Intégralité de la contribution intitulée "Représentation des citoyens"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 15 mars 2019 à Châtellerault .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Mon député ou mon sénateur car ils ont été élus démocratiquement et représentent l'ensemble de leurs électeurs même s'ils ne sont pas toujours du même courant politique que le mien.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Associations reconnues d'utilité publique, centrales syndicales et patronales. Au delà des moments de négociation régulières avec le gouvernement, il serait souhaitable de recourir plus fréquemment à des débats au sein de l'assemblée nationale ou du sénat avec des organisations ou associations sur tout sujet intéressant les assemblées (soit proposition de loi soit question amenée par ces associations ou organisations) pour les sujets les concernant.

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Plus de présence locale dans des débats ou réunions publiques Une notion plus importante donnée à la représentation des citoyens qu'à l'appartenance à un groupe à l'assemblée. Le vote d'un représentant du peuple devrait davantage représenter l'intérêt des personnes qui l'ont élu(e) qu'une consigne de vote imposée par le parti auquel il (elle) appartient.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Je ne sais pas

Pourquoi ?
Il ne s'agit pas de carrière politique donc il est bon de limiter la course aux mandats mais d'un autre côté un ancrage dans le tissu local (surtout s'il est ancien) peut permettre de mieux représenter ses électeurs à l'assemblée. Le ""parachutage"" de candidatures issues des directions des partis ou les partages de candidatures issues d'accords entre partis sont tout aussi dommageables à la représentation locale

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Les élus représentent la sensibilité de la majorité des français et ça me semble le fonctionnement normal d'une démocratie. Par contre il est tout à fait souhaitable que les voix des autres partis puissent aussi être entendus lors des débats à l'assemblée. Même sans droit de vote puisque non élus, ils devraient avoir le droit à la parole lors des débats. Si les consignes de vote dans les partis n'étaient pas aussi rigides ils pourraient même convaincre certains députés d'autres partis

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Cette participation est historiquement basse et représente le désintérêt des citoyens pour la vie publique. Pour les inciter à voter davantage il faut renouer le dialogue entre élus et électeurs pour qu'il y ait un intérêt au vote. Il faut davantage éduquer les jeunes sur les droits et devoirs du citoyen et insister sur le risque d'un désintérêt des choses publiques pouvant amener à une remise en cause de la république.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Un bulletin officiel mais dépourvu de noms. Il est dommage que des personnes n'aient pas pu se décider sur les choix proposés lors d'une élection et cela limite leur crédibilité lors d'un éventuel futur désaccord social. Mais il s'agit d'un vote quand même, une opinion exprimée même si elle sera difficile à déchiffrer et sujette à de nombreuses interprétations.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Des référendums locaux peuvent être organisés pour associer les citoyens aux décisions les concernant au plus près de leur vie. Dans la mesure où les parlementaires portent la voix de leur circonscription et non celle d'un parti, libre à eux d'organiser des réunions de partage afin que leur voix représente le mieux possible l'avis de leurs électeurs.

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Non

Si oui, comment ?
Les référendums au niveau national ont toujours été détournés de leur intention et dans de nombreux pays, soit lors de leur présentation par le gouvernement ou les partis d'opposition, soit lors du vote lui même utilisé davantage comme un vote de censure pour / contre le gouvernement donnant alors une fausse perception de la volonté réelle du peuple sur un sujet donné.

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
- En premier lieu une grande transparence sur l'utilisation de l'argent public avec une capacité d'accès facile par les citoyens quand ils le souhaitent (exemple suédois) - Pour les décisions concernant l'état il pourrait être intéressant que les députés organisent des réunions locales avant le vote du budget. Là encore, cela n'est possible que si la discipline de vote imposée par les partis est moins importante que le rôle de porter la voix de ses électeurs pour le ou la député(e). _ Pour la région et le département même fonctionnement que pour l'état, pour la mairie les débats sont déjà publiques

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Le sénat représente les territoires à travers des liens privilégiés avec les élus locaux, complémentant ainsi le rôle de l'assemblée. Il est libre également de contacter toute personne de la société civile pour approfondir un sujet proposé par le gouvernement ou l'assemblée. Le CESE reste pour moi un peu une énigme. En effet on sait peu de choses sur son activité (découvert récemment par hasard dans mon cas à 66 ans), on ne sait pas vraiment comment sont choisis ses représentants et la liste des organismes et associations invités ne représentent plus à mon avis une image fidèle du peuple français, liste qui a évolué au cours du temps sans remise en cause des membres.

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui

Si oui, comment ?
Le sénat doit rester dans sa configuration actuelle Si les deux chambres ont besoin d'un avis complémentaire provenant de la société civile, il me paraît plus intéressant de convoquer par ces assemblées les personnes compétentes selon le sujet traité. Le CESE aujourd'hui est formé de personnes représentant des associations donc les buts que celles ci poursuivent mais ces personnes sont incompétentes dans tous les autres sujets. Si il faut maintenir un organe tel que le CESE, pourquoi ne pas faire appel à des personnes tirées au sort afin de mieux représenter la diversité du peuple.

