Intégralité de la contribution intitulée "De la citoyenneté, de la solidarité, des libertés individuelles mais aussi de la réciprocité"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 3 février 2019 à Hérouville-en-Vexin .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
A vrai dire je ne sais pas trop. Logiquement je devrais dire mon maire mais habitant à Cergy-Pontoise, l'agglo a énormément de poids dans beaucoup décisions. De plus, certaines d'entre elles émanent de l'Etat (voir ce qui concerne le logement social), d'autres au niveau européen. Et au niveau de la sécurité je ne trouve pas cela si simple de savoir à quel échelon cela se passe.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Non

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Les associations, pour certaines d'entre elles, sont une véritable catastrophe et ne représentent qu'elles mêmes. Je pense aux associations type DAL, type défense des ROMS qui vont promouvoir et encourager les squats, celles qui défendent aussi les fouteurs de merde en banlieue qui imposent leur lois aux autres. Exemple : ce type d'associations considèrent qu'il ne faut pas sanctionner voire virer les parents dont les enfants font du trafic de drogue, qui détériorent des HLM. Cette victimisation permanente contribue à la catastrophe actuelle, où certains endroits comme à Cergy - Pontoise sont devenus des no mans land. Par contre prendre en compte de vraies associations d'habitants ( et non ces associations d'extrême gauche qui ne représentent qu'elles mêmes et ne sont pas constructives) me paraît pertinent, tout comme les associations constructives, par exemple celles qui cherchent à ce que les individus aient plus de ressources pour pouvoir agir (l'empowerment des anglo-saxons).

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Une éducation à la citoyenneté, un sens du collectif, que tout le monde contribue à la solidarité (par l'impôt notamment, quasiment tout le monde devrait en payer, 43% ça fait pas beaucoup...) et des politiques qui donnent l'exemple. Malheureusement certains d'entre eux encouragent la logique clientéliste, qui aboutit à la situation actuelle : nous avons aujourd'hui beaucoup de consommateurs qui n'ont que des droits, mais aucuns devoirs. Les réseaux sociaux ont considérablement amplifié le phénomène. Et les politiques sont devenus des hommes de communication qui se préoccupent avant tout de leur réélection. En définitive, on a des "citoyens" qui sont le reflet de ce qu'est devenu la politique (et le phénomène est mondial). Les politiques eux-mêmes ont contribué à la perte de sacralisation de l'acte politique.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Je ne sais pas

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Je ne sais pas trop, c'est une question bien complexe. Aller sur le terrain ? A l'heure actuelle il y a un certain décalage entre la "vraie vie" et les théories politiques. Cela commence néanmoins à changer un peu...

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Oui

Si oui, lesquels ?
J'ai dit oui mais sans avoir un avis tranché sur la question. Je pensais surtout aux sénateurs. Mais pour cela peut-être faudrait-il faudrait changer de République...

