Intégralité de la contribution intitulée "Qualité de l'air & flottes d'entreprises"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Transition écologique le 25 janvier 2019 à Bègles .

Quel est aujourd'hui pour vous le problème concret le plus important dans le domaine de l'environnement ?
La pollution de l'air

Que faudrait-il faire selon vous pour apporter des réponses à ce problème ?
Aujourd'hui, les énergies fossiles constituent un double problème : d'abord leur disponibilité qui va tendre à diminuer de plus en plus vite, le coût de recherche de nouveaux gisements techniquement complexes d'accès ne pouvant être supporté, et ensuite les effets de leur utilisation sur le climat et la santé publique. Par conséquent, nous devons trouver des alternatives. Aucune n'est parfaite : le nucléaire génère des dangers et des déchets qu'on ne sait pas traiter, l'éolien et le photovoltaïque se heurtent aux résistances locales, consomment de l'espace naturel (pour le PV), altèrent localement la faune (éolien), et la conception de batteries ponctionne les ressources minières et leur retraitement reste encore nébuleux. Toutefois, aucune de celles-ci ne génèrent de rejet de GES, contrairement aux industriels mais aussi et pour une part significative les déplacements, notamment automobiles.
Or, quelques heures d'observation en secteur urbain met en évidence que l'essentiel des déplacements dans la journée sont le fait de professionnels, avec des véhicules de société (dit de service). En parallèle, entreprises et collectivités disposent à ce jour de flottes de véhicules bien souvent très importantes (Orange, EDF, Enedis, les métropoles, etc) et même des sociétés de taille plus modeste disposent parfois de plusieurs dizaines de véhicules pour assurer leur mission. En bref, on parle de plusieurs centaines de milliers de véhicules en France qui circulent chaque jour.
Imaginons un instant que, allez, 50 % de ce parc automobile devienne électrique. L'impact sur la qualité de l'air, et donc sur la santé publique, serait significatif. Malheureusement, aujourd'hui, le coût de remplacement de véhicules de société diesel par des véhicules électriques est disproportionné.
Exemple : cette année, je devais renouveler deux véhicules diesel de type Renault Clio, qui arrivent en fin de leasing (3 ans - 90 000 km). L'idée était d'en remplacer un des deux par une Renault Zoé (plus petite) qui serait utilisée dans un rayon de 100 à 150 km. En leasing, une Clio sur 3 ans - 90 000 km, c'est environ 230 à 250 €/mois. Eh bien, une Zoé sur 3 ans - 70 000 km, c'est... 600 €/mois (batterie et entretien inclus, comme pour la clio). A quoi se rajoute l'investissement, certes limité, de l'installation d'une borne de recharge, à notre charge, vu que le bâtiment de bureaux est conçu de telle manière que la réglementation n'impose pas au propriétaire de prendre en charge les travaux nécessaires (les "exceptions" sont à ce sujet hautement discutables). Aujourd'hui, malgré toute la volonté des entreprises d'agir plus vertueusement, le nerf de la guerre n'est reste pas moins les dépenses et même en tenant compte de l'économie générée en terme de carburant ('exercice a également été fait), cela ne compense que de façon anecdotique la différence de prix. Conclusion : j'ai repris des clios diesel.

Je propose donc que l'Etat accompagne les entreprises dans la conversion de leur flotte en électrique, a minima 50 %, en subventionnant la différence de prix entre les deux options sus-mentionnées. Le financement de cette mesure est indirect, c'est vrai et à long terme : l'amélioration de la qualité de l'air diminuera les maladies chroniques et par voie de conséquence, les dépenses de la sécurité sociale. A noter que si les constructeurs français accélèrent leur développement de modèles électriques et mettent de l'énergie (sic) en R&D pour des véhicules électriques de plus en plus performants, ils ne perdront pas de parts de marché (parce que, oui, le lobby existe). On peut également envisager un panachage avec une participation indirecte, cette fois des autorités locales, par exonération des taxes locales des entreprises (sur une durée limitée, par exemple, la durée du leasing, soit 3 ans) qui accepteraient de jouer le jeu. Idem pour le financement des points de charge, à rendre totalement obligatoire pour tous les bailleurs de bureaux (anciens ou nouveaux), avec une exonération éventuelle plutôt que d'une prime qui est à ce jour plafonnée et reste faible au regard du prix des travaux.

Diriez-vous que votre vie quotidienne est aujourd'hui touchée par le changement climatique ?
Oui

Si oui, de quelle manière votre vie quotidienne est-elle touchée par le changement climatique ?
Des étés de plus en plus chauds, de plus en plus longtemps, avec une qualité de vie qui se dégrade (pas de climatisation - arrivée du moustique tigre jusque dans le Sud-Ouest et chaque année de plus en plus vers le nord, une vraie nuisance), et des conditions de travail de plus en plus difficiles à gérer en période estivale (travail en canicule, fatigue, augmentation des risques d'accidents). Augmentation des prix des produits frais dont la production est assujettie aux conditions climatiques (sécheresse). Dégradation de la qualité de l'air, avec un risque accru pour ceux qui se déplacent en vélo.

