Intégralité de la contribution intitulée "Une démocratie vivante"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 17 mars 2019 à Drincham .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Si nous nous référons au schéma actuel de notre démocratie, alors la réponse la plus évidente, à cette question, serait de porter notre confiance au député de notre circonscription, car nous représenter est aussi son rôle. Si nous considérons toujours que la démocratie est le pouvoir du peuple, alors les électeurs d’une circonscription, par le vote, délèguent une part de ce pouvoir au député. Le député, une fois élu, défend à l’assemblée nationale les intérêts de sa circonscription, et donc les intérêts de ses concitoyens qu’il représente, en essayant également de s’inscrire dans l’intérêt général. C’est dans cette condition, que le député mérite alors toute notre confiance, car il est également le seul élu au suffrage universel direct, à être le plus proche de ses électeurs et à être le plus haut représentant dans nos institutions. Ainsi, dans ce cadre, le député, dont le rôle et de légiférer et de contrôler le gouvernement à l’assemblée nationale, est le représentant digne de porter la voix de ses concitoyens, et donc le représentant digne de confiance pour nous représenter dans la société face aux lois. Bien sûr, le député n’est pas le seul représentant en qui faire le plus confiance, et la participation aux élections présidentielles et aux élections municipales dénotent, d’une manière générale, en qui nous portons notre confiance pour nous représenter tant au niveau national qu’au niveau territorial. Mais selon moi, cet aspect de la démocratie n’est plus suffisant, car les frustrations sont aujourd’hui nombreuses. Ainsi : face à l’abstention galopante ; face à la défiance de la représentativité ; face aux innombrables fractures, qu’elles soient « fracture sociale », « fracture territoriale », « fracture politique », « fracture démocratique » ou « fracture climatique »; face aux expressions violentes croissantes et de toutes formes, démocratiquement désastreuses; et finalement, face à cette révolte jaune qui s’exprime en porte-voix pour scander maladroitement, mais légitimement, comme un seul mot « nous existons encore ! » ; quel nouveau souffle pouvons-nous désormais insuffler ensemble, afin de répondre à cet enjeu démocratique qui permettrait de restaurer, un climat de respect, de confiance, de lien, de paix, d’unité, de fraternité en somme? Selon mon point de vue, et en toute simplicité, je pars du principe qu’une société est vivante si et seulement si les individus qui la composent le sont également. Pour la démocratie il en est tout autant : une démocratie est vivante uniquement si les citoyennes et les citoyens qui la composent le sont également. Et donner vie à une démocratie, c’est débattre, c’est participer et donc être «  responsable », car participer c’est aussi prendre une décision et c’est donc en prendre une part de responsabilité. Il n’y a pas de démocratie possible sans débats, et il n’y a pas de débats possibles sans unité. Le débat, dans une démocratie, est un espace où nous pouvons nous exprimer en tant que citoyenne ou citoyen, et qui nous permet de nous déployer; c’est à dire, essentiellement, mener une réflexion permettant de prendre conscience d’où nous venons, pour mieux comprendre où nous en sommes et ainsi mieux appréhender où nous serons demain. Ce grand débat en est une ébauche et beaucoup de contributeurs, dont moi, ont effectué en partie ce travail. Dans un autre sens, si je puis dire, les débats qui se tiennent sur les ronds point sont aussi une ébauche de ce travail. Mais ce travail est d’ampleur, et ce déploiement qui en résulte de toute une vie, car se comprendre en tant qu’individu vivant dans une société, ou en tant que citoyen vivant dans une démocratie, c’est également se comprendre en tant qu’expression singulière de vie dans quelque chose d’encore plus vaste : la Nature. Alors, dans ce cas, en qui faire le plus confiance pour nous représenter dans la société ? La réponse n’est pas si simple et mériterait d’être davantage approfondie, mais partant du principe que chaque élan de vie émanant d’un citoyen contribue à l’élan de vie d’une démocratie, je considère alors que la confiance doit d’abord être placée en chaque citoyenne et chaque citoyen pour se représenter dans la société.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Les associations sont très importantes dans la vie locale, car elles agissent souvent à proximité des citoyens et adéquatement en fonction du territoire. Quelque soit sa nature, l’association nous aide à nous construire dans la société ; elle nous aide à nous élever en tant qu’individu dans un groupe d’individus, et donc en tant qu’individu dans la société, dans le monde ou la Nature. L’association a donc pour rôle de dynamiser localement la vie d’un groupe d’individus qui désireraient s’épanouir dans la société dans un but commun. Mais l’État ne pouvant pas tout, elle a également pour rôle de combler les difficultés de l’État à agir au niveau local ; d’où son importance. En dehors des élus politiques, il est donc très difficile de donner un rôle plus important à un type d’association en particulier, tant l’affinité d’un individu liée à une association diffère d’un individu à un autre. En outre, je reste très attaché à la vision qui consiste à responsabiliser le citoyen, et partant de ce point de vue, ne serait-il pas nécessaire de nous unir autour d’un projet de grande envergure qui permettrait aux citoyens de participer localement afin qu’ils puissent décider, entre autres, à quelles associations locales ils donneraient un rôle plus important, et de quelle nature serait ce rôle ? Je suis également très attaché à la vision qui consiste à responsabiliser « localement » les citoyens, car à chaque territoire son identité, et à chaque citoyen inscrit dans ce territoire de le faire vivre… et puis dans le fond, quand on est « localiste », on fini par comprendre que tout changement commence d’abord par soi.