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Avoir des politiques qui les responsabilisent, mais ce n'est pas le cas pour une bonne partie d'entre eux. Plus de pédagogie et de citoyenneté, même si cela s'annonce ardu dans un monde où la société de consommation prédomine et où chacun voit d'abord son intérêt premier.
Pour qu'ils participent plus : montrer par la pédagogie qu'agir dans un contexte incertain (la mondialisation, avec une économie qui n'est pas suffisamment régulée et qui prend le pas sur le politique) n'est pas chose aisée. A cela s'ajoute que l'on ne peut plus parler de peuple ou de classes populaires / moyennes / riches, il y a une sous-segmentation en CSP aux intérêts pas forcément convergents. C'est ce qui rend l'acte politique très compliqué, avec une Europe qui a de plus en plus de poids.
Changer l'Europe, qui n'a rien de démocratique avec son trop grand nombre de lobbyistes . L'Europe est incapable de s'entendre et ne se remet pas en cause. C'est bien de condamner la hausse des populismes, c'est bien aussi d'en comprendre les raisons (le manque de régulation dans les relations marchandes, mais aussi dans les relations sociales). Certains technocrates européens donnent l'impression d'un entre-soi très fort, guidés par des principes théoriques avant tout (ce que doit être la démocratie). La réalité ne s'ajuste malheureusement pas à une théorie spécifique. Il faudrait je pense partir de ce qu'est aujourd'hui la démocratie, ses faiblesses (plusieurs intellectuels comme M. Gauchet ou N.Heinich parlent de dérives des libertés individuelles, d'inversion des valeurs). D'autres évoquent le manque de repères structurant de nos sociétés. Je pense pour ma part qu'il faut se réinterroger sur la façon dont on fait du lien collectif dans nos sociétés individualistes. Dans la société américaine, l'individualisme est associée à l'autonomie, la liberté, la capacité d'action. En France, elle est en partie associée à l'égoïsme, le narcissisme, la victimisation qui déresponsabilise de tout (le psychosociologue C. Rojzman en parle très bien. Déjà il y a 20 ans il avait compris que la victimisation des jeunes de banlieue par le PS était une catastrophe, catastrophe que l'on paye encore aujourd'hui). La victimisation est un fléau d notre société française.
En définitive, il faudrait changer le citoyen d'aujourd'hui, qui est plus un consommateur qu'un citoyen. Les débats sont une très bonne chose, même si pour certaines personnes ce n'est pas toujours facile (certaines personnes pensent qu'elles n'ont pas le capital scolaire pour le faire + peur de la" mauvaise réponse"). Internet permet d'y remédier,, c'est une excellente initiative.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Je pense qu'à un certain niveau de vote blanc (taux à définir), il faudrait pouvoir invalider une élection.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
En premier lieu en faire des citoyens et non des consommateurs. On voit trop de gens qui s'expriment sur des sujets sans rien connaître au problème, c'est une catastrophe! Résultats: on n'a que des avis basés sur de l'émotionnel ou des logiques grégaires qui se développent, sans aucune réflexion derrière (les réactions de conformité et moutonnières sont très importantes sur les réseaux, qui sont tout sauf des instances qui favorisent le débat, ça ne fait que manipuler et fabriquer une opinion de manière superficielle (désolée mais il n'y a pas que l'extrême droite qui utilise cette stratégie. Je pense à la remise de peine de Jacqueline Sauvage, où c'est l'émotionnel qui l'a emporté sur nos principes juridiques. Combien de personnes savent que cette femme a menacé avec un fusil la maîtresse de son mari ?).
Les médias d'aujourd'hui - en partie - qui se disent anti fake news participent aussi à cette fabrique de l'opinion, en caricaturant, en ne rendant pas compte de la complexité de nos sociétés. Un journal comme Le Monde oscille toujours entre journal d'information et journal d'opinion, Libération est plus soucieux d'ajuster ses propos aux idées gauchistes d'une pseudo -élite qui se croit éclairée mais qui se plante lamentablement depuis les années 70 (qui se rappelle que le journal était contre la pénalisation du viol car ça faisait "petit bourgeois"?))).
Il faut aussi en finir avec la dictature du politiquement correct. A force de systématiquement disqualifier ceux qui veulent évoquer les problèmes de l'immigration, parler de l'islam ou des minorités, on finit par avoir les extrêmes qui se développent. J'en ai marre des adeptes des points Godwin et de ces pensées totalitaires qui empêchent tout débat. Notre démocratie à l'heure actuelle se réduit bien souvent à un idéal et des postures mais ne parvient pas à résoudre des problèmes de fond (comment faire vivre des gens de cultures si différentes avec par exemple des perceptions très traditionnelles sur les femmes? ). Comment concilier libertés individuelles et collectives ? Le débat est vaste...

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Non

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Les rendre acteurs, développer leur capacité d'action et la citoyenneté justement. Organiser des réunions dans les mairies comme ce qui se fait pour le grand débat ou via numérique. Les impliquer en responsabilisant. Mais ce n'est pas gagner... Je pense pourtant que c'est un préalable à tout référendum.

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Avoir des représentants qui se rendent mieux compte des réalités sociales et économiques, et s'y rendant, en allant voir autre chose que Paris. Ne pas toujours se fier aux avis d'associations qui font bien souvent du militantisme, et veulent empêcher certaines problématiques d'émerger, et parce que c'est leur fond de commerce. Mais il est difficile de représenter tout le monde (complexification des caractéristiques des CSP).
Ne pas avoir peur de soulever des sujets tabous (l'immigration, notre politique sociale qui est plus une politique d'assistanat et misérabiliste, de type catholique où l'on fait de la charité, mais où l'on considère tout de même que les gens issus des classes populaires sont des idiots de nature et qu'ils ne peuvent pas évoluer (c'est quasiment un racisme social qui s'ignore).

