Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ? [Autres]
Les menaces pour la santé et la sécurité crées par 1) les énergies non renouvelables y inclus le nucléaire 2) les pesticides dangereux et la banalisation de substances irritantes de grande consommation 3) la pollution de l'eau
Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Intervenir aux niveaux européen, national et régional pour interdire et remplacer les pesticides dangereux, et pour favoriser la diversification des sources d'énergie. La somme des comportements individuels vertueux ne suffira pas, il faut des politiques et interventions publiques.
Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui
Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Je vis au centre de Paris. Les étés deviennent plus longs et plus chauds et l'air dans la rue est souvent proche de l'irrespirable, et le temps devient plus nuageux toute l'année. A moyen terme, j'envisage de quitter la ville et le risque de catastrophe (notamment inondations et incendies) sera l'un des premiers critères de choix du lieu pour m'installer. J'espère aussi trouver un logement plus récent avec une meilleure isolation thermique.
À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui
Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
J'utilise une voiture (partagée) seulement une vingtaine de jours par an pour des vacances. Je n'utilise pas de sèche-linge. Je trie ou recycle autant que possible avec les solutions de proximité. J'utilise l'eau chaude à température modérée et les portes sont calfeutrées. Je mange de la viande rouge une fois par semaine et pas de viande ni volaille 2 ou 3 jours par semaine. Je prends toujours des sacs réutilisables pour les courses. Les autres solutions dépendent en partie de l'autorité municipale : par exemple, à Paris, quand on n'a pas de voiture il n'y a pas de solution pour disposer des produits contenant des solvents et substances chimiques etc (peinture et produits de bricolage).
Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Je fais de mon mieux pour éviter le surchauffage (hélas beaucoup de Parisiens s'habillent légèrement été ou hiver et mettent le chauffage à fond !) et climatisation au bureau. Chez moi, le chauffage (mixte gaz et électricité) est réglé manuellement et il est éteint la nuit sauf quand la thermomètre passe en dessous de 0°. Je n'ai pas de véhicule et même avec un jeune enfant je n'ai jamais ressenti cela comme une privation.
Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Je vois peu de marge. J'habite un immeuble vétuste où les copropriétaires n'ont pas d'argent pour des travaux d'isolation du toit etc. Je travaille à plein temps, les transports sont fatigants et des comportements plus vertueux (moins d'emballages et de gaspillage d'aliments) nécessiterait de consacrer plus de temps aux courses et la cuisine. Il me reste à faire plus d'effort pour acheter et préparer moins de nourriture - certains de mes achats vont directement du réfrigérateur à la poubelle.
Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Non
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
1/ Comme je prévois de déménager dans 3 ans, je n'envisage pas changement même si mes factures sont élevées. Il existe sans doute des solutions comme les extracteurs de chaleur et chaudières à condensation, mais leur prix est prohibitif. Le coût ne serait pas récupéré à la revente de mon logement (5e étage sans ascenseur). Sinon les obstacles sont pratiques et techniques : solutions inadaptées pour une petit appartement ancien en étoile (nombreux murs extérieurs : l'isolation classique - seule technique admise pour les déductions fiscales - me ferait perdre 15000 à 25000 euros en valeur de mètres carrés et il manquerait de place pour les meubles... ). 2/ Politique générale d'intervention : il faut créer des agences locales/régionales pour la transition écologique qui mettraient à disposition des conseils et un annuaire d'artisans agrées et réellement disponibles, avec une tarification transparente pour les travaux d'isolation. A Paris, c'est difficile de trouver des artisans abordables à qui on peut faire confiance. C'est un jeu de hasard, quand on a peu de moyens pour payer les travaux, on les repousse, de peur de se faire arnaquer ou tout simplement pour éviter la tracasserie (rdv non respectés, devis flous, factures jamais remises etc). Difficile de s'y confronter quand on travaille toute la journée en semaine. 3/ Les déductions fiscales ne couvrent pas le coût pour un ménage à revenus moyens - d'ailleurs les ménages non imposables semblent être exclus. 4/ On ne voit pas bien où s'adresser pour des conseils ou de l'aide, les fournisseurs veulent surtout vendre des appareils. Il faudrait créer des agences régionales de la transition écologique pour accompagner les particuliers.
Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Je n'utilise pas la voiture pour des déplacements quotidiens
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à utiliser ces solutions alternatives ?
Rien, je suis totalement convaincue depuis 30 ans. Il reste beaucoup à faire dans les zones non urbaines et péri-urbaines. Je ne fais plus de vélo (arthrose du genou), je l'ai essayé 2 fois au début de Vélib et ce n'est pas évident pour les déplacements quotidiens, les pistes cyclables restent intermittentes et on respire les gaz d'échappement...
Si non, quelles sont les solutions de mobilité alternatives que vous souhaiteriez pouvoir utiliser ? [Autres]
Rien dans l'immédiat, mais je serais ouverte à l'idée du covoiturage pour me rendre dans une ville non desservie par le train
Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Dans les zones à forte densité de population, la concurrence entre entreprises privées fait bien l'affaire, éventuellement avec une participation de la commune ou autorité intercommunale. En dehors des villes, il faudra sans doute une participation des finances régionales ou communales. Dans les petites villes ou constellations de villages, on pourrait créer des services de minibus, taxi collectif ou voitures électriques partagées, pour assurer entre autres l'accès aux services publics à des tarifs modiques.
Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
1/ Désolée, je ne vois pas quel choix exemplaire le France aurait à faire partager. La France a beaucoup de rattrapage à faire pour l'agriculture bio et la part d'énergie renouvelable, on est à la traîne comparé au Royaume-Uni (qui produit davantage d'énergie solaire que la France) et l'Allemagne, qui dépendaient fortement du nucléaire il y a 30 ans, c'est donc faisable de réduire sa part en France. --- 2/ Les Européens ne veulent pas vivre à côté d'une centrale nucléaire. Personne ne veut élever ses enfants à côté d'un site de stockage de déchets nucléaires. Les statistiques des émissions carbone ne nous dispensent pas d'accélérer le développement des énergies renouvelables. --- 3/ Il faudra miser sur le Parlement européen - en multipliant les répliques aux lobbys industriels qui bloquent les mesures - pour réduire ou interdire l'usage des pesticides dangereux qui menacent la sécurité alimentaire (contamination, disparition des abeilles). De même, il faut une politique européenne pour permettre de taxer les carburants des transports routiers et aériens sans distorsion de concurrence. --- 4/ Les Européens ont besoin de se coordonner pour protéger le climat et l'environnement, on a des choses à partager et à apprendre les uns des autres, par exemple en technologies de bâtiment écologique, agriculture raisonnée, méthodes naturelles pour remplacer (ou au moins réduire) l'utilisation de pesticides etc. Après, si une entreprise française réussit à inventer de nouveaux matériaux, des pesticides non toxiques (si une telle chose peut exister), ou imaginer de solutions innovantes pour les transports hors zone urbaine, ce sera formidable.
Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
1. C'est très bien de changer les comportements individuels, mais cela ne suffira pas. Pour atteindre les objectifs de sauvegarde du climat et de l'environnement, il faut des politiques publiques et des financements publiques - pour mettre les logements aux normes quand leurs propriétaires n'ont pas les moyens - et pour permettre d'autres choix de transports hors des zones urbaines. 2. Les taxes écologiques trop directs ne font que pénaliser les ménages à faibles revenus, ce serait pareil pour l'idée de taxer les résidences principales mal isolées. On ferait mieux de commencer par taxer le transport aérien et les grandes entreprise de logistique / transport routier, et attendre d'avoir mis en place d'autres choix de transports de voyageurs avant de taxer les habitants non urbains. Des taxes au niveau local seraient plus justes qu'une taxe nationale. De même, il faudrait commencer par inciter les entreprises à isoler leurs locaux. Pour instaurer des taxes carbones, il faudra éventuellement passer par un référendum mais ce n'est pas le bon moment. --- A moyen terme : une taxe sur l'extraction pétrolière et minière ainsi que sur le béton, tous des secteurs qui génèrent un très fort pourcentage d'émissions carbone, serait une mesure à envisager, avec ou sans des partenaires européens - mais pas avant d'avoir donné du temps pour que l'idée fasse son chemin parmi les leaders d'opinion. 