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Vaste question qui mériterait une vaste réflexion ! Pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent, je souhaiterais définir un projet d’envergure, qui serait approuvé par le plus grand nombre, et qui permettrait aux citoyens d’y participer, toujours au niveau local, accompagnés et aidés des élus locaux, et sous la bienveillance des élus nationaux. Ce projet aurait pour avantage de renouer le lien entre les élus et les citoyens, car il permettrait à tout à chacun, qui souhaite s’investir, d’en prendre une part de responsabilité. Il faciliterait la communication entre élus et citoyens et entre citoyens et citoyens. Il faciliterait également le débat au niveau local, et donc dynamiserait la vie démocratique au plus proche du citoyen. Ainsi, selon moi, la participation du citoyen à un projet d’envergure, appliqué au niveau local, permettrait de renouer le lien entre les citoyens et les élus, car il permettrait de responsabiliser le citoyen tant dans l’échec que dans la réussite à mener ce projet. Responsabilité qui atténuerait la défiance des citoyens face à ses élus, et donc contribuerait à renouer le lien. Pour information, je pense que ce projet d’envergure doit entrer dans le cadre de la transition écologique et sociale. La transition écologique est, à mes yeux, l’enjeu primordial, car comment vivre et se penser dans une démocratie, si nous ne savons ni vivre et ni nous penser dans la Nature ; Nature, en son sens le plus large. Je détaillerai une proposition sur ce projet d'envergure dans la question « autre » de cette contribution.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose

Pourquoi ?
L’abstention galopante depuis plusieurs années et la révolte jaune démontrent suffisamment la défiance actuelle de la représentativité, et ce malgré le non-cumul des mandats. C’est donc une bonne chose de permettre aux parlementaires de mieux s’investir dans un mandat unique, afin de mieux nous représenter...