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui

Si oui, comment ?
L'assemblée me semble bien fonctionner. Je pense pour ma part que le Sénat ne sert à rien. Les modalités de recrutement du Conseil économique, social et environnemental posent question, et donnent l'impression que l'on y met des "copains". Qu'est ce ce que des anciens sportifs de haut niveau font dans un truc pareil ? Qu'il y ait des gens que l'on n'a pas l'habitude de voir serait une bonne chose : des chefs de PME, des enseignants-chercheurs du monde privé, des gens impliqués localement, et surtout qui sortent des dogmes de la bien-pensance (gauchisme culturel). En somme, des personnes en prise avec la vie réelle, qui ne sont pas dans la théorie mais dans l'action, et qui ne sont pas forcément connues (ce n'est pas parce qu'on est connu que l'on a un avis supérieur à celui du commun des mortels).

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Je pense qu'aujourd'hui, notre système de laïcité à la française est mis à mal, notamment par des intellectuels ou qui se prétendent comme tels (je pense que ce sont avant tout des trotkistes), mais aussi par des politiques (voir ce qui se passe en banlieues) qui veulent assurer leur réélection avant tout ; l'islamisme rampant est une phénomène à surveiller de très près.
Je pense que lorsqu'on arrive en France, il faut être sensibilisé à cette laïcité particulière à la France, mais qui constitue à mes yeux une véritable émancipation de l'individu par rapport à ses origines, et encore plus pour une femme, quoi qu'on en dise. Si des primo-arrivants très religieux n'en sont pas satisfaits, ils n'ont qu'à faire leur choix d'aller dans un pays anglo-saxon plus libéral (Canada, Etats-Unis, Angleterre). Et éviter à la cantine de rentrer dans cette logique "à la demande". C'est malheureux mais dans certaines cantines il n'y a quasiment plus de porc qui est proposé. C'est une discrimination par rapport à ceux qui ne sont pas croyants, et c'est regrettable. Après il ne faut pas croire non plus que tous les musulmans sont radicaux (il y en a même qui sont salafistes et qui n'embêtent personne), mais il y a une frange d'entre eux qui veut imposer un islam politique, il faut arrêter d'être dans le déni là-dessus. Il serait temps de se rendre compte de cela, et que cela pourrait conduire à une augmentation de la misogynie et de l'homophobie (on voit comment cela a tendance à se passer au Canada et les dérives des accommodements raisonnables) qui pourrait se développer à l'avenir. Il faut notamment être très vigilant par rapport aux dérives (ne pas vouloir serrer la main d'une femme, la non-mixité, les exigences de certains patients dans les hôpitaux).
Malheureusement , je pense que cette bataille est loin d'être gagnée tant des instances comme l'Onu, des acteurs privés type banque américaine ou des mécènes anglo-saxons promeuvent la laïcité à l'américaine. De même, dans un exercice de disqualification très fort, certaines associations, aidées en cela par des chercheurs ou intellectuels, associent de plus en plus notre modèle de laïcité à l' islamophobie. Encore une manière de disqualifier très prisée par l'extrême gauche mais qui paradoxalement, développe l'islamophobie.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Par des politiques qui soient unanimes sur le sujet, ce qui n'est malheureusement pas le cas.
En accordant une reconnaissance à un islam moderne qui à l'image du catholicisme français, comprenne que la religion - contrairement à d'autres pays- est plus du domaine privé que public. Mais en même temps comprendre qu'il s'agit d'un choix (d'être pratiquant religieux) respectable, tant qu'on ne l'impose pas aux autres . Enfin, former des imams en France.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Plus de démocratie au niveau européen. Depuis le traité de Maastricht où j'ai voté non, je n'ai pas eu l'impression que ma voix ait été entendue, et que l'on enfermait ceux qui ont dit non dans la caricature classique que l'on fait de ceux que l'on veut disqualifier. Je pense pour ma part qu'il y a un cruel déficit de démocratie au niveau européen qui a eu un impact au niveau de l'engagement citoyen en France, et sur la vision très négative que l'on a aujourd'hui des politiques. L'Europe a aujourd'hui tendance à culpabiliser le particulier , à vouloir lui faire porter le poids de la dette et de la transition écologique. On ne voit même plus les avantages libéraux qu'elle pourrait amener. J'ai à vrai dire l'impression d'être le dindon de la farce : on me dit que je suis dans une économie libérale mais avec mes 2500 euros en moyenne j'ai un très fort consentement à l'impôt (même si E.Macron ne les a pas augmenté, ce qui est une bonne chose), je paye une mutuelle santé de plus en plus chère là où certains bénéficiaires du RSA ont fait le choix de ne pas travailler et ont tout gratuitement, je paye la cantine plein pot là où certains bénéficiaires du RSA décident de ne rien payer, je n'ai pas d'aides de la CAF. Alors oui j'ai encore beaucoup de droits assez extraordinaires, mais je trouve que l'on est sur une tendance de plus en plus forte qui est celle d'avoir un très fort consentement à l'impôt mais avec une redistribution de moins en moins importante pour les classes moyennes, couplé à une culpabilisation si jamais j'émets la volonté de payer 3-4% d'impôt. Cela m'inquiète. Alors oui l'égalité c'est bien, mais on finit par avoir une politique injuste et réellement discriminatoire, et qui ne règle pas les problèmes car elle est totalement inefficace.
Il y a très peu de libertés dans le domaine fiscal en France. L'Europe a une vision méprisante des citoyens. La France n'aime pas ses classes moyennes (foyer gagnant en gros de 3000 à 55000 euros) qui pourtant lui donnent beaucoup et sont vraiment dans la solidarité et la réciprocité.
Les avantages libéraux n'existent en France et en Europe que pour les acteurs économiques. L'Europe est trop technocratique, et c'est devenu un marché économique, certainement pas une entité politique (il y a énormément de divergences, ce qui était prévisible à plus de 25...), il n'y pas de gouvernance européenne satisfaisante.

