En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui
Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Les défis que nous devons relever aujourd’hui sont énormes, du fait du renoncement, par les précédents gouvernements et depuis des décennies, à conduire les changements indispensables à l’évolution de notre pays. Pour relever ces défis, il y a besoin de mobiliser toutes les forces de la société qui agissent sur le terrain au plus près des personnes concernées : associations, élus locaux, organismes sociaux, organisations socio-professionnelles, etc. L’Etat devrait agir comme mobilisateur, fédérateur, facilitateur et orchestrateur de ces forces pour faire en sorte que tous les acteurs de la société, à tous les niveaux, agissent de façon cohérente et concertée, dans la même direction, en suscitant les initiatives au niveau des acteurs de terrain et en favorisant le partage de l’expérience de chacun et des bonnes pratiques venant de ces acteurs pour démultiplier l’efficacité et la rapidité d’action. L’Etat devrait chercher à construire et à s’appuyer sur de telles chaînes allant de lui-même aux acteurs de terrain, ces chaînes étant bidirectionnelles : <U+F0A7> dans le sens « top-down » : l’Etat indiquant les priorités et les orientations, donnant les moyens d’agir, facilitant le déploiement des actions et la mobilisation des forces <U+F0A7> dans le sens « bottom-up » : l’Etat favorisant l’émergence des initiatives de terrain, le recensement des meilleures pratiques, leur diffusion et leur application partout où elles peuvent être reprises
Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui
Si oui, comment ?
Le RIP pourrait constituer un instrument améliorant la vie démocratique en facilitant sa mise en oeuvre qui est aujourd'hui très difficile, mais en gardant des conditions qui assurent que les questions soumises à référendum correspondent à des préoccupations massivement partagées par les citoyens et à une revendication massive des citoyens de s'exprimer sur ces sujets et que cet outil ne soit pas un instrument de remise en cause des institutions démocratiques du pays. En outre, si renforcer les possibilités d'expression démocratique est souhaitable, on doit se méfier des excès qui conduiraient à la saturation du débat public par un recours trop fréquent au référendum. Ceci ne manquerait pas de conduire à un désintérêt de la majorité des citoyens pour comprendre et analyser en profondeur les enjeux de chaque question qui serait soumise à référendum, effort indispensable pour un choix et une décision éclairés ; dans cette situation de manque d’intérêt et d’implication citoyenne, le risque serait grand de voir se propager les fausses informations, les argumentations simplistes et erronées visant à tromper les citoyens sur les conséquences réelles de leur vote. Le corollaire de ce désintérêt serait aussi l’accroissement de l’abstention lors des scrutins, ce qui favoriserait l’influence des minorités mobilisées.
Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Abroger la limitation de vitesse à 80km/h ! Cette décision de baisser la limitation de vitesse sur les routes à double sens sans séparateur central est une mauvaise réponse à un vrai problème, celui de la sécurité routière. Il y a un lien indiscutable et prouvé entre la vitesse et la mortalité lorsque se produit un accident. Mais regardons les choses de plus près : le réseau routier a été dessiné et conçu pour permettre de rouler en sécurité aux vitesses autorisées, 90km/h pour l’essentiel du réseau à double sens de circulation, et pour les portions qui ne permettent pas de rouler en sécurité à cette vitesse, des limitations de vitesse adaptées ont partout été définies. Les limitations de vitesse préexistantes à la limitation à 80km/h (90km/h ou moins) ne sont donc pas une cause significative des accidents. Les causes sont à rechercher dans des défaillances, très souvent des conducteurs: soit que la limitation de vitesse n’est pas respectée, ou d’autres facteurs sont intervenus, mais dans un cas comme dans l’autre, l’abaissement de la vitesse limite autorisée n’aura pas d’impact sur la cause déclenchante de l’accident. Par contre, la vitesse est un facteur aggravant lorsque se produit un accident, le risque de mortalité dans un accident croissant avec la vitesse, et c’est cette relation continue entre vitesse et risque de mortalité lors d’un accident qui explique le gain attendu en nombre de vies sauvées grâce à l’abaissement de la limitation de vitesse à 80km/h. Mais cette mesure d’abaissement de la limitation de vitesse est une mauvaise mesure, car elle ne s’attaque pas au vrai problème qui est celui d’abaisser le nombre d’accidents et donc d’agir sur les causes réelles des accidents, seule voie pour aller à moyen terme vers une route totalement sûre. Au lieu de cela, elle cherche à minorer les conséquences des accidents, ce qui constitue une impasse. Pourquoi est-ce une impasse? L’argument utilisé par le gouvernement et les experts qui défendent cette mesure est : cette mesure permettra de sauver entre 300 et 400 vies par an ; comment peut-on refuser de sauver 300 à 400 vies ? Mais cette argumentation qui semble d’un bon sens imparable ne l’est en fait qu’en apparence : baisser la vitesse autorisée à 80km/h permettra donc de sauver 15 à 20% des vies perdues dans les accidents qui se produisent sur les routes du réseau secondaire ; les accidents continueront donc à tuer 1500 à 1600 personnes par an sur ce réseau. Est- ce acceptable ? Assurément non ! Or, la vitesse, même à 80km/h, restera le premier facteur cause de mortalité dans les accidents et un abaissement de la vitesse à 70km/h permettrait de gagner encore plusieurs centaines de vies. Comment pourrait-on, selon la logique utilisée pour justifier la baisse de la vitesse autorisée à 80km/h, refuser d’abaisser encore la vitesse ? Et ainsi de suite… Cette logique d’abaissement de la vitesse limite autorisée est une impasse car la vitesse est le paramètre essentiel de la mobilité et agir sur ce paramètre pour abaisser le nombre de victimes des accidents de la route, dans une vision moyen-long terme d’amélioration continue de la sécurité routière, conduit à détruire la mobilité routière elle-même ! Elle n’est pas la solution qu’attendent les citoyens, qui désirent une amélioration de la sécurité routière sans dégradation de la mobilité.
Lire une autre au hasard