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Toujours en m’accrochant au schéma actuel de notre démocratie, cette question m’invite alors à m’interroger sur le mode de scrutin utilisé dans les élections, et notamment sur les divergences connues entre le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours actuel et le mode de scrutin proportionnel. Le mode de scrutin proportionnel me paraît le plus logique pour les législatives, et si celui-ci est souvent décrié pour cause d’instabilité de la majorité, il se fait toujours au détriment de la représentativité. Si un mode de scrutin favorisant la représentativité n’est pas envisageable, parce qu’il ne permet pas une stabilité de la majorité, alors j’aurais tendance à penser qu’il y a un grain de sable dans les rouages de nos institutions. De plus, il est scientifiquement prouvé que le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours est l’un des modes de scrutin les moins fiables. En me renseignant sur les différents modes de scrutin et leurs faiblesses, j’ai pu m’apercevoir que de nombreux mathématiciens s’étaient longuement penchés sur le sujet afin de trouver un mode de scrutin des plus fiables. Il existe un mode de scrutin appelé « jugement majoritaire » qui mériterait une attention toute particulière pour combler les lacunes actuelles de notre mode de scrutin uninominal à deux tours, tant en terme de représentativité que de crédibilité et d’adhésion à un programme. Bien sûr, toujours en me fixant sur le schéma actuel de nos institutions, il ne résoudrait probablement pas cette question liée à l’instabilité de la majorité, tant décriée dans l’histoire de la quatrième République, ou dans l’histoire de la cinquième République et ses cohabitations. On le devine alors, la question qui est ici supposée, nous amène plutôt à nous interroger sur comment représenter les différentes sensibilités politiques sans causer une instabilité de la majorité ? C’est à dire, comment mieux représenter l’électorat à l’assemblée nationale qui permettrait au gouvernement de posséder une majorité, afin d’éviter une cohabitation et d’appliquer son programme en toute sérénité ? Pour ma part, je pense que l’élection présidentielle devrait également se dérouler en appliquant le scrutin par « jugement majoritaire », qui aurait déjà cet avantage d’introduire le plus grand nombre quant à l’adhésion à un programme. Dans ce cas, un mode de scrutin à la proportionnelle, ou même par « jugement majoritaire » également, serait alors mieux adapté pour toutes les élections qu’elles soient législatives ou municipales. Le débat reste donc ouvert, et puisqu’on parle beaucoup de référendum d’initiative citoyenne, la question pourrait-être même soumise aux citoyens.

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Je pense qu’il y a une réelle défiance vis à vis de la représentativité, je pense qu’il y a une réelle méfiance vis à vis de nos représentants, et que cette défiance et cette méfiance se traduisent de nos jours autant dans les urnes, que dans les rues ; d’où une colère forte et une abstention forte. L’abstention n’est pas synonyme d’un désintéressement ou d’un abandon total du citoyen, mais plutôt d’un désaccord avec le monde politique tel qu’il existe. L’abstentionniste, cherche un peu son idéal, il se coupe du monde politique et tente de se construire différemment... Mais, selon moi, la participation des citoyens ne doit pas uniquement se cantonner au vote, et donc aux élections. Le vote ne doit plus être l’unique mode d’expression du citoyen. Le vote est certes un outil utile dans une démocratie, mais réduire la démocratie au simple vote, c’est aussi réduire le citoyen à un simple électeur. Et lorsqu’un individu est réduit dans son expression, alors il tente de s’exprimer avec ses moyens, et parfois même maladroitement. Réduire le citoyen, c’est un peu le rabaisser, et c’est donc un peu aller à contre courant de ce qui nous anime toutes et tous : nous déployer dans la Vie… Alors, doit-on encore longtemps nager à contre courant? En outre, comment ne pas aborder le temps quand on parle de participation des citoyens et d’incitation à y participer davantage ? Les différentes fractures induisent que nous vivons dans des « réalités » différentes et réciproquement incomprises. On le voit bien depuis les gilets jaunes ! Ainsi, là où beaucoup recommandent de travailler plus, j’ose recommander l’inverse dans la mesure du possible. Il ne s’agit pas de remettre en question le travail car il est primordial dans une société, mais il s’agit plutôt de nous interroger sur le temps que nous y consacrons au détriment d’un temps que nous devons désormais également consacrer aux enjeux démocratique et écologique. Cette question, si l’on veut inciter les citoyens qui souhaitent participer davantage, mérite d’être posée.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Toujours dans notre schéma actuel, j’aurais tendance à penser que ne pas reconnaître le vote blanc comme suffrage exprimé, et ne pas reconnaître l’abstention pour invalider une élection, quand ces deux expressions cumulées atteignent la majorité absolue, me paraît un exercice périlleux pour la crédibilité du candidat élu, et pour la mise en œuvre de son programme.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Une démocratie plus participative se travaille avant tout à la base, c’est à dire au niveau local. Je n’énumérai pas ici tous les maillons de la chaîne partant de la base, mais le premier des maillons à effectuer ce travaille, est avant tout le citoyen lui-même… A la question « Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ? », j’avais émis l’idée de mettre en place un projet d’envergure, qui serait appliqué au niveau local par les citoyens, accompagnés et aidés des élus locaux et sous la bienveillance des élus nationaux. Pour moi, ce projet d’envergure doit entrer dans le cadre de la transition écologique et sociale, qui est à mes yeux l’enjeu premier. Car comment s’inscrire dans une démocratie en tant que citoyen, si nous ne savons pas nous inscrire en tant qu’espèce dans la Nature ? Cela me paraît bien compliqué pour la suite, si nous ne prenons déjà pas conscience que ne pas respecter la Nature, c’est aussi ne pas se respecter et que perdre une part de cette Nature est perdre une part de soi. Ainsi, pour une démocratie plus participative, je propose de mettre en place un « Plan de Financement Participatif Citoyen » (il faut bien lui donner un nom un peu parlant), qui serait financé à hauteur du ""CICE"" et redistribué à part égale, et qui permettrait aux citoyens d'investir personnellement, dans un ou des projets locaux de son choix à vocation écologique ou sociale (voir la question « autre » pour plus de détails sur ma proposition). Les projets, initiés par les citoyens au niveau local, seraient divers et multiples et répondraient à l’enjeu écologique et social approprié au territoire; car les projets d’une terre agricole seraient probablement différents des projets d’un littoral, ou des projets d’une grande agglomération ou d’une métropole. Enfin, pour donner vie à ces projets, il faudrait également un espace où échanger, où suivre l’avancement du ou des projets. Cet espace pourrait-être, par exemple numérique et public, et permettrait ainsi aux citoyens, toujours au niveau local, de se familiariser à la vie démocratique par la participation. Une fois familiarisé à la décision locale, une fois la vie démocratique ancrée au niveau local, rien ne nous empêcherait ensuite de nous imaginer un jour participer au niveau national...