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
La discussion sera toujours difficile avec des religions mettant la loi divine au dessus de la loi des hommes. La base de la laïcité est d'accepter toutes les religions mais que leur action demeure au niveau de la sphère privée et qu'elle n'interfère pas avec la sphère publique . Néanmoins je pense que l'éducation depuis le plus jeune âge sur l'explication des grands principes de notre laïcité et la discussion avec les adolescents ou les adultes peuvent mieux fonctionner que les interdictions légales. Cette discussion doit avoir lieu au niveau le plus local possible, pas forcément avec des représentants nationaux de ces religions. Il ne faut pas pour autant accepter de négocier nos principes, ils sont inhérents à notre qualité de français et toute personne née française ou acceptée dans notre pays doit se référer au même système de valeurs.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Garantir est un mot fort. La compréhension réciproque doit passer par un dialogue entre personnes, ce qui est parfois difficile et pas forcément souhaité par l'une ou l'autre des parties. Ce dialogue ne peut exister qu'au niveau local , organisé soit par les autorités locales, soit par des associations reconnues. Les autorités civiles sont responsables de faire respecter les valeurs intangibles de la république, sans provocation mais sans négociation non plus

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Je pense qu'il faut montrer que la société a besoin de ses citoyens et que ceux-ci acceptent les devoirs que cela représente. Le service militaire en était un bon exemple mais en l'absence de celui-ci un service civil doit pouvoir expliciter ce besoin. Il pourrait être remplacé pour ceux qui le souhaitent par un engagement civique correspondant (croix rouge, pompiers, surveillance de feux de forêt, associations d'entretien de rivières,...

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Le respect de l'autre dans la vie quotidienne, depuis les incivilités envers les professeurs, les papiers jetés dans la rue, le respect des personnes faibles, les propos sexistes, le comportement routier..., jusqu'au respect de ses différences ou de ses opinions, bref le savoir vivre ensemble.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Le rôle de l'éducation, parentale et scolaire est très important dans l'apprentissage des comportements. Il faudra aussi (mais ce n'est pas si facile) que chacun se sente le devoir de réagir quand un comportement anormal est détecté dans son environnement. Nous ne devons pas compter uniquement sur les personnes chargées de faire appliquer la loi mais aussi prendre en compte toute agression envers l'autre ou l'état comme une agression personnelle.

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
Valoriser comme expérience professionnelle (et trimestres comptant pour la retraite!) tout engagement citoyen dans une association agréée. Ces associations sont en constant contact avec les pouvoirs publics et donc les citoyens engagés y sont également.

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Le non respect de l'existence de l'autre (bruit, insultes, comportement urbain) et le comportement routier de certains usagers.

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Être plus présents dans les endroits publics et ne pas hésiter à intervenir (malgré les risques de perturbation d'une ""paix sociale""). Ne pas se fier uniquement aux limitations de vitesse et radars associés pour les incivilités de la route. Certains comportements sont beaucoup plus dangereux que la vitesse seule et ne peuvent être perçus que par une plus grande présence au cœur de la circulation.

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Moins hésiter à montrer clairement sa désapprobation de l'incivilité même si intervenir doit rester le rôle des autorités.

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Malheureusement, le plus fréquent reste encore la discrimination envers les femmes, même si c'est plus fréquent dans certains milieux plus que d'autres.

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Continuer à aider à la transparence, écouter les femmes, ne pas accepter certains comportements quelque soit le statut de la personne incriminée, maintenir la promotion d'une société équilibrée dans ses opportunités offertes et sa représentation.

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Non

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
L'immigration reste aujourd'hui modérée et non problématique. Nous devons continuer notre devoir d'asile comme faisant partie de notre devoir. Pour les demandes d'immigration autres il est raisonnable d'y attribuer une limite et des conditions d'acceptation de la société à laquelle nous sommes attachés: langue, organisation de l'état, système de valeurs. Sans interdire une immigration autre, il est également logique de promouvoir les candidats capables d'occuper des fonctions qui sont en déficit dans le pays. Il me semble par contre contreproductif d'essayer de décourager les candidats immigrants par des tracasseries administratives; cela donne simplement plus de travail aux associations aidant ces migrants et nous n'en sortons pas grandis.

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Un objectif est toujours difficile à tenir dans un monde mouvant mais sans parler d'objectifs figés nous pourrions demander au parlement de faire une recommandation pour l'année à venir, à responsabilité du gouvernement d'éclairer auprès du parlement les évolutions nécessaires en cours de période.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
La réponse est vraisemblablement davantage dans l'aide que nous pourrons fournir sur place dans les pays concernés. Les situations sont diverses depuis les situations de conflit jusqu'à la situation climatique en passant par la surpopulation. Nous devons aider à former des spécialistes dans notre pays pour qu'ils retournent aider leurs compatriotes, financer des projets locaux au titre de l'aide internationale Un renforcement de frontières ne résoudra pas le problème et malgré tout si les gens sont heureux chez eux, ils n'auront en général pas envie de risquer une nouvelle vie dans un environnement étranger. Certes certains le souhaiteront malgré tout comme certains d'entre nous souhaitent également émigrer vers d'autres pays mais nous pourrons alors les accueillir et profiter de leur dynamisme. Il faut surtout éviter que les gens n'aient pas d'autre solution que d'émigrer car nous ne pourrons pas contenir nos frontières face à des gens désespérés.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
S'assurer au préalable de la volonté des personnes de participer à la vie de notre pays et ne pas être simplement en recherche d'aides financières. S'engager à une formation de français et d'éducation civique qui devrait être prise en charge par l'état et non des associations privées, scolarisation des enfants s'il y a lieu. Démontrer une volonté de trouver un travail (pourquoi être obligé d'attendre des mois d'avoir des papiers en règle pour avoir le droit de travailler alors que cela démontrerait la volonté de ne pas dépendre des aides sociales). En définitive une intégration réussie passe par la volonté de la personne candidate d'intégrer notre société mais aussi par notre propre volonté de l'intégrer au plus vite.

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Il me semble inapproprié de changer les règles fondamentales de notre fonctionnement républicain aujourd'hui. Certaines adaptations au niveau de l'écoute locale et du fonctionnement des assemblées devraient permettre une bonne écoute des citoyens.


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