Intégralité de la contribution intitulée "Association Démosthène. Pour la citoyenneté, un espace de débat"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 3 mars 2019 à Caen .

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Depuis 1993, l’association Démosthène est un lieu pour comprendre la citoyenneté, la construire, l’exercer et la promouvoir ensemble. Elle œuvre pour rapprocher les simples citoyens, les élus, les experts, à travers des conférences-débats et ateliers promouvant les échanges autour de la décision publique. Forte d’une expérience de vingt-cinq ans notre association a vu le mouvement des Gilets jaunes et la vogue du ‘dégagisme’ en politique comme la manifestation de la distance croissante entre une partie de la population, leurs représentants et des élites politiques, économiques et scientifiques : certaines difficultés non perçues ou mal évaluées par des mesures construites sans consensus, mais aussi un discours médiatique instrumentalisé dans des conflits partisans qui favorise le complotisme, le discours haineux et les solutions simplistes prétendument « radicales » sont, avec bien d’autres facteurs, des éléments d’explication . Le refus de structuration, de représentation, d’organisation conduit d’une part à des difficultés pour faire remonter des revendications cohérentes légitimées par des procédures collectives et démocratiques, à la violence physique et verbale, qui même minoritaire, persiste et accompagne ce mouvement. Des discours contradictoires, simplistes, haineux prolifèrent qui constituent une menace pour notre démocratie et alimentent la désignation de boucs émissaires. Le réseau d’éducation populaire qui fédérait autrefois les associations organisant collectivement l’autoformation des populations qui n’appartenaient pas aux élites du pays (jeunesse, familles, travailleurs.) a disparu depuis longtemps, comme les associations d’engagement civique (France Plus) qui œuvraient dans les quartiers. Nous souhaitons que ce travail associatif, en grande partie bénévole, soit l’objet d’encouragement et de soutien (de ce point de vue la disparition des emplois aidés sans dispositif de substitution ne va pas dans le bon sens) , qu’il soit reconnu par l’intégration bien plus grande qu’actuellement aux processus d’élaboration de la décision publique, pour rééquilibrer l’influence de certains groupes de pression, en particulier économiques. L’autoformation politique par des associations reconnues et établissant des relations constructives avec les autorités permet aux citoyens de s’approprier la complexité des politiques publiques et d’élaborer des avis informés qui rapprochent la population de ses représentants autrement que dans le cadre d’un ‘marché électoral’. C’est ainsi que L’association DÉMOSTHÈNE agit pour une urbanisation raisonnée répondant aux véritables besoins des citoyens, et elle demande que ceux-ci soient associés aux décisions qui impactent leurs conditions de vie. Le malaise social qui a donné lieu au Grand Débat National est en partie lié à une politique d’urbanisation menée depuis cinquante ans qui a multiplié les déplacements contraints, a produit la dépendance automobile, des formes de repli et des difficultés d’accès à certains services. - Pour ce faire, elle souhaite que les associations dont l’intérêt à agir est reconnu, et qui offrent des garanties sérieuses de représentativité, siègent et aient une voix délibérative dans les instances qui décident de la politique d’urbanisme. Ces associations doivent être associées en particulier à l’élaboration des SCoT et de leurs révisions, aux PLU, et aux décisions en matière d’aménagement commercial et d’équipements publics. Qu’ainsi soit reconnue l’active participation des citoyens aux projets qui les concernent, à travers l’existence de la maîtrise d’usage, que notre association défend depuis des décennies, indispensable complément à la maîtrise d’œuvre et à la maîtrise d’ouvrage. C’est par la reconnaissance de cette maîtrise d’usage que se concrétisera un réel fonctionnement démocratique en matière d’urbanisme. - Par ailleurs notre association souhaite que de grandes orientations en matière d’urbanisme raisonné au service des citoyens soient respectées par : • Une planification de l’urbanisme à l’échelle des bassins de vie des populations, en confiant la responsabilité des Plans Locaux d’Urbanisme aux intercommunalités (achèvement de la loi ALUR de 2014). • Une réalisation de l’objectif « zéro artificialisation nette des sols », en particulier par un moratoire immédiat sur toute nouvelle ouverture de centre commercial. • Une amélioration des lignes de transport en commun et des modes actifs de déplacement entre les territoires périphériques et les centralités urbaines, grâce à des liaisons fréquentes et rapides, dans une logique de partenariat entre territoires. • Une sauvegarde et une amélioration des espaces publics en particulier dans les lieux centraux. Par ailleurs notre association travaille depuis des années à la reconnaissance des droits des personnes condamnées et à l’insertion postpénale, objectif « citoyen » et moyen de prévention de la récidive. Elle souhaite donc que dans le cadre du Grand Débat National, ses avis et points de vue soient examinés avec attention. L’association, à la lumière de son expérience, constate l’insuffisance du budget dévolu à l’accompagnement dans le milieu carcéral et à la réinsertion, et les conditions indignes dans lesquelles les personnes sont incarcérées, contribuant à leur marginalisation. Elle constate par ailleurs que les moyens alloués à l’enfermement sont en revanche exorbitants au regard du résultat pour la société : 100€ par personne et par jour (soit 100 X 71 000 personnes détenues X 365 jours) pour 60% de récidive et 80% de sorties « sèches », sans aménagement de peines, sans transition adaptée avec l’extérieur. Ce dernier chiffre monte à 98% pour les courtes peines. Ce manque d’accompagnement, auquel s’ajoute la surreprésentation en prison de différentes vulnérabilités (précarité économique, troubles mentaux) favorise la récidive. Les pays scandinaves, l’Allemagne, les Pays Bas font mieux et pour moins cher en développant une autre conception de la peine. L’Association demande : • La création de lieux, guichets uniques, adaptés et dédiés à la réinsertion des personnes sorties de prison • Un accompagnement par la formation professionnelle et pour l’accès à l’emploi, « clés » de l’insertion et de la réintégration dans la société • Le développement d’alternatives à l’enfermement, comme par exemple le bracelet électronique. • La sensibilisation et l’éducation de la société civile aux affaires judiciaires.


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