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Je ne sais pas

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
On pourrait imaginer, au niveau national, des consultations plus fréquentes de citoyens tirés au sort, pour participer et débattre sur des sujets nationaux. Le tirage au sort serait plus représentatif, et de nos territoires et de la société civile ; le hasard, proche de la Nature, faisant toujours bien les choses. Les citoyens tirés au sort seraient accompagnés et aidés par les élus.

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui

Si oui, comment ?
Introduire une part de citoyens tirés au sort dans nos assemblés, me paraît une bonne idée et m’intéresse beaucoup. Les élus pourraient nous accompagner dans ce but.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Très compliqué ! Pour ma part, je pense qu’une plus grande participation des citoyens dans la vie démocratique, permettrait au plus grand nombre de se responsabiliser, car cette responsabilité impliquerait un travail de compréhension de soi par rapport aux autres, et aboutirait à une meilleure compréhension réciproque. De plus, ce grand débat en est la preuve, en débattant, en participant, nous menons aussi un travail de compréhension de nos institutions et donc, malgré la critique toujours possible, de respect des valeurs de la République. La participation des citoyens est probablement la clef de voûte d’un nouvel élan démocratique. Il y a dans la participation du plus grand nombre un dynamisme nouveau à créer qui aurait pour rôle de nous porter, de nous élever en tant que citoyen dans notre démocratie, car participer dans une démocratie, c’est faire l’effort d’en comprendre les rouages, mais c’est aussi faire l’effort de se comprendre et donc de comprendre autrui. Mais toute la difficulté et d’inciter ce plus grand nombre sans contraindre...

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Voir ma proposition dans la question « autre ».

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Je vais me répéter, et peut être donner l’impression de tourner en rond, et après tout c’est ce que nous faisons déjà tous, mais je pense que le problème d’incivilité est issu d’une infantilisation. Alors comment lutter contre l’infantilisation de la société, et donc l’infantilisation de ses individus, si ce n’est en les responsabilisant ? Le sujet est complexe et mériterait d’être approfondi dans la recherche des causes de ces incivilités car, on le sait, comprendre le « pourquoi » c’est déjà mieux appréhender le « comment ».

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Aussi difficile que cela puisse parfois être, être exemplaire est souvent la meilleure des réponses face à l’incivilité.