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
L'éducation à l'environnement (A Cergy-Pontoise c'est une vraie nécessité, notamment dans les quartiers populaires. C'est pénible de voir des gens balancer leurs poubelles de leur immeuble ou dégrader les parcs publics), le respect des autres, les droits de chacun mais aussi ses obligations.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Pour moi cela commence par l'éducation à l'école et au plus jeune âge. Quand ce sont des adultes , leur faire un courrier, les inciter à aller dans des réunions pour qu'ils comprennent l'impact négatif de l'incivisme. Et sanctionner financièrement s'il n'y a pas d'évolutions de comportements. Arrêter la victimisation dans laquelle on est depuis 40 ans et qui déresponsabilise de tout. Ne pas jeter ses détritus par terre n'est pas compliqué à comprendre, idem pour l'ouverture des bouches d'incendie.

Que faudrait-il faire pour valoriser l'engagement citoyen dans les parcours de vie, dans les relations avec l'administration et les pouvoirs publics ?
Une reconnaissance institutionnelle, des sortes de certificat, des remises de prix pour ceux qui font beaucoup pour leurs concitoyens.

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Les détritus jetés par terre des immeubles, dans le parc. A Cergy, qui a bien des atouts environnementaux, c'est infernal. Les comportements inciviques en voiture (je suis dans le 95...). Les petits trafiquants de drogue qui sévissent partout et qui s'approprient des territoires, la lâcheté des politiques qui ferment les yeux. C'est un vrai problème ici.

Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Déjà, qu'il y ait une police municipale qui passe plus régulièrement. Mais ils ne peuvent pas faire de miracles non plus, surtout s'ils n'ont pas d'appuis politiques ou qu'ils sont en trop faible nombre. Sanctionner financièrement les parents. S'inspirer aussi de la théorie du Nudge.
Malheureusement, légaliser la drogue - au moins le cannabis- pour avoir un contrôle dessus, car cela devient un vrai problème de santé publique. Cela permettrait aussi que les dealers ne sévissent plus dans certaines cités et imposent leurs lois, ce qui pourrit la vie des autres habitants, qui deviennent par la même occasion des citoyens de seconde zone.

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
J'aurais bien dit faire la remarque à quelqu'un qui n'est pas civique. Mais je n'ai pas envie de me faire agresser verbalement (voir physiquement). Donc je dirai donner l'exemple, agir sur les plus jeunes.

