Intégralité de la contribution intitulée "Revitaliser la démocratie"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 11 mars 2019 à Cambronne-lès-Ribécourt .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
- Confiance limitée en les élus, dont c'est pourtant la fonction, mais la Vème république a favorisé l'hyper présidentialisation qui amenuise le rôle du parlement. Autres travers : la ""professionnalisation"" des élus, courant de mandats en mandats, successifs ou concomitants, salariés marathoniens de la politique, perdant le contact avec leurs mandants. Ce n'est pas un hasard si l'élu le plus crédible est souvent le maire, plus proche de ses électeurs. - Confiance dans les corps intermédiaires (organisations politico-sociales, organisations professionnelles sectorielles, associations (notamment dans l'économie sociale et solidaire)). Le gouvernement actuel, prolongeant hélas, mais avec une détermination forte et fort nocive, la tendance de ses prédécesseurs, n'a de cesse d'affaiblir les corps intermédiaires : suppression des emplois aidés souvent nécessaires à la vie des associations, premier ministre refusant l'apport d'un syndicat réformiste et constructif. Ici aussi la logique de la Vème république est à l'œuvre : face à face entre le monarque républicain et le ""peuple"" : c'est une des causes de la crise des Gilets Jaunes et ne peut que favoriser le populisme, cancer de la démocratie. - Confiance dans les médias, la presse écrite en particulier. Ici aussi, les dérives et les errements sont graves, les menaces fortes (usage malveillant des réseaux sociaux et des médias par des puissances étrangères cherchant à nuire à la démocratie en Europe de l'ouest (Chine, Russie, extrême droite américaine...). Aussi importe-t-il de renforcer, revitaliser, rendre plus crédible, les médias, la presse écrite en particulier (traitement de l'actualité plus analyses de fond, diversité des positionnements politico-sociaux)

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
- Associations de l'économie sociale et solidaire (ESS), associations d'échanges débats et propositions à la vie démocratique (hélas trop rares ). Les associations gérant des aides sociales, dans le domaine de la santé, de l'aide à l'enfance, etc méritent d'être revalorisées, mieux encadrées (contrats d'objectif avec les collectivités qui les subventionnent, au regard de la mission de service public qu'elles assurent) et mieux dotées (les personnels bénévoles ou salariés y sont souvent surexploités. - Organisations politico-sociales (partis politiques, syndicats) en les aidant, les amenant à mieux représenter leurs mandats et renforcer leur culture politico-sociale. - Organisations professionnelles sectorielles (chambre d'agriculture, des métiers, CCI, etc) et aussi les chambres régionales des comptes, - Renforcer encore le rôle du CESE, via notamment la mise en place de représentations régionales pour être au plus près du territoire, qu'il a charge de représenter. Voir infra une autre piste de renforcement du CESE.

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
- Découpler la durée du mandat présidentiel et du mandat législatif. Les élus de la majorité doivent souvent leur poste à la dynamique de l'élection présidentielle, ils mangent dans la main du président et du gouvernement. C'est flagrant dans la législature actuelle. Il faut renforcer le rôle du parlement dans la conduite des affaires du pays, rendre plus aisée par exemple la censure du gouvernement par le parlement -Mettre fin au ""fonctionnariat"" des élus courant de mandats en mandats. Stricte limitation des mandats concomitants et successifs. Les mesures prises ces dernières années vont dans le bon sens - Rendre les élus davantage responsables devant leurs électeurs : retour sur l'activité du parlement, suivi de la mise en œuvre du programme sur lequel ils ont été élus...