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Je n’adhère à aucun partie politique. Je fais même partie, depuis maintenant sept ans, de ces nombreux abstentionnistes. Et pourtant, la question de démocratie m’intéresse beaucoup, et ce depuis de nombreuses années, et bien avant cette révolte jaune pourtant si prévisible. Je ne suis pas gilet jaune non plus, mais je trouve légitime cette colère spontanée qui gronde dans nos rues et sur nos ronds points depuis maintenant plusieurs mois. La spontanéité a ce défaut d’être maladroite, car souvent sortie du cadre de la raison, mais elle a cette vertu d’être sincère, car souvent issue d’une intuition vraie. Et tenter de chasser cette colère naturelle, de vouloir la peindre ou la dépeindre d’une couleur ou d’une autre, ne fera que retarder le bruit sourd de ses pas au galop sur les pavés. Pour qu’une démocratie puisse vivre, elle nécessite des citoyennes et des citoyens apaisés. Je ne reviendrai pas sur la nécessité que nous avons de travailler sur nous même afin de nous inscrire en tant que citoyen dans une démocratie. Le travaille est d’ailleurs d’ampleur ! Je ne reviendrai pas non plus, sur la nécessité première de nous inscrire en tant qu’être humain dans ce grand Tout qu’est la Nature. Car, comme je l’ai déjà dit, comment effectuer ce travail permettant de nous inscrire dans une démocratie en tant que citoyen si nous ne savons pas nous inscrire, donc nous penser, en tant qu’humain dans la Nature; Nature en son sens le plus large. On le devine, le respect est ici important car il renvoie à tant de réciprocités : respect de soi et donc d’autrui ; respect de la Nature et donc de soi. Si cette prise de conscience est primordiale, l’apaisement des citoyens ne pourra-t-être cependant rapidement réalisé, sans également un plan social d’envergure permettant aux citoyens les plus démunis de vivre dignement dans la société, et sans lequel participer à un nouvel élan démocratique serait voué à l’échec. Ce plan social pourrait être couplé à ce nouvel élan démocratique que je conçois, dans les grandes lignes, par la proposition suivante : Créer un « Plan de Financement Participatif Citoyen » dont les conditions seraient : 1. De financer ce projet d'envergure en grande partie par la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale, et de ramener son budget au moins à hauteur du « CICE ». 2. De partager annuellement ce budget à part égale à chaque citoyen, et dont le capital distribué serait exclusivement réservé aux projets issus du « Plan de Financement Participatif Citoyen ». 3. De soumettre ce projet d'envergure à un référendum, pour approbation du plus grand nombre. 4. D’inscrire ce projet d'envergure sur une longue durée pour qu’il puisse porter ses fruits, et ce indépendamment des gouvernements successifs. Ce «Plan de Financement Participatif Citoyen » renforcerait l’élan démocratique locale, car il permettrait aux citoyens qui le souhaiteraient : 1. D’initier et de soumettre un projet local à vocation écologique ou sociale de son choix. 2. Et donc, de soutenir et financer des projets locaux à vocation écologique ou sociale de son choix. Exemples : a. Soutenir financièrement une association locale existante. b. Soutenir financièrement un projet local de recyclage des déchets, qui associerait plusieurs communes voisines, et qui permettrait de revendre la matière recyclée à des usines locales (papier, verres, métal), ou des agriculteurs locaux dans le cas d’un compost réalisé sur la base des déchets organiques. c. Soutenir financièrement un projet de recherche universitaire de son département allant dans le sens du progrès écologique. d. Soutenir financièrement un citoyen désirant ouvrir une petite entreprise locale allant dans le sens du progrès écologique, ou soutenir une petite entreprise locale existante à faire sa transition écologique (achat d’outils ou de machines moins polluantes), ou aider une entreprise locale en difficulté, et ainsi aider à la création ou la préservation de l’emploi local. e. Soutenir financièrement un projet de création d’un centre médical dans une commune où l’accès au soin est déserté. f. Soutenir financièrement un projet d’installation d’éclairage publique solaire dans son quartier, ou pourquoi pas s’associer pour un projet de restauration des maisons insalubres ou vétustes en matière énergétique. g. Soutenir financièrement un agriculteur qui désirerait se convertir dans l’agroécologie. h. … 3. De favoriser la participation et donc les échanges citoyens, dans le respect des valeurs de la république, pour mener à bien ces projets à vocation écologique ou sociale et donc : a. De responsabiliser les citoyens à l’enjeu démocratique et à l’enjeu écologique et social. b. De responsabiliser les citoyens, tant dans l’échec que dans la réussite, à mener ces projets locaux à vocation écologique et sociale. c. De favoriser le respect d’autrui, car travailler dans un but commun c’est favoriser la compréhension réciproque. d. De favoriser le lien de confiance entre citoyens et élus, car ce projet d’envergure sera coordonné sous la bienveillance de l’État et de ses élus. e. ... 