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Les discriminations salariales pour les femmes, les discriminations à l'encontre des pères dès lors qu'ils veulent s'investir tout autant que les mères dans leur rôle parental. Une discrimination qui commence à monter contre les hommes blancs / Les classes moyennes vu comme responsables de tout (colonialisme, patriarcat, responsable des inégalités dans les écoles, etc.), très en vogue chez les sociologues d'extrême gauche. Même si dans les faits elle n'est pas encore forte(hormis 93 et des coins comme Argenteuil et Sarcelles), ce discours est extrêmement inquiétant. Il est raciste bien qu'il se prétende anti-raciste, avec ses notions de racisé et de races qui pululent aux Etats-Unis.. Il faudra s'attendre à des choses inquiétantes à l'avenir, tant notre "intelligentsia" est dans le déni total sur ces questions, et pensent que tout ce qui vient des Etats-Unis est formidable. Il y a là-dedans quelque chose qui ressemble à une haine de soi et à quelque chose de mortifère qui n'est pas du tout rassurante.
Je vois aussi des discriminations que certains appellent "positives" mais qui ne le sont pas pour moi : accepter que des caravanes de manouches rentrent dans un parc public de manière frauduleuse en prenant l'électricité et l'eau de l'annexe de mairie sans rien payer, faire leurs besoins dans le parc en dégueulassant tout, sans rien payer et sans sanctions financières aucune me scandalise.
Les autres usagers sont contraints de fermer leur gueule. Idem pour les roms - merci à l'Europe, incapable de prendre la mesure du souci- qui sont soutenus par des associations et qui soit squattent chez des particuliers, soit vont s'installer dans des terrains d'agriculteurs. Un agriculteur du vexin a mis un an pour les éjecter, et a dû débourser 150000 euros pour enlever leurs ordures. Aucune aide étatique, c'est le démerde toi pour le particulier. Malheureusement, en voulant protéger n'importe comment ces minorités et en leur disant que la citoyenneté c'est pour les autres-, en les déresponsabilisant de tout (le grand mal en France), le racisme à leur égard ne fait qu'augmenter. Il y a des populations à qui on excuse beaucoup plus, alors qu'une société, pour tenir, à besoin de règles collectives. Ces règles doivent être appliquées par tous, d'autant plus qu'elles n'ont rien de complexes. Une société ne peut pas tenir sans ce minimum de ciment collectif.

