Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ?
La pollution de l'air
Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Dans une ville moyenne les distances sont courtes. La traversée de la ville d'Albi où j'habite ne fait pas plus de 5 km. De plus dans cette ville, le relief est plat. On pourrait donc se déplacer autrement que dans un véhicule encombrant et polluant, surtout quand on est seul à bord. Il faut en finir avec l'hégémonie de la voiture individuelle et rendre leur place en ville à des modes de déplacement marginalisés et/ou purement et simplement éliminés : marche à pied, vélo, tramway. Les voitures extérieures à la ville doivent rester à l'extérieur. La vitesse et le stationnement doivent être limités ainsi que le gabarit des véhicules. Vitesse maximum : 20 km/h dans le centre ville et dans les rues étroites, 30 km/h partout ailleurs en ville. Sur les routes ordinaires, une vitesse de 80 km/h maximum est amplement suffisante. Elle permet une conduite apaisée. Les 4X4, SUV, monospaces etc...n'ont pas leur place en ville et doivent en être bannis. Le stationnement doit être payant y compris sur les parkings des zones commerciales en périphérie ne serait-ce que pour calmer les commerçants du centre-ville qui ne supportent pas la concurrence des grandes surfaces. Mais, à l'échelle de la communauté d'agglomération, l'étalement urbain et le zonage des PLU ont fractionné les territoires en spécialisant par fonctions économiques (habitat, activités, commerces, loisirs, etc...) des secteurs éloignés les uns des autres par des distances trop longues qui rendent obligatoire le recours à la bagnole. Il est désormais difficile de remédier à cette situation sans heurter de multiples intérêts et sans provoquer des levées de boucliers inhibitrices. Il est vrai aussi que le fétichisme de la bagnole est encore très répandu, toutes classes sociales confondues. C’est particulièrement le cas à Albi où est tolérée et même encouragée et subventionnée par le conseil municipal l’activité permanente d’un circuit automobile de vitesse en pleine agglomérations en dépit des nuisances sonores et environnementales qui en découlent pour les habitants. Comme souvent, quand on laisse pourrir une situation, une solution qu’on n’avait pas prévue finit par s'imposer d'elle-même. Elle viendra probablement de la voiture électrique, autonome et partagée qui permettra des déplacements moins polluants pour l'atmosphère et aussi peut être moins envahissants dans l’espace public. Mais la maladie du déplacement motorisé inutile et le gaspillage d’énergie qui en résulte ne disparaîtront pas pour autant, sauf si le coût devient prohibitif.
Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui
Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Par des vagues de chaleur excessives dès le printemps et jusqu'à la fin de l'automne, par des épisodes de vents violents ainsi que par des périodes de sécheresse récurrentes. En milieu urbain tout cela est aggravé par la disparition de la végétation et la minéralisation de l'espace qui en résulte. A Albi par exemple, les arbres ont été supprimés le long des voies urbaines pour faire de la place au stationnement des bagnoles. Du coup, dans ces rues il n’ y a plus d’ombre où s’abriter du soleil en été et il fait encore plus chaud. De surcroît Albi cumule les handicaps. C’est une ville bâtie dans une cuvette qui retient la pollution. Cette ville est ceinturée par une rocade engorgée par une circulation automobile de transit (axe Toulouse-Rodez-Lyon) et elle est exposée de surcroît aux nuisances sonores et environnementales d’un circuit automobile de vitesse située en pleine agglomération et dont l’activité, encouragée et subventionnée par la municipalité, est permanente (plus de 200 jours par an). J’étais enfant dans les années 60. Depuis cette époque j’assiste, consterné, à la dévastation constante et méthodique des paysages : remembrement dans les campagnes, bétonisation des bords de mer, lacération des territoires par des autoroutes dédiées au transit routier international, saccage des abords des villes par l’étalement urbain marqué par la disproportion de zones commerciales hideuses et par la monotonie des zones pavillonnaires. La motorisation s'est répandue à tous les engins, du presse purée à la fusée spatiale. Les trotinettes sont désormais motorisées. Même les bons vieux balais ont été récemment remplacés dans les jardins publics et ailleurs par des aspirateurs-souffleurs à moteur thermique ou électrique. Progression inexorable de la pollution atmosphérique, du bruit et de la laideur visuelle. Voilà les effets néfastes et durables de la motorisation de tous les déplacements et d'un nombre croissant d'activités !
