En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Les intellectuels, les scientifiques, les responsables associatifs et syndicaux, les artistes, les écrivains, les philosophes et les poètes. Pourquoi? Parce que leur parole est libre, qu'ils prennent le temps de faire un pas de côté, qu'ils nous éclairent et nous protègent.
En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui
Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Les associations et les organisations qui agissent concrètement sur le terrain avec des actions qui font du bien: défense des droits de femmes, de l'enfance, écologie, droit au logement. Par ailleurs, les citoyens manquent de lieux leur permettant de se retrouver, d'échanger. Récemment la ville voisine de la mienne (Sceaux) a fait appel à une association (la belle friche) pour gérer une friche avec un bâtiment sur une période limitée: le succès a été total. Toutes les générations se sont retrouvées dans ce lieu, le restaurant, le bar était géré par l'association avec des produits locaux (bière locale, etc). Créer du lien sans lieu et sans faire appel à des associations en capacité de gérer est illusoire. Il faut réveiller les villes en recherchant de associations structurées, expérimentées: elles existent!
Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Que les citoyens soient soutenus dans leurs démarches collectives: les élus (locaux) restent trop souvent sourds aux projets susceptibles de dynamiser leurs villes. Il y a beaucoup d'énergie et peu de concrétisation. Les choix politiques incohérents détruisent peu à peu les liens entre les citoyens et les élus. Les élus sont courageux en consacrant parfois leur vie à leurs concitoyens mais peinent à soutenir les dynamiques locales. Du côté des citoyens, il faut multiplier les efforts de communication pour les sortir de chez eux, de leur petit confort, de leur ordinateur et de leur télévision! Il faut les faire culpabiliser sur leur passivité.
Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose
Pourquoi ?
Parce que c'est une évidence: comment un sénateur ou un député peut-il assumer correctement ses fonctions en étant, Maire, Président de Communauté de communes, Président du syndicat des eaux, etc...
Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Des citoyens beaucoup plus engagés: on a les élus qu'on mérite.
Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Oui
Si oui, lesquels ?
Députés, sénateurs et conseillers départementaux / régionaux.
Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
En leur rappelant que la démocratie ne vit qu'avec leur participation, leur investissement.
Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui
Si oui, de quelle manière ?
En l'associant à un candidat virtuel, qui serait celui des déçus par les candidats présents. Au-delà d'un certain seuil, le vote blanc pourrait annuler une élection et générer de fait une nouvelle consultation avec des candidats supplémentaires.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Instaurer des votes au cours des mandatures sur les problématiques importantes, structurantes, les investissements engageants, etc... Les élus ne rendent pas suffisamment de comptes et les citoyens ne se sentent vraiment pas concernés par les politiques publiques: le vote en ligne devrait être un outil de gouvernance publique.
Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui
Si oui, comment ?
En le testant rapidement!
Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Que les citoyens votent sur les projets importants tant au niveau des collectivités qu'au niveau de l'Etat.
Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Un rôle très actif: nous ne les entendons pas assez.
Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui
Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Appliquer la loi et demeurer intransigeant sur la laïcité, dans l'espace éducatif notamment.
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
En rappelant aux enfants et surtout aux parents comment ces valeurs garantissent les fondements de notre République, de notre démocratie: il faut créer des espaces d'échange avec les citoyens à l'école par exemple. Ce sont des espaces un peu sanctuaires dans lesquels on peut réaffirmer les valeurs intangibles de la République. Je vois bien à chaque rentrée le Directeur de l'Ecole convoquer les parents et réaffirmer les principes du vivre-ensemble, du respect mutuel, du respect de la laïcité, du respect des institutions (notamment l'Ecole).
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Tirer au sort les citoyens pour les associer à des actions et des initiatives locales: le associations manquent de bénévoles, forçons les citoyens à les aider! Généralisons le tirage au sort pour que chacun s'investisse un peu plus. En tant que bénévole associatif, je ne crois pas tellement à notre force de convictions mais plutôt à la force du tirage au sort: chacun aura droit à 1 refus et ensuite devra donner de son temps pour une ou deux journées par an.
Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
L'engagement associatif et les initiatives collectives pour réveiller nos villes en ankylosées. Il faut également soutenir les enfants, les jeunes, les adultes qui contribuent à des actions sociales, écologiques, artistiques en leur donnant de la visibilité, des moyens.
Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Il faut communiquer sur les actes et les engagements civiques exemplaires: les mettre en lumière pour créer une dynamique.
Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
Créer les conditions d'écoute et d'échange avec les citoyens engagés: les formes peuvent être multiples.
Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Les incivilités à l'égard des femmes: inciter les citoyens et notamment les hommes à s'engager solidairement pour défendre et soutenir les femmes victimes d'incivilités. Les incivilités sur la voie publique, en voiture, dans les transports. Comment les combattre? Cette question est complexe.
Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Faire appliquer la loi et appeler les citoyens à plus de solidarité.
Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Que chacun assume ses responsabilités et n'aie pas peur de dénoncer, de protéger les plus vulnérables. Il faut communiquer avec des campagnes pour restaurer la grandeur de la solidarité et du courage face aux incivilités.
Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Les discriminations à l'égard des femmes.
Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Eduquer enfants et adultes, communiquer: choisir des réalisateurs et des artistes de valeur pour concevoir des courts-métrages qui mettent en situation des scènes de discriminations. Je crois beaucoup à la force de la vidéo (virale) dans notre société numérisée. Que ces courts-métrages envahissent Youtube, Facebook, Instagram et Snapchat.
Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Oui
Si oui, lesquelles ?
Le respect des principes élémentaires: assiduité scolaire des enfants, présence des adultes à des réunions d'information, incitation à participer à des travaux d'utilité générale.
Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
Il faut fixer des quotas même si ce terme est lourd. Il faut traiter les dossiers au cas par cas et faire preuve d'humanité. La France n'est pas assez inclusive.
En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Oui
Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Il faut plus de solidarité envers les pays du Sud: des aides ciblées et des contrôles en collaboration avec les pays aidés. Il est très important que l'Europe soutienne économiquement les pays du sud pour leur apporter plus d'autonomie.
Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Favoriser l'apprentissage de la langue, loger dignement les immigrés, scolariser les enfants, les aider à trouver un emploi en phase avec leurs qualifications.
Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Je ne trouve pas opportun de faire de l'immigration et de l'intégration le sujet principal de ce débat national. Il faut traiter le sujet avec cohérence et respect des personnes mais ne pas en faire un motif de crispation et de clivage. Le point que je souhaiterais soulever est l'importance de la communication institutionnel à l'attention des citoyens pour privilégier l'achat local, l'achat chez l'artisan local, auprès de la manufacture locale. Nous avons parfois à quelques minutes de chez nous des manufactures qui torréfient du café, des maraichers, des artisans d'art (fabriquant de la vaisselle, des bijoux, des meubles, des éléments de décoration à des prix tout à fait corrects), des associations qui organisent des marchés de produits locaux de qualité. Or, les villes, les départements ne communiquent pas suffisamment sur l'importance des achats locaux, des circuits courts, à l'empreinte carbone faible. Les politiques nationales incitent les jeunes à se former aux métiers d'artisanat mais nous oublions de communiquer auprès des citoyens qu'il faut consommer différemment, créer le marché nécessaire à ces métiers. Sans communication, pas de changement de mentalité, pas de changement de mode consommation.
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