À titre personnel, pensez-vous pouvoir contribuer à protéger l'environnement ?
Oui

Si oui, que faites-vous aujourd'hui pour protéger l'environnement et/ou que pourriez-vous faire ?
Habitant à moins de 3 km de mon lieu de travail, je me déplace en vélo. Je trie mes déchets. Je mets en place des actions pour contrôler ma consommation électrique et d'eau. Je tente de faire vivre le RSE auprès de mes collaborateurs.

Qu'est-ce qui pourrait vous inciter à changer vos comportements comme par exemple mieux entretenir et régler votre chauffage, modifier votre manière de conduire ou renoncer à prendre votre véhicule pour de très petites distances ?
Concernant le vélo : sécuriser, sécuriser, sécuriser ! Chaque jour, sur 2*3 km, je manque de me faire tuer. Zone à 30, sens unique pour les voitures, à double sens pour les vélos. Malgré la signalisation verticale et horizontale, beaucoup d'automobilistes râlent et signalent qu'on est en infraction (alors que non). On compte dans les équipements cyclables ces aménagements mais dans les faits, on ne devrait pas parce que cela reste dangereux, ce ne sont pas vraies pistes cyclables, séparées des voitures. Les incivilités, aussi, sont légion : voitures garées sur les zones cyclables, non respect des priorités, et ce de la part, également, des agents des services publics et/ou territoriaux.
Je propose une campagne de communication nationale (journaux, télé) pour sensibiliser les automobilistes et les cyclistes (parce que certains ont également des comportements dangereux) afin d'améliorer la cohabitation et d'apaiser tout le monde.

Concernant le chauffage, le problème reste l'isolation du logement. L'isolement par l'intérieur coûte cher et sur le principe, même un endettement à 0% me dérange, je préfèrerais une participation directe aux travaux.

Quelles seraient pour vous les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier pour vous inciter à changer vos comportements ?
cf. ci dessus

Par rapport à votre mode de chauffage actuel, pensez-vous qu'il existe des solutions alternatives plus écologiques ?
Non

Avez-vous pour vos déplacements quotidiens la possibilité de recourir à des solutions de mobilité alternatives à la voiture individuelle comme les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, le transport à la demande, le vélo, etc. ?
Oui

Si oui, que faudrait-il faire pour vous convaincre ou vous aider à utiliser ces solutions alternatives ?
cf. ci dessus. Plus de sécurité pour les déplacements en vélo.

Concernant les transports en commun, trouver une solution pour garantir une meilleure régularité pour les bus en terme d'horaires. Des progrès ont été faits mais cela reste perfectible.

Plus généralement, remettre en service les voies ferrées et les gares tombées en déshérence, créer des parkings au niveau de chacune de ces gares (financement de type 1 € par usager pour la journée, ou remboursement via le titre de transport) pour que chacun puisse amener ses enfants à l'école avant de partir à la gare et de prendre le train pour rejoindre son lieu de travail.

Améliorer le service de la SNCF ! Sans aller jusqu'à espérer un niveau de service équivalent à celui des japonais (qui s'excusent lorsque le train arrive... en avance), que cessent enfin les excuses interminables pour justifier les retards et les annulations : matériel trop vieux, personnel absent ou malade, sangliers, cerfs, suicides, etc. Inciter les gens à prendre le train, c'est aussi leur apporter la garantie qu'ils seront à l'heure au travail ou pour aller récupérer leurs enfants à l'école le soir. Sans ces garanties, il sera compliqué de convaincre chacun de changer de mode de transport.

Si non, quelles sont les solutions de mobilité alternatives que vous souhaiteriez pouvoir utiliser ?
Les transports en commun, Le vélo

Et qui doit selon vous se charger de vous proposer ce type de solutions alternatives ?
Les pouvoirs publics, tant l'Etat qui doit aider les collectivités locales que les collectivités locales elles-mêmes, en lien avec la Région.

Que pourrait faire la France pour faire partager ses choix en matière d'environnement au niveau européen et international ?
Pas d'idées là tout de suite

Y a-t-il d'autres points sur la transition écologique sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Réduire les déchets. Obliger les entreprises à réduire les emballages en les taxant lorsqu'elles ne font pas cet effort. Développer la production et la consommation d'électricité autonome, favoriser les smart grids, les boucles d'eau chaude, mutualiser les productions autonomes à l'échelle de la rue ou du quartier, libérer des espaces en ville pour la production de fruits et de légumes au plus près des consommateurs, interdire aux enseignes de détruire les invendus et les remettre sur le marché.


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