de villes séparées de quelques kilomètres ne sont pas reliées. Un plan d’ensemble départemental et interdépartemental est nécessaire et il faut inscrire dans les futurs travaux de voieries la création systématique de bandes cyclables. A l’heure où l’on prend l’avion comme hier on prenait le bus il conviendrait, à minima, que d’une part les compagnies ne soient exonérées ni de taxes sur les carburants ni de TVA sur les billets internationaux, et que, d’autre part, figure sur chaque billet le bilan carbone de chaque déplacement pour sensibiliser les usagers à leur empreinte carbone. Sans parler des dégâts considérables du tourisme de masse. Sur l’immobilier commercial : L’encerclement des villes par les centres commerciaux a conduit à l’assèchement des centres villes. Toutes les villes grandes et moyennes ont les mêmes abords constitués de centaines de milliers de m² bétonnés à l’éclairage massif comme pour les plates-formes logistiques entraînent une pollution lumineuse permanente (impossible de voir un ciel étoilé). Cette situation a encore été aggravée par la loi de « modernisation économique » (2005) faisant passer le seuil des autorisations d’ouverture de surface commerciale de 300 à 1000 m², un nombre considérable de surfaces ont donc pu ouvrir sans ces autorisations, il faut revenir sur cette disposition. En outre, la guerre des enseignes (notamment dans l’alimentaire) et la saturation de ces équipements conduit désormais à l’apparition de friches commerciales. Il faut contraindre les groupes à provisionner le coût de leur déconstruction au moment de leur édification et en faire une condition de l’autorisation d’ouverture (dossier présenté à la Commission Départementale de l’Aménagement Commercial). Entre 2006 et 2015, en France, on a bétonné autant que la surface de la Seine et Marne. Pour financer la transition écologique indexons la TVA sur le bilan carbone des produits. Il faut réduire la dépense énergétique et pas seulement trouver des ressources énergétiques alternatives à une demande qui croît toujours plus. Pourquoi, par exemple, tolérer qu’on éclaire, comme des stades, des parkings d’hypermarchés la nuit ?


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