Intégralité de la contribution intitulée "Démocratie réelle et vivre ensemble"
Voici l'ensemble des réponses fournies par un contributeur du site officiel aux questions du thème Démocratie et citoyenneté le 28 janvier 2019 à Saint-Victor-en-Marche .

En qui faites-vous le plus confiance pour vous faire représenter dans la société et pourquoi ?
Je n'ai confiance en personne pour me représenter, même si j'adhère à certains idées de nos représentants politiques, l'ensemble de leurs positions ne me représente pas.

En dehors des élus politiques, faut-il donner un rôle plus important aux associations et aux organisations syndicales et professionnelles ?
Oui

Si oui, à quel type d'associations ou d'organisations ? Et avec quel rôle ?
Des associations telles que par exemple : Anticor, Les contribuables associés, des économistes indépendants, des experts environnementaux, les groupes d'Audit Citoyen, etc. Leur rôle : ""lanceurs d'alerte"".

Que faudrait-il faire pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?
Les élus doivent agir pour l'intérêt général et non pas l'intérêt individuel ou les intérêts de certains groupes de la société (lobbies, associations cultuelles, etc.). Ils se doivent d'être exemplaires et transparents.

Le non-cumul des mandats instauré en 2017 pour les parlementaires (députés et sénateurs) est :
Une bonne chose

Pourquoi ?
J'estime que le travail des députés et sénateurs doit être exercé pleinement. Prendre attache des réflexions et attentes de la population, des différents experts ou commissions, participer à des commissions, participer au débat parlementaire me semble bien remplir le temps imparti. Remarque : des textes ou amendements sont votés avec peu de présence à l'Assemblée Nationale, peut-être faudrait-il organiser le travail des parlementaires afin qu'ils soient tous présents lors des votes.

Que faudrait-il faire pour mieux représenter les différentes sensibilités politiques ?
Introduire une dose de proportionnelle (au moins 30 %).

Pensez-vous qu'il serait souhaitable de réduire le nombre d'élus (hors députés et sénateurs) ?
Oui

Si oui, lesquels ?
1) Conseillers départementaux et régionaux. Ils représentent un coût non négligeable pour la collectivité. Avec la fusion de l'Aquitaine, du Limousin et du Poitou-Charentes, la nouvelle région se situe à l'échelon supérieur du barème, celui des régions de plus de 3 millions d'habitants ce qui n'était pas le cas auparavant pour le Poitou-Charentes et le Limousin. Les indemnités des nouveaux conseillers régionaux s'élèvent à 2 661 euros par mois. Elles étaient auparavant de 1 900 euros en Poitou-Charentes ( moins de 2 millions d'habitants) et de 1 500 euros en Limousin (moins d'un million d'habitants) ==> montant maximum du barème (Le conseil régional de la région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine en revanche a décidé de s'aligner sur le niveau minimum des rémunérations prévu par la loi). 2) J'ai bien vu que la question exclut les députés et sénateurs, pour autant j'ai une suggestion : tout d'abord, en ce qui me concerne, je tiens au deux Chambres, sénateurs et députés ont leur rôle à jouer dans notre démocratie. Puisque l'objectif est de réduire le nombre de députés, il me semble qu'il ne serait pas de réduire drastiquement, voire de supprimer les 11 députés représentant les français de l'étranger qui n'existaient pas avant 2008. Ils sont déjà représentés par 12 sénateurs, puis par l'Assemblée des Français de l'étranger qui est une des instances politiques consultatives qui représentent les Français établis hors de France, l'autre étant le conseil consulaire. Ces députés ont un coût non négligeable pour la collectivité qui paie ses impôts en France et s'acquitte de la TVA. Où est le contrat social quand ces expatriés ne paient pas d'impôt en France ? Doivent-ils être spécifiquement représentés à l'Assemblée Nationale ?