3. Revoir la répartition entre la fiscalité de l'Etat et des régions pour permettre aux régions de gérer de façon plus autonome et dynamique la transition écologique et les projets dans leur territoire. Aux régions d'agir pour mieux neutraliser l'impact négatif de l'agriculture sur l'environnement (projets de méthanisation, prévention de la pollution de l'eau etc.) --- 4. La mise en place de nouveaux moyens de transports partagés ou collectifs doit également être confiée aux régions qui devraient répondre et participer aux demandes de communes ou banlieues enclavées. ---- 5. Il faut impliquer les entreprises et les locaux des administrations où il reste beaucoup à faire pour réduire les gaspillages, mieux recycler, réduire leur consommation d'énergie. --- 6. Les grandes entreprises pourraient être invitées / incitées à créer ou parrainer des projets écologiques en ville : panneaux solaires, végétalisation verticale etc. 7. Mesures de défiscalisation de l'immobilier neuf sous condition du respect de normes strictes d'isolation thermique. Le reponsabilité doit être confiée aux régions. ---- 8. Les gaspillage de nourriture atteint des niveaux ahurissants. Dans les villes, on pourrait organiser des points de collecte d'aliments non déballés à 2-3 jours de leur DLC et d'emballages ouverts à recycler. (Quand nous serons tous réduits à manger des insectes et des larves, il ne manquera pas de fourrage, le problème sera réglé... ) En province, il y aurait peut-être des éleveurs de cochons ou chèvres pour collecter et recycler des aliments jetés? Ou bien on pourra les transformer en engrais. Sinon il y aurait sans doute des progrès à réaliser pour inventer des emballages biodégradables et pour inciter les consommateurs à acheter en vrac, avec des applis smartphone qui nous apprendraient à acheter moins et à mieux estimer les quantités dont on a besoin. 9. La France a le plus vaste territoire de tous les pays de l'UE (en excluant le Groenland) avec une densité de population relativement faible. Les défis sont différents donc, la désertification des campagnes se poursuit au centre du pays. On pourra imaginer de nouvelles manières de valoriser les terres abandonnées : des parcs de panneaux solaires, l'installation d'éoliennes, la cultivation de fruits ou autre produits (ex. les myrtilles, le quinoa) qui sont actuellement transportés à travers les hémisphères, la plantation de puits à carbone etc. ---- Une autre idée par exemple serait de permettre à des particuliers ou des associations d'habitants des villes d'acquérir ou louer des terrains pour cultiver, le temps des weekends, des arbres fruitiers, des légumes, d'élever des poules etc pour leur propre consommation. Ou cela pourrait faire partie d'un projet éducatif pour des élèves des banlieues qui apprendraient à produire de la nourriture. --- 10. L'énergie nucléaire pose plusieurs problèmes : d'abord l'Etat et ses technocrates continuent d'entretenir un mythe d'une énergie pas chère alors que le coût à venir du démantèlement et du stockage des déchets n'est pas intégré au prix - une partie semble se cacher dans diverses taxes euphémiques (taxe ""d'acheminement"" ou autres ??) qui ne pourront qu'augmenter fortement dans les années à venir. --- 11. Le traitement des déchets nucléaire pose d'importantes questions d'intérêt public notamment les risques de santé et les citoyens ont le droit d'être informés et d'avoir leur mot à dire sur l'emplacement des sites de stockage. Malheureusement, ces déchets existent déjà et continueront de s'amonceler, il faudra bien en faire quelque chose. Mais il faut plus de transparence pour partager la responsabilité et le consentement, et éviter de vouloir criminaliser ou décrédibiliser des contestataires pacifiques. --- 12. Coopération internationale : Arrêter la désinformation dans les comparaisons - pour identifier où les efforts sont à faire, ce n'est pas seulement une question de quantité totale d'émissions carbone d'un pays, mais aussi des émissions par habitant. De quel droit les occidentaux interdiraient aux habitants des pays émergents de mieux manger et d'accéder aux mêmes conforts et technologies que nous. D'ailleurs si on laisse le gros des efforts aux grands pays d'Asie, on sera à la traîne sur le plan technologique, ils développeront sans nous les solutions écologiques du futur.
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