En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Des élus non carriéristes, ce qui implique une limitation des mandats dans le temps (deux maximum), et aux valeurs qui rejoignent les miennes.
En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui
Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Procéder le plus possible, avant le vote d'une loi complexe, à des rencontres-auditions des différentes associations, et éventuellement des syndicats, concernés par le projet en débat.
Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Des assemblées ""citoyennes"", constituées de personnes volontaires ou tirées au sort
Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose
Pourquoi ?
En général, le premier souci d'un élu est... d'être réélu, ce qui fausse ses prises de position et ses décisions, prises en fonction du risque ou non de fâcher ou de contenter son électorat. Personnellement, je pense qu'on ne devrait pouvoir être élu que pour un seul mandat rémunéré à la fois et en assumer un maximum de deux successivement. On pourrait alors sortir de cette dichotomie ""classe politique"" versus ""société civile"". Plus de citoyens auraient l'opportunité d'exercer un mandat. Et on en finirait avec la professionnalisation de la politique, avec des élus hors-sol qui finissent par ne plus connaître la réalité.
Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Adopter un système proportionnel.
Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non
Si oui, lesquels ?
Le problème n'est pas là.
Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Pourquoi ne pas rendre le vote obligatoire? Ce serait une gageure bien sûr dans ce pays aux citoyens qui détestent toute contrainte. Mais ça oblige les citoyens à lire les programmes, à faire des choix et à les assumer ensuite, plutôt que d'être dans la grogne et dans le rejet de principe.
Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Non
Si oui, de quelle manière ?
C'est un faux problème qui prend en France une dimension que je ne parviens pas à comprendre. Aux élections européennes de 2014, il y avait 22 listes. Il faut être de très mauvaise foi pour affirmer qu'aucune ne corespond à ce qu'on attend. Quel sens le vote blanc a-t-il face à un tel choix? Fallait-il 44 listes ou 300 ou plus encore? Pourquoi pas 66 millions? De toute façon, la balle est alors dans le camp de ""l'électeur blanc"": à lui de proposer sa liste, à lui de bouger.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Mettre en place, à tous les niveaux, du municipal à l'européen, des assemblées de citoyens, par exemple tirés au sort, qui, avec l'aide d'experts qui les informent, prennent le temps de réfléchir à une problématique, de formuler des pistes, de prendre des décisions avec les élus. (voir David Van Reybrouck, « Contre les élections », Babel, 2014 ) Au niveau municipal, pourquoi ne pas lancer, à l'image de ce qui se pratique en Wallonie, des opérations de développemenr rural qui associent directement la population locale à la réflexion et aux décisions sur l'avenir de la commune? (voir www.frw.be) On peut aussi imaginer des Conseils des enfants ou des jeunes, des aînés, de l'aménagement du territoire, de la mobilité, etc. Ne pas décider pour la population, mais avec.
Si oui, comment ?
Je suis partagé entre oui et non. Les référendums me semblent simplistes et dangereux. On voit que la décision de la Grande-Bretagne de sortir de l'U.E., prise à l'issue d'un référendum, est une catastrophe pour le pays lui-même. Au moment du référendum, personne, absolument personne en Grande-Bretagne ne pouvait imaginer les conséquences de cette décison. Les irresponsables qui ont lancé ce référendum ont ainsi invité la population britannique à un saut dans le vide les yeux fermés. Aujourd'hui, s'il est bien un pays à l'économie fragile (alors que c'était l'inverse avant le référendum), c'est bien le Royaume (de moins en moins) Uni. Même constat du côté de la Catalogne: les indépendantistes ont voulu se faire plaisir et, en gagnant leur référendum, ont perdu l'autonomie dont bénéficiait leur région. Idem pour le Kurdistan irakien. Concernant le Brexit, les jeunes Britanniques ont raison de regretter que ce soient les voix des personnes plus âgées qui l'aient emporté. Leur avenir à eux, jeunes, se trouve tout à coup obscurci. Les enjeux ne sont pas les mêmes pour tous. Il faut évidemment consulter la population avant de grandes décisons qui engagent son avenir, mais faut-il que l'avis rendu ait valeur de décision? On est, avec les référendums, dans une vision simpliste et un peu infantilisante: on est pour ou on est contre, il n'y a pas de place pour des nuances, pour des alternatives. Il me semble que c'est jouer avec le feu. Les assemblées de citoyens tirés au sort et d'élus me semblent plus à même d'apporter des réponses plus nuancées, plus argumentées, plus réfléchies, plus pertinentes.
Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Commencer par adopter la formule des budgets participatifs au niveau des communes.
Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Remplacer le CESE par l’Assemblée citoyenne du futur. C'est une proposition de la Fondation pour la Nature et l’Homme : Dominique Bourg, « Inventer la démocratie du XXIe siècle – L’Assemblée citoyenne du futur », éd. Les Liens qui libèrent », 2017.
Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui
Si oui, comment ?
Voir ci-dessus. Dans l'ouvrage cité supra, est évoquée la composition et le rôle de cette assemblée, avec notamment des représentants d'associations et des citoyens tirés au sort. Ils seraient amenés à donner un avis sur tout projet, toute loi qui risque d'avoir un impact sur l'avenir de la planète.
Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Appliquer la loi sur la laïcité. Les religions sont affaire privée et n'ont pas à imposer leurs règles et us et coutumes dans le fonctionnement de la société. Elles ne peuvent remettre en question l'égalité homme - femme, ni empêcher le libre arbitre et la libre expression pour qui que ce soit.
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Education- culture.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Offrir aux citoyens un maximum d'espaces de participation à la vie publique (cf propositions supra).
Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Engagement, dialogue, respect, assertivité.
Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
S'attaquer aux discours agressifs, haineux, racistes, antisémites, sexistes, homophobes, etc. passe par la formation, à tous niveaux et même à tout âge. Apprendre à s'écouter, à se parler, à réfléchir ensemble...
Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
En France, les citoyens ont souvent une attente excessive vis-à-vis des élus. Sans doute faudrait-il lancer plus d'appels à collaboration, notamment au niveau local. Il faudrait dans les médias plus d'émissions comme ""Carnets de campagne"" (Philippe Bertrand, France Inter) qui met en valeur les citoyens actifs, les associations qui créent du lien, qui travaillent à redynamiser une entité, à nous construire un avenir durable.
Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Le climat détestable qui règne dans les réseaux prétendument sociaux (voir supra).
Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
La réglementation à ce niveau est difficile, mais indispensable tant elle permet aux ""nuisibles"" de polluer la vie sociale.
Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Pousser chacun à se sentir responsable, plutôt que de se contenter d'attendre que les pouvoirs publics réagissent. Encore une fois, éducation et culture.
Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Je n'en vois pas.
Si oui, lesquelles ?
Réponse mitigée: il faudrait d'abord et avant tout créer de l'emploi pour éviter que des gens se morfondent chez eux en vivant de la solidarité. Mais il faut, emploi ou pas, les sortir de l'isolement, ne pas les laisser abandonnés devant leurs écrans. Etre actif (au moins parfois) au service de l'intêrêt collectif (pouvoirs publics, associations) permet de donner un sens à sa vie, d'être en lien avec d'autres, de sortir de chez soi, augmentant ainsi ses chances de (re)trouver un emploi.
Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
La France doit ouvrir plus largement ses portes à ceux qui fuient guerre, oppression, misère. La notion de réfugié économique ne me semble pas avoir beaucoup de sens: une vie peut être en danger pour des raisons politiques autant qu'économiques.
En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Oui.
Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Le travail. Le chômage est certes important, mais il y a de nombreuses demandes insatisfaites. Ce matin même, sur France Inter était évoqué le manque de main d'œuvre d'une partie de l'industrie. A deux pas de chez moi, en Creuse, on manque de maçons, activité traditionnelle de la région. Plus haut, dans le Cher, une laiterie qui a sa propore entreprise de métallurgie pour fabriquer ses cuves ne parvient pas à recruter le personnel qui lui est nécessaire. Ailleurs, ce sont des paysans qui ne parviennent plus à embaucher.
Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Il faut que chacun, dès le plus jeune âge, vive dans la culture de la démocratie. Faire vivre la démocratie partout dans la vie quotidienne (Conseils d’écoles, de classes, d’entreprises, associations, etc.), c’est impliquer chacun, permettre à tout citoyen d’exercer des responsabilités dans les domaines dans lesquels il évolue. Avec ce type d’organe consultatif, on peut prendre des décisions fondées sur la raison (faits, échanges de points de vue, débats et analyses) plutôt que sur l’émotion, adoptées à l’issue de processus réellement collectifs plutôt qu’à partir de l’addition de positions individuelles non débattues (élections, référendums). Le fonctionnement de tels organes consultatifs permet des analyses fines plutôt que des positions simplistes. Il apporte des nuances, de la complexité…
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