En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Par leur engagement généralement plus désintéressé, les militants associatifs et syndicaux sont probablement plus dignes de confiance et représentatif de la société.
En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui
Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Rôle consultatif des associations dans les prises de décisions politiques Rôle co-décisionnel des syndicats de salariés dans les entreprises, au même titre que les actionnaires
Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Il faut que les élus les représentent, c'est-à-dire reforcer la représentativité des élus par l'instauration du scrutin proportionnel et limiter la professionnalisation de la vie politique par le non-cumul des mandats, y compris dans le temps (mandat unique). La corruption doit être sévèrement punie pour que le doute ne plane pas sur tous les représentants et toute condamnation dans ce domaine aboutir à une inéligibilité à vie.
Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose
Pourquoi ?
Il limite la professionnalisation de la fonction d'élu donc le doute sur le désintéressement des représentants et permet de concentrer l'implication de chacun de ceux-ci sur leur seul mandat.
Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Il est nécessaire d'instaurer le scrutin proportionnel à toutes les élections.
Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Non
Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Elle est faible et remets en cause nos institutions républicaines. Certains citoyens ne se reconnaissent plus dedans et considèrent l'Etat comme autre chose que l'émanation d'eux-mêmes. Quelle est la légitimité d'une Assemblée nationale élue avec près de 60% d'abstention, votes blancs et nuls? Lorsque 6 Français sur 10 n'ont pas délégué leur souveraieneté aux députés, l'action des députés est décridibilisée, la légitimité des lois votées peut être discutée ce qui incite à la désobéissance civique voire à la violence comme mode d'expression politique. L'instauration de l'élection à la proportionnelle effacerait l'impression du vote par défaut que constitue le second tour et donc de l'impuissance du citoyen, chaque vote étant susceptible de permettre réellement l'élection d'un député. En outre, il faut prendre en compte le vote blanc et les suffrages non exprimés dans les résultats officiels (ramener les scores des candidats à la proportion des inscrits) et en contrepartie rendre le vote obligatoire. Enfin, la précarisation professionnelle est anti-démocratique. Les contrats précaires et déplacements subis peuvent être un frein à la capacité de voter (sans parler des élections professionnelles). De la même façon, sauf dans les services publics de sécurité et santé, il faut interdire le travail le dimanche des jours d'élection.
Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui
Si oui, de quelle manière ?
Les scores des candidats, élus ou non, doivent toujours être ramenés au nombre des inscrits. Il ne faut surtout pas annuler une élection si le vote blanc est majoritaire, cela paralyserait la République et mettrait en danger les institutions démocratiques. Dans l'hypothèses d'élections à la proportionnelle, les suffrages non exprimés et le vote blanc pourraient être représentés par un tirage au sort sur les listes électorales.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
L'instauration du referendum d'initiative citoyenne est un premier outil. Surtout, il est nécessaire de rétablir confiance dans la Constitution en ne permettant aucune modification de celle-ci sans referendum. Sans cela, la démocratie est au bon vouloir des représentants or c'est aux représentés de décider des règles du contrat.
Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui
Si oui, comment ?
L'initiative doit pouvoir venir de la société civile également et le seuil de membres du Parlement signataire doit être rabaissé à un pourcentage des membres de la majorité parlementaire ou de l'opposition (le même pourcentage, quelque soit le poids de la majorité et de l'opposition).
Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Au niveau des collectivités, instaurer un pourcentage obligatoire de budget participatif et consulter les citoyens par référendum pour les projets dépassant un seuil du budget de la collectivité.
Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Ils doivent rééquibrer la représentation du peuple par rapport à l'Assemblée nationale.
Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui
Si oui, comment ?
Le Sénat ne doit plus être une assemblée de notables freinant les décisions démocratiques. Le bicaméralisme permet la cohabitation d'une Assemblée avec une majorité claire et d'un Sénat, élu au scrutin proportionnel universel, disposant d'un droit de véto.
Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
La loi de 1905 doit être étendue à l'ensemble du pays (fin du concordat d'Alsace-Lorraine). Les dirigeants politiques doivent limiter de s'afficher avec les représentants religieux de toute confession. Ceux-ci peuvent être consultés mais en venant auprès des institutions publiques, les hommes politiques et hauts fonctionnaires évitant de se rendre aux manifestations religieuses, sauf à titre personnel. Le président de la République doit officiellement renoncer aux fonctions religieuses qu'il détient de droit en tant que chef de l'Etat (chanoine...). Les financements publics aux associations et établissement scolaires confessionnels doivent être interdits.
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Attacher les citoyens à la République doit passer par la défense effective par les élus de leurs droits et des biens communs que sont les droits sociaux et les services publics.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Cesser le discours d'impuissance, qui décridibilise les élus et décourage les citoyens, accepter et respecter la contradiction républicaine argumentée sans la disqualifier d'extrémisme pour éviter la montée des vrais extrêmes. Instaurer des normes démocratiques auxquelles les partis devraient se conformer dans leur fonctionnement. Inciter financièrement les associations et partis politiques à proposer des tarifs sociaux d'adhésion.
Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
L'engagement bénévole (association, syndicats, élus locaux, service civique)
Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
Le don de temps pourrait être comptabilisé comme un impôt, calculable et déductible. Il pourrait être encouragé financièrement pour les personnes touchant des minimas sociaux.
Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Le racisme et aussi le mépris des classes sociales inférieures.
Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Le plein emploi et la réduction des inégalités réduiraient le poids de ces discriminations en les réduisant à quelques cercles fanatiques. Aussi bien les victimes que les auteurs des discriminations se sentiraient plus intégrés à la société ce qui réduirait l'adhésion aux discours haineux, anxieux ou méprisants. Le plein emploi et l'ascencion sociale rétablirait aussi la confiance dans l'utilité des études scolaires et donc dans les discours de l'instruction publique en matière de citoyenneté et de laïcité notamment.
Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Non
Si oui, lesquelles ?
Encore une fois, l'objectif est de supprimer le recours à ces allocations sauf cas de force majeur, par le plein emploi et la réduction structurelle des inégalités. Ces allocations ne devraient être que conjoncturelles. A la rigueur, et pour qu'enfin on ne les stigmatisent plus, les bénéficiaires du RSA en âge et en état de travailler pourraient être mis à disposition des associations de leur commune afin d'y effectuer des heures de bénévolat. Cela renforcerait leur intégration sociale et participerait à leur formation professionnelle en leur fournissant des expériences. Pour ne pas remplacer des emplois par ces bénévoles, les heures doivent être limitées et seules les associations doivent pouvoir y recourir. L'échelle communale semble pertinente pour éviter les coûts de transport.
Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
Tout comme les citoyens de naissance y ont eu droit dans leur jeunesse, les immigrants devraient pouvoir bénéficier d'une scolarité gratuite et laïque.
Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
L'intérêt de la décentralisation et des collectivités locales est de rapprocher la prise de décision des citoyens. Mais regrouper les communes rurales (au moment où les communes urbaines développent pourtant une démocratie de quartier), fusionner les communautés de communes en créant des entités qui ne correspondent plus aux bassins de vie ou faire de grandes régions qui ne correspondent pas non plus aux bassins de vie, avec un chef-lieu de région inaccessible pour certains, et aucune identité régionale, ne semble pas pertinent avec cet objectif. En outre, puisqu'on en parle régulièrement, supprimer les départements ne serait plus cohérent avec les nouvelles grandes régions, alors que ça aurait pu se justifier dans de petites régions. Il serait préférable de rétablir les anciennes régions. Car cela rétablirait le poids des anciennes capitales de région qui se retrouvent ainsi déclassées avec des trasferts d'emploi vers des métropoles surfréquentées qui n'en ont pas besoin. Or, ce sont bien les villes déclassées (sous-préfectures ou villes désindustrialisées) qui font des choix électoraux extrèmes. Si le nombre de parlementaires devait être réduit, on verrait la diminution du nombre des représentants des zones rurales qui sont à l'origine de la crise sociale actuelle au profit des métropoles. Le député deviendrait une personne lointaine à laquelle les citoyens auraient difficilement accès et ne s'idenfieraient pas. Ainsi, la diminution du nombre de parlementaires, si elle devait avoir lieu, devrait se faire par la suppression d'une des deux chambres et non par la réduction du nombre d'élus dans chacune d'entre elles.
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