Intégralité de la contribution intitulée "Faire vivre la démocratie"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 15 février 2019 à Clairefontaine-en-Yvelines .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
La démocratie représentative est incontournable. On ne peut que faire confiance a priori au personnel politique, dont la tâche est plus que difficile. La confiance ne peut aller, toutefois, qu'à celles et ceux parmi ce personnel qui sont honnêtes (intellectuellement et financièrement). L'inéligibilité devrait sanctionner plus durement les politiques reconnus coupables de délits.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Laissons aux associations le soin de se faire entendre. C'est la responsabilité des politiques de les consulter ou non. Quant aux syndicats, il faudrait s'interroger sérieusement sur l'utilité de rendre obligatoire l'adhésion de tout salarié, public ou privé, à un syndicat. Une telle mesure serait peut-être de nature à favoriser un dialogue plus constructif avec le patronat ou la personne publique employeur, l'Etat se contentant de veiller aux grands équilibres macro économiques.

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
La vision de court terme des élus (l'élection qui approche !) est une catastrophe. Elle stérilise les indispensables projets à long terme. Elle encourage la fuite devant la vérité, voire les coupables et mortifères dérobades (ah, que l'Europe est commode pour fuir la responsabilité des décisions peu populaires !). Limiter l'élection à deux mandats successifs au maximum serait peut-être une bonne mesure.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Je ne sais pas

Pourquoi ?
Il y a de bons arguments pour et contre. C'est à voir à l'usage.

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
La représentation proportionnelle risque fort de conduire à l'impuissance dans notre pays, peu enclin à des accords de gouvernement. Mais il est dangereux d'ignorer des familles de pensée. Pourquoi ne pas institutionnaliser une consultation périodique des partis politiques ayant obtenu au moins x % des suffrages aux consultations nationales et non représentés à l'Assemblée nationale ou au Sénat ? Le contenu de ces consultations devrait être rendu public.

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Oui

Si oui, lesquels ?
Les progrès à faire pour réduire le nombre des élus devraient être recherchés dans deux directions : réduction par incitations financières du nombre de communes (sans retour possible après fusion), en organisant une diminution effective du nombre de conseillers, d'une part ; réduction modérée du nombre de conseillers départementaux et régionaux.

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Afin d'éviter les éternels procès en illégitimité, rendre obligatoire le vote aux élections nationales jusqu'à l'âge de 80 ans (afin de ne pas ouvrir le risque de votes pipés dans les hébergements de personnes âgées). Prévoir une sanction : majoration fiscale ou réduction de prestation à hauteur d'un pourcentage croissant avec le nombre de manquements au devoir civique. Pour les élections européennes, assortir cette obligation de vote d'une démarche vigoureuse pour que les 27 (ou 28 ?) décident que les élections au Parlement européen se feront sur des listes européennes.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Un bulletin sans mention aucune (il faut en trouver dans les bureaux de vote ou prévoir ce vote en cas de scrutin électronique) doit signifier - surtout si le vote est obligatoire - que l'offre politique ne convient pas à l'électeur. Si le vote blanc atteint la moitié des suffrages exprimés, le scrutin devra être refait dans les trois mois, avec simple décompte des votes blancs.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Chaque ministre devrait exposer en ligne, une fois par trimestre, ses objectifs politiques et les résultats obtenus pour chacun d'eux. Le Premier ministre devrait se soumettre à cet exercice tous les six mois et le Président de la République tous les ans. Chaque citoyen devrait pouvoir exprimer nominativement ses remarques et suggestions sur un site public doté d'un modérateur.

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Je ne sais pas

Si oui, comment ?
Le référendum peut être le pire des maux et virer au plébiscite. Son économie d'ensemble doit être soigneusement définie, sous le contrôle du Conseil constitutionnel. A chaque niveau d'organisation du territoire - de la commune à la région - on peut imaginer qu'un référendum puisse porter sur une question relevant de la seule responsabilité de la collectivité concernée. Au niveau national, prudence !!!

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
L'ensemble des procédures actuelles paraît suffisant : tout citoyen désireux de s'exprimer sur une dépense inscrite au budget le peut.

