En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Non
Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Il conviendrait que l'État et les élus fassent preuve de davantage de pédagogie plutôt que de s'invectiver ou de recourir à des slogans simplistes. Il est insultant de supposer que les citoyens ne sont pas capables de comprendre les enjeux du débat public. Beaucoup d'explications sur la réglementation existante sont disponibles en ligne (service-public.fr par exemple) mais elles doivent être diffusées activement. En outre, il y a un besoin de pédagogie sur l'actualité politique qui est l'affaire des élus, mais aussi des médias. Cela pourrait commencer par consacrer moins de temps, dans les journaux télévisés des chaînes de service public, à des séquences de type magazine et davantage à expliquer les enjeux des débats en cours. La diversification du service public de l'information (investissement des nouveaux supports en ligne) doit aussi servir à cela. À plus long terme, l'éducation civique, à l'école, doit être une véritable sensibilisation au droit et au fonctionnement des institutions. Les élus devraient par ailleurs rendre compte de manière plus systématique et plus précise, ce qui est rendu plus facile par les nouvelles technologies. Enfin, toute forme de participation accrue du citoyen à la décision (débat public, référendum local ou national), favorisera le lien avec les élus dont le rôle est à la fois de prendre en compte et d'éclairer cette participation.
Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose
Pourquoi ?
Chaque élu doit pouvoir se consacrer pleinement à sa fonction.
Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Transformer le Sénat en une assemblée élue au scrutin proportionnel de liste permettrait de mieux représenter la diversité des sensibilités politiques et leurs poids respectifs. Pour éviter une éventuelle instabilité parlementaire, l'Assemblée nationale pourrait conserver tout ou partie de ses prérogatives (articles 45 et 50 de la Constitution).
Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Oui
Si oui, lesquels ?
Les conseils départementaux pourraient être supprimés et le département cessait d'exister en tant que collectivité territoriale (demeurant une circonscription préfectorale). L'Assemblée des Français de l'étranger devrait également disparaître, les Français de l'étranger étant désormais représentés au niveau national par des députés et des sénateurs.
Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Il est bien sûr souhaitable que cette participation augmente. Pour cela, il faudrait que les citoyens puissent avoir une vision plus claire des enjeux (ce qui renvoie à la question de la pédagogie) et aient le sentiment que leur choix a un impact réel (donc qu'ils soient associés à la prise de décision et que les élus respectent leurs engagements).
Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui
Si oui, de quelle manière ?
Lorsque le nombre de votes blancs est supérieur à celui des voix recueillies par le candidat arrivé en tête à une élection, le scrutin pourrait être déclaré non conclusif. Après deux scrutins non conclusifs, la fonction élective pourrait être dévolue à un citoyen tiré au sort.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Il faudrait recourir davantage au référendum, local comme national, d'initiative présidentielle comme d'initiative populaire. La généralisation des expériences de démocratie participative, comme la mise en place de budgets participatifs, pourrait être envisagée.
Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Oui
Si oui, comment ?
Il conviendrait de réviser l'article 11 de la Constitution en ouvrant la possibilité de prendre l'initiative d'un tel référendum à un centième des électeurs inscrits (un dixième aujourd'hui), sans qu'il soit besoin que des parlementaires s'y associent.
Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Les territoires sont représentés par leurs élus. La question de la représentation de la société civile n'est pas la bonne question. La société civile existe et doit exister hors des institutions. Elle n'a pas besoin d'être représentée, elle a besoin d'être écoutée, à la fois par l'État et par les élus. L'organisation d'états généraux ou assises ou Grenelle thématiques est une méthode intéressante, pour peu qu'elle ne donne pas lieu à une prolifération de tels forums sur des sujets secondaires (qui brouillerait le débat public) et que les conclusions en soient sérieusement pris en compte.
Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui
Si oui, comment ?
Le Sénat devrait être transformé en assemblée élue au scrutin proportionnel de liste (voir plus haut). Le Conseil économique, social et environnemental devrait être supprimé.
Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
La loi de 1905 telle qu'elle a été précisée par la jurisprudence donne le cadre et n'a pas besoin d'être renforcée. La laïcité ne doit pas être instrumentalisée comme elle l'est aujourd'hui et les pouvoirs publics doivent cesser de favoriser des revendications communautaristes. L'insistance du gouvernement à s'ingérer dans l'organisation de l'islam de France, sous le prétexte d'encourager l'émergence d'un interlocuteur unique, est malsaine (et peu efficace comme en témoigne l'expérience du Conseil français du culte musulman). La complaisance des gouvernements successifs vis-à-vis du Conseil des institutions juives de France est également malvenue, comme les propos sur le lien entre l'État et l'Église catholique qu'il conviendrait de « réparer ». La liberté de conscience est absolue et la liberté de culte bornée par les considérations de l'ordre public.
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
L'école républicaine joue un rôle central en la matière, c'est pourquoi il convient de la préserver.
Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Le renforcement de l'engagement citoyen dans la société n'est pas une fin en soi. L'appel des pouvoirs publics à un engagement accru des citoyens (via la société civile, le mécénat...) n'est qu'un moyen de pallier ses propres insuffisances (en matière de représentation, de redistribution...).
Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
La malpropreté dans l'espace public (détritus sur la voie publique, déjections canines...) devraient être sanctionnées.
Que peuvent et doivent faire les pouvoirs publics pour répondre aux incivilités ?
Donner à la police et plus encore à l'autorité judiciaire les moyens (financiers et réglementaires) d'une action efficace et rapide mettrait fin à l'impunité et dissuaderait chacun de commettre des incivilités.
Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Sexisme et racisme.
Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Arrêter d'instrumentaliser la question à des fins politiques et confronter les sexistes et les racistes à leur propres contradictions (plutôt que de les disqualifier comme interlocuteurs et de les autoriser ainsi à se croire ou à se poser en victimes du politiquement correct) serait déjà un progrès.
Pensez-vous qu'il faille instaurer des contreparties aux différentes allocations de solidarité ?
Non
Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
Le débat sur l'immigration est dramatisé à l'extrême alors que la France a su et saurait encore intégrer des vagues de population importantes. La politique migratoire doit prendre en compte cette capacité d'intégration ainsi que la situation mondiale (qui de toute façon s'impose à nous).
En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Non.
Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Il conviendrait de restreindre l'accès à la nationalité française par déclaration.
Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
L'intégration suppose d'être clairs sur nos valeurs, comme la laïcité (voir ci-dessous), et de rejeter les revendications communautaires. Trop souvent, les communautarismes de droite et de gauche se répondent, opposant les Français dits de souche aux Français dits issus de l'immigration, accompagnés de leur rhétorique victimaire en miroir.
Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
Le mandat présidentiel devrait être ramené à sept ans, ou du moins décorrélé d'une manière ou d'une autre des mandatures parlementaires. Le président de la République n'a pas vocation d'être le chef de la majorité. À cet égard, le fait que le chef de l'État actuel se trouve à défendre personnellement la politique du gouvernement dans des domaines aussi éloignés de ses prérogatives traditionnelles que la sécurité routière ou la nocivité des pesticides lors d'un grand débat est à la fois significatif et regrettable. Par ailleurs, la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (2017) et la proposition de loi visant à prévenir les violences lors des manifestations et à sanctionner leurs auteurs (en cours d'examen) menacent les valeurs républicaines, notamment en transférant de l'autorité judiciaire vers l'autorité administrative un certain nombre de pouvoirs. Il conviendrait de revenir à une conception du maintien de l'ordre plus respectueuse des libertés.
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