Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ? [Autres]
Séparer les problèmes est incohérent d'autant plus que vous mélanger les causes (la pollution, les gaz à effet de serre) et les conséquences (dérèglement climatiques, perte de la biodiversité). Ils sont tous liés, nous sommes entrées dans une nouvelle période de notre histoire : l’anthropocène. Il faudrait donc traiter globament tous les problèmes, les causes (pollutions de l'air, des sols, de l'eau, augmentation des gaz à effet de sert, destruction des habitats (déforestation, chasse, urbanisation), agriculture intensive et monoculture...) et les conséquences de l'anthropocène (effondrement de la biodiversité, empoisement de la faune (humains compris) et de la flore, dérèglement climatique, augmentation du niveau de la mer...).
Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
De nombreux spécialistes et scientifiques ont publié des analyses très détaillées et documentées qui expliquent que l'anthropocène est lié à notre système économique et social basé sur un besoin de croissance perpétuel. Or les ressources naturelles (les minéraux, énergies fossiles, espaces cultivables, espaces urbanisables...) sont limités. Il faudrait donc revoir en profondeur notre système pour le baser sur un mode de vie n'ayant plus la croissance comme moteur. C'est belle et bien une révolution des mentalités qui doit avoir lieu. Un changement radical de nos modes de vie. Il faut repenser notre façon d'appréhender le monde et notre intéraction avec la nature dont nous faisons partie intégrante. C'est un vaste projet qui me dépasse totalement mais que je crois nécessaire si nous voulons éviter l'effondrement totale de notre civilisation. Il faut entrer dans l'ère de la résilience et de la parcimonie.
Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui
Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Cette question est mal posée car il est évident que pour la plupart des français, le changement climatique peut passer inaperçu car nous sommes, pour la plupart, pas directement confrontés à des sécheresses, des crues, ou bien la montée des eaux des océans, et ce, d'autant plus que nous avons les moyens économiques et technologiques d'y résister (pour le moment).
Par contre, d'une manière indirecte, je suis touché dans ma vie quotidienne par le changement climatique lorsque je vois les sécheresses qui s'abattent sur d'autres pays plus exposés, lorsque je vois l'arrivée en masse de "migrants climatiques", lorsque je vois la disparition d'écosystèmes inestimables (fonte des banquises, disparition de la forêt tropicale...) qui font tout l'intéret de vivre sur notre planète.
À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui
Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
Encore une question mal posée car elle sous-entend que la dégradation de l'environnement est le simple fait des citoyens. On oublie que la dégradation de l'environnement est principalement le fait des industries polluantes (pétrochimie, textiles...), de l'agriculture intensive (monoculture, OGM, pesticides, engrais, gaz à effet de serre...), du transport de marchandises (pollution des mers, pollutions sonores du ciel, de la terre et des fonds marins, production de gaz à effet de serre, destruction des habitats pour la construction de nouvelles routes, aéroports...), des entreprises du numérique (les clouds sont en train de devenir de véritables gouffres énergétiques, et le matériel électronique nécessite des matériaux rares et de plus en plus difficiles à extraire du sol), et ainsi de suite.
A mon niveau, je tente de réduire mes déchets (boycotte des produits avec suremballage...), je fais le tri, je mange local quand c'est possible (pas toujours facile à trouver à Paris) et bio même si ça me coute très cher, je me déplace à pieds et en transports en commun (je n'ai plus eu de voiture depuis plus de 15 ans), je vis dans une petite surface (moins de meuble, pas de place pour des trucs inutiles). Pour résumer, je consomme le moins possible, non pas parce que je n'en aurais pas les moyens, ni pour faire des économies d'argent, mais pour éviter de participer au grand gachis collectifs... Mais je suis lucide et je sais très bien que ça ne suffira pas pour vraiment protéger notre environnement si nous ne nous attaquons pas aux vrais pollueurs.
Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Je suis locataire, donc je ne peux pas agir sur le chauffage ou l'isolation de mon appartement. Je ne peux que réduire la température dans mon 2 pièces et mettre des pulls.
