Intégralité de la contribution intitulée "Réflexions CF un samedi"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 9 mars 2019 à Grenoble .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Aux élu(e)s de la République issu(e)s des élections nationales, régionales, départementales et communales, même si je trouve que le processus électoral peut et doit être révisé, amélioré. Le droit de manifester est indispensable et doit être préservé et défendu mais dans le strict respect des lois et des procédures : en démocratie seule la voie des urnes valide la voix du peuple.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Il existe des mouvements, organisations, fondations et associations nationales dans tous les domaines sociaux, humanitaires, médicaux, philosophiques, professionnels ou syndical.... dont les actions sont visibles et ont permis ou permettent de faire émerger et donner vie à nombres d'aspirations de notre société : respect des droits de l'homme, droits de l'enfant, droits des femmes.... respect de la laïcité, lutte contre les discriminations, les violences, l’illettrisme.... respect de l'environnement, protection de la nature et des animaux, sauvegarde du patrimoine historique, culturel, naturel... Ces organisations pourraient / devraient être consultées pour leur connaissance du terrain et associées aux prises de décisions

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Mettre en œuvre de manière plus ""visible"" ou ""officielle"" le débat entre l'état, les collectivités territoriales, le tissu associatif et les citoyens de façon à ce que ce ne soit plus les journalistes ou les réseaux sociaux ou les mouvements les plus bruyants qui imposent leur seul point de vue, leurs dogmes voire leur violence.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose

Pourquoi ?
Un élu est crédible s'il mène l'action pour laquelle il a été plébiscité : les mandats nationaux exigeant des déplacements, un investissement à la fois local et dans la capitale, le non-cumul des mandats s'impose. A l'échelon local la taille des communes et des cantons, la nature et la spécificité des territoires est à prendre en compte : il me semble que l'exercice simultané de deux mandats locaux n'est pas impossible et souvent bénéfique.

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Tout d'abord, il faudrait que les relais sociaux et politiques fonctionnent mieux pour une prise en compte ""honnête"" des problèmes et spécificités des divers territoires ou corps sociaux : manifester à cause de salaires insuffisants, de retraites non revalorisées, à cause des services d'urgences saturés, des déserts médicaux et de la disparition des services publics c'est défendre des droits, ce n'est pas une sensibilité politique. Le referendum local permettrait sans doute de garder un contact cohérent entre les citoyens et les décideurs et de poser ""ouvertement"" et ""officiellement"" les choix politiques liés à ces problèmes. Deuxièmement, il faut Introduire les élections à la proportionnelle.

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non

Si oui, lesquels ?
Non, ce qui n'empêche pas de redéfinir le cadre de leur action, les règles de probité et les moyens alloués. Il convient aussi de lutter contre les abus de pouvoir : clientélisme, attribution des logements sociaux, des marchés, investissements de ""prestige"" trop chers et souvent disproportionnés, etc....

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Le taux d'inscrits participant aux consultations électorales est dramatiquement bas : la tentation serait de rendre le vote obligatoire, mais est-ce une solution pertinente ?

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Oui les votes blancs déposés dans les urnes. Lors des primaires (Républicains et Socialistes en 2017) des bulletins blancs étaient à disposition à côté des bulletins au nom des candidats.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Sans parler de referendum, de nombreuses communes consultent les habitants sur des projets locaux, c'est un début. Comment mettre cela en pratique à l'échelon national ? Certaines questions - sociétales, territoriales, écologiques, auraient mérité ou mériteraient une consultation par referendum.

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui

Si oui, comment ?
Oui, sans doute ... mais il y déjà beaucoup de consultations électorales qui n'intéressent pas tous les citoyens... Il faut donc des sujets forts et un nombre limité de consultations alors OUI pour le RIP ( et non au RIC) qui devrait laisser place à une expression politique des citoyens en même temps que celle d'associations et fondations citoyennes.