À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui
Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
Je me contente d'éviter dans la mesure du possible de dégrader l'environnement. J'utilise le vélo pour mes déplacements quotidiens qu’ils soient utilitaires ou de loisir. Je n'ai jamais fait de voyages transcontinentaux et je trouve vain le tourisme vers des destinations lointaines et exotiques qui s'apparente à du colonialisme saisonnier. Mais je suis bien obligé de chauffer mon logement et j'ai recours pour cela au gaz de ville, donc à une énergie fossile émettant du gaz carbonique. Toutefois, le chauffage des logements est un progrès incontestable du XX° siècle qui a permis l’amélioration des conditions d’existence du plus grand nombre. On ne peut pas en dire autant de la frénésie du déplacement motorisé imputable, principalement mais pas seulement, à la généralisation de l'usage de l’automobile.
Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Je n'ai jamais bénéficié de l'IKV. Ça ne m'a pas empêché d'aller à mon travail à vélo. Je connais beaucoup de gens qui aimeraient se déplacer à vélo mais qui ne le font pas, tout simplement parcequ’ils trouvent ce moyen de déplacement dangereux et qu’ils ont peur de l’utiliser. Les cyclistes ne devraient pas se sentir comme des intrus dans les rues des villes comme sur les routes. Il me semble que certaines mesures consistant à contenir l'invasion de la voiture pourraient décider les gens à se déplacer autrement qu’en voiture et notamment à vélo comme par exemple limiter la vitesse des déplacements motorisés à 20 km/h en centre ville et généraliser la limitation de vitesse à 30 km/h partout ailleurs en ville. En milieu urbain, la plupart des voies de circulation ont adopté un profil routier qui encourage l’hégémonie de la voiture au détriment des modes non motorisés de déplacement. Pour un piéton, traverser la rue n'est pas facile, et devient sur certains axes une sorte d’aventure des temps modernes. On pourrait rendre aux voies urbaines le caractère de rues qu’elles ont perdu, notamment en élargissant les trottoirs, en replantant des arbres le long des avenues et en limitant l’espace de stationnement des véhicules ainsi que visuellement en ayant recours à un autre type de revêtement que le bitume de couleur noire qui identifie les voies urbaines à des routes. Depuis quelques années on voit réapparaître les tramways dans des villes qui les avaient supprimés. Le changement est donc possible, même s’il consiste tout simplement à revenir aux solutions du passé.
Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
J'ai une chaudière à condensation, en principe économe en énergie mais bien sûr pas totalement sobre. Il existe sans doute d'autres solutions mais difficiles et couteuses à mettre en oeuvre dans un logement ancien.
Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Oui
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à utiliser ces solutions alternatives ?
Même si le trafic routier et la voirie ne facilitent pas les choses, je n'utilise et n'ai jamais utilisé que le vélo (sans assistance électique) pour mes trajets domicile-travail ainsi que pour tous mes trajets en ville et sur le territoire où se déroule ma vie quotidienne. Pour autant, jJe n'ai jamais bénéficié de l'IKV. Je connais beaucoup de gens qui aimeraient se déplacer à vélo mais qui ne le font pas, tout simplement parcequ’ils trouvent ce moyen de déplacement dangereux et qu’ils ont peur de l’utiliser. Les cyclistes ne devraient pas se sentir comme des intrus dans les rues des villes comme sur les routes. Il me semble que certaines mesures consistant à contenir l'invasion de la voiture pourraient décider les gens à se déplacer autrement qu’en voiture et notamment à vélo comme par exemple limiter la vitesse des déplacements motorisés à 20 km/h en centre ville et généraliser la limitation de vitesse à 30 km/h partout ailleurs en ville. En milieu urbain, la plupart des voies de circulation ont adopté un profil routier qui encourage l’hégémonie de la voiture au détriment des modes non motorisés de déplacement. Pour un piéton, traverser la rue n'est pas facile, et devient sur certains axes une sorte d’aventure des temps modernes. On pourrait rendre aux voies urbaines le caractère de rues qu’elles ont perdu, notamment en élargissant les trottoirs, en replantant des arbres le long des avenues et en limitant l’espace de stationnement des véhicules ainsi que visuellement en ayant recours à un autre type de revêtement que le bitume de couleur noire qui identifie les voies urbaines à des routes. Depuis quelques années on voit réapparaître les tramways dans des villes qui les avaient supprimés. Le changement est donc possible, même s’il consiste tout simplement à revenir aux solutions du passé.
Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Dans une ville comme Albi où j’habite, il est anormal que l’activité bruyante et polluante d’un circuit automobile de vitesse en pleine agglomération soit maintenue contre l’avis des habitants des quartiers exposés à ces nuisances et contre les dispositions législatives et règlementaires désormais en vigueur en matière de protection contre le bruit. Si la municipalité n'est pas en mesure de remédier à une telle situation que peut on attendre de sa part pour apporter des solutions alternatives aux déplacements polluants ?
Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Les produits importés sont plus néfastes à l'environnement que les productions locales dont la distance de transport est nécessairement plus courte. Or le transport des marchandises est une source de pollution de l'air, des mers et des océans. Il y a beaucoup de biens que l'on peut produire et se procurer sur place sans aller les chercher au bout du monde. Mais en réalité le transport international des marchandises s'explique davantage par le souci de tirer profit du déséquilibre des termes des échanges économiques résultant de la division internationale du travail qu'il ne répond à d'authentiques besoins. Taxer les produits importés semble donc être un bon moyen d'effectuer de meilleurs choix en matière d'environnement au niveau européen et international. Mais est-ce compatible avec les contraintes et obligations du libre-échange ?
Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Le pétrole est une énergie bon marché qui est à l'origine de la croissance du XX° siècle. Les énergies de substitution aux hydrocarbures, dites énergies renouvelables, n'atteindront jamais le rendement des énergies carbonées. De plus elles ne sont pas exemptes de risques et de défauts dont on mesurera bientôt l'ampleur : extraction des minerais dévastatrice sur de vastes étendues, progression inexorable de l'enlaidissement des paysages encore intacts du à l'implantation de centrales éoliennes ou photovoltaïques, apparition de nouvelles menaces pour la faune et la flore imputables à ces installations, etc. Tout cela pour un coût économique supérieur à celui de l'exploitation du pétrole. Les taux de croissance du XX° siècle appartiennent donc au passé. Mais sans croissance, les inégalités sont ressenties plus douloureusement car l'espoir (pourtant fallacieux) qu'elles soient résolues par la fuite en avant disparaît du même coup. Dans ces conditions la transition écologique est confrontée à 2 défis principaux ; 1) la réduction des inégalités ; 2) les économies d'énergie. C'est l'occasion de poser la question de la réduction des gaspillages et la question des conséquences de la captation par certains des ressources et des biens communs en vertu du droit de propriété. La propriété enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Les pauvres n'ont pas la maîtrise des prix et des valeurs dont ils subissent la loi. Pour les riches, c'est tout le contraire. Aucune construction juridique n'est définitive. La propriété foncière est historiquement associée à la sédentarisation de l'humanité, mais, en raison de son coût croissant économiquement, socialement et écologiquement, elle est de plus en plus une cause de conflits qu'exacerbent la concurrence et les rivalités résultant du surpeuplement. L'homme est une espèce proliférante. De plus, les besoins individuels connaissent une croissance exponentielle et paraissent insatiables. On dirait que le surnombre a pour corollaire le sur-régime dans tous les domaines. Mais la croissance économique marque le pas dans les pays les plus anciennement développés. Les pays qui sont pour l'instant en phase de rattrapage connaîtront à leur tour très rapidement le même blocage. En attendant, les dégâts sur la planète sont considérables (réchauffement climatique, déforestation, érosion des sols, effondrement de la biodiversité, pollution de l'atmosphère et des océans, etc...) et rien ne semble pour l'instant pouvoir les stopper. La raréfaction des ressources renouvelables se fait sentir chaque année de plus en plus tôt. Mais il y a aussi des bonnes nouvelles. Des expériences agronomiques récentes ont démontré qu'il est possible d'obtenir de meilleurs rendements agricoles sans recours à la mécanisation des cultures et sans traitement chimique des plantes des sols par des pesticides et des herbicides. Ça bouleverse toutes les doctrines en vigueur. Bien sûr, ça suppose des exploitations plus petites et davantage de main d'oeuvre. Ça va à l'encontre de la concentration des terres propre à l'agriculture capitaliste et spéculative. Mais ça représente un espoir dans un contexte qui en est avare et c'est peut être une chance pour la France qui est un vieux pays agricole, notamment celle d'offrir dans la production agricole des activités plus gratifiantes que celles qui sont associées à la tertiarisation de l'économie. Il est de plus en plus évident pour les esprits les plus lucides que le modèle de développement en vigueur est à bout de souffle. Dans ce contexte, la frénésie de réformes n’est rien d’autre que la recherche pathétique de solutions destinées à prolonger encore un peu le système existant. Les prétendues réformes consistent prioritairement à sacrifier les droits sociaux et garanties collectives qui ne menacent en rien l'environnement. En réalité, sous couvert de réformes, c’est le conservatisme le plus obtus qui est à l'oeuvre. La ringardise se cache derrière le masque du changement.
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