J'ai déja renoncé à avoir un véhicule personnel puisque je n'en ai aucune utilité. Lorque j'ai besoin d'une voiture, je l'emprunte à une connaissance ou je la loue : partage des biens pour une meilleure utilisation.
Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
Comme je ne suis pas totalement cohérent, je n'arrive pas à me priver de voyager en avion. Je pollue donc énormément, bien plus que si je prenais ma voiture tous les jours... Je ne vois pas comment m'inciter à limiter mes déplacements en avion, sauf à me donner plus de temps libre pour pouvoir me déplacer en train ou bien en surtaxant les prix des billets d'avion. Si partir en weekend à Naples me coutait 700€ au lieu de 70€ actuellement, j'y réfléchirais à 2 fois.
Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Oui
Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à changer de mode de chauffage ?
Il faudrait que vous puissiez convaincre mon propriétaire (incitation fiscale ? obligation réglementaire ?)... Et nous sommes encore très nombreux à vivre en location en France.
Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Je n'utilise pas la voiture pour des déplacements quotidiens
Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Bien que je n'ai pas besoin de solutions de mobilités alternatives actuellement, je pense qu'il est nécessaire de développer les transports en commun avec un maillage dense et fréquent sur tout le territoire français comme il en existe dans les pays en développement où la voiture particulière est un luxe inaccessible pour la majorité. L'idéal, serait d'avoir un service public, donc gérer par l'état et les collectivités territoriales, qui soit obligé de desservir tout le territoire. Il faut remettre le train au coeur de notre système de déplacement (et je ne vois pas en quoi la réforme de la SNCF permettra de desservir plus de territoire et avec une fréquence plus grande) et y addosser des transports collectifs plus souples, tels que des minibus pour rejoindre les coins les plus reculés.
Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Je ne comprends pas la question...
S'il est question de vouloir vendre notre politique environnementale à l'étranger, je suis contre car elle est insuffisante (en effet, lorsqu'on regarde votre questionnaire, il est avant tout question de la réduction du CO2 (quid des autres causes de l'anthropocène) en réduisant la place de la voiture (et l'avion et le transport routier alors ?) et en se chauffant mieux...). Nous ferions mieux de nous inspirer à minima des politiques menées dans les pays scandinaves.
Si la question concerne l'adoption de mesures pro-environnementales à l'encontre des directives européennes, je suis pour que la France ne respecte pas ces directives européennes et protège son environnement et sa population, par exemple en prenant des mesures de protectionisme (taxation des produits lointains, polluants, non éthitques...). Bien entendu, cela nuira à la croissance (mais celle-ci n'est-elle pas la principale cause de l'anthropocène ?), mais cela nous obligera à consommer localement, équitablement, de manière éthique et socialement responsable.
Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Bien entendu, votre questionnaire se limite principalement à l'isolation des habitations et à la mobilité.
Nous aurions pu aussi débattre de la pollution des entreprises, des industries, de l'agriculture intensive et des transports des personnes et des marchandises qui sont la cause de la majorité de la pollution et des destructions de la planète.
Nous aurions pu débattre de la place du nucléaire en France, comment éviter d'avoir notre Fukushima (nous ne sommes pas plus malins que les Japonais...), que faire des déchets nucléaires, pourquoi ne pas passer aux centrales au Thorium et abandonnées les projets de super-réacteurs et pourquoi ne jamais aborder la dépendence de notre industrie du nucléaire vis à vis des quelques pays producteurs d'uranium (car je le rappelle, la France ne possède pas de mine d'uranium qui est la base de notre industrie nucléaire)...