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Ce qui me paraît important en tant que citoyenne ce n'est pas forcément d'être consultée sur les dépenses publiques - le budget compliqué de L’État ne se discute pas en des alternatives binaires, mais : - Qu'on rende compte avec plus de rigueur des investissements nationaux ( alors qu'on apprend tout d'un coup la cession d’Aéroports de Paris ? ! ), des efforts faits pour économiser sur le train de vie de l’État et des collectivités (le passage à 13 régions a-t-il réellement fait faire les économies de fonctionnement annoncées ?) ; - qu'on dénonce les abus, des marchés frauduleux ou trompeurs ( comme les PPP) , des projets mal budgétés qui affichent des dépassements inadmissibles à la fin.... - qu'il y ait plus de clarté dans les interactions entre organismes financiers, entreprises BTP, lobbys et décideurs (pourquoi ma ville se retrouve-t-elle avec un stade hors de prix, en pleine ville et qui ne sert pas ? a hérité, il y a trois décennies, d'une bretelle autoroute non achevée pour aller à l’aéroport dont le trafic diminuait alors que le TGV se développait ?)

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
L'action ""consultative"" du CESE et ses résultats me semblent mal diffusés, confidentiels parfois, notamment la saisie par voie de pétition ; de même, la suite donnée à certaines commissions d'enquête (Outreau par exemple) est souvent invisible derrière l'aspect médiatique et scandaleux. La clarté dans les débats est nécessaire ainsi qu'une ""publicité"" sur les décisions (sur LCP ?), en retour, par l’État, les députés et conseillers régionaux ou départementaux vers les maires et citoyens. On ne devrait pas tolérer une Assemblée Nationale vide lors des débats ou des votes (comme les médias nous le montrent parfois) ; ne plus travailler de nuit et mettre en valeur le travail des Commissions car c'est souvent là qu'ont lieu les débat de fonds et les compromis.

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Non

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
La laïcité est un acquis fondamental depuis 1905 : faire appliquer les lois existantes, suffisantes semble-t-il, et cesser d'être permissif (prêches et comportements de certains religieux) ou paradoxal (""running hijab"" qui ne gêne personne et qui a bénéficié d'une publicité gratuite). Continuer à favoriser les échanges avec les organismes représentants des différents cultes, dans le cadre du Ministère de l'Intérieur. Continuer de faire respecter l'absence de signes religieux dans les services et administrations, les lieux d'enseignement, les équipements et lieux de vie publics.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
En menant une vraie politique de la ville rigoureuse sur le plan éthique : une ville, il faut que cela redevienne un TOUT pour TOUT le monde ; en ne tolérant plus ni les zones de non droit, ni les cités dortoir inhumaines et saccagées, que sont encore trop souvent les ""grands ensembles"" de banlieue, ni l'habitat vétuste ou insalubre de certains quartiers populaires des grandes villes. La bonne volonté des citoyens des ""quartiers sensibles"" n'est pas toujours entendue et les moyens pas toujours à la hauteur (les forces de l'ordre ne peuvent pas tout faire et le trafic de drogue mérite un traitement de fond, à part). En ce sens, il semble que les ""Métros"" ou ""Communautés de communes"" apportent des solutions nouvelles et plus globales. Continuer à faire respecter les choix de vie - notamment des citoyennes - dans le cadre de notre société laïque. Faire respecter le fonctionnement mixte des lieux de vie, des hôpitaux et centres communaux de loisirs ...

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Éduquer à l’École et au Collège ; notamment revoir méthodes et valeurs dans les collèges (violences, harcèlement...) ; faire connaître sérieusement, physiquement, nos institutions, notre organisation sociale (dont l'impôt est un des ciments). Mettre en valeur et donner les clés de l'engagement associatif qui est une base de la prise de parole et de l'expression personnelle ou citoyenne. Défendre et faire mieux connaitre les mécanismes de la libre entreprise. Soutenir les actions en faveur d'une restauration de la réflexion et de l'action syndicales.

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Le RESPECT - ce mot semble si fort dans la bouche de certains dont les rapports sont codés / codifiés : on tue ""au sens propre"" pour un regard dans certaines cités, mais aussi ""au sens figuré"", par indifférence, dans certaines entreprises ... La notion de respect, donc, devrait bien être remise en perspective avec la notion de COMMUNICATION !

