Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ?
La biodiversité et la disparition de certaines espèces
Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
En introduction, j'aimerais souligner que l'ouverture du projet minier en Guyane est une véritable catastrophe écologique et sanitaire sans précédent et non durable, promettant des emplois éphémères et des richesses faussement réparties, et pour laquelle je lutterais contre son ouverture. Le soutiens de plusieurs ONG environnementales contre son ouverture souligne bien que ce projet est une impasse accélérant les catastrophes climatiques en cours.
o Engager une renégociation de la Politique agricole commune, pour le développement d'une agriculture plus responsable et durable, afin de soutenir la transition vers l’agro écologie. La PAC doit pouvoir être un instrument de soutien à la restauration de la biodiversité et des paysages, avec la promotion des infrastructures « vertes » (recréation de haies, bandes enherbées, rotation des cultures, etc…), et en intégrant la réduction drastique des pesticides, l’amélioration du bien-être animal, le tout au service d’une alimentation et un environnement sains et durables pour tous.
o Soutenir la mise en place des circuits courts, c’est-à-dire la commercialisation des produits agricoles soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire.
o Mettre fin aux subventions publiques pour les retenues de substitution pour l’agriculture intensive. Ces retenues sont des réserves de stockage d’eau (aussi appelées « bassines ») exclusivement destinées à l’irrigation, alimentées par les eaux pluviales et déconnectées du milieu naturel. Ces dispositifs, dont l’agriculture intensive est aujourd’hui très dépendante, présentent des conséquences majeures sur les milieux et la ressource en eau. Ces pratiques doivent cesser pour permettre un vrai changement de modèle agricole.
o Créer un réseau de forêts en évolution libre (c’est-à-dire non cultivées) couvrant environ 5 % de la surface forestière française comme cela existe en Allemagne. Cela permet notamment d’augmenter la biodiversité (insectes, champignons, lichens...) liée aux vieux peuplements et bois morts
o Accélérer la création ou l’extension de 20 réserves naturelles nationales prévues dans le plan biodiversité du Gouvernement d’ici la fin du quinquennat, en donnant des consignes claires aux Préfets.
o Lutter contre la pollution lumineuse, en supprimant toutes les aides et dispositifs publics soutenant actuellement les éclairages les plus néfastes pour la biodiversité. Conditionner les soutiens financiers publics à l’éclairage à des critères permettant de ne pas nuire aux paysages et la biodiversité
o Renforcer la création d’espaces naturels protégés en outre-mer
o Activités minières : renoncer aux projets d’exploitation aurifère titanesques en Guyane dont les impacts sur l’environnement handicaperont les territoires pour plusieurs dizaines d’années (ex. : projet Nordgold en Guyane, le projet minier de la Montagne d’Or) et dont les retombées financières pour les habitants sont provisoires et dérisoires.
o Relancer la protection des zones humides (mangroves, deltas, marais et estuaires) par l’acquisition foncière, avec un objectif chiffré pour le mandat, et exiger des Agences de l’eau un soutien à la restauration massive des grandes zones humides
o Restaurer la continuité écologique des fleuves et rivières
o Mettre en place une véritable stratégie de co-existence avec les grands prédateurs (loup, ours…) avec comme priorité l’extension et l’amélioration des moyens de protection : mettre un terme au braconnage du Lynx dans les Vosges et le Jura qui a quasiment fait disparaître l’espèce, couplée à une politique de réintroduction par le renforcement d’au moins 10 individus ; conforter la population d’ours dans les Pyrénées.
o Créer une brigade spéciale (cynophile) de lutte contre les usages de produits toxiques (de nombreuses espèces, et en particulier des rapaces, sont victimes de l’usage d’appâts empoisonnés majoritairement à base de produits interdits)
o Lutter contre le trafic d’espèces sauvages : interdire le commerce en ligne d’animaux vivants ainsi que l’importation de trophées de chasse d’espèces menacées
o Professionnaliser et sécuriser financièrement les Centres de sauvegarde des animaux en détresse qui rendent des missions de service public et ne bénéficient d’aucun soutien de la part du secteur public
o Faire du bien-être animal y compris de la faune sauvage une des grandes lois du quinquennat : mettre en place une commission sur la cause animale pour un travail préparatoire et méthodique.
o Remettre le permis de chasse national à son prix initial
o Mettre fin aux pratiques de chasse cruelles et moralement inacceptables, en particulier : la chasse à courre, la vénerie sous terre des renards et blaireaux, les piégeages dits « traditionnels » et la persécution des animaux considérés comme « susceptibles d’occasionner des dégâts » (anciennement appelés « nuisibles »)
o L’obtention du dimanche sans chasse pour un meilleur partage de l’espace public
o L’arrêt de l’élevage et des lâchers d’animaux à seule fin cynégétique
o Le retrait des espèces en mauvais état de conservation des listes chassables
o Le remplacement du plomb par l’acier dans les munitions (pollution)
o La multiplication des contrôles et le renforcement des sanctions à l’encontre des contrevenants
o L’abandon du projet de réouverture des chasses présidentielles
o L’interdiction du prosélytisme de la chasse et des armes dans nos écoles
Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui
Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Chaleur estivale, canicule, pollution de l'air, sentiment d'incompréhension et de rage face à l'inaction des gouvernements (catastrophes naturelles plus fréquentes et plus violentes), disparition de certains milieux naturels et d'espèces associées procurant du bien-être (vers un printemps silencieux???)
À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui
Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
Mon travail (charge d'études en environnement) me permet localement de promulguer des aides à la conception en faveur de la biodiversité. Ecogestes de tous les jours, et orientation des achats vers des produits plus simples et plus sains pour l'environnement (locaux, bio). Déplacement par les transports en commun (possible à Paris majoritairement, ne pas oublier que dans les petites communes le seul moyen de transport possible est la voiture...)
Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Je le fais déjà (prise de conscience de protection de la nature très tôt par la lecture, les reportages et confirmée par la faculté de bio)
Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Aides sur les modes de déplacement plus responsables (vélos, transports en communs) et développement des circuits courts aujourd'hui quasiment inexistant à paris ou faiblement valorisé.
Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
Etant en colocation et non propriétaire il m'est difficile de changer de mode de chauffage
Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Je n'utilise pas la voiture pour des déplacements quotidiens
Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Les communes, les métropoles, l'Etat
Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Malgré l'existence de nombreuses réglementations, la France a bien du retard en terme de protection de l'environnement comparé à d'autres pays... C'est l'application de ces réglementations de protection qui pose problème.
La France doit appliquer de manière plus vertueuse les Directives européennes en faveur de la biodiversité et, plus largement, de l’environnement.
Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Tellement d'autres.
Que l'écologie prenne une place majeure dans les prises de décisions politiques et sociétales, car il est tant de "Changer pour ne pas disparaître" (citation de Monsieur Pierre Rabhi)
Ma génération et les générations suivantes allons vivre dans un monde soumis à de nombreuses crises, toutes en lien avec le dérèglement climatique. La cause : l'inaction des politiques précédentes et actuelles, malgré les nombreuses alertes poussées par les scientifiques depuis plus de 60 ans.
Nous nous souviendrons de vous comme celles et ceux ayant participé à ce désastre nous menant à une impasse.
Lire une autre au hasard