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
- Arrêter de faire des discriminations "positives". Si l'on veut qu'un jeune de banlieue s'insère , il faut aussi qu'il respecte les mêmes règles que tout le monde!
- Favoriser la mixité sociale, tout en admettant que cela n'est pas toujours évident (différence de niveau d'éducation, différences culturelles) ; il faudrait que les gens qui ne respectent rien soient sanctionnés, et qu'il y ait la possibilité d'expulser quelqu'un de son logement HLM pour celui qui ne commet que des dégradations. Croire que les gens s'ajustent les uns aux autres, comme dans la perspective libérale, est une grossière erreur.
-Je crois qu'aujourd'hui ce qui pose le plus de problème ce sont l'éducation des enfants. Comment un enfant, plus particulièrement un garçon, a des chances de réussir ses études si ces parents le laissent traîner dans la rue dès son plus jeune âge jusqu' à minuit ? C'est un problème récurrent en banlieues, qui empêche toute insertion future (et le reste de la société n'y est pour rien, comme l'école d'ailleurs..).
- L'éducation pour lutter contre les stéréotypes, de genre notamment. Arrêter de croire que ce sont les femmes qui doivent assurer l'éducation des enfants en priorité. Si l'on veut que les entreprises aient une vision moins stéréotypée sur les femmes au travail, il faut aussi que les hommes prennent leur part en matière familiale, avec soit des congés paternité étendus, soit la possibilité pour le père de prendre une partie des congés "maternité". Laisser en somme au couple le choix de se répartir ce congé. Il faut aussi promouvoir la garde alternée.Malheureusement là-dessus il y a beaucoup d'obstacles (nous en savons quelque chose avec mon compagnon...) : résistance de beaucoup de pédo-psychiatres (les adeptes de la psychanalyse de M.Berger, où la maman est le parent supérieur) et d'associations qui font des enquêtes et des expertises psy pour le compte du JAF (ASSOEDY) sans vous dire qu'elles sont contre la garde alternée ; beaucoup de magistrats excusent plus aux mères qu'aux pères, qui ont des injonctions à être parfaits ; le fonctionnement du JAF, où vous jouez la garde de votre enfant sur un coup de dés et ce sont parfois les représentations personnelles du magistrat qui prédomine, et beaucoup d'entre eux sont pro-mères, l' héritage culturel du dogme maternaliste étant fort en France ; les féministes françaises, qui contrairement à d'autres féministes européennes, considèrent qu'elles doivent avoir plus de droit en matière familiale (l'enfant est perçu comme un bien économique). Le ponpon revient à une représentante de l'observatoire des égalités homme -femme dont le nom m'échappe qui va justifier d'être contre la garde alternée en mobilisant la théorie de M. Berger , qui considère non seulement que la mère est le parent supérieur (discriminatoire donc, ça fait tâche pour quelqu'un supposé travailler sur l'égalité homme-femme), qu'elle doit allaiter et qu'elle devrait mettre entre parenthèse son travail pendant les trois premières années de son bébé, que le père a un rôle d'autorité (bonjour les stéréotypes de genre) et qui est contre le mariage homosexuel. Plus con et malhonnête tu meurs. Mettez donc des gens qui sont réellement pour l'égalité dans cet observatoire et qui y connaissent quelque chose. Cet observatoire promeut en grande partie les théories d'un féminisme radical qui n'aime pas les hommes.
Pour ce qui est de mon expérience avec mon compagnon : nous avons mis deux ans à récupérer ma belle-fille, alors que sa mère a fait un enlèvement parental (elle n'a donc averti ni le jaf, ne l'école, ni le père, et a demandé à ma belle -fille de cacher le déménagement), ne s'est jamais présenté aux audiences, a produit un faux, a empêché des appels et a quand même gagné malgré cela en première instance au jaf, avec une pension record et tous les trajets à la charge de mon compagnon (soit 1200 km AR, + 300 euros de pension alimentaire pour un salaire de 2200 euros. EN gros : 600 euros par mois...). Et pour ce qui est du pénal : bah là aussi des non présentations d'enfants, un enlèvement parental, c'est jamais grave quand c'est une maman. Résultat plutôt positif dans un premier temps : convocation devant le délégué du procureur de Mme, qui refuse de faire ce qu'on lui demande, à savoir un stage d'autorité parentale. Mme refuse et ho surprise, on classe la plainte sans suite en catimini alors que Mme aurait du passer devant le tribunal, en reportant la faute sur mon compagnon au passage. Moi je dit bravo à la magistrate de Cahors, qui n'a même pas voulu donner le dossier à notre avocate. Apparemment c'est une pratique pas si rare en province (qu'il faille beaucoup insister pour récupérer les dossiers). J'ai appris une chose en tout cas : certains magistrats agissent en toute puissance, sont des militants et très partiaux. Et il n'y connaissent rien à l'intérêt de l'enfant, tout occupés à défendre l'intérêt de la mère, forcément victime, et même si elles traitent leurs enfants comme des choses et non des personnes. Il y en a de très bien, mais quand vous tombez sur des magistrates qui manquent à tous leurs devoirs vous n'avez plus tellement foi dans la justice de votre pays. Il serait donc temps de sanctionner plus durement ces magistrats, qui pour certains d'entre eux se croient tout permis. C'est la seule profession où vous ne risquez rien. Les magistrats sanctionnent les flics de manière assez dure généralement, ce serait bien aussi qu'ils le soient aussi comme le reste de la société d'ailleurs. Généralement on a un avertissement ou on se fait virer quand on fait une faute professionnelle. Pas eux
Admettreque les discriminations ne sont pas que le fruit de stéréotype, mais qu'il y a aussi des problèmes d'intégration réel où la culture et surtout l'éducation jouent un rôle (cf la population carcérale. F. Khosrokhavar indique que les musulmans sont sur-représentés en prison). Il y a aujourd'hui un cercle vicieux qui s'instaure de ce fait.

Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Oui

Si oui, lesquelles ?
La solidarité implique la réciprocité. Nous sommes une des seules nations où on considère que tout est un dû. Concernant le RSA, c'est particulièrement palpable. Pour voir le cas dans mon quotidien, je trouve insupportable de voir quelqu'un avoir fait le choix de ne pas travailler (depuis 10 ans, alors que formation de secrétaire), de regarder la télévision et les jeux vidéos sans contrepartie, et de ne pas être punie alors qu'elle a fraudé la CAF, n'a pas payé sa cantine mais peut par contre se payer un abonnement Netflix. Normalement toucher le RSA est censé être une situation transitoire. C'est un revenu qui est censé insérer , c'est tout le contraire qui se passe. Et nous sommes beaucoup à constater que des gens aux RSA - pour certains d'entre eux, comme ceux qui ont des enfants - vivent aussi bien que celui qui touche un petit salaire. Une société où il y a des gens qui travaillent et qui ont un consentement à l'impôt important (40% de la population française je crois) font acte de solidarité. Ceux qui ont décidé qu'ils ne veulent pas travailler (ce n'est pas le cas de tous les gens aux RSA) profitent du système et n'ont rien de solidaires.
Inciter ces derniers à trouver du travail ou qu'ils soient dans la réciprocité en faisant une dizaine d'heures de bénévolat par mois ne me paraît pas choquant. Chacun doit contribuer à la solidarité à sa manière : pour certains ce sera l'impôt, pour d'autres le bénévolat.
Le Rsa en France est devenu un mode de vie et non plus une situation transitoire

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
Je pense qu'il y a des belles réussites d'intégration (à Cergy c'est le cas en partie) mais aussi de belles catastrophes, notamment parce qu'on a longtemps pensé qu'intégrer des personnes d'horizons très différents, en nombre très important, était chose aisée. Ce n'est pas le cas, c'est même le défi majeur de notre siècle, conjointement à la crise environnementale et la place du travail dans nos sociétés contemporaines.
Il faut que la France sorte enfin de sa repentance colonialiste et de sa culpabilité née de son attitude lors de la seconde guerre mondiale, l'époque a changé et non, ce n'est pas la même, d'autres problématiques ont émergé aujourd'hui

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Oui. La proposition de F. Fillon de faire des quotas d'immigration me paraît juste.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Au niveau français: faire une politique de quotas en fonction de nos besoins (cf le nombre d'emplois non pourvus). Ne pas accueillir que des personnes extrêmement pauvres qui multiplient les chances d'exclusion :ces personnes ne savent pas toujours lire, ne maîtrisent pas le français, peuvent avoir un rapport à la violence qui n'est pas le nôtre. A cela s'ajoute que l'on ne pourra pas régler le problème des inégalités en accueillant exclusivement des personnes pauvres. C'est un cercle vicieux qui s'entretient.
Je dirai donc s'inspirer du Canada en partie : faire preuve de pragmatisme et faire une politique d'immigration en fonction de nos besoins, et non parce que l'on est uniquement une terre d'asile. Si l'Allemagne a accueilli autant de migration c'est notamment parce qu'elle a beaucoup d'emplois à pourvoir. Ce n'est pas notre cas... Cela implique de changer de paradigme en France sur la question, ce qui ne sera pas une mince affaire (j'entends déjà les tenants du discours du type "les heures les plus sombres de l'histoire française...").
Faire une vraie politique d'intégration en contrepartie, avec une certaine reconnaissance de l'autre dans son altérité.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Apprendre la langue française - travailler - avoir une certaines proximité culturelle, notamment pour ce qui concerne l'éducation des enfants (en gros : qu'ils ne s'élèvent pas tout seuls et qu'ils ne soient pas dans la rue à minuit). Je suis persuadée que c'est ce dernier point qui rend difficile l'intégration de certains jeunes de banlieue, qui se socialisent dans la rue

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
La France est un pays où l'incivisme et ou le manque de citoyenneté sont patents. Cela traverse l'ensemble de la société. Cela aboutit aujourd'hui malheureusement à ce que l'on ait des consommateurs plus que des citoyens, qui n'estiment qu'avoir des droits, mais qui ne sont pas souvent dans la réciprocité (ou alors qui veulent le faire porter sur les autres, par exemple "les riches" (ou le voisin qui gagne 500 euros de plus mais qui travaille en conséquence)qui ont déjà un consentement à l'impôt colossal. Aujourd'hui, la réciprocité est du côté de ceux qui payent des impôts, pas de ceux qui n'en payent pas (mon propos reste toutefois à nuancer).
Une société sans réciprocité ne peut pas fonctionner ; chacun doit y contribuer à sa manière.


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