4. De créer un espace public qui permettrait l’adhésion de certains projets locaux, exemple : un projet de création d’une entreprise pourrait adhérer à un projet de recherche universitaire pour la transition écologique... 5. De redynamiser la vie locale, et donc des territoires, en adéquation avec la vie des citoyens. 6. De favoriser les échanges entre territoires, exemple : un retour sur expérience concernant un projet déjà réalisé sur un territoire et envisagé sur un autre territoire... 7. De contribuer à l’unité nationale, autour de ce projet d’envergure initié au niveau territorial, car une nation qui vit c’est avant tout des territoires qui vivent. 8. De contribuer au pouvoir d’achat, avec par exemple un retour sur investissement, sous forme de dividendes pour les citoyens qui auraient investi dans la création d’une nouvelle entreprise locale. 9. ... Ainsi, les projets seraient donc divers et variés tant les citoyens et les territoires sont divers et variés, et tout ceci dans l’optique de dynamiser la vie démocratique autour de l’enjeu premier qu’est la transition écologique et sociale. Enfin on ne résoudrait certainement pas tout, il faut en être conscient, mais la grande différence avec aujourd’hui, c’est que le citoyen serait ici, via ses projets, le seul et l’unique responsable tant dans l’échec que dans la réussite. Et puis comment ne pas considérer la jeunesse dans ces débats et ces projets ? Cette jeunesse qui héritera de nos erreurs, comment ne pas lui donner les moyens de ne pas les répéter ? Bien sûr, cette proposition est présentée dans les grandes lignes, et n’est donc pas parfaite, mais mériterait d’être approfondie. Alors, y a-t-il quelqu’un pour faire vivre cette proposition, la corriger, l’enrichir, la rendre viable? Et en guise de conclusion, j’aimerai vous soumettre ce texte que j’ai écrit, à titre personnel, il y a déjà quelque temps : « J’ai longtemps cru, par ailleurs, que la cause de cette forme d’inconscience que nous vivons actuellement, était du fait de la société : que cette société conditionnait nos vies et qu’elle nous opprimait ainsi toujours un peu plus repliés sur nous mêmes. Pauvre société ! si souvent bafouée, ruée de coups, utilisée comme défouloir, un bouc émissaire, semblable à un être vivant, sur qui nous pouvons rejeter facilement une faute. La facilité est devenue le chemin que nous aimons souvent arpenter, à dessein de nous soustraire de toute responsabilité. Nous sommes chacun accrochés à des dogmes, ces croyances indécrottables, que nous tentons parfois de chasser, mais qui reviennent inlassablement comme des tâches tenaces sur un vêtement d’une blancheur à l’origine immaculée. Ces tâches sur lesquelles nous appliquons, le plus souvent, des artifices venant feindre une pureté qui ne l’est, au fond, évidemment pas. Dissimulation inconsciente qui nous fait paraître, et non être, dans un monde qui en devient finalement illusoire. Nous sommes telles des araignées desséchées, suspendues à leurs toiles, et se balançant portées par le temps que nous nous sommes accaparés à produire et à consommer. Coupés de la vie, nous avons élus domicile dans des lieux que nous avons rendus sans âme, enfermés dans des stratagèmes qui simulent un semblant de vie; l’homme étant devenu un animal qui se complaît autant dans la ruse du renard, le camouflage du caméléon et le parlé du perroquet, que dans la marche du mouton. Nous ne pensons plus, et si nous ne pensons pas alors nous ne sommes plus. Nous fermons la porte à tout déploiement ; nous obstruons le chemin de la vie et nageons à contre courant, dénaturé. Comme si, tout est une histoire de déploiement issu d’un abandon de soi. Un abandon conscient de nos croyances. Conscience elle même issue d’une intuition, qui nous permettrait de comprendre et d’avancer adéquatement sur le flot de la vie selon notre vraie nature, ou plutôt sur le chemin de la vie devenant de plus en plus vraie. La société n’y est définitivement pour rien dans tout cela, nous sommes les seuls et uniques responsables... ».


Lire une autre au hasard
Retour aux Thèmes