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose

Pourquoi ?
Cf. Supra

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
- introduire une dose de proportionnelle aux différentes élections, tout en gardant une des forces de la Vème république : la capacité à dégager des majorités opérationnelles - Modifier le mode de scrutin pour le remplacer par un dispositif type ""vote majoritaire"", où tous les candidats sont classés sur un panel d'items. Cf. site ""le choixcommun.fr"". - avant la mise en place du vote majoritaire, tenir compte des bulletins blancs en tant que suffrage exprimé (Cf. infra)

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non

Si oui, lesquels ?
je souhaite la création d'une TROISIÈME CHAMBRE LÉGISLATIVE, une chambre miroir de la société civile, chargée de représenter le peuple dans son vécu concret, ses actions en faveur de la démocratie, chargée de donner un portage politique aux représentations territoriales des corps intermédiaires évoquées supra. Cette assemblée sera constituée par tirage au sort de citoyens qui recevront formation et information par des services de l'État dédiés et mutualisés. Le rôle du CESE, troisième assemblée de la République, seulement consultative actuellement, peut être redéfini pour constituer cette assemblée.

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
- À court terme : Rendre le vote obligatoire, comme en Belgique, en prenant en compte les vites blancs comme suffrage exprimé - À plus long terme modifier le mode de scrutin par un dispositif type vote majoritaire. Cf. supra.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
En tant que suffrage exprimé, mais avec des dispositifs à concevoir pour éviter l'effet pervers qui consisterait à rendre plus difficile l'accès au second tour dans certaines élections, accès basé sur une fraction des suffrages exprimés. On peut faire confiance au génie français pour intégrer les aspects positifs du vote blanc (le citoyen fait savoir qu'il ne se retrouve pas dans l'offre politique actuelle) sans créer d'effets négatifs nuisant à la représentation des différentes sensibilités politiques

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
- Mettre en lace des mécanismes de transparence et rendu-compte de l'action des élus (et du gouvernement), de l'utilisation des moyens mis à leur disposition, des instances de contrôle et d'évaluation des politiques publiques aux différents niveaux territoriaux. - Instaurer le Référendum d'initiative citoyenne (Cf. infra) - Former les citoyens à la participation à la vie démocratique : le fonctionnement de ces dernières décennies a anesthésié, de manière délibérée, les citoyens (réduits à l'état de consommateurs béats). Cela passe par le renforcement des corps intermédiaires, comme dit supra, et par des actions de formation information à la vie politique, à la citoyenneté...

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui

Si oui, comment ?
Les conditions de déclenchement du RIP sont presque inaccessibles. Il est conçu, par frilosité de la caste politique, pour n'être pas utilisé. La France n'a guère la culture des référendums. Les derniers ont fonctionné comme des plébiscites ou des rejets du Président de la République. Des pays voisins (Suisse, Italie...) ont des usages plus souples et dédramatisés des référendums. La création d'un RIC est une demande forte des Gilets Jaunes et d'autres fractions des citoyens. Le peuple demande un dispositif de démocratie participative effectif. Le président serait bien inspiré d'y répondre favorablement, sinon la crise continuera, larvée, jusqu'à la prochaine explosion sociale.

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
sujet déjà abordé supra.

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
sujet déjà abordé supra. Projet de faire évoluer le CESE pour en faire une troisième chambre législative à part entière

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui

Si oui, comment ?
sujet déjà abordé supra.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
sujet déjà abordé supra.

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Cf. supra : renforcer la participation des citoyens à la vie publique. Cela passe 1 - par une politique de l'offre : structures associatives, de corps intermédiaires à revitaliser, meilleur retour d'information de l'action des élus des différents rangs, instauration de lieux de débats, formations de fonctionnaires à présenter l'action de leur administration, etc. 2 - par une politique structurée et durable de formation / information des citoyens à la vie publique. Cf. supra : tout a été fait pour transformer les citoyens en consommateurs béats, réservoir de ""temps de cerveau disponible"" pour les annonceurs publicitaires. Quel cynisme! 3 - par une prise en charge par le personnel politique des attentes et une pédagogie permanente sur les décisions prises... Qui ne satisferont pas toutes les demandes : respect des valeurs de la république, écueil des populismes...

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Cf. Supra

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
C'est une piste intéressante, complémentaire de celles que je propose; Pas d'idées concrètes à ce jour.