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
C'est aux jeunes et jeunes adultes qu'il faudrait penser en priorité : des ""États généraux de l’Éducation et de la Formation"" seraient une tâche colossale mais, indéniablement, un processus de mise à plat est à trouver : le corps enseignant porte à bout de bras une société de jeunes souvent formatés par la télé, les jeux vidéo et les réseaux sociaux, les codes, plus que par leurs familles en référence à un environnement réel, Les maîtres et professeurs, principaux et directeurs, personnels de santé au sein des établissement, éducateurs de quartiers... ont certainement des choses à dire sur ces ""futurs"" ou ""déjà"" adultes...

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
Se poser sérieusement la question du décrochage scolaire et de la pertinence des filières scolaires, de formations ET d'accès à l'Emploi ou aux emplois. Surtout mieux faire connaître notre fonctionnement institutionnel, le ""lien"" entre impôts (déclaration de revenus ou prélèvement à la source) et aménagement du territoire, protection sociale, services... qui ne peuvent se résumer à ""faire payer les riches"" alors que les classes moyennes, dociles pour le moins, sont très/trop largement mises à contribution et que finalement une fraction seulement de la population est imposable sur les salaires. Ne plus tolérer que les personnels qui viennent en aide aux populations à savoir Pompiers, Samu, médecins et personnels hospitaliers soient la cible de violences. Ceci est valable aussi concernant les forces de l'ordre.

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Les comportements inappropriés, hurlements, bagarres, papiers et saletés jetées dans les rues ou les transports en commun, Les dégradations ""qui n'empêchent pas de vivre"" mais qui abiment l'espace public, tags, affichage sauvage, gravures dans les ascenseurs, dégradation d'abris bus ou de mobilier urbain... L'incivilité des automobilistes en ville. L'incivilité vis à vis des femmes en ville, au travail, même si la situation évolue dans le bon sens..

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Les pouvoirs publics ne sont pas là pour apprendre aux gens à dire bonjour, à ne pas uriner dans les cages d'escalier ou les jardins publics, à ne pas ""tager"" les murs ou les sièges du métro.... Pour autant, s'assurer d'une continuité de la présence publique (commissariats, ilotiers, éducateurs, contrôleurs et policiers en civil dans les transports et lieux publics) est de leur responsabilité. Lorsque l'incivilité devient fraude, dégradation de mobilier urbain, violence envers d'autres citoyens, violence routière, c'est un autre sujet ....

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Parler, ne pas être indifférent, ne pas fermer les yeux, saisir les mairies ...

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Sur la route en tant que femme : à deux reprises des conducteurs m'ont craché dessus alors que je me garais ou à une pompe à essence car ""je ne revenais pas assez vite des caisses""....

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Réagir lorsqu'on entend ne serait-ce que des ""blagues"" sexistes, homophobes ou antisémites au café, au travail... Éduquer, s'il le faut, en tout cas faire appliquer les lois qui ont été votées pour que le respect d'autrui, le partage de l'espace public, pour que la tolérance d'autres opinions ou convictions restent des principes liés à nos usages sociaux et institutionnels et non des vœux pieux ou des vertus de fiction.

Si oui, lesquelles ?
Je ne sais pas, plutôt non, ce qui n'exclut pas de traquer les fraudeurs, contrôler les déclarations, les adresses, lutter contre les ""marchands de sommeil"" ...

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
Rester un pays d'accueil mais mieux recenser et aider les personnes sans statut sur notre sol (avec la contribution d'ONG ? ou lorsqu’elles sont prises en charge par des particuliers ou des communes directement ?). Lutter contre les fraudes (travailleurs sans papiers et leurs employeurs ; ceux qui viendraient seulement profiter de nos aides sociales et soins médicaux gratuits)

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Non, ou alors dans le cadre d'une entente européenne actée. Jusqu'à présent aucune solution ne tient la route et aucune promesse de quotas d'accueil n'a été tenue notamment par la France.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Une réelle politique européenne en la matière. Une remise à plat de l'Espace Schengen et de la protection de ses frontières. La patience et la détermination dans le respect de nos institutions démocratiques, de notre diversité, de nos usages de vie, de notre langue et notre culture.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
S'assurer d'une volonté d'intégration et d'apprentissage de la langue française et des usages. Aider les associations et les communes dans ce sens


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