Que pensez-vous de la participation des citoyens aux élections et comment les inciter à y participer davantage ?
Lors des votes, je regrette qu'il y ait peu de présence des jeunes. Le vote est un droit acquis par d'autres générations, l'instruction civique doit être remis à l'ordre du jour de l'enseignement. Je suis surprise du peu de connaissances de certains de nos institutions et de leur fonctionnement (par exemple : navette parlementaire, etc.). D'autre part, l'abstention peut également être le fait d'une offre politique non adaptée, le citoyen ne s'y retrouve pas et ne se sent finalement pas concerné. Depuis plusieurs décennies, je vote ""contre"" plutôt que ""pour"" et finalement je vote ""blanc"", ce qui n'est guère satisfaisant. Je vais donc voter mais sans espoir. Reconnaître le vote blanc peut résoudre en partie l'abstention et éviter des reports vers des partis extrémistes.

Faut-il prendre en compte le vote blanc ?
Oui

Si oui, de quelle manière ?
Reconnaître le vote blanc comme suffrage exprimé, notamment pour l'élection présidentielle.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour mieux associer les citoyens aux grandes orientations et à la décision publique ? Comment mettre en place une démocratie plus participative ?
Tenir compte des avis des citoyens à travers les pétitions qui remportent nombre d'adhésions : ces positions doivent être prises en compte ou intégrées au débat public. Tenir compte des groupes d'audit citoyen, ces rapports doivent être pris en compte et des réponses apportées. Des sujets divers impactant les fondements de notre société et le citoyen, notamment les thèmes suivants : la laïcité, la bioéthique, la fin de vie, les fondements de notre sécurité sociale (financement assurantiel ou par l'impôt), etc., doivent être débattus par les citoyens (localement, par internet, peu importe). Pour ces thèmes, un référendum ne me semble pas approprié à moins d'être précédé d'explications et de débats.

Faut-il faciliter le déclenchement du référendum d'initiative partagée (le RIP est organisé à l'initiative de membres du Parlement soutenu par une partie du corps électoral) qui est applicable depuis 2015 ?
Je ne sais pas

Si oui, comment ?
Ce qui me gêne c'est la modalité de déclenchement ainsi que les délais imposés de ce référendum. Preuve en est, c'est qu'aucun RIP n'a jamais été mis en œuvre. Le déclenchement pourrait venir des citoyens à l'aide d'une pétition dépositaire d'un certain nombre de signatures.

Que faudrait-il faire pour consulter plus directement les citoyens sur l'utilisation de l'argent public, par l'Etat et les collectivités ?
Faire preuve de plus de transparence. Faire appel à un audit citoyen. Au niveau local : faire participer les citoyens aux décisions concernant des projets impactant sensiblement le budget, aboutir à un consensus avec le citoyen en l'impliquant et en le responsabilisant.

Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental, doivent-elles jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Connaissant mal le CESE, je suis allée sur leur site. L'idée d'associer des représentants divers de notre société me paraît intéressant. Mais je comprends que le coût de cet organisme incite à réduire le nombre de ces membres (car il y a là encore un certain nombre de privilèges indécents). Pour autant, leur constat par exemple ""sur la fin de vie"" me paraît cohérent et juste. Mais alors, pourquoi ce constat n'est pas suivi d'effet ? S'il était plus connu, si ces constats étaient davantage pris en compte, alors pourquoi ne garderait-on pas ce CESE réduit en supprimant CESER et CESEL ?

Faut-il transformer [nos assemblées, dont le Sénat et le CESE] ?
Oui

Si oui, comment ?
Le CESE doit être plus productif, moins coûteux, plus dynamique en termes de communication et ""publicité"" des constats. En ce qui concerne le Sénat, j'ai suivi plusieurs séances de cette assemblée et, finalement, je trouve les sénatrices et sénateurs assez proches de la société, quelquefois plus que certains députés qui font dans le ""clientélisme"" et le parti. Je regrette qu'ils ne soient pas suffisamment écoutés.

Que proposez-vous pour renforcer les principes de la laïcité dans le rapport entre l'Etat et les religions de notre pays ?
Tout d'abord, je ne comprends pas que les associations religieuses ne soient plus considérées comme des lobbies. Sous la pression de l'Eglise, l'amendement a été rejeté à 3 voix près (88 voix contre 85 : où étaient les autres députés ?). Ça m'a révoltée, où sera la transparence ? Alors renforcer les principes de la laïcité avec de telles ouvertures, laissez-moi rire. J'aime mon pays laïc, tolérant envers toutes les religions et les croyances, humaniste, mais ces principes de croyance doivent s'arrêter au principe de l'intérêt de TOUS les citoyens. Ces croyances freinent le choix de fin de vie, le mariage pour tous, le droit à l'avortement, etc. Je veux une société moderne, tolérante, humaniste et empathique.

Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
C'est du bon sens, nous ne pourrons nous en sortir qu'avec un projet commun, un projet pour vivre ensemble en se respectant les uns les autres, en respectant la liberté de l'autre tant qu'elle ne nuit pas à sa propre liberté. C'est notre contrat citoyen, si l'on n'est pas d'accord sur ces principes, il faut aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte.

Que faudrait-il faire aujourd'hui pour renforcer l'engagement citoyen dans la société ?
Il faut pour cela que le citoyen se sente écouté, entendu. Des citoyens s'engagent aujourd'hui, ne serait-ce qu'à travers des pétitions. Leur prise en compte est importante.

Quels sont les comportements civiques qu'il faut promouvoir dans notre vie quotidienne ou collective ?
La solidarité (on la constate régulièrement), le respect, la tolérance, savoir se parler sans s'injurier (hum ! les réseaux sociaux sont navrants sur ce plan), s'écouter. Tout cela me paraît tellement être les bases de l'éducation.

Que faudrait-il faire pour favoriser le développement de ces comportements civiques et par quels engagements concrets chacun peut-il y participer ?
L'éducation !!! qui passe évidemment par la cellule familiale : la RESPONSABILISATION plutôt que la VICTIMISATION..

Quelles sont les incivilités les plus pénibles dans la vie quotidienne et que faudrait-il faire pour lutter contre ces incivilités ?
Les incivilités routières qu'elles proviennent des conducteurs, des cyclistes qui oublient qu'ils sont aussi conducteurs et des piétons qui pensent que les voitures s'arrêtent instantanément. Tout est question de comportement, de mentalité, de respect de l'autre. Quelle solution sinon l'éducation ?

Quel pourrait être le rôle de chacun pour faire reculer les incivilités dans la société ?
Je suppose que les incivilités ne sont pas les mêmes et sont bien plus importantes dans les métropoles qu'en secteur rural.

Quelles sont les discriminations les plus répandues dont vous êtes témoin ou victime ?
Je ne suis pas témoin direct de ces discriminations, mais bien évidemment j'en ai connaissance notamment par les média. Je suis atterrée de ces haines injustifiées. Mes enfants ont appris la tolérance, je n'ai pas d'ami(e)s racistes, homophobes, sexistes, etc.

Que faudrait-il faire pour lutter contre ces discriminations et construire une société plus solidaire et plus tolérante ?
Contre la bêtise et la petitesse d'esprit, la haine inexplicable, que faire ?

Si oui, lesquelles ?
Pourquoi pas sur la base du volontariat, contraindre ça peut paraître humiliant. En revanche, il faut que ceux qui en bénéficient comprennent que ce n'est pas un dû, c'est la volonté des citoyens d'assurer cette solidarité pour le ""vivre ensemble"", cette solidarité a un coût assumé par tous.