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
je place ici une réponse à un sujet voisin : l'action des forces de l'ordre pour le maintien de l'ordre lors des manifestations. Il importe de - lutter vigoureusement contre les casseurs et fauteurs de troubles, mais dans le respect de la liberté de manifester. La loi en cours d'adoption respecte-t-elle ces principes? Il y aura probablement saisie du conseil constitutionnel. - éviter d'instrumentaliser les forces de l'ordre dans une stratégie de provocation policière visant à discréditer l'expression citoyenne - redéfinir la doctrine de maintien de l'ordre, pour éviter que des citoyens-policiers blessent et mutilent des citoyens-manifestants. Prohiber les lanceurs de balle de défense. D'autres pays voisins ne disposent pas de ces armes et assurent efficacement leur fonction de maintien de l'ordre! La commission européenne et les Nations Unies s'inquiètent, à juste titre, des excès des violences policières, - développer une police de proximité contribuant à restaurer la confiance fort écornée des citoyens envers cette fonction régalienne

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
OUI mais sous conditions. Cette question est tendancieuse. Après les questions sur les incivilités, elle tend à faire accroire que certains allocataires seraient des ""profiteurs du système."" Il y a certainement des abus, mais c'est le fruit amer d'une société trop inégalitaire et une goutte d'eau face aux excès de prédation de certains acteurs économiques et financiers. Donc, OUI, sous la condition d'avoir revitalisé la démocratie, comme je le propose, d'avoir construit une société plus solidaire, plus égalitaire, d'avoir éradiqué la pauvreté. Ces objectifs ne seront pas atteint à court terme. Donc, NON,, à court terme à la question posée dans une approche politicienne pour ne pas dire politicarde.

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
La France se déshonore par sa frilosité à l'égard des migrants, dont bon nombre sont chassés par des guerres, qui sont en partie causées par la politique occidentale depuis quelques siècles (accords Sykes-Picot, Yalta, guerre du golfe, soutien sans limite du monde occidental à l'Arabie saoudite, qui pratique un islam des plus rétrogrades... en sont quelques éléments). La France a toujours été terre d'immigration : pensons aux vagues d'immigration polonaise, italienne, portugaise, magrébine (suite de la politique de colonisation jusqu'au milieu du siècle dernier). Et maintenant, accueillir quelques dizaines ou centaines de milliers de réfugiés serait impossible? Honte à nos gouvernants successifs, qui par peur de la montée de l'extrême droite, abjurent tous les idéaux d'accueil et d'immigration. On attend des politiques qu'ils aient le courage de décisions impopulaires et la pédagogie pour les expliquer. Les combats contre la peine de mort, pour l'avortement ont honoré la France. Ils étaient difficiles! . La démagogie de ce gouvernement (et des précédents) le(s) déshonore(nt)

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
OUI, des objectifs ambitieux et généreux.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Encore une formulation tendancieuse, clairement orientée vers une restriction, une fermeture accrue de la France. Le vrai défi, c'est la montée des populismes, des extrémismes, de toutes les forces qui veulent la mort de l'Europe, de la démocratie dans les pays de l'Europe de l'Ouest. Ce n'est pas en courant sans cesse dans la démagogie que le gouvernement le relèvera. Comme le disait un tribun : les Français préfèreront toujours l'original à la copie... Il faut montrer que cet ""original"" là est abject.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Revitaliser la démocratie. Je propose quelques pistes, mais il faut évidemment les soumettre au débat, tenir compte des autres approches, bref, pratiquer la démocratie. L'enjeu est clairement la survie des démocraties européennes. L'immigration et l'intégration des réfugiés sont un des problèmes parmi les centaines que la volonté de vivre ensemble, la démocratie, doit traiter.

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
OUI, j'ai effleuré le sujet en introduction : le journalisme et les médias sont une composante essentielle de la démocratie, une fonction consubstantielle à la démocratie. Les relations entre les journalistes, les médias, et le pouvoir, d'une part, et les citoyens, d'autre part, sont complexes et conflictuelles depuis la naissance de cette fonction sociale. Les journalistes sont toujours suspects de manquer d'indépendance, d'impartialité, de servir tel ou tel prince ou financier. Il importe de renforcer cette fonction sociale, d'élever son niveau d'expertise, son indépendance, sa capacité à lutter contre les ""infox"".


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