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Les territoires et la société civile seront bien représentés si les partis politiques et les institutions y veillent. Cela peut passer par des contraintes de répartition socio-professionnelles imposées pour la constitution des listes de candidats.

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui

Si oui, comment ?
Pour l'Assemblée nationale, veiller à ce que les députés représentent chacun un nombre égal d'électeurs et qu'ils soient élus dans des circonscriptions découpées de manière à reproduire le mieux possible la composition sociologique au niveau régional. Pour le Sénat, élargir le corps électoral aux présidents, voire aux administrateurs, de toute association ou fondation ayant bénéficié de subventions publiques au cours des trois années ayant précédé celle de l'élection. Pour le CESR, réserver un quart des sièges à des jeunes de 25 à 35 ans tirés au sort parmi les inscrits sur les listes électorales.

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Faire porter l'effort sur la formation (et le financement de celle-ci) de toutes les personnes qui prêchent une religion ou une philosophie (je pense au bouddhisme). Contrôler la teneur de ces prêches. Contrôler le contenu des enseignements dans les établissements d'enseignement privés. Renforcer l'enseignement des principes de la laïcité dans les écoles publiques.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Par l'exemplarité de ce respect par les élus, notamment au niveau communal et, quand il le faut, par des décisions de justice aux motivations limpides.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Lutter de façon déterminée (par exemple, par un Plan décennal) contre toutes les formes de discrimination qui frappent les jeunes issus de milieux défavorisés.

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
Mettre les réseaux sociaux sous contrôle par l'instauration d'une responsabilité pénale des supports sur les contenus, analogue à la responsabilité d'un directeur de publication. S'interroger sur l'anonymat sur les réseaux sociaux. Promouvoir la propreté des lieux publics et le tri des déchets.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Introduire dans l'enseignement primaire et secondaire une éducation civique reposant sur l'analyse du fonctionnement des réseaux sociaux et sur des faits d'observation de l'environnement.

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
On ne peut pas entrer dans un ""crédit social"" à la chinoise, fût-il uniquement valorisant.

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Le bruit est une incivilité majeure. Pourquoi tant de lieux publics (restaurants, cafés, magasins) se croient-ils obligés d'infliger à leurs usagers un fond sonore ? Interdire ? Plutôt éduquer le public ?

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Empêcher qu'elles ne germent par un enseignement maternel et primaire conçu à cet effet. La socialisation commence au berceau.

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Se comporter convenablement.

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
J'ai la chance d'être blanc et de vivre dans un espace bourgeois. C'est par les médias plus que par mon expérience que je connais les discriminations.

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Empêcher qu'elles ne germent par un enseignement maternel et primaire conçu à cet effet et prolongé dans le secondaire. La propension à rejeter comme mauvaise toute différence commence tôt ! Réprimer sans faiblesse ce qui doit l'être. Lutter contre cette maladie de l'esprit qu'est la discrimination a priori est une cause nationale prioritaire pour la paix civile et le vivre ensemble demain.

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
Une petite contribution en temps à des travaux d'intérêt général.

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
On ne parlerait pas de l'immigration si elle n'était majoritairement musulmane. L'intégration sans négation des cultures d'origine et en faisant respecter les principes de la République est sans doute la meilleure politique. Cette politique migratoire doit passer par des accords européens.

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Il faut parvenir à définir des objectifs au niveau de L'Union européenne. Raisonner au niveau national conduit droit au rétablissement des frontières et à la négation même du projet européen.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Protéger les frontières extérieures, être accueillants sans naïveté, choisir si on le peut, veiller à ne pas piller les ressources intellectuelles de l'Afrique, financer un Plan à vingt ou trente ans pour maîtriser la démographie du Sahel et donner aux jeunes de cette région une autre perspective que le trafic de drogue, l'engagement djihadiste ou l'émigration.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Former les immigrés aux postes qui demeurent vacants, faute de candidats. De tels postes existent. Exiger en contrepartie un engagement de cinq à dix ans à tenir ces postes.


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