Que pensez-vous de la situation de l'immigration en France aujourd'hui et de la politique migratoire ? Quelles sont, selon vous, les critères à mettre en place pour définir la politique migratoire ?
La situation est très tendue. L'image de Calais désormais liée aux réfugiés, situation catastrophique que nous ne pouvons résoudre puisqu'il s'agit de retenir chez nous des réfugiés qui n'ont qu'un objectif : se rendre en Angleterre. On fait reposer toute cette responsabilité sur les calaisiens, ce qui est tout-à-fait anormal. Cette question générale sur l'immigration impacte l'avenir de notre démocratie, comme elle a déjà impacté d'autres pays. Ce qui me rend encore plus dubitative, c'est l'exemple de la Suède libérale et idéale, modèle de social-démocratie. Or, la Suède fait un constat inquiétant sur l'intégration. Je cite un extrait du Figaro (septembre 2018) : ""La Suède est en effet admirée partout dans le monde, notamment parce qu'elle a connu pendant des décennies une période de prospérité économique au cours de laquelle les salaires étaient très élevés et, surtout, relativement équitables. Toutefois, depuis quelque temps, le pays connaît une montée des inégalités qui va de pair avec une dégradation du climat social et une criminalité de plus en plus forte. Or cette criminalité est largement le fait d'une population immigrée, qui fait donc davantage l'objet de la colère des Suédois. Pour autant, le pays reste prospère et calme, mais l'âge d'or qu'il a connu se détériore lentement... Car si la Suède est un pays réputé libéral et tolérant, ses habitants se soumettent en réalité à de nombreuses règles de savoir-vivre qui sont durement sanctionnées par le groupe si elles ne sont pas respectées. Dans les faits, on constate que les difficultés liées à l'exclusion sociale des immigrés sont renforcées par une tolérance de façade qui ne se traduit pas par la mixité sociale mais au contraire par un renforcement de l'entre-soi. Ces phénomènes mettent en cause l'idée d'un modèle d'intégration réussie en Suède."" Quoi qu'on en pense, il ne faut pas avoir peur de parler des difficultés, le risque étant la montée des populistes et notre démocratie en danger.

En matière d'immigration, une fois nos obligations d'asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Pourquoi pas, il faut être transparent sur ce sujet pour éviter les fake-news qui font débat.

Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
Agir en amont auprès des populations dans leur pays d'origine. Contrôler les financements que l'on a et que l'on devra apporter aux pays en difficultés. L'argent ne doit pas servir à enrichir ceux qui sont déjà riches. On doit avoir un droit de regard sur l'utilisation de ces aides qui doivent impérativement servir au développement des populations. Le ""deal"" doit être clair et les productions et résultats transmis aux pays financeurs. D'autre part, puisque la France vend des armes aux belligérants de ces pays en crise (exemple le Yémen), alors il me semble que les fournisseurs d'armes qui font de gros bénéfices doivent participer financièrement aux conséquences de leur business. Les français s'indignent de voir des enfants mourir de faim sans se poser de questions sur la responsabilité de la France, enfin de certains français qui s'enrichissent sur la mort d'êtres humains. L'Union Européenne devrait également (et rapidement) mettre en place des contrôles rigoureux de la traçabilité de nos déchets qui sont transportés par des sociétés peu honnêtes vers ces pays pauvres que l'on met en danger. Au moment où on s'inquiète de l'avenir de notre planète, il convient d'être responsable et arrêter de croire que la transition écologique s'arrête aux frontières de l'UE.

Quelles sont, selon vous, les modalités d'intégration les plus efficaces et les plus justes à mettre en place aujourd'hui dans la société ?
S'assurer que les personnes que l'on accueille adhèrent aux règles de notre société et de notre démocratie. Il s'agit bien d'un contrat citoyen ""gagnant-gagnant"". Mais il existe déjà un contrat d'accueil et d'intégration. C'est bien à l'OFII de faire remonter leurs propositions d'amélioration du dispositif et/ou des difficultés rencontrées.

Y a-t-il d'autres points sur la démocratie et la citoyenneté sur lesquels vous souhaiteriez vous exprimer ?
- Dans les dernières élections présidentielles très particulières, M. Macron a été élu en raison de l'alternative entre lui et M. Le Pen. Il n'a pas été élu par 66 % des français adhérant à son programme mais par la majorité des français refusant M. Le Pen. Il n'en a jamais été tenu compte et c'est une erreur. - La démocratie, c'est aussi l'information et l'avis des citoyens sur les profonds changements de notre société et notamment sur notre sécurité sociale et son financement. C'est Alain Milon au sénat le 20 novembre qui pointe ce bouleversement, cette remise en cause des idéaux de 1945, et qui recommande un vrai et grand débat national (états généraux de la santé). Disparition du système assurantiel, principe du fondement de la sécurité sociale (cotiser selon ses moyens - recevoir selon ses besoins) , remplacé par un régime universel financé par des recettes fiscales et notamment la CSG. Je pense également que les citoyens dans leur grande majorité ne sont pas au courant. Comme Alain Milon le précise, Bercy n'est pas un centre de décisions mais un outil de décision, c'est le Parlement qui décide.


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