Nous aurions pu discuter des énergies renouvelables, des nouveaux problèmes qui y sont associés (besoin de batteries de stockage constituées de terres rares (que l'on ne trouve pas en France, ni en Europe d'ailleurs), destruction de paysages (barrage), pollution visuelle (ferme eolienne, ferme solaire ), polution sonore (bruit des turbines (dans la mer et dans l'air) qui ont des impacts encore mal maitrisées sur la biodiversité). Une solution "locale" pourrait être de mettre en place des méthaniseurs et du recyclage des déchets verts à l'échelle des quartiers, villes à peu à la manière de San Fransisco pour s'assurer d'une indépendance énergétique à l'échelle locale. Il y a aussi des coopératives, telles que Enercoop, qui en plus d'avoir un modèle de société "démocratique", propose de l'énergie vraiment verte en provenance de "petits producteurs" d'énergie renouvelable. Je suis convaincu que les sollutions seront locales, partagées et coopératives (comme il en existe un peu en France e beaucoup dans le nord de l'Europe) plutôt que globales. Je n'attends rien d'EDF, GDF, Total et j'en passe qui sont des systèmes à part entière qui souhaitent juste s'autoentretenir et grossir, sans parler du rendement pour les actionnaires. Il est impossible pour ces grandes entreprises de se remettre en cause et d'aller dans le sens l'intéret général. Ce sont des administrations centralisés, comme celle des états, mais sans démocratie...
Nous aurions pu parler de la pollution, et en particulier de la pollution de l'air dans les villes. Comment se fait-il que la voiture particulière y est encore une place de choix. Pourquoi les transports en commun ne sont pas la règle. Pour la place des piétons n'est réservé qu'aux trottoirs et à quelques rues dans les centres villes transformés en centre commercial à ciel ouvert... Pourquoi ne pas restreindre les centre-villes aux voitures et scooter électrique (Comme c'est le cas à Shanghai, où les chinois ont été obligés (régimes autoritaires) de passer aux scooters électriques. ). Pourquoi ne pas installer des zones de relais, à l'exterieur des villes pour passer du transport particulier au transport collectif. Pourquoi ne pas rentre les transports en commun gratuit comme c'est aussi le cas dans de très grandes villes dans le monde. Gratuité = plus de contrôleurs à payer, plus de machines (billets, portiques) à maintenir, fluidité des flux de passagers.
Nous aurions pu parler de l'agriculture bio et/ou locale respectueuse de la nature. Pourquoi ne pas imposer le bio dans les cantines scolaires, les cantines des administrations pour soutenir la filière et promouvoir le mieux manger. Sans parler que manger sain, nous permet d'avoir un corps sain et donc réduire le nombre de maladies (cardiovasculaire (à cause du gras), cancer (à cause des pesticides ou perturbateurs endocrinien) et ainsi réduire les dépenses de santé. C'est un cercle vertueux.
Nous aurions pu débattre de fiscalité verte, comme par exemple mettre une TVA verte (30%) sur les produits non respectueux de l'environnement et de la société (industrie du textile fait en Asie dans des conditions déplorables, produits agroalimentaire à base d'huile de palme, issu d'agriculture intensive ou à l'autre bout du monde, produits issus du pétrole ou autre ressource non renouvelable).... Taxer les déchets produits par les ménages au poids, comme ça se fait à San Fransisco. Cela permettrait une prise de conscience des consommateurs et les obligerait à réduire leur consommation, ce qui obligerait les entreprises à réduire les suremballages. Taxer les entreprises dont les produits tombent en panne en quelques mois ou quelques années, les obliger à les reprendre pour les recycler entièrement. Obliger les entreprises qui créeent de nouveaux produits à inclure un processus de recyclage pour une autorisation de mise sur le marché.
Enfin nous aurions pu aussi débattre de la place de l'Homme dans son environnement, de son omniprésence, de la population croissante en France et dans le reste du monde, du partage de la planète avec les autres animaux qui la composent.
Pour conclure, la transition écologique se fera qu'on le veuille ou non car les ressources de la planète ne sont pas infinis. Il est plus que temps de vraiment se poser les bonnes questions, d'oser remettre à plat nos doctrines, nos croyances et notre mode de fonctionnement pour que nous accompagnons le mieux possible l'effondrement de nos sociétés, car il n'est plus question de crises (= retour à l'équilibre possible) mais d'un boulversement profond déjà en marche que les experts nomment anthropocène. Il ne s'agit plus de bricoler... Je doute très fort qu'à l'issu du grand débat, nos politques remettent en cause les politiques menées depuis des décennies. J'aimerais tellement avoir tord !
Lire une autre au hasard