Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ? [Autres]
La rupture des équilibres majeurs
Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Premier niveau d'évaluation et d'analyse: d'un point de vue global, perdre quelques espèces est malheureux mais si l'on prend en considération que la diversité du vivant n'a pour seule fonction que de conserver la vie, finalement, la diversité biologique n'a d'intérêt (mais c'est crucial à l'échelle de la planète) que d'augmenter les chances de protéger la vie (chose rare si ce n'est unique dans l'univers) en offrant des milliards de combinaisons possibles de résistance à toute agression biogène. La protection de la biodiversité n'est donc pas un enjeux à l'échelle humaine pour la protection de la vie. Second niveau d'évaluation et d'analyse: notre espèce est relativement fragile. Or, la biodiversité est un élément essentiel de l'équilibre et de la santé humaine. Mais cela n'importe pas encore à l'échelle d'un mandat politique bien que cela touche déjà directement les citoyens dans leur bonheur quotidien, dans leur santé (490 000 européens meurent prématurément chaque année du fait de la pollution de l'air, de l'eau ou des aliments). Troisième niveau d'évaluation et d'analyse: la santé économique de notre pays et de notre communauté: La France est l'une des premières destinations touristiques au monde. Notre économie en dépends largement. La qualité (gastronomie, couture, histoire) mais aussi la biodiversité (paysages, richesses écologiques) font l'attractivité de notre pays. Dans un contexte mondial que nous aurons de plus en plus de mal à maitriser, du fait de la mondialisation des normes et du coùt très bas des productions étrangères, notre principale carte à jouer repose sur la qualité, l'image d'exception. Pour ces trois raisons mais dont je sais par expérience que la troisième touche davantage la vision de court terme, légitime malheureusement, de la plupart des élus, j'ai du mal à comprendre que l'on ne puisse pas mettre plus de moyens à disposition de la gestion et de la protection de la nature, source d'emplois, source d'attractivité, source d'épanouissement. De récentes études économiques ont montré qu'un euro investit dans un parc national rapporte en 11 € (PN de Guadeloupe) et 92 € (PN de Port Cros). Quel banque Monsieur le Président, quel placement vous rapportera autant tout en satisfaisant les populations locales. Certes il y a peu d'argent à mobiliser, mais quand le placement est aussi rentable écologiquement, économiquement et socialement, j'ai du mal à comprendre ce désintérêt, et cela d'autant plus qu'il est relativement aisé de mettre les acteurs autour de la table et réussir à converger vers des projets de qualité en fédérant les citoyens. Tout le monde y sera gagnant.
Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Non
À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui
Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
D'une part, c'est mon travail depuis 30 ans, 15 ans dans le privé, 15 ans dans le public (AAMP, CDL, DREAL, AFB). Mais je ne peux que constater que partout, les solutions existent mais c'est le plus souvent la volonté poliltique, l'engagement plus encore que les moyens qui manquent. Ex n°1: Mayotte hébergeait l'une des plus belles station de ponte de tortues vertes au monde. Saziley, site paradisiaque aurait suffit à lui seul à faire vivre l'économie de l'île si nous avions su imposer une police à l'anglo-saxonne, dure, efficace et respectée. De nombreux touristes seraient venus pour observer ce spectacle en plus de la beauté d'un des plus beaux lagons du monde. Au lieux de cela, nous avons laissé faire, le braconnage s'est développé, et il n'est même plus possible d'aller observer les tortues marines sans se faire menacer et voler. Plus une tortue ne repart vivante à l'eau. L'Etat mériterait sur ce point d'être attaqué en justice. Mais j'ai un devoir de réserve à assumer. Ex n°2: La rade de Brest abrite un habitat quasi-unique au monde. Cet habitat, le maërl à Lithophyllum fasciculatum (désolé pour ces précisions), est d'une très grande valeur écologique et fonctionnelle. Par peur de la colère les pêcheurs (qui savent se faire légitimement entendre) aucune mesure d'organisation ne se met en place pour l'exploitation de la coquille St Jacques dont les modes d'exploitation sont aujourd'hui incompatibles avec la conservation de cet habitat. J'ai travaillé avec des pêcheurs, et la plupart sont d'accord pour se mettre autour de la table, avec des restaurateurs et les services de l'Etat pour faire évoluer les pratiques et réer une coquille St Jacques labellisée. Mais il nous fait un peu plus de moyens pour travailler et aller jusqu'au bout de ces beaux chantiers gagnant gagnant. Le pêcheurs gagneraient mieux leur vie, les restaurateurs proposeraient un produit ""éco certifié gestion durable et responsable"", le l’habitat serait préservé. Il existe des milliers d'exemples tels que ceux-ci. Mais l'Etat doit mettre la gestion du patrimoine naturel au premier plan pour que cela serve l'économie, de social et nous permettre d'assumer notre responsabilité environnementale. Par ailleurs, l'Etat doit savoir s'opposer aux lobbies industriels pour stopper les plastiques (y compris à l'export), et transformer notre modèle de production vers des circuits plus responsables/ Les solutions techniques existent dans la plupart des cas. Il manque un courage politique. La plupart des français sont prêt à accepter des propositions bien formulées, bien expliquées, sans condescendance, sans mépris et avec pédagogie.
Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Je tente aujourd'hui de restaurer ma maison avec des matériaux écologiques, mais rien est fait pour m'y aider. La laine de bois, très efficace, ne se développe pas (dans un pays forestier comme le notre !) car les industriels de la laine de verre et autres isolants à forte plus-value industrielle sont favorisés. Idem sur ma chaudière, je souhaite remplacer ma vieille chaudière au fioul qui me fait horreur par un système plus écologique, mais j'ai du mal à financer un tel projet, peu d'offres, peu d'aide. Une petite surtaxe (je sais c'est pas très populaire en ce moment !) du fioul pour financer les chaudières bois, la géothermie ou tout autre alternative durable serait comprise.
Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Sur les trajets, bien sûr plus de transports en commun efficaces m'inciteraient à laisser mon véhicule au garage. Le développement du télétravail également, il faut avoir confiance aux travailleurs responsables. Enfin, par pitié, obligez les services publics à davantage travailler en visio-conférence. Incompréhensible qu'il faille aller 3 fois par semaine à Paris pour participer à des réunions alors que la visio est très efficace. Exemple: installez 1 site visio en ligne directe (pas de pb de compatibilité) entre les préfectures départementales et Paris (1 centre de 20 à 30 salles) serait rentabilisé en moins d'1 an. Idem entre Pointe à Pitre et Basse Terre, parcours sur lequels des milliers d'heures de fonctionnaires d'Etat et de collectivité sont perdues chaque année, aggravant en plus le problème des bouchons sur ces îles.
Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
M'aider à trouver des offres techniques, des comparatifs, des aides aux choix techniques. Ensuite, m'aider à aller vers ces solutions par des crédits d'impots. Je ne suis pas misérable, je suis cadre en fin de carrière mais il reste pour moi difficile d'investir plusieurs milliers d'euros dans un nouveau système de chauffage pour remplacer celui dont j'ai hérité en achetant ma maison et qui fonctionne très bien mais malheureusement au fioul.
Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Oui
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à utiliser ces solutions alternatives ?
Une meilleurs offre de transports en commun (les horaires ne me permettent pas de les utiliser), et des solutions innovantes de gares de co-voiturage mieux organisées (abris, affichages destinations, macaron de covoiturage sécurisé, ...)
Si non, quelles sont les solutions de mobilité alternatives que vous souhaiteriez pouvoir utiliser ?
Le covoiturage, Les transports en commun
Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Les solutions peuvent venir des citoyens mais elles doivent être encadrées et encouragées par les collectivités locales, communes, communautés de communes et départements qui doivent aménager des aires de co-voiturage bien organisées et innovantes (affichages, abris, applications, badges de co-voitureur sécurisant les jeunes ou les femmes souhaitant l'utiliser en toute tranquillité, caméras pour sécuriser les sites et tranquilliser les usagers, ...)
Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Faire envie. On n'impose rien par la force ni par les leçons de morale. Les pays d'Amérique centrale, de la Caraïbe et de l'Amérique du sud prennent souvent exemple sur la réussite du modèle économique du Costa-Rica qui a su déployer un modèle fondé sur son patrimoine naturel. La France devrait fonder sa réussite sur son environnement exceptionnel, éduquer sa propre population à l'intérêt général de cette politique, la réussir (nous avons tout pour cela) et cela diffusera comme un exemple de qualité et de réussite fondé sur la protection des ressources et des patrimoine. La qualité est l'avenir de la France. N'essayons pas du lutter contre les nations qui travaillent plus de nous, à beaucoup moins cher, mais soyons exigeants, exemplaires, forts et fiers de nos richesses culturelles et naturelles.
Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Oui, j'ai du mal à comprendre que l'on fasse économiser 13 millions d'euros aux chasseurs et par là même perdre à l'AFB (dont je suis un personnel !) autant de moyens de fonctionner. Certes j'en ai saisi l'origine, mais là encore, un beau manque de courage politique à